mardi 14 août 2007

AHNIF pendant la guerre de libération 1954-1962

Avertissement : notre site vous livre les témoignages des soldats qui ont vécu la guerre d’Algérie dans notre région tel quels. Notre appréciation quant à l’authenticité de ces propos n’a aucune importance, c’est la mission des historiens. le permier témoignages nous vient de la part de l'adjudant-chef, Jean-Marie Buquet (Chasseurs en Kabylie) Avec le 22ème Bataillon de Chasseurs Alpins de Nice.
Choisis par Idir D
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Adjudant-Chef Jean-Marie Buquet
Chasseurs en Kabylie
Avec le 22ème
Bataillon de Chasseurs Alpins de Nice

Tome 1

I956 / 1959

Félix Faure - Michelet - Bouïra
Guerre d’Algérie
Nice - Mai 1995

Analyse du témoignage
Écriture : 1991 - 670 pages
142 - Tome I 1956 - 1959
143 - Tome II 1960 - 1964

POSTFACE de Michel EL BAZE
Tome I

Il s’agit bien là d’un témoignage, sauf que, au lieu de s’appuyer seulement sur sa mémoire, J-M Buquet se réfère aussi au Journal de Marche du Bataillon qu’il a tenu pendant tout ce temps où il fut adjoint à l’Officier de Renseignements.
Dans ce premier tome, le témoin relate le séjour du Bataillon en Algérie de 1956 à 1959.
Nul doute que les chercheurs algériens et français trouveront là, une mine de renseignements sur les événements vécus qui leur permettra de mieux situer l’action de nos Chasseurs dans ce pays en révolte

Volume I

It is there a testimony, safe that, instead to support only on his memory, J-M Buquet refers also to the Newspaper of Step of the Battalion which he has held during all this time where he was attached to the Officer of Information.
In this first volume, the witness relates the stay of the Battalion in Algeria from 1956 to 1959.
Null doubts that the seeker Algerians and French will find there, a mine of information on events lived which will allow them to better situate the action our Hunters in this country in revolt.

Tome II

Débarqué à Ménerville le 8 Janvier 1956, le 22ème B.C.A. séjourne à Félix-Faure, Michelet, Bouïra, puis dans de nombreux autres villages de Kabylie au cours de la période de 1956 à 1964 que traite ce second tome.
De retour en métropole, après sept années passées en Algérie, il sera dissous le 15 Février 1964 après une prise d’Arme au Quartier Saint Jean d’Angély de Nice.
Comme le dit M. Joseph-André Grammatico, Maire Adjoint, le 22ème "Bataillon de Tradition de la Ville de Nice" aura bien mérité de la considération de nos concitoyens.

Volume II

Disembarked to Ménerville the 8 January 1956, the 22ème B.C.A. stays to Félix-Faure, Michelet, Bouïra, then in many other villages of Kabylie in the course of the period from 1956 to 1964 that processes this second volume.
Return in metropolis, after seven last years in Algeria, it will be dissolved the 15 February 1964 after a plug of Arm to the Quartier Saint Jean d’Angély in Nice.
As tells Mr. Joseph-André Grammatico, Mayor Attaches, 22e "Battalion of Tradition of the City of Nice" will have well deserved the consideration of our countrymen.

AVERTISSEMENT DU TÉMOIN

Ce récit des activités du 22ème Bataillon de Chasseurs Alpins au cours de ce que, pudiquement, l'on avait convenu d'appeler "Opérations de maintien de l'ordre", tant au Maroc qu'en Algérie, se présente sous une forme différente de celle des témoignages édités dans cette collection.
Il ne s'agit pas d'un récit personnel, mais d'un document tenu quotidiennement à jour, ce qui lui confie une rigueur chronologique.
Le fait que j'aie vécu la presque totalité du séjour du 22ème B.C.A. en A.F.N. à un poste de témoin privilégié au sein du P.C. du Bataillon, m'a permis d'en situer les épisodes dans leur ambiance, d'en préciser les détails et d'en replacer les acteurs dans le cadre des différentes situations.
This account of activities of 22ème Alpine Hunter Battalion in the course of what, modestly, one had suited to call "Maintenance Operations in the Order", so in Morocco that in Algeria, follows under a different form of the testimonies of this collection.
It does not concern a personal account, but of a held daily document , which confides it a chronological rigor.
The fact that I have lived the almost totality of the stay of 22ème B.C.A. in A.F.N. at a preferential witness position to the breast of the P.C. of the Battalion, has allowed me to situate episodes in their atmosphere, to specify details and in to replace actors in the framework of the different situations.


La mémoire
La mémoire : seul bagage incessible
Jacques ATTALI

8 Janvier - 31 Mai I956
Félix Faure - Michelet

Tome 1

Janvier

Venant d’Oujda, le premier convoi arrive le 8 Janvier vers 11 heures en gare de Ménerville, entre Alger et Tizi Ouzou.
Les wagons de matériel sont décrochés en vue de leur déchargement, les wagons de personnel continuent jusqu’à la station suivante de Félix Faure. À I5 heures arrive la deuxième rame qui transporte les 2ème, 3ème et 4ème Compagnies.
Le P.C. et la Compagnie de commandement s’installent au village.
Les 1ère et 3ème Compagnies cantonnent à la briqueterie, à 2 kilomètres à l'Est de Félix Faure.
La 2ème Compagnie loge dans une ferme, à 1km à l'Ouest du village, sur la route de Ménerville.
La 4ème Compagnie est abritée dans deux fermes, en bordure de cette même route, à 500 mètres du village de Félix Faure.
Les jours suivants, les compagnies s’installent dans leurs cantonnements : mise en état des défenses auxiliaires, instruction, reconnaissances du terrain, patrouilles et embuscades aux environs de l’agglomération.
Le bataillon fait partie de la 4ème D. B.C.A. que commande le Colonel Sourd (ancien du 22) et qui appartient à la 27ème Division d’Infanterie Alpine, commandée par le Général Gouraud.
Le I2 Janvier, une réorganisation de la 4ème Compagnie redistribue 27 gradés et chasseurs de cette compagnie entre les 1ère, 2ème et 3ème Compagnies.
Les I4 et I5 Janvier, participation à une opération de secteur dans la région de Sidi Ali Bou Nab, Afir, Aiech et Béni Amrane.
Récupération de quelques armes et munitions.
C’est au cours de l’opération des I4 et I5 Janvier, à Sidi Ali Bou Nab, que les premiers coups de feu rebelles ont été tirés contre le 22ème B.C.A.
Au soir de la première journée, le bataillon qui constitue le bouclage latéral ouest, s’est arrêté sur la lèvre d’un ravin assez abrupt. Il doit y maintenir le bouclage pendant la nuit. Les compagnies campent sur place, protégées par de petits postes de sentinelles.
La nuit est très froide.
Par deux fois, des éléments rebelles tentent de forcer le passage :
- Sur un sentier de chèvres qui traverse la position de la 1ère Compagnie, où un échange de rafales de F.M. entre la sentinelle et un individu qui surgit en face d’elle oblige celui-ci à plonger dans le ravin au travers d’une épaisse haie de cactus.
- En face de la 2ème Compagnie, dont une sentinelle reçoit une rafale de P.M. Thomson (calibre 11, 43) qui, tirée de bas en haut, lui découpe une cartouchière et lui arrache des mains son propre pistolet mitrailleur.
Chasseur de 1ère Classe Pasquette Roger.
Le I8, Opération "Chamois" dans le douar Aït Yahia.
Les 1ère et 4ème Compagnies fouillent le village de Tagounits et récupèrent deux fusils de chasse. Les 2ème et 3ème Compagnies ramassent un pistolet 6, 35, un chargeur de P.M. Sten ,avec cartouches et des munitions de chasse.
Le 20 Janvier, le bataillon prend en charge le quartier de Michelet, centre administratif de la commune mixte du même nom, dans une région de montagnes au relief heurté, entaillée de vallées profondes et très faiblement viabilisée.
À l’époque des officiers des Affaires Indigènes, ceux-ci se rendaient à cheval dans les villages, accompagnés d’une petite escorte de moghazenis.
Depuis l’implantation de l’administration civile, les fonctionnaires se sont contenté d’attendre dans leurs bureaux la visite de leurs administrés. Seuls les gendarmes de la Brigade de Michelet, parcourent le territoire abrupt de leur circonscription, dans laquelle certains villages se situent à six heures de marche du centre.
La Compagnie de Commandement et le P.C. s’installent dans l’agglomération; la 4ème Compagnie occupe un piton à l’entrée Nord, avec postes de section à Souk El Djemaa ;et à Tizi Djemaa;.
La 2ème Compagnie prend possession de l’école d’Aït Ichem.
La 3ème Compagnie est cantonnée à Fort National, et la 1ère à Azouza, à mi chemin entre Tizi Ouzou et Michelet.
Le Lieutenant Colonel Parisot rentre de permission le 22 Janvier et reprend le commandement du bataillon, qui, pour la première fois depuis son départ de Nice, assume complètement la responsabilité d’un quartier où l’on sait que la rébellion a ses complicités et ses habitudes.
Les travaux d’installation et de protection des postes vont de pair avec les reconnaissances du terrain, les patrouilles, les embuscades de nuit, et les premiers contacts avec les populations des villages et hameaux du quartier.
Le Capitaine Pennachioni prend le commandement de la 1ère Compagnie.
Dès le 22 Janvier, la 4ème Compagnie procède à une reconnaissance du Douar Beni Menguellet, la 2ème Compagnie du Douar Aït Atelli.
Les 1ère et 3ème Compagnies bouclent le village d’Azouza. Un rebelle armé y est abattu.
Le 23, le bataillon en entier opère dans la région d’Inzorren, des armes et munitions diverses sont récupérées.
Un groupement des 1ère, 3ème et 4ème Compagnies, sous le commandement du Capitaine Mondoloni, prend part le 28 Janvier à l’opération "Gaur", dans la région du village de Tablablat. Un engagement très vif met les unités aux prises avec un groupe rebelle qui laisse sur le terrain six morts, dont son chef, Benouar Azouaou et quatre prisonniers. Onze armes sont récupérées, dont un pistolet mitrailleur Sten.
Les patrouilles et embuscades se succèdent, tandis que le chef de corps visite successivement ses compagnies.
Février
Le Général Gouraud, commandant la 27ème Division d’Infanterie Alpine, inspecte le 5 Février les différents postes du bataillon.
Le 7 Février, contrôle d’identité de deux cent personnes dans les villages d’El Karne, Taskenfout, Azerou Kellal. La 1ère Compagnie effectue une patrouille de nuit sur Taourirt Amokrane et la 2ème Compagnie réalise deux liaisons à ski, l’une avec le I3 ème R.T.S., l’autre avec les gendarmes, au village de Koukou.
Le lendemain, la 3ème Compagnie reconnaît le village et l’école de Taddert Oufella.
Le 9, la 4ème Compagnie visite Tandjtout et Aït Ali, tandis que les 1ère et 3ème Compagnies inspectent Affensou, et que la 2ème prend liaison avec le I3ème R.T.S. à Iril Arbi.
Le I4, patrouille d’une section de la 4 sur l’itinéraire Michelet - Taskenfout - Azerou Kellal, et retour par les crêtes à l'Ouest de la route. Bouclage et fouille par la 1ère Compagnie du village d’Aït Ali. Récupération d’un revolver 6,35 et de cartouches.
Patrouille au col d’Aït Mellal par la 2ème Compagnie.
La 2 descend à skis d’Aït Ichem à Michelet pour rendre les honneurs au Général Olié.
Dans la soirée du 22.
Alors qu’un groupe de la 1ère Compagnie, commandée par le Sous Lieutenant Parès, effectue une patrouille de sécurité aux abords du village d’Azouza, un coup de feu, un seul, est tiré depuis le ressaut de terrain qui supporte le cimetière arabe. Le Sous Lieutenant Parès s’écroule, atteint de deux chevrotines à la poitrine. Il a encore la force et le courage d’ordonner à ses hommes de s’abriter et d’alerter par signal son Commandant de Compagnie. Malgré des soins rapidement prodigués, PARèS expirera au cours de son transport à l’hôpital.
Le 28, un contrôle permet de récupérer des munitions dans le car Tizi Ouzou - Michelet. Trois suspects sont remis à la gendarmerie.
Azouza est le village d’origine d’Abane Ramdane, l’un des chefs historiques de la rébellion..
Citation à l’ordre de l’Armée du sous Lieutenant Parès :
"Jeune officier ardent et courageux, profondément animé du sentiment du devoir.
La patrouille de nuit qu’il commandait étant tombée dans une embuscade, a été très grièvement atteint par le premier coup de feu. A néanmoins eu encore la force de caractère et la présence d’esprit de faire abriter ses hommes et de leur faire alerter le commandant de compagnie avant de perdre connaissance."
Cette citation accompagne la nomination au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur.
Mars
Le début du mois de mars voit le mouvement de la 1ère Compagnie de Fort National à Michelet, et celui de la 3ème Compagnie d’Azouza à Tizi Bouifed, sur un éperon à l’Est de Michelet.
Les trois mois à venir, jusqu’à la relève, le 3I Mai, par le 6ème B.C.A., verront l’action incessante du bataillon dans son quartier de Michelet où il est maintenant entièrement regroupé : patrouilles, embuscades, contact avec les populations, grenouillage de jour et de nuit, bouclage et fouille des villages et la corvée bi ou tri hebdomadaire des convois de ravitaillement à Tizi Ouzou, par une route semée de traquenards et d’embuscades, et régulièrement minée ou coupée par les rebelles.
Le convoi de la 3 qui effectue des navettes fréquentes entre Tizi Bouifed et Michelet sur une piste en corniche entourée d’un maquis impénétrable, sera leur cible favorite.
Ce travail, commencé depuis Janvier sous le commandement du Lieutenant Colonel Parisot, va se continuer "sans mollir" sous celui du Chef de Bataillon Vuillemey, nouveau Patron du 22ème B.C.A. depuis le I2 Mars.
Cérémonie sobre et émouvante s’il en fut que celle de la passation du commandement sur la petite place de Michelet, devant le monument aux morts, où une section de chacune des compagnies du bataillon formaient le carré.
ORDRE DU JOUR
Lorsque j’ai reçu le Fanion du Bataillon des mains du Commandant Lajouanie partant pour l’Indochine où il devait trouver une mort glorieuse, à la tête du prestigieux Régiment de Corée, je n’espérais pas pouvoir garder mon commandement au delà des deux ans réglementaires.
Je l’ai gardé trente mois, au milieu de toutes sortes de vicissitudes qui n’ont eu d’autre effet que de m’attacher davantage à un écusson plusieurs fois menacé, entre temps, de disparition.
C’est ainsi qu’il a fallu faire face à la reconstitution du 17ème Bataillon de Chasseurs, puis, à peine rétablis de la grave ponction d’effectifs nécessitée par cette remise sur pieds, nous avons dû contribuer, dans des proportions encore plus importantes à la formation d’un Bataillon de Marche, confié au Commandant Vuillemey, qui va être mon successeur, et qui est parti pour l’Algérie avec nos voeux ardents et nos espoirs.
Pratiquement réduit à une unité de traditions, le 22ème B.C.A. aurait alors végété à Nice, si ses cadres, dont une partie récupérée après la dissolution du Bataillon de Marche, et ses Éclaireurs acharnés à maintenir notre présence en montagne et à porter haut nos couleurs dans les compétitions, ne m’avaient soutenu de leur foi profonde.
C’est grâce à cette foi que nous avons pu rebâtir ensemble une Salle d’Honneur et célébrer avec un éclat inattendu avec de si piètres moyens, le Centenaire de notre glorieux Bataillon.
Nous ne pouvions disparaître, il fallait que notre commune ténacité fut récompensée, elle l’a été par notre reconstitution, à plein effectif, avec des éléments rappelés disparates dont vous avez su, officiers et sous-officiers, grâce à votre inlassable dévouement et par la vertu de votre exemple, faire un Bataillon qui s’est révélé, au Maroc Oriental, digne de nos Traditions.
Renouvelé une fois de plus dans sa presque totalité, avec un contingent d’active qui a donné très vite l’impression, grâce à vos efforts, de n’avoir jamais, lui aussi, porté que la tenue bleue, le Bataillon ne s’est pas montré, en Grande Kabylie inférieur à son prestigieux passé.
Je m’incline pieusement devant nos glorieux Morts, qui ont versé leur sang pour le maintien de nos couleurs sur cette terre qui est celle de Sidi Brahim.
Officiers, Sous Officiers, Caporaux, Clairons et Chasseurs.
La peine profonde que je ressens de devoir vous quitter est tempérée par la fierté que je garderai toujours d’avoir eu l’insigne honneur de ramener au feu, dans le cadre de montagnes qui lui convient, le 22ème Bataillon de Chasseurs Alpins.
Lieutenant Colonel Parisot
ORDRE DU JOUR N° 1
Officiers, Sous Officiers, Caporaux Chefs, Caporaux, Clairons et Chasseurs.
C’est avec beaucoup de joie, une grande fierté, et un peu de crainte aussi que je prends aujourd’hui le commandement du Bataillon.
Joie d’avoir à commander des hommes tels que vous, fierté d’avoir été jugé digne d’être votre chef, crainte aussi quand à la succession que je prends.
Vous formiez avec le Lieutenant Colonel Parisot un seul corps, un seul coeur, une seule âme ; il va me falloir maintenant me faire adopter, sachez que déjà je vous suis entièrement acquis.
Pieusement j’embrasse le Fanion du Bataillon, plein de la gloire de nos Anciens et de celle que nos Morts, et vous, fidèles à la tradition du 22éme continuez à lui acquérir.
Je m’efforcerai de mériter l’Honneur d’être votre Chef.
Chef de Bataillon Vuillemey
Et le soir, au cours d’un repas de corps, le nouveau Patron remettait à son prédécesseur le Fanion sous lequel le Bataillon avait servi depuis trente mois.
Dans la nuit du 12 mars.
Des tireurs isolés harcèlent le poste de Souk El Djemaa.
Le 17, les 1ère et 2éme Compagnies participent à une opération dans le sous secteur de Tizi Rached.
Une patrouille de la 3ème Compagnie surprend, le 24 au petit jour une équipe de "cantonniers kabyles encadrés par des hors la loi en armes, occupés à creuser des "touches de pianos" en travers de la route d’Aït El Mansour.
Affolement, débandade parmi les fourrés;un rebelle, blessé d’un coup de feu abandonne son arme qui est récupérée.
Le lendemain, l’équipe d’ouverture de route découvre, au col de Tizi Bouiren un ingénieux montage de mines et bombarde à allumage électrique, qui, heureusement n’a pas fonctionné.
Le 27, les 1ère et 2ème Compagnies se joignent au 7éme B.C.A. pour une opération dans le Douar Kouriet.
Avril
Deux tireurs isolés lâchent quelques coups de feu, le soir du 2 avril, contre le poste de Tizi Bouifed, et s’enfuient sans attendre la riposte.
Le 4, un contrôle du village d’Aït El Mansour permet d’arrêter le chef de l’organisation terroriste du village ainsi que deux de ses hommes, et de récupérer deux fusils de chasse et un pistolet automatique.
Les terroristes ont jusqu’alors choisi leurs victimes parmi la population kabyle employés de l’administration ou anciens combattants.
En quelques jours une grenade, dont seul, le détonateur explose, est lancée dans un restaurant européen.
Puis, Monsieur Bighetti de Flogny, adjoint de L’Administrateur Civil, est attaqué et blessé, dans les rues mêmes du village alors qu’il rentre chez lui pour le repas de midi. Son agresseur réussit à s’enfuir.
Le 5 Avril vers I3 H I5, alors que j’effectue une liaison dans le centre de Michelet, je suis blessé d’une balle dans le dos par un terroriste qui s’est approché de moi en courant. Malgré ma blessure, je fais face à mon adversaire que je mets en fuite, et l’abat.
Dans la soirée, au moment du départ d’une patrouille de la 1ère Compagnie, le Sergent Collonge blesse accidentellement le Sergent Beausoleil.
Le Colonel Sourd, commandant la 4ème D. B.C.A. vient en inspection au P. C. du bataillon le 7 avril.
Une bande fortement armée attaque dans l’après midi du 9 le car postal Tizi Ouzou - Michelet, à hauteur du village d’Icherridène, et le bascule dans un ravin après l’avoir incendié.
Le 11, opération du bataillon sur le village de Maragna. Bouclage et fouille qui permettent l’arrestation de sept suspects et récupération d’armes et de munitions.
Le Général Olié, commandant civil et militaire en Kabylie, inspecte le bataillon le I3 Avril.
Dans la soirée, une patrouille de la 2ème Section de la 4ème Compagnie opère dans la région du pont de Souk El Djemaa, déjà saboté la veille. Elle se heurte à un guetteur qui tire dans sa direction pour alerter le groupe de saboteurs affairés à miner le pont. Le Chasseur Joseph Pina est grièvement blessé. L’équipe de sabotage se disperse après avoir mis le feu à une charge explosive qui provoque quelques dégâts au tablier du pont. Deux autres charges qui n’ont pas fonctionné sont neutralisées. Sur les lieux de l’accrochage on retrouve un pistolet automatique 7,65 et des cartouches de chasse chargées de chevrotine. Malgré des soins rapides, PINA succombe à ses blessures.
Le village de Tamdjout est fouillé le I5 : deux carabines, un revolver à barillet et des munitions sont saisis.
Le convoi Tizi Ouzou - Michelet est harcelé dans l’après midi du I7, près d’Icherridène par des tireurs isolés qui décrochent rapidement. Le même jour, au col de Tizi Bouiren, le convoi de la 3 tombe dans une embuscade montée par un groupe d’une douzaine d’hommes armés de P.M., fusils de guerre et de chasse.
La riposte est brutale.
Le Gendarme Belim de la Brigade de Michelet qui se trouve dans la dernière Jeep, blesse un hors la loi qui est abattu d’une nouvelle décharge alors qu’il tente de s’enfuir malgré sa blessure. Les autres s’égaillent dans le maquis très dense, abandonnant un fusil de chasse, un pistolet et sept grenades. De larges traces de sang laissent supposer qu’il y a d’autres blessés parmi les assaillants.
Mai
Citation à l’ordre de l’Armée accompagnant la Médaille Militaire décernée au Sergent Bienvenu Jacques. :
"Jeune sous officier d’un allant et d’un dynamisme exceptionnels. Chef de groupe éprouvé, a toujours fait partie de la section d’intervention de sa compagnie. A trouvé la mort à Michelet (Grande Kabylie) le vendredi 4 Mai I956, traîtreusement abattu alors que, seul, il effectuait une liaison commandée avec une unité voisine."
La route de Tizi N’djemaa, coupée au cours de la nuit du 8 au 9, tandis que le poste était harcelé au fusil, est réparée dans la matinée par la population locale.
Le 11, le bataillon s’enrichit d’une 5ème Compagnie, composée uniquement de rappelés et commandée par le Capitaine Gatti. Cette compagnie qui arrive de métropole, s’installe dans les cantonnements laissés vacants par la 1ère Compagnie.
Embuscades de jour et de nuit dans les sous quartiers, les I2 et I3 Mai. Échange de quelques coups de feu avec des isolés qui viennent "tâter" les postes.
Le I4, contrôle du village de Bou Messaoud et arrestation de 3 suspects.
Le I5 Mai est la journée des mines.
On n’en avait jamais tant vu. Une première explose sur la route de Tizi Bouifed, à 8 heures du matin, au passage d’un Dodge et blesse légèrement le Chasseur Daver. Cinquante mètres plus loin l’équipe de détection en repère une seconde, qui est détruite sur place, et l’on repart. À 8 h 30, alors qu’il arrive à hauteur du village de Haddouche, le Dodge de tête du convoi déclenche une troisième mine : dégâts matériels seulement, mais de quoi dégoûter le chef du garage !
Une patrouille du poste de Tizi N’djemaa, commandée par le Sergent Soulignac, tombe dans une embuscade sur la route du col de Tirourda, à 2 km du poste, dans la matinée du I6.
Les rebelles, postés dans les rochers qui dominent la route, ouvrent le feu à bout portant sur les huit hommes du groupe. Dès les premiers coups de feu, le Chasseur Dolcini, qui riposte, bien que déjà blessé, est mortellement touché. Le Sergent Soulignac, le Caporal Aurensan, les Chasseurs Aubert, Cavanna et Giordano sont mis hors de combat presque aussitôt, atteints chacun de plusieurs blessures, car les Fellaghas tirent à chevrotines. Déjà les rebelles se redressent pour venir achever les blessés et récupérer les armes.
Le Chasseur Maurice Lau, seul indemne, qui a pu s’abriter sur le bas coté de la route, commence sur eux un tir ajusté gui leur interdit d’avancer. Il donne à Giordano, qui est en retrait, l’ordre de rejoindre le poste pour donner l’alerte puis, chaque fois qu’une tête se lève derrière les rochers, il l’oblige à disparaître. Cavanna qui a récupéré, tire lui aussi. Le temps leur semble terriblement long, lorsqu’apparaît un groupe commandé par le Lieutenant Vincent, leur chef de section. Les rebelles se sauvent dans la montagne, entraînant leurs blessés. De larges traînées de sang témoignent que les coups ont porté.
De nouveaux secours arrivent. Par véhicules et hélicoptères les blessés sont emmenés à l’hôpital de Michelet. Tous seront sauvés. Une opération de contrôle des villages voisins permet l’arrestation d’une quarantaine de suspects.
Le Chasseur Maurice LAU, à la suite de cet exploit, a été nommé caporal, à titre exceptionnel, par ordre n° 22I, à compter du 1er Juin I956.
Il aura l’honneur de représenter l’INFANTERIE, le I4 Juillet I956, lors de la prise d’armes présidée par Monsieur René Coty, président de la République Française, sur l’esplanade des Invalides.
Il y sera entouré par le Colonel Cuffaut, de l’armée de l’Air, le Colonel Bigeard, des parachutistes coloniaux, le Quartier Maître Chevalier, des Commandos de la Marine.
Le Président Coty lui remettra la Médaille Militaire et la Croix de la Valeur Militaire avec palme qui accompagnaient sa citation à l’ordre de l’Armée:
"Grenadier Voltigeur d’élite, qui a toujours montré un courage et un sang froid exemplaires au cours des opérations de maintien de l’ordre depuis son arrivée en Algérie le I6 mars I956. Le I6 mai, la patrouille dont il faisait partie s’étant heurtée à une bande rebelle, son chef et cinq de ses camarades mis hors de combat, a fait preuve des plus belles vertus militaires. Bien que blessé à la face, a continué un combat qu’il savait inégal. A repoussé deux tentatives rebelles pour s’emparer des armes de ses camarades, blessant plusieurs adversaires. A assuré jusqu’à l’arrivée des secours la protection de la patrouille et contraint les rebelles à la retraite."
Le Chasseur Dolcini Rodolphe était cité à l’Ordre de l’Armée et recevait la Médaille Militaire :
"Grenadier Voltigeur d’élite, ayant participé depuis son arrivée en Algérie le I6 Mars I956 à toutes les opérations de maintien de l’ordre menées par son unité.
Le I6 mai I956, sur la route de Tirourda, commune mixte du Djurjura, a fait preuve d’un courage et d’un esprit de sacrifice incomparables. La patrouille dont il faisait partie étant tombée dans une embuscade, et bien que grièvement blessé au début de l’engagement, a continué à faire feu sur les rebelles avant d’être mortellement atteint."
Les Chasseurs Cavanna Elie et Giordano Jean, étaient cités à l’ordre du Corps d’Armée; le Caporal Aurensan à l’ordre de la Division.
Le I7, la route est sabotée vers Tizi N’jemaa, et la conduite d’eau qui alimente Michelet est sabotée.
Le I8, la Jeep du Capitaine Pennachioni est endommagée par une mine.
La 1ère Compagnie réalise un raid de Tizi N’dema à Souk El Djemaa par la grotte du Macabbè et Aït Mislaine.
Dans la matinée du I9, un gendarme de la Brigade de Michelet, qui effectuait des achats dans un magasin du village, est blessé d’une balle de pistolet par un terroriste qui l’ajuste à travers la vitrine. Le Commandant Vuillemey fait immédiatement effectuer le bouclage de l’agglomération par les éléments du bataillon. Tous les hommes sont rassemblés sur le Souk et la fouille commence, chaque groupe de fouille étant commandé par un officier ou sous officier et accompagné d’un gendarme.
Le butin sera de neuf fusils de chasse, sept pistolets, deux carabines et un bon paquet de munitions.
Le 20, les 1ère et 5ème Compagnies participent à une opération dans le quartier de Fort National. La troisième Compagnie, qui commence à en avoir l’habitude, relève deux mines entre Tizi Bouifed et Tizi Bouiren. Le soir, les sentinelles de la compagnie de commandement reçoivent quelques coups de feu depuis la cote I075.
Dans la soirée du 2I, la 1ère Compagnie est harcelée pendant une heure par une assez forte bande tirant depuis les lisières du village de Taourirt Amrane.
Le Sergent Comparetti du G.M.P.R. 22 est assassiné dans les rues de Michelet, le 23 mai vers midi. Son agresseur s’échappe par les ravins Sud du village malgré les tirs effectués depuis l’école de Taourirt Amrane par les postes de la 1ère Compagnie.
Le lendemain, alors que la 1ère Compagnie se rend à Fort National pour participer à une opération de quartier, les véhicules de tête du convoi se trouvent nez à nez avec quatre individus qui tendaient des fils de fer en travers de la route. L’équipage ouvre le feu. L’un deux, blessé, est capturé.
Sur renseignement, la 2ème Compagnie effectue un coup de main sur le village de Bou Messaoud et récupère sept fusils de chasse et un revolver. La 3ème Compagnie relève une mine sur la route de Tizi Bouifed. Le soir, une de ses patrouilles accroche vers l’école de Tizi Guefress, un groupe d’une dizaine d’hommes. Après quelques coups de feu les rebelles se replient.
La 1ère Compagnie est de nouveau harcelée, dans les soirées des 27 et 29 par des tirs provenant du village de Taourirt Amrane. Dans l’après midi du 29 un G.M.C. de la 3ème Compagnie avait été endommagé par l’explosion d’une mine.
La conduite d’eau de Michelet est sabotée vers Tifferd0ut.
Un hélicoptère est envoyé au Commandant Vuillemey par le général commandant la 27ème D.I.A. pour le conduire au P.C. de Tizi Ouzou. Là, il apprend avec stupeur que des plaintes ont été déposées contre lui entre les mains du Préfet de Tizi Ouzou pour la mise à sac de Michelet, le I9 Mai, par le 22ème B.C.A., mise à sac agrémentée de brutalités, voies de fait, viols, vols et pillage.
Le 22ème B.C.A. prend contact avec l’arme favorite des arabes : le mensonge. C’est une chance que la fouille de Michelet ait été entourée de toutes les garanties légales par la présence des gendarmes de la brigade locale.
Malgré tout, les autorités civiles et militaires croient de bonne politique d’envoyer le bataillon à Bouira, de l’autre coté des montagnes du Djurjura. Il y relèvera le 6ème B.C.A. qui, lui, le remplacera à Michelet.
Cette période de cinq mois passée sur le versant Nord de la montagne kabyle a été pour le bataillon le rude apprentissage du contact avec une rébellion qui y vit dans son élément naturel. Elle a révélé la valeur individuelle des hommes, à toutes les places de la hiérarchie, et la cohésion des groupes, sections et compagnies.
Le 22ème B.C.A. est vraiment devenu UN BATAILLON.
Il a pris connaissance de la structuration, de l’organisation politique et militaire locale. Les renseignements commencent à arriver, leur exploitation est en cours.
Seuls n’ont pas encore été réalisés les contacts approfondis et suivis avec la population locale, disséminée dans les villages bâtis sur les éperons rocheux de la montagne, et d’accès difficiles.
Le 3I Mai, les 1ère et 5ème Compagnies partent par la route pour Bouïra.



1956
1er Juin / 31 Décembre
Bouïra
Le mouvement du 22ème B.C.A. vers Bouïra s’échelonne sur plusieurs jours au rythme des relèves de poste.
La 2ème Compagnie, avant de quitter Aït Ichem, effectue un dernier raid sur Bou Messaoud, le renseignement était bon, mais la cache était vide.
La 3ème Compagnie, restée sur place la dernière, a encore le temps de neutraliser une mine au col de Tizi Bouïren le 1er Juin et, le 2, une seconde mine, tandis qu’une troisième explose sous le Dodge de tête du convoi, sans causer de dégâts.
La ville de Bouïra est une sous Préfecture, à la population européenne importante, située dans une petite plaine entre la chaîne du Djurjura au Nord et la forêt des Ksars au Sud.
Le quartier imparti au bataillon comprend les douars Haïzer et Innesmane qui couvrent le versant Sud de la montagne entre la ligne de crêtes du Djurjura au Nord et la route Bouïra - Maillot au Sud.
Leur superficie est de 140 kilomètres carrés, sur lesquels vit une population de 18.000 personnes, en presque totalité Kabyles; il touche à l'Est au quartier de Maillot et à l'Ouest à celui d’Errich.
Les compagnies s’installent:
- P.C. et Compagnie de commandement, en ville, à l’école coranique.
- 1ère Compagnie, sous la tente, sur le piton de Merkalla (930 m. d’altitude), en surplomb du village du même nom, au pied de la "Dent Du Lion, qui culmine à 2.123 mètres.
- 2éme Compagnie, dans de très beaux locaux de la colonie de vacances des C.F.A. à Tikjda, 35 km à l'Est de Bouïra, 1.500 m d’altitude, au milieu d’une magnifique forêt de cèdres.
- 3ème Compagnie, dans la salle des fêtes de la ville, puis dans les fermes Catala et Goetz, dans la plaine, sur la route de Tikjda.
- 4ème Compagnie, à la Ferme Marcellin, dans la plaine, au départ de la piste qui grimpe à Merkalla.
- 5ème Compagnie, à la maison forestière d’Aïn Allouane, à 1.O1O m d’altitude, à mi chemin entre Bouïra et Tikjda.
Quelques jours plus tard, le P. C. et la C.C.A.S. doivent abandonner l’école coranique à l’E.M. de la 20ème D.I. qui s’installe à Bouïra, et va s’abriter à la Ferme Porcher, à la sortie de la ville sur la route de Tikjda.
Le bataillon fait alors partie de la 20ème Division d’Infanterie.
Au moment où il arrive à Bouïra, le F.L.N. contrôle entièrement les douars Haïzer et Innesmane, à l’origine d’obédience messaliste, à la suite de deux violents combats avec les groupes armés M.N.A, l’un vers Izemourène l’autre vers Tanagount.
À Innesmane, à l’issue des combats, quatre habitants du village d’Alouane ont été publiquement exécutés, pour l’exemple.
En Haïzer, au village de Tirilt N’seksou, Karoun Abdelkader et Mekkar Saïd, qui refusaient de payer la dîme à la rébellion : "Arbaïn Douros", soit quarante pièces de cinq francs, ont été égorgés devant le village rassemblé, le 5 Mai 1956.
Le pont de Sélim, au pied de la côte, sur la route de Tikjda, a été deux fois saboté par explosifs, et deux embuscades tendues à cet endroit contre des convois militaires.
L’école d’Irhorat, construite en 1954 au coeur du douar, a été saccagée et partiellement incendiée en Décembre 1955 par la bande commandée par Reski Mouloud, et de nouveau endommagée le 23 Février 1956.
Tous le poteaux téléphoniques ont été sciés depuis Tikjda jusqu’à l’entrée de Bouïra
Dans la ville même, plusieurs attentats ont déjà eu lieu, tant contre des Musulmans que contre des Européens.
Juin
L’implantation du 22ème B.C.A. ne parait pas avoir l’heur de plaire aux rebelles qui, pendant quelques jours, vont faire beaucoup de bruit pour rien.
Ils attaquent la Ferme Bastos la nuit même de notre arrivée et en incendient les dépendances.
Dans la nuit du 6 Juin, le poste d’Aïn Allouane (5ème Compagnie), est harcelé au fusil et au P.M. de 22 heures à 5 h 30 du matin.
Le 14 Juin, vers 22h 30, le poste de la 1ère Compagnie, sur le piton de Merkalla, sert de cible à un groupe embusqué à 300 mètres au Nord du poste.
Une riposte immédiate, au mortier de 60, ramène le calme, la même nuit, à peu prés à la même heure, le poste de Tikjda (2ème Compagnie), reçoit quelques rafales de F.M. tirées depuis la croupe boisée du Djebel Taouialt, situé à 700 mètres au Sud de la colonie de vacances.
C’est que, dés le premier jour, alors qu’une partie de l’effectif se préoccupe de l’aménagement et de la défense des postes, les patrouilles, reconnaissances et embuscades ont commencé.
Le 4 Juin, la 2ème Compagnie est allée récupérer un stock de 4.000 litres d’essence à Tigounatine, le 5, elle pousse une reconnaissance à l’Akouker et inspecte l’installation, partiellement détruite, de la remontée mécanique.
Le Général Gouraud, commandant la 27ème D. I. A. inspecte, le 6, 1a 1ère Compagnie qui a commencé à se fortifier et à construire, en dur, le bordj qui portera le nom du sous-Lieutenant PARèS, tombé à Azouza.
La 4ème Compagnie effectue, plusieurs jours durant, la tournée des fermes kabyles et européennes, des hameaux et villages de la plaine.
Au cours de la nuit du 10 au 11, une embuscade de la 3ème Section de la 2ème Compagnie, voit arriver un individu armé d’un fusil de chasse; une courte rafale de F. M. met un terme à sa mission et les messages qu’il portait font le bonheur de l’O.R.
Les 11 et 12, inspection du colonel commandant le secteur de Bouïra, tandis que l’O.R., accompagné d’un élément de la 4ème Compagnie, exécute un raid sur une ferme de Sidi Sala qui sert de point de ravitaillement à la rébellion.
Le fermier est remis à la Gendarmerie, cependant qu’un poste de la 4 s’installe dans une partie des bâtiments.
Le bataillon effectue, le 16, le bouclage du village de Tanagount qui a servi, l’hiver précédent, de garnison aux rebelles; on y récupère un fusil de chasse, et quatre suspects réclamés par la Gendarmerie sont arrêtés.
Pendant ce temps, un attentat avait eu lieu en ville contre un Européen.
L’Adjudant Flattot, de la C.C.A.S., rameutait alors secrétaires et plantons du P.C. et se lançait à la poursuite du bandit, celui-ci, acculé au fond d’un oued, ouvrait le feu sur ses poursuivants, ratant de peu l’adjudant qui l’abattait après un bref corps à corps
La 3 quitte la Ferme Catala, où elle maintient une base arrière, pour aller assurer la protection des récoltes, au Sud de Bouïra, dans la région des fermes Ponsada, Prieur et Marco.
La 5ème Compagnie, au matin du 21 Juin, trouve la route coupée au pont de Sélim.
Les habitants des mechtas voisines, que les Fellaghas ont réquisitionné pour ce travail la nuit précédente, sont invités à prendre la pelle et la pioche et à remettre le tout en état.
Le 27 juin, l’O.R. signale à la 4ème Compagnie un ravitailleur à arrêter au hameau de Tenouichi, une patrouille s’y rend à l’heure de la sieste et provoque la fuite éperdue d’une quinzaine de H.L.L.
La fin du mois voit l’ouverture d’un chantier de débroussaillage des abords de la route d’Aïn Allouane, entre Guendour, le pont de Sélim et le pied de la côte, à l’emplacement habituel des mines et embuscades
Les habitants des mechtas voisines, réquisitionnés, ne cherchent pas à se soustraire
Peu à peu, au fil des jours, à l’occasion d’une cigarette offerte, les conversations s’engagent.
Des contacts amicaux se nouent avec les anciens combattants, avec des hommes qui ont travaillé en France.
Le premier pas dans la pacification du douar vient d’être fait.
La zone qui se prête le mieux aux contacts avec la population est sans conteste le sous quartier de la 4ème Compagnie, qui couvre la presque totalité de la plaine, aux nombreux villages et hameaux : Sidi Sala, Agercif, Irhorat, Tifticine, El Massar, Izemourène , Aït Houari; l’intervention rapide sur véhicule y est praticable sur tous les points, les possibilités de dissimulation des groupes rebelles y sont assez restreintes.
Le Capitaine Mondoloni et ses chefs de sections visitent les agglomérations et entament les palabres avec les habitants du lieu.
Lorsqu’il sera appelé aux fonctions d’adjoint du chef de Corps, son successeur, le Capitaine Nodot, poursuivra et développera son oeuvre, d’autant mieux qu’il parle l’arabe "comme une mosquée".
Chaque commandant de compagnie effectue d’ailleurs le même travail, on serait tenté de dire le même sacerdoce, mais dans des zones montagneuses, de pénétration moins facile et qui ont de ce fait, subi la présence plus fréquente des groupes armés rebelles et l’endoctrinement politique au cours des mois précédents.
Petit à petit, le Capitaine Pennachioni, et la 1ère Compagnie à Merkalla et Tessala, la 5ème du Capitaine Gatti à Aïn Allouane;, Taougni, Sélim et Guendour, le Lieutenant Gaston et la 2ème Compagnie à Tikjda, gagnent la confiance et l’amitié des habitants, mais cela ne se fait pas en un jour.
Juillet
Le mois de juillet commence par la découverte, qu’effectue en montagne une patrouille de la 2ème Compagnie, d’un cadavre de Messaliste, abattu vraisemblablement par un groupe F.L.N.
La compagnie pitonne sur les sommets de Djurjura, au profit du 7ème B.C.A., capture un Fellagha armé qui conduit les compagnies du 7ème à des grottes servant de repaires et dépôts où l’on récupère, entre autre, un important stock d’explosifs, détonateurs et mèche lente.
Pendant ce temps, au Sud de Bouïra, dans la zone des fermes, une patouille de la 3ème Compagnie préposée à la surveillance des récoltes, tombe à l’improviste sur un groupe d’une quarantaine de rebelles qui se sauvent en tiraillant.
Le Sergent Lespiauc, chef de patrouille, malgré son faible effectif, les poursuit au travers d’un terrain très coupé et couvert, jusqu’à ce qu’ils disparaissent dans les bois.
Une quinzaine de suspects, arrêtés dans les environs devaient permettre, au cours des jours suivants, d’identifier et de mettre hors de nuire les chef terroristes de la cellule d’Aïn Seredj.
Le 8 juillet, un convoi de permissionnaires de la journée, appartenant à la 2ème Compagnie, descend de Tikjda à Bouïra avec deux Dodges.
Le convoi, aux ordres du sous Lieutenant Maire doit remonter vers 16 heures.
En début d’après midi, le Lieutenant Carrète, officier de renseignement du bataillon doit effectuer une liaison à Aïn Allouane; un convoi léger de trois Jeeps et un scout-car est formé.
En tête, la Jeep du Lieutenant Ribette, armée d’une mitrailleuse, suivie de celle du Lieutenant Carrète, chauffeur Serre; passagers, le médecin Lieutenant Quilichini et le Caporal Huberscwiller; en troisième position, moi-même dans ma Jeep, qui emmène deux gendarmes de la brigade de Bouïra, en mission.
Le scout-car ferme la marche, les véhicules se suivent à trente mètres l’un de l’autre.
Le temps est splendide.
Le convoi entame, entre les plantations d’oliviers, la courte descente vers le pont de Guendour.
Alors que la Jeep du Lieutenant Ribette aborde le pont, elle est prise à partie, au fusil de chasse et au P.M. par des tireurs embusqués derrière les murettes des terrasses, des deux cotés de la route.
Elle passe, fait demi tour un peu plus loin, et le lieutenant commence à arroser à la mitrailleuse les positions ennemies.
La Jeep du Lieutenant Carrète a été atteinte au moment où elle arrive dans le virage à l’entrée du pont, elle se trouve bloquée sur le bas coté droit de la route.
Le Lieutenant Carrète reçoit une balle dans la cuisse alors qu’il saute du véhicule, le Caporal Huberscwiller est touché à son tour.
Protégé par la Jeep qui fait écran, le Docteur Quilichini leur prodigue les premiers soins, tandis qu’avec beaucoup de calme, le chauffeur Serre arrose au P.M. les adversaires qui décrochent.
La troisième Jeep aborde seulement la descente lorsque ses passagers entendent les tirs.
Tout le monde saute à terre et ouvre le feu sur des rebelles qui se sauvent vers le Sud, dans le ravin de l’oued Guendour.
Les pièces du scout-car, qui a rejoint, ouvrent le feu à leur tour.
Le Lieutenant Ribette traverse le pont en sens inverse, et revient, tandis que le Lieutenant Carrète et le Caporal Huberscwiller sont embarqué dans le scout-car qui les ramène au P.C. du bataillon.
Les permissionnaires de la 2ème Compagnie, qui reviennent de Bouïra, arrivent peu après et se déploient sur les lieux de l’embuscade.
Prévenu par les blessés, le Commandant Vuillemey alerte les 2ème et 5ème Compagnies et forme sur place un élément de secours avec la section Engins de la C.C.A.S
Dés leur arrivée sur place, quelques tir au 75 sans recul sont effectués sur la piste de repli des assaillants.
Un peloton d’automitrailleuse du 3/19ème R.C.C., arrive à son tour, en même temps qu’une escorte de half-tracks de la 2ème Compagnie qui descendent de Tikjda.
Le convoi des permissionnaires franchit le pont pour rejoindre Tikjda.
Le Dodge de tête déclenche alors une mine de fabrication locale qui arrache le pneu avant droit, et transforme en noir bon teint le Médecin Auxiliaire Pascal, assis à coté du chauffeur.
Plus de peur que de mal.
Le Lieutenant Ribette, dont la Jeep a franchi deux fois le pont au cours de l’embuscade, se sent verdir rétrospectivement.
Cette affaire, qui coûte deux blessés au bataillon, a causé des pertes à l’adversaire
Des bruits, difficilement contrôlables, qui circulent les jours suivants parmi la population indigène, font état de 8 ou 9 blessés, dont trois seraient morts des suites de leurs blessures.
Parmi ces blessés, très vraisemblablement Amar Ouamrane, l’un des chefs historiques de la rébellion, qui a été vu la veille à Tanagount, puis à El Massar, où il a rendu visite à son vieux camarade de régiment, le Caporal Chef Degui, qui fera par la suite un excellent sergent de la Harka d’Irhorat.
Par ailleurs, il est certain que l’objectif de l’embuscade était le convoi des permissionnaires de la 2.
Ses pertes auraient pu être sévères s’il était arrivé le premier.
L’interrogatoire des habitants de Guendour et des mechtas voisines va permettre à l’officier de renseignement, en un mois de travail et de recoupements, d’établir l’organigramme politico-militaire de la rébellion dans le dour Haïzer.
Apparaissent pour la première fois les noms de Mohamed Demouche, Toumi Tahar, Amzil Ali, Aberkane Hammouche, Hadid Saïd, Aïgoun Ali, dit "Tarzan", qui vont devenir pour chaque chasseur ou cadre du bataillon, des ennemis personnels.
La 2ème Compagnie reçoit, le 10 Juillet, le renfort d’une formation du Génie qui vient créer des pistes et réparer les routes de la région que les rebelles s’obstinent à endommager.
Le 11, 1e Général Robert Simon, commandant la 20ème D.I. inspecte le P. C., la C.C.A.S. et les 1ère et 4ème Compagnies.
Le 12, tandis que le bataillon opère à nouveau dans la région de Tanagount, la 3ème arrête un H.L.L. et récupère ses armes et munitions ; le lendemain elle abat un rebelle également armé.
La prise d’arme du 14 Juillet rassemble sur le terrain du souk de Bouïra des détachements de tous les corps de troupe du secteur.
Au cours de la cérémonie, la rosette de la Légion d’Honneur est remise au chef de bataillon Vuillemey, commandant le 22ème B.C.A.
La 1ère Compagnie hérite, le 16, d’un bulldozer, pour aménager une piste lui permettant d’intervenir rapidement vers Tanagount.
Le 19, un convoi comprenant les 2ème, 4ème et 5ème Compagnies et un P.C. opérationnel, part à 3 h 30 pour Palestro où se déroule "l’Opération 203".
De Palestro les compagnies sont transportées en hélicoptères sur leurs emplacement de bouclage.
L’appareil transportant la section de protection du P.C. qui devait aborder le premier piton rocheux très chaotique coté 650, ayant pris du retard, le personnel transmissions et infirmiers est largué, en pointe, tel un commando de choc.
Par chance l’endroit est désert.
En cours d’après midi, une patrouille découvre un Fellagha dissimulé un peu plus loin dans les rochers.
Un bref accrochage se produit au cours duquel le Chasseur Mostachtti, de la 4ème Compagnie est grièvement blessé; pour pouvoir le ramasser, il faut se présenter entre deux rochers, comme au milieu d’une porte, en face de l’adversaire qui, de surplus, est protégé par un surplomb rocheux.
L’Aspirant Bazin, chef de section du blessé, fait couvrir sa progression par l’Adjudant Knitel.
Il se présente dans le créneau, essuie deux coups de chevrotines qui lui arrachent le béret de la tête, et abat son adversaire d’une rafale de P.M.
Le docteur Quilichini, qui suivait au plus prés, prodigue les premiers soins au blessé.
Celui ci est enlevé par un hélicoptère dont le pilote effectue un vol stationnaire de haute précision, malgré la proximité de la paroi rocheuse, tandis que l’on hisse le brancard à bout de bras.
De son coté, la 5ème Compagnie a récupéré des munitions cachées dans une mechta fortifiée.
Les unités passent la nuit sur place et sont enlevées par hélicoptères, le 20 au matin, pour être transportées au Sud de Palestro.
Les pistes sont rudes, cahoteuses et montantes, et le soleil tape dur.
Le bataillon se regroupe le soir pour un bivouac sur le terrain.
Le lendemain la promenade se poursuit à travers vallées et collines pour se terminer vers midi au lieu de rendez vous avec les camions qui ramènent le bataillon à Bouïra.
Dés le 22, les patrouilles et embuscades locales reprennent.
Le 30, le convoi de ravitaillement de la 5ème Compagnie détecte deux mines dans la remontée vers Aïn Allouane, et les détruit sur place.
Août
Le 1er Août, mines à profusion sur les routes des 2ème et 5ème Compagnies.
Un half track et un G.M.C. de la 2 y laissent chacun un pneu, entre Bouïra et Aïn Allouane.
Deux autres mines sont détectées et récupérées, tandis qu’un half track du Génie laisse également un pneu au dessus de Tikjda.
Pendant ce temps, le bataillon, renforcé d’une Compagnie de Marche du 2ème R.I., embarque par camions et fait mouvement vers Palestro en vue l’opération 601.
Cette opération va se dérouler pendant une semaine entière dans les douars où ont été effectués les mouvements des deuxième et troisième jours de l’opération 203.
Au cours de cette semaine plusieurs centaines de français musulmans seront contrôlés, cent cinquante hors la loi et suspects arrêtés, des armes saisies, l’organisation politico administrative du douar Maala mise à jour, ses chefs identifiés et un drapeau fellagha saisi.
Ce drapeau, sur demande pressante du Général Simon commandant de l’opération, sera envoyé à Palestro pour être offert à Monsieur Max Lejeune ministre d’État aux Forces Armées, venu inspecter les troupes en opération.
À Bouïra, la base arrière de la 5ème Compagnie découvre et détruit encore deux mines le 3 Août
Le 4, la piste est harcelée de très loin par des tireurs que quelques obus de mortier mettent en fuite.
L’opération 601 se termine le 9 août par le bouclage et la fouille de la ville de Palestro.
La 4ème Compagnie reste encore quelques jours sur le piton de Bou Richa en attendant sa relève par une unité de l’Infanterie Coloniale.
Le 17, une section de la 1ère Compagnie part pour le centre de repos de Dellys, une semaine de "bulle" sur les bords de la Méditerranée.
Une opération de ratissage de la région de Guendour est montée le 18 août, avec bouclage au Sud par le troisième escadron du 19ème R.C.C.
La 5ème Compagnie, dés le départ, tombe sur un petit poste de guetteurs rebelles qui s’enfuient aux premiers coups de feu.
Les éléments de tête de la 4ème Compagnie voient, de leur coté, s’enfuir un groupe d’hommes armés, la fouille se poursuit méthodiquement.
La nuit est passée sur les positions.
Le 19, fouille du village lui-même, onze suspects fichés sont arrêtés, deux fusils récupérés.
Les 1ère et 4ème Compagnies gagnent, le 24, les sommets du Djurjura, pour opérer un bouclage au profit du 7ème B.C.A.
L’opération, prévue pour 24 heures, se poursuit trois jours, durant lesquels le manque d’eau est durement ressenti.
Le 28 août, plusieurs opérations de contrôle sont effectuées, à El Massar, Tenouichi et Sélim.
Le bataillon, composé d’un P. C. opérationnel aux ordres du Capitaine Mondoloni, des 3, 4, et 5ème Compagnies, et d’une batterie de marche du 410ème R. A. A. rejoint Tazmalt pour une opération héliportée de plusieurs jours.
Septembre
Le premier septembre, l’Aspirant Bazin, dont la section procède à une réduction de blockhaus est blessé d’une balle dans l’épaule.
Le Lieutenant Ribette, qui commande la 4ème Compagnie est blessé à son tour, avant que le fortin ne soit nettoyé.
Le 2, le Lieutenant Dubois est blessé par une grenade piégée.
Le butin de l’opération est de 8 armes, des munitions et des documents.
Le bataillon regagne ses cantonnements le 4 dans la nuit.
Les jours suivants, les patrouilles reprennent dans tout le quartier, un G.M.C. de la 5ème est endommagé par une mine le 6.
Premier résultat de l’action de pacification entreprise, le 8 septembre, quatre fusil sont remis à des habitants du village d’Aguercif, proche du poste de la 4ème Compagnie, volontaires pour assurer la défense de leurs familles contre les exactions rebelles.
Le 12, nouvelle mine sur le passage des camions de la 5éme Compagnie.
Le 13, opération héliportée dans les Beni Ouaggag.
Cette région, au relief tourmenté et couvert, est connue comme zone de cantonnement permanent des groupes armés F.L.N.
L’incendie, qui couvait depuis quelques jours dans la forêt de cèdre qui entoure Tikjda, oblige les chasseurs de la 2, à se transformer pendant 48 heures en soldats du feu.
La 5ème Compagnie trouve encore des mines le 17. Une patrouille de la 1ère Compagnie, accroche un petit groupe qui se disperse.
Le 18, le convoi de la 5 trouve toujours des mines et essuie une rafale de F.M. la réaction de l’escorte met immédiatement fin à l’attaque.
Opération de bataillon, le 19, dans la région de Tanagount, Bou M’charof et Ighil Guofrane. Avant même d’atteindre Tanagount la première compagnie à subi un premier accrochage, mais à bousculé la résistance. Vers midi, la 4ème est au contact dans le ravin de Bou M’charof. Les sections des sergents chefs Sales et Michau mènent l’affaire. Le Sergent Marsan, le Caporal Palmieri, entraînent leurs groupes au corps à corps. Les Chasseurs Lemay, Meyer, Moll, Arrighi, Verneyras et Galéazzi se distinguent particulièrement.
L’adversaire s’enfuit, abandonnant huit cadavres sur le terrain. Les fuyards butent alors dans la 5ème Compagnie. Le Caporal Chef Guerrard, qui entraîne son groupe au milieu des rocher est atteint d’une décharge de chevrotines. Les chasseurs de son groupe abattent trois fellaghas deux autres sont tués un peu plus loin en cherchant à forcer le passage.
C’est la première fois que le bataillon réussit à accrocher et à étriller l’insaisissable bande du Sergent Chef Reski Mouloud, dont le cadavre gît au milieu de ceux de ses hommes, à coté de celui de son adjoint politique, parmi les armes et le drapeau de sa section. Dés que connu, le résultat de ce combat produit une forte impression dans les mechtas du douar. Les documents récupérés permettent de voir plus clair dans la structure de l’organisation rebelle
Les douars Haïzer et Innesmane font partie de la Willaya 3, willaya de Kabylie, elle-même subdivisée en Mintakas (zones), celles-ci en Nahias (régions), et les régions en secteurs ou Kism. Suivant leur importance, ces derniers sont à leur tour scindés en fractions.
Les douars Haïzer et Innesmane forment la fraction 3, du secteur 1, de la région 3, Mintaka 3, Willaya 3 : soit fraction 3 du Kism 333/1.
À chaque échelon, le commandement est exercé par un chef, secondé par trois adjoints, chargés chacun d’une de trois branches : Politique, Militaire, et Liaisons - Renseignement.
La Willaya est commandée par un colonel, ses adjoints ont le grade de commandant.
La Mintaka est commandée par un capitaine, ses adjoints sont lieutenant.
La Nahia a pour chef un sous lieutenant, secondé par des aspirants.
Le chef de secteur est un adjudant, ses adjoints trois sergents chefs.
Dans tous les villages existe une O.P.A. (organisation politico - administrative) chargée des collectes de fonds, de l’intendance, du renseignement et de la mobilisation des mousseblines ou terroristes locaux.
Il existe en principe une Katiba, (compagnie régulière), par région.
Au plus fort de la rébellion, en I958, le chef de la Willaya 3 disposera en outre d’un Bataillon de Choc à trois compagnies, constituant un renfort opérationnel pour les actions d’envergure.
Les patrouilles et embuscades reprennent de plus belle : Tikjda, Forêt de Tigounatine, où, le 29, une section de la 2 allume de loin, un groupe armé qui se disperse : Tirilt N’sksou, Forêt de Bouïra, contrôle du douar Innesmane. Et, de nouveau, patrouille sur patrouille.
Un hangar de la Ferme Hildebrantd est incendié au cours de la nuit du 29 au 30 septembre.
Le bataillon rejoint la région de Beni Mansour, au carrefour de la vallée de la Soummam et des Portes de Fer, où se développe, à partir du 3 Octobre, une opération qui vise à détruire les groupes qui minent régulièrement la voie ferrée Alger - Constantine. Dès le début de la progression, la 2ème Compagnie découvre un cantonnement fraîchement abandonné et le démolit. La 4ème ouvre le feu sur des fuyards. Un second camp est découvert et détruit.
On passe la nuit sur place.
Dès la reprise de l’action, la 2 accroche un groupe d’une vingtaine de H.L.L. qui réussissent à se disperser. Le ratissage continue le lendemain, après une nouvelle nuit passée sur le terrain.
Le bataillon regagne Bouïra, le 6, avec 10 fusils, un revolver, une pleine valise de matériel divers et une douzaine de mines de fabrication locale.
Et les patrouilles "de routine" reprennent dans le quartier.
Le profane ne se rend pas très bien compte, sur le papier, de ce que cela représente, les patrouilles "de routine". Sur le terrain c’est la présence constante qui empêche le fellagha de faire son mauvais coup. C’est la piste, le djebel, la chaleur, la poussière, la fatigue ; c’est l’attention toujours soutenue pour détecter l’embuscade possible, chaque buisson, chaque rocher fouillé du regard. Et la piste qui monte, et la piste qui descend, et le caillou qui roule sous le pied, et la sueur et la soif. Le pain quotidien du patrouilleur, le voilà,
La 3ème Compagnie, sa mission de protection des récoltes terminée, rejoint son cantonnement de la Ferme Catala.
Le 23, participation à une opération en forêt de Babor.
Le 25, la 4ème Compagnie s’envole en hélicoptères vers Tigrine, pour rentrer, en camions, sous une tornade de pluie.
Le 28, en appui de 6ème B.C.A., opération dans les douars Illilten et Ittourar, proches de Michelet. Vers I6 H 30, la troisième Compagnie prend le contact au Sud du village de Zougba. Sous le feu, les rebelles décrochent. Le Sergent Pariset, à la tête de son groupe, se lance à leur poursuite. Un fellagha embusqué derrière un rocher l’ajuste à bout portant avant de s’enfuir. Il est abattu par une section voisine, du 6ème B.C.A. Malheureusement, Pariset a été tué sur le coup. Depuis le village, l’ennemi tire toujours. Un réglage de mortier l’oblige à se disperser.
La nuit est passée sur place.
La fouille continue le lendemain. Des armes sont récupérées.
Un groupe de recrues de souche algérienne arrive le 3I.
Il va constituer une nouvelle section de la 4, sous le commandement de l’Adjudant Chef Trédemy, plus connu sous le surnom de "Père Pingouin".
Novembre
Le 3 novembre, le bataillon passe au peigne fin l’inextricable fouillis de chênes verts et de broussailles qu’est la forêt des Azerou.
La progression est très lente.
En début d’après midi, le Chasseur Pépin, éclaireur de pointe de la section du Sergent chef Sales, se trouve nez à nez avec un rebelle qui, à bout portant, l’ajuste au pistolet. Bien que blessé à l’épaule gauche, Pépin empoigne son adversaire pour l’empêcher de tirer à nouveau. Les deux hommes roulent par terre. Le Sergent chef Sales, arrive en courant, dégage PÉPIN, qui vient d’être blessé une seconde fois, et abat l’adversaire.
Mais il y a un deuxième fellagha dans une cache protégée par un impénétrable entrelacs de buissons, et qui refuse de se rendre. Il faudra vider un jerricane d’essence sur la cache et y mettre le feu pour avoir raison de cet obstiné.
Il s’agissait de deux mousseblines du douar Tighrempt.
La 4ème Compagnie ramasse deux fusils et deux pistolets, tandis que l’hélicoptère emporte PÉPIN vers l’infirmerie.
Le Chasseur Maillet, qui était en convalescence au Cap Djinet, se noie accidentellement le 5 novembre, entraîné par une vague, alors que, dans l’eau jusqu’à la ceinture, il photographiait un camarade de baignade.
Une pénible surprise attend, le 15 au matin, les gens du douar Haïzer qui viennent au marché de Bouïra. Deux pendus, dont une vielle femme de 70 ans, se balancent aux arbres qui bordent la route. Ils ont été exécutés, à titre d’exemple, sur ordre du commissaire politique du secteur 4, pour dissuader la population locale de s’engager dans la voie de la coopération avec l’armée française. Ces crimes ont un effet diamétralement opposé, et les habitants du douar viendront nombreux, les jours suivants, demander aux commandants des différents sous - quartiers des armes pour se défendre.
Le 16, un détachement de 60 officiers et hommes de troupe gagne Alger en vue de leur rapatriement en métropole.
Au cours d’une opération de ratissage entre Tanagount et Bou M’charof, le 19 la 4ème Compagnie est harcelée de très loin, par un petit groupe rebelle. En fin de journée, deux suspects fichés sont appréhendés. Leur interrogatoire fait ressortir qu’avec les autres membres de la cellule de Tanagount, ils ont pris part à l’enlèvement de l’un des pendus.
Le Lieutenant Carrète, O.R., et la 1ère Compagnie, montent une opération sur le village.
Le 21, à une heure du matin, Tanagount est encerclé sans bruit. Le chef de cellule et ses acolytes sont tirés du lit, quatre fusils et une centaine de cartouches sont saisis.
Le 11 Novembre, le Chef de Corps, le Fanion du bataillon et une compagnie prennent part aux cérémonies et défilé à Bouïra, cependant qu’un détachement commandé par le Capitaine Coulaud, défile à Alger.
Opération de contrôle, le 12 à Guendour et Moulin d’Afoud, le 14 à Tifticine et Tirilt N’seksou.
Le 17 le convoi de Tikjda trouve une mine sur la route, prés de Sélim.
La 3ème Compagnie, alertée arrête à son domicile l’artificier qui fabrique ces engins et le remet à la police judiciaire de Bouïra.
Un renfort de 47 gradés et chasseurs, venant de Nice, rejoint le 29. Et le 30, le bataillon se retrouve en opération dans la région de Beni Ouaggag. Dés le début du ratissage deux rebelles armés se rendent, après un échange de quelques coups de feu. Trois autres sont abattus pendant la progression. Au cours de la nuit, éclairée comme en plein jour par les avions lucioles, il semble qu’une bande très diluée essaie de forcer le bouclage. Une unité voisine repoussera plusieurs tentatives de passage, abattant plusieurs fellaghas.
Au petit jour, la marche reprend. Un gourbi, servant d’infirmerie, est découvert et détruit, des documents ramassés. Un fuyard, harnaché en guerre, est tué.
Le 21, cent quatre officiers, sous officiers et chasseurs rappelés sont dirigés sur Alger en vue de leur rapatriement. Depuis six mois, malgré le handicap des origines diverses: artillerie, arme blindée, train, transmissions, ils ont participé à toutes les activités du bataillon, et, sans renier leur arme d’origine, ils sont devenus "biffins", chasseurs et 22ème à cent pour cent.
Sur renseignements, l’O.R. et une section de la 3ème Compagnie sont héliportés au Sud de la forêt des Azerou, où un chef fellagha permissionnaire, le Sergent Cherarak Ahmed a été signalé dans sa famille. Le gibier est parti depuis peu, sans doute en voyant tourner le premier appareil qui cherchait une D.Z. où se poser.
Et de nouveau patrouille et embuscades... et la neige tombe en abondance. Une première tentative pour rendre la route de Tikjda à la circulation échoue. Le chasse neige des Ponts et Chaussées tombe en panne entre Aïn Allouane et Tikjda. Le ravitaillement doit être porté à dos d’homme entre ces deux postes, distants d’une dizaine de kilomètres, avec, par endroits, des congères de deux mètres de hauteur, qui barrent la route et ça recommence le lendemain. Et tous les jours, quatre jours durant, jusqu’à ce qu’un nouveau chasse neige soit fourni par les Ponts et Chaussées.
Décembre
Le 7 Décembre, deux agents de liaison F.L.N. sont arrêtés et remis à la police.
Le 11 c’est le tour de deux chefs de cellules du douar.
Les 13 et 14, un renseignement permet d’arrêter un chef moussebel du douar Tighrempt et son adjoint.
Deux fusils et cartouchières sont saisis.
Noël est fêté dans les compagnies.
Le réveillon se termine à peine, vers les 5 heures du matin, qu’arrive l’ordre d’embarquer en camions pour une opération dans la région de Tablat. Cinq jours de pistes et de mauvais temps, pluie très froide et brouillard, pour le maigre résultat de trois fellaghas abattus et la récupération d’un jeune arabe de Palestro, qui assure avoir été enlevé par les rebelles.

1957
Le premier Janvier a été un jour comme les autres : "Patrouilles et embuscades dans tous les postes du quartier", dit le Journal de Marche du Bataillon, qui omet de compléter..."sous la neige"
Il en est de même les jours suivants pour toutes les compagnies.
Janvier
Le 9, le nommé Addar Ali, signalé par les Gendarmes comme complice de pose de mines sur la voie ferrée est arrêté et remis entre leurs mains. Au cours d’un contrôle de population la 4ème Compagnie interpelle Menni Moussa et Menni Akli, connus comme ravitailleurs des rebelles.
Le 12, trois compagnies participent à une opération dans le Douar Harchaqua, commune de Laperrine.
Et, tandis que la 2ème Compagnie poursuit activement le déneigement des routes de son sous quartier, le Capitaine Nodot, qui commande la 4ème Compagnie, intensifie les contacts avec les habitants de tous les hameaux et villages de son fief.
Le 16, Berrouche Saïd ben Mohamed, chef de la cellule F.L.N. de Tirilt N’seksou, est arrêté avec sept de ses acolytes.
Le 17, le capitaine officialise l’existence d’une école coranique, et met en place une Djemaa de trois membres représentant les habitants du village.
Les jours suivants, il procède à l’ouverture de deux chantiers rétribués de construction ou de mise en état de pistes entre son P.C. de la Ferme Marcellin et les villages de Tirilt N’seksou et El Massar.
Le 26 Janvier une opération aux ordres du Colonel de Carini, commandant le 19ème Régiment de Chasseurs à Cheval, entraîne le Bataillon en forêt des Azerou. Au cours de cette affaire, deux hommes du commando du 19ème R.C.C. sont blessés, quatre fellaghas abattus et deux capturés. Six fusils de chasse, deux pistolets sont récupérés, dont deux fusils et un pistolet par les éléments du bataillon.
Une seconde opération est effectuée dans les Azerou les 28 et 29, à l’issue de laquelle les compagnies du 22ème B.C.A. remettent à la Gendarmerie cinq suspects, tandis qu’elle s’emparent de quatre fusils de chasse et d’un P.A. de 9mm.
Une fouille de l’agglomération de Bouïra, menée conjointement avec la Gendarmerie et la police d’état à lieu le 30 Janvier. Elle entraîne la saisie de 54 fusils de chasse, 4 carabines, 10 pistolets automatiques, d’effets militaires et de munitions diverses.
Février
Un cadavre non identifié est découvert, le 2 Février, par une patrouille de la 2ème Compagnie à proximité du chalet du C.A.F. la victime a été exécutée d’une décharge de chevrotines.
La 1ère Compagnie, au cours d’une patrouille, accroche, le 5 Février, un groupe F.L.N.. au abords du village de Tanagount. Un rebelle est abattu, originaire de Taguemount N’aït Ergane. Il appartenait à la section du Sergent Amzil Ali.
La 2ème Compagnie, qui opère sur les crêtes du Djurjura, prend à partie, le 10 Février, à proximité du lac Goulmine, un petit groupe qui s’enfuit immédiatement.
Le 12, elle intercepte un groupe d’habitants du village d’Agouni Oufours situé sur le versant Nord de la montagne, qui sont dépourvus d’autorisation de circuler.
Le 13, le Général Schumacher, adjoint au général commandant la division, et Monsieur le sous - préfet Vignon sous - préfet de Bouïra, accompagné de plusieurs personnalités civiles et militaires, président la remise d’armes, effectuée par le chef de bataillon Vuillemey commandant le 22ème B.C.A. aux membres de l’autodéfense du village d’Aguercif.
Dans chaque sous quartier on ne connaît pas de relâche.
Le 19 Février, contrôle des fermes et hameaux de la forêt d’Haïzer, entre Oued Emmeroudje et Oued Tessala. Au cours de l’opération deux suspects sont arrêtés, dont le chef de l’O.P.A. du Douar Bou Nouh, Mohamed ben Toutha.
Le 3ème escadron du 19ème R.C.C. assurait, à son habitude, le bouclage Sud de l’opération.
Le 3/19 R.C.C., commandé par le Capitaine de La Pontais, Écuyer du Cadre Noir de l’École de Cavalerie de Saumur, est basé à la Ferme Bel Air, prés du terrain d’aviation de Bouïra, sur la falaise qui domine l’Oued Ed Douss, au Sud du quartier du 22ème B.C.A.
Les rapports, strictement opérationnels à l’origine, se sont transformés en lien de franche camaraderie, et le 3/19ème est devenu compagnie à part entière du 22ème B.C.A.
Un simple coup de téléphone de l’un à l’autre déclenche une réaction immédiate d’intervention dans la zone limite entre les deux unités. Le 3/19 s’est, en outre, chargé d’une mission très appréciés des compagnies du 22, lors des opérations effectuées en commun : le ravitaillement en eau des unités de ratissage lorsque, enfin, elles arrivent à hauteur des blindés qui ont effectué le bouclage du terrain.
L’armement de l’auto défense d’Aguercif n’est décidément pas du goût des responsables F.L.N. du secteur. Au cours de la nuit du 23 Février, deux mechtas d’Aguercif sont incendiées, tandis que des tentatives d’incendie ont lieu contre les fermes Hildenbrandt et Goetz.
La 2ème Compagnie intercepte, le 26 Février, un convoi de ravitaillement destiné à la zone interdite de Kouriet.
Depuis quelques jours, sur la longueur d’onde de travail du bataillon, des émissions radio en langue arabe ont été repérées. Elles cessent aussi soudainement qu’elles avaient commencé.
Les patrouilles de la 1ère Compagnie arrêtent trois suspects fichés, le 28 février, et s’emparent d’un fusil de chasse.
Mars
La 2 est mise à la disposition du secteur voisin pour une opération dans le Kouriet les 2 et 3 Mars.
Le 4, le bataillon participe à une opération dans la région de Takerboust. Par suite du transfert de l’état major de la 20ème D.I. à Aumale et de modifications territoriales qui en découlent, le secteur de Bouïra est rattaché à la 27ème Division d’Infanterie Alpine, que commande le Général Gouraud.
La première Compagnie explore, plusieurs jours durant, les parois rocheuses du Djebel Heidzer, pour dresser l’inventaire des grottes et abris qui s’y peuvent trouver. Elle reçoit, le 11 Mars, l’inspection, au poste de Merkalla, de monsieur le sous préfet de Bouïra.
Le même jours, la 4ème Compagnie est mise à la disposition de la police judiciaire d’Alger, et des éléments du 2ème R.E.P., venus procéder à l’arrestation d’habitants de la ville de Bouïra, membres d’un réseau d’aide à la rébellion.
Vers 7 h 15, le 12 Mars, deux sections de la première Compagnie, qui effectuent une patrouille entre Tanagount et Aït Haouart, sont accrochées à mi chemin entre ces deux villages.
Dés le premier échange de coups de feu, le Chasseur Robert Manlli est blessé par balle à la tempe droite. Un rebelle en uniforme, armé d’un fusil U.S.M.I., est abattu. En même temps qu’il alerte le P.C. du bataillon, le Capitaine Pennachioni fait occuper rapidement, par les éléments de sa compagnie, la ligne de crêtes 1083, 1073 et 1019, à l'Est d’Aït Haouari, pour empêcher la fuite dans cette direction. La 4ème Compagnie est immédiatement envoyée par véhicules jusqu’à Tanagount. La 3ème se porte en renfort de la 1ère sur la ligne de bouclage. La section d’intervention et la section d’engins de la C.C.A.S. arrivent au Sud d’AIT Haouari, tandis que les blindés du 3/19 R.C.C. viennent compléter le bouclage sur la piste qui, par les crêtes déjà occupées, rejoint Tanagount à Tirilt N’seksou.
Un appui feu est demandé à l’aviation, qui intervient aux roquettes dans la zone encerclée. La première Compagnie qui, depuis le début, a maintenu le contact, a, pendant cette mise en place, abattu trois fellaghas et récupéré leurs armes. Les sections de la C.C.A.S., qui abordent par le Sud le village d’Aiï Haouri, sont accueillies par des coups de feu et des grenades provenant des maisons de Drissi Yahia, responsable politique en fuite depuis 18 mois, et Aouali Saïd ben Mohamed, "Rais Nidham" du lieu. Aprés intervention du 75 sans recul, l’assaut est donnée et quatre rebelles abattus. La fouille systématique du village révèle les traces du passage d’une soixantaine d’hommes. Deux fusils de chasse, des munitions, des grenades, effets militaires et documents sont saisis.
Les documents confirment que l’on a affaire à la Katiba régionale, commandée maintenant par Aigoun Ali, dit "Tarzan", justement originaire d’Aït Haouari.
La 4 abat un rebelle et récupère son revolver, dans le ravin entre 990 et 960. Les sections voisines de la 1ère et de la 3 se heurtent à de nouvelles résistances. Un fellagha, armé d’un P.M. Mat 49, est tué par la 3 dés le début de ce nouvel accrochage. Deux autres sont abattus par la 1ère Compagnie.
Alors qu’il effectue un bond en avant, le Sergent René Ziza, de la 1ère Compagnie, est blessé il tombe et demeure étendu sous le feu adverse. Le Chasseur Giola, de la 3, s’élance vers lui et s’effondre, touché à la tête. Trois nouveaux fellaghas sont abattus, tandis que le Chasseur Lucien Gariglio, de la 1ère Compagnie, est atteint au cou et à la tête, en essayant de dégager les deux blessés.
Un char du 19ème est poussé en avant pour les couvrir, et un hélicoptère demandé pour l’évacuation. Après neutralisation au canon du nid de résistance, les trois blessés sont récupérés et évacués par l’hélicoptère. Gariglio et Giola ne survivront pas à leurs graves blessures. Vers 16 heures un Sikorski amène une équipe spécialisée du génie de la 27ème D.I. dotée do lance flammes et d’explosifs. Après traitement des fourrés au lance flammes, deux autres cadavres sont découverts sur les lieux de l’accrochage précédent. Quatre nouveaux rebelles sont abattus. Les maisons de Drissi Yahia et Aouali Saïd sont détruites à l’explosif par le génie divisionnaire. Le bataillon pleure deux généreux garçons Gariglio et Giola qui se sont sacrifiés pour porter secours à un camarade blessé, et deux blessés, le Sergent Ziza et le Chasseur Manelli.
Les deux tiers de la bande, et son chef, ont réussi à s’enfuir par le Sud Est de la zone de combat, avant que la 1ère Compagnie n’ait poussé ses éléments à la côte 1019 et que la C.C.A.S. ne soit arrivé en bouclage au Sud du village. La Katiba 3 avait tendu, trois jours plus tôt une embuscade à une patrouille du poste de l’usine électrique d’Illiten, appartenant au 50ème Régiment d’Artillerie, dont le P.C. est à Maillot.
Un artilleur blessé avait été capturé après s’être courageusement défendu (d’après des documents récupérés à Aït Haouari). "Tarzan" l’avait fait exécuter, ne voulant pas s’encombrer d’un prisonnier blessé, malgré les ordres formels de l’Aspirant Si El Hachemi adjoint politique au chef de la Nahia 3.
Le 15 mars, le Sergent Brougat, de la 1ère Compagnie, fait une chute de moto et se blesse grièvement. Transporté à Alger par convoi spécial, il décéde pendant le transport. Les patrouilles des 1ère, 3ème et 4ème Compagnies se multiplient dans la zone où se sont déroulés les combats du 12 Mars, tandis que la 2 pitonne sur les sommets du Djurjura. La 1ère assure, le 18 mars, un bouclage des pentes ouest et Nord ouest du Djebel Heidzer, au profit du secteur voisin.
Le 21, le nommé Karou Amar ben Saïd, d’El Massar, impliqué dans l’affaire du 12 mars, est intercepté alors qu’il tentait de quitter le village, il est abattu après sommations.
Les villages de Tanagount et Aït Haouari sont évacués, et leurs habitants regroupés dans les villages de la plaine.
Au cours d’un ratissage de l’Oued Bou Bsri, le 22 mars, la section de pointe de la 1ère Compagnie est accrochée, dés les premiers pas dans le ravin. Le Chasseur Claude Cambus est mortellement blessé par balles. Il semble que l’on ait affaire à une bande d’une quinzaine d’hommes, en tenue de combat Le terrain, excessivement coupé et couvert d’un maquis très dense, ne permet pas d’effectuer un bouclage continu. Malgré l’arrivée d’un renfort de la 2ème Compagnie, de la 5ème, du 3/19ème R.C.C. et un straffing de l’aviation de chasse sur la zone occupée par les rebelles, le gros de la bande réussit à s’enfuir. La fouille du terrain permet de retrouver deux cadavres, dont celui du "Garde Forestier" F.L.N. du Douar, Amroun Saïd, et de récupérer deux fusils de chasse et un revolver, des étuis de cartouches de 7mm5 et de 9mm sont retrouvés sur les lieux.
Conséquence du résultat des combats du 12 mars et du 22 mars, soixante hommes des villages de Tirilt N’seksou, Tifticine, El Massar, Irhorat et Tixara se présentent le 24 mars au Capitaine Nodot, commandant le sous quartier et demandent que des armes leurs soient remises pour assurer leur défense et celle de leurs familles.
Au cours de la nuit du 27 mars, la 4ème Compagnie est alertée. Des fellaghas attaquent les habitants d’El Massar et de Tirilt N’seksou. Une section portée intervient immédiatement. Les rebelles s’enfuient à son arrivée entraînant trois personnes qu’ils considèrent comme animateurs du mouvement de ralliement et en abandonnent sur place une quatrième, blessée d’un coup de baïonnette.
Quelques jours plus tard un Kabyle de 25 ans environ se présente au P.C. du bataillon. Il est accompagné de sa femme;et déclare qu’il vient se rallier à la suite de l’enlèvement et de l’exécution par le F.L.N. de son beau père, un ancien combattant d’El Massar nommé Douane, l’une des trois personnes emmenés par les fellaghas le soir du 27 mars. Lui même était jusqu’à ce jour l’un des meneurs de O.P.A. Locale. Il s’appelle Terrak Ahmed, dit "Hamitouche". Il veut venger son beau père.
Le 28, cent vingt cinq gradés et chasseurs de contingents 55/2C et 56/2A sont mis en route sur le 1er Bataillon de Voltigeurs à Aïn Taya. Cette mutation entre dans le cadre de la dissolution de la 5ème Compagnie, qui ramène le 22ème B.C.A. au type normal de bataillon à quatre compagnies de combat et une C.C.A.S.
Le Capitaine Mondoloni, commandant provisoirement le bataillon, le fanion du 22, la Section d’Éclaireurs et une compagnie, participent, le 29 mars, à la prise d’armes d’adieux du Général Gouraud commandant la 27ème D.I.A. et à la prise de commandement de son nouveau chef, le Général Guérin.
La 4ème Compagnie, agissant sur renseignements, se saisit de trois fusils et d’un pistolet Mauser 7mm 65. Le cadavre du nommé Aberkane Arab, père du commissaire politique Berkane Hammouche est découvert en bordure de route, prés de Tixara, exécuté par le M.N.A.
Le 30, au cours d’une reconnaissance de grottes dans les falaises de l’Oued Guendour, dans la forêt des Azerou, le Sergent Daniel Haccart, de la 3ème Compagnie, fait une chute d’une dizaine de mètres dans le lit de l’oued, atteint d’une fracture de la colonne vertébrale, il est transporté par hélicoptère à l’hôpital d’Alger.
Avril
Le premier avril, alors que le rythme des patrouilles et embuscades se maintient, le Tirailleur Foudad Mohamed, originaire de Tizi Mellal, capturé le 3 février par les hors la loi alors qu’il se trouvait en permission, se présente au bataillon. Il déclare s’être évadé à l’occasion d’un bombardement par mortiers, effectué le 29 mars au cours d’une opération du 7ème B.C.A. à Timerrhas. D’après ses dires, deux prisonniers français de souche se trouvaient en captivité avec lui.
Et le 11 avril, au cours d’une prise d’armes présidée par monsieur le sous préfet de Bouïra et le Colonel Besson, commandant le secteur, les commandants des 1ère et 4ème Compagnie remettent deux cent trente cinq armes de chasse aux groupes d’auto défense constitués dans les villages:
- 1ère Compagnie: Merkalla - Tassala : 120 fusils.
- 4ème Compagnie: Tirilt N’sekou - El Massar - Tifticine : 115 fusils.
La pacification du Douar Haïzer vient de prendre son rythme de croisière, la riposte du F.L.N. ne se fait pas attendre. Le lendemain, une Jeep de la 1ère Compagnie saute sur une mine, au lieu dit Moulin d’Aguercif, au pied de la piste de Merkalla. L’Aspirant Michel Gillet est légèrement blessé, mais le Chasseur Bataillou, très gravement atteint, meurt pendant son transport en hélicoptère à l’hôpital d’Aumale.
Le lieu de l’attentat est bien choisi, à proximité du village où s’est constitué le premier groupe d’auto défense du douar. Il y a là intention flagrante de nous pousser à suspecter la loyauté et la sincérité des habitants du village, et nous inciter à prendre des mesures de rétorsion à leur égard. Ni le chef de bataillon Vuillemey, ni les Capitaines Nodot et Pennachioni ne se laissent prendre au piège. D’autant plus qu’il ne s’agit pas d’une de ces mines de fabrication locale auxquelles nous sommes habitués, et sur lesquelles les véhicules perdent habituellement un pneu. Les dommages causés à la Jeep ne peuvent avoir été provoqués que par une forte charge d’un explosif puissant.
Le 15 avril, au cours d’un contrôle du village d’Izemourène, le nommé.Mazouz Saïd ben Mohamed tente de forcer le bouclage. Il est abattu. Il était porteur d’un pistolet automatique.
Le même jour, la 4ème Compagnie participe à une opération dans la région de Talamine, au Sud Est de Bouïra..
La 1ère Compagnie opère, le 19, au Nord du Djebel Heidzer, en liaison avec le 159ème R.I.
Dans l’après midi, le P.C. est alerté par la 4ème Compagnie. Un jeune berger a observé, au cours de la matinée, deux individus qui posaient une mine dans le fond d’un oued desséché traversé par la piste qu’empruntent les véhicules de la 4 qui vont à Irhorat. Le Lieutenant Carrète se rend sur les lieux désamorce l’engin et le récupère. La mine est composée d’un pain de un kilo de T.N.T. enveloppé dans un papier d’emballage.
Les numéros de série du lot figurant sur le bloc d’explosif sont transmis à la division.
La réponse est immédiate.
Il s’agit d’explosif faisant partie des charges utilisées par le Commando du Génie le 12 mars à Aït Haouari. Une charge non explosée a été récupérée par les fellaghas, qui s’en servent maintenant contre nous. C’est une mine de même puissance qui, le 12 avril, a détruit la Jeep de la 1ère Compagnie. Les charges employées à Aït Haouari étaient de quatre pains de un kilo. En comptant celui qui vient d’être récupéré et celui qui à détruit la Jeep, le 12 avril, il en reste encore deux dans la nature. Les convois vont devoir redoubler de vigilance.
Le 23 avril, une section de la 3ème Compagnie, commandée par le Sous Lieutenant Martin s’installe en point d’appui dans l’école d’Irhorat, dont la reconstruction commence, avec l’aide des habitants des villages voisins. Ceux-là même qui, sous la menace du F.L.N. avaient entrepris de le détruire. À la 1ère, ouverture de chantiers de débroussaillage. Nomadisation de la 2ème Compagnie vers le lac Goulmine. Le Commandant Vuillemey inspecte le poste de Merkalla le 28.
Le 30, les commandants des sous quartiers effectuent une distribution de farine et de céréales aux membres d’autodéfenses du douar.
Mai
À compter du premier mai, la 5ème Compagnie est dissoute.
Le Capitaine Gatti est mis à la disposition du chef de corps en attendant une vacance. la 3ème prend possession de la maison forestière d’Aïn Allouane, ne laissant qu’un groupe de gardiennage à la Ferme Catala, où s’installe l’atelier du maréchal ferrant du bataillon.
En même temps que s’arment les groupes d’auto défense des villages, dans lesquels les commandants de Compagnie. recherchent les meilleurs éléments pour constituer leur Harka. Une structure administrative s’implante, concrétisée par les Djemaa.
Un service sanitaire et une aide médicale gratuite sont mis en place, à l’intention des habitants du douar.
La section de l’Adjudant chef Beauvais relève, le 3 mai, la section du sous Lieutenant Martin à l’école d’Irhorat, où les travaux se poursuivent activement.
La 4ème Compagnie nomadise; dans l'Ouest du Douar Haizer, et la 3ème vers Anatra et Bou M’charof, tandis que la 2, en opération vers lac Goulmine est accrochée sans conséquence le 6 mai vers 12 heures.
Le 7, un habitant d’El Massar, gravement malade, est évacué par véhicule sanitaire sur l’hôpital de Bouïra.
Le calme apparent qui règne sur le douar cache la volonté du F.L.N. de reprise en main des populations. Dans la nuit du 9 au 10 mai, vers 1 heure du matin, un groupe d’une soixantaine de hors la loi investit les mechtas d’El Massar et de Tifticine, pour tenter d’enlever les chefs des auto défenses de ces villages. Ceux ci réagissent comme de vieux tirailleurs. Le poste de l’école Irhorat exécute immédiatement sur les arrières des villages un tir de mortier, mis au point les jours précédents. Lorsque la section d’intervention arrive sur les lieux, il ne reste qu’un cadavre, portant les galons de sergent chef, armé d’un revolver à barillet, et quelques traces de sang laissées par les fuyards.
Le 12 mai, le nommé Sahali Ali ben Mohamed, détenu à la Ferme Marcellin par la 4ème Compagnie. s’évade du poste en franchissant les barbelés. Après une courte poursuite, il est abattu par les membres de l’auto défense de Sidi Sala..
Patrouille de la 1ère Compagnie à Tilinaz et Iril Guofrane, de la 2 au lac Goulmine, de la 3ème à Thiaramtz, Taougni et Sélim, tandis que la 4 surveille ses chantiers de pistes.
Une opération de quartier se déroule les 16 et 17 mai dans la forêt d’Haïzer et la forêt des Azerou, dans le but de contrôler les populations des divers hameaux de cette zone.
Le ratissage doit s’effectuer du Nord au Sud. Le 3/19ème R.C.C. Capitaine de La Pontale. assure le bouclage Sud, le long de l’Oued Ed Douss.
Vers 7 heure 30, un peloton du 3/19, embusqué à Taourirt Amar, aperçoit quelques rebelle courant dans le fond de l’oued. Après une courte poursuite, l’un deux est abattu, l’autre capturé. Le mort est "Si Hammouche", Berkane Hammouche, originaire du Douar Haïzer, sergent chef politique du secteur 1. Deux fusils de chasse, une cartouchière et des documents sont récupérés. Le prisonnier, garde du corps du défunt, déclare qu’une bande d’une soixantaine d’hommes aurait passé la nuit au confluent de l’Oued Ed Douss et de l’Acif Boudrar, et serait remonté au petit jour dans la forêt des Azerou.
Au cours de la journée, les compagnies interpellent une vingtaine d’individus non armés, mais qui ne peuvent justifier les raisons de leur présence dans la zone opérationnelle.
Elles ont également trouvé sur le terrain deux fusils, une cartouchière garnie et une baïonnette anglaise. La nuit passée sur le terrain. La fouille continue le lendemain, et permet de ramasser un nouveau fusil, de découvrir une cache en cours de construction, contenant quelques couvertures, des outils et un obus de mortier de 81 non explosé.
Le 20 Mai, arrivé de soixante sept recrues venant de la Métropole. Les 2ème et 4ème Compagnies sont mises à la disposition du colonel commandant le secteur de Bouïra.
Le 21 mai, le Capitaine Coulaud, désigné pour suivre un stage, transmet la 3ème Compagnie au Lieutenant Trouillet en attendant le retour de permission du Capitaine Gatti, qui prend le commandement de la compagnie le 25 mai. La 3ème Compagnie, tout comme la 4, a ouvert des chantiers de pistes en direction de Taguemount Mimouna et Anatra.
Juin
Le Général Guérin, commandant la Z.E.A. et la 27ème D.I.A. inspecte le poste d’Aïn Allouane le premier juin. Parmi les suspects ramassés le 17 mai, l’O.R. en a identifié un, qui se révèle incidemment être le gardien d’une cache d’approvisionnement abritée dans un ravin boisé proche du Moulin d’Afoud. L’après midi est déjà très avancée. Le 3/19ème, mis à contribution, fournit un peloton mixte de Jeeps et d’autos mitrailleuses. L’Adjudant chef Beauvais et la section d’Irhorat embarquent sur les véhicules des cavaliers, et le coup de main, rapidement effectué, permet de ramener du matériel d’équipement et d’habillement, du ravitaillement, de nombreuses munitions, un pistolet automatique 6mm 35, trois fusils de chasse, et surtout, les deux fameux pains d’un kilo de T.N.T. chacun, dont la menace planait depuis bientôt trois mois sur les convois du bataillon.
Un groupement de marche, aux ordres du Capitaine Mondoloni, composé des 1ère et 4ème Compagnies et d’un escadron du 7ème Régiment de Hussards, est mis à la disposition de la 27ème D.I.A. pour une opération de plusieurs jours dans le Douar Illilten. Le départ à lieu dans la nuit du 2 au 3 juin, en direction Maillot, col de Tirourda.
La journée du 3 se passe en bouclage sur la ligne sommitale Tirourda, Azerou, N’tohor, Col de Chellata, Aït Aziz. L’ordre pour le 4 Juin, est de fouiller la cuvette de l’Oued Sedi jusqu’à la crête du Djurjura. L’escadron de hussards subit le feu des rebelles à plusieurs reprises. Un individu, porteur d’un fusil Lebel et d’une grenade à fusil de fabrication tchèque, est abattu.
Le 3 juin, un groupe de libérables est dirigé sur la base de Transit d’Alger, en vue de son rapatriement. Désireux d’informer sa famille de son prochain retour, le Chasseur Gabriel Achard se rend à la Grande Poste d’Alger, voisine de la base, pour adresser un télégramme à ses parents.
Alors qu’il sort de la poste, il est mortellement blessé par l’explosion d’un engin dissimulé dans le socle d’un lampadaire.
Les patrouilles et opérations de sous quartiers continuent : 1ère Compagnie en contrôle de population du Douar Innesman; 2ème Compagnie à Tizi Boussouil et Tizi N’kouilal; 3ème Compagnie à Thiaramtz et Tenouichi; 4ème Compagnie au Moulin d’Afoud.
Le 8, une délégation des habitants de l’Oued Emmeroudje se présente à la Ferme Marcellin pour dénoncer au Capitaine Nodot les activités pro F.L.N. de certains membres de la population de la vallée, et demander à être organisés en auto défense.
L’équipe des transmissions remet en état, le 8,1a ligne téléphonique qui a été détériorée en trois endroits, entre la Ferme Marcellin et Merkalla. Un habitant de Tassala vient signaler la présence sur la piste de Merkalla d’une mine (à allumage électrique) qui est détruite sur place. Une opération de plusieurs jours est envisagée dans la zone Est et Sud Est du quartier, avec participation du 50ème R.A. dans la région de M’zarir.
Au cours de la première journée, le 14 juin, les unités de ratissage partant de la route de Tikjda, entre la maison forestière d’Aïn Allouane et le Djebel Taouialt, doivent descendre vers le Sud en fouillant tous les ravins boisés de la montagne. Le P.C. du bataillon sera installé à Sélim. Le 3/19ème R.C.C. effectuera le bouclage Sud, en lisière de la forêt des Azerou sur l’Oued Ed Douss.
Or, le 13 juin, à la tombée de la nuit, un renseignement très précis, fait état de la présence "d’un chef" et d’une dizaine d’hommes dans les mechtas proches de l’oued, au Sud de la forêt d’El Haizer. Il n’est plus possible de modifier l’opération projetée qui doit démarrer au cours de la nuit. Le chef de bataillon Vuillemey envoie l’O.R. du bataillon expliquer l’affaire au Capitaine de La Pontais. L’endroit désigné par l’indicateur se trouve en dehors du bouclage prévu, mais une ou deux autos mitrailleuses se promenant dans le coin pourraient peut étre...
Accord conclu.
Le lendemain matin, à 6 h 35, alors que commence la progression des unités de ratissage, le 3/19 signale par radio qu’il vient d’accrocher le groupe à proximité de l’endroit indiqué. Huit fellaghas ont été abattus, un fait prisonnier, les armes récupérées, ainsi que des documents importants. Parmi les morts "le Chef, Aspirant Si El Hachemi, adjoint politique de la Nahia 3.
En cours de journée, la 2ème Compagnie est mise à la disposition du Capitaine de La Pontais pour effectuer un ratissage de la forêt d’Haïzer.
Le 15 juin, alors que les compagnies fouillent l’Oued Guendour, entre Sélim et le Moulin d’Afous, la 2ème Compagnie, qui a passé la nuit à la Ferme Catala, reprend le ratissage de la forêt Haïzer vers le Sud, entre les Oueds Boutiguer et Markar, tandis que le 3/19 se remet en bouclage sue l’Oued Ed Douss. En arrivant à proximité des lieus de l’accrochage de la veille, on retrouve encore, cachés dans les buissons, une sacoche de documents, un poste radio à piles et un appareil photo ayant appartenu à Si El Hachemi.
La journée du 16 se passe à remettre de l’ordre dans les unités, qui se retrouvent dans la soirée au poste de Tikjda, pour effectuer, deux jours durant, le ratissage du versant Sud du Djurjura et le contrôle des populations d’Iril N’zerouine, Tachachit, Tammara, Semmach et Taourirt Tazegourt.
Compte tenu de l’intérêt des papiers récupérés dans les sacoches de Si El Hachemi, le Lieutenant Carrète n’a emmené en opération ni son adjoint, ni l’interprète Terrak. Il les a chargé d’étudier en détail les documents en question et d’en préparer l’exploitation.
Celle ci intervient plus rapidement que prévu.
Terrak, qui s’est absenté dans le courant de l’après midi du 16 réapparaît, très excité. Il traîne derrière lui avec l’aide de deux chasseurs du poste de garde, un Kabyle et son âne, qu’il vient de rencontrer sur la route, juste devant la Ferme Porcher. L’individu est fiché comme ravitailleur. Il fait la liaison entre le maquis et la cellule de la ville de Bouïra. Les chouari du baudet, dûment vidés, révèlent des pataugas, des chemises kaki, du ravitaillement, des produits pharmaceutiques.
L’homme donne facilement le nom de ses fournisseurs; dont le commis de la pharmacie.
Leur arrestation s’effectue dans la foulée.
Devant le développement que prend l’affaire, la gendarmerie la police judiciaire et la police d’état sont avisées et leur aide demandé tant pour les visite domiciliaires et perquisitions qui se révèlent nécessaires, que pour les interrogatoires. La nuit entière est employée à ceux ci et aux confrontations. Les surnoms dont étaient affublés les personnages cités dans les correspondances deviennent transparents. Mis en présence des lettres originales qu’il a adressé à Si El Hachemi, le chef de cellule ne peut que reconnaître son écriture. De nouveaux documents, listes de cotisants, cahiers de comptabilité, sont saisis chez lui, ainsi qu’une importante somme d’argent.
Lorsque le bataillon regagne sa base, le 18 au soir, l’exploitation est terminée. La cellule F.L.N. de Bouïra a vécu. Il appartient aux autorités judiciaires de tirer les conclusions.
Au cours de l’après midi du 18, un habitant de l’Oued Emmeroudje se présente au P.C. de la 4ème Compagnie. pour remettre volontairement un revolver 8mm.
La 1ère Compagnie nomadise dans le Douar Innesman, la 2 dans le Douar Tachachit, la 3 dans le Nord de son sous quartier, et la 4ème Compagnie procède à des distributions de céréales et de vêtements dans les villages d’auto défense.
Le 24 juin, le Chef de Bataillon Vuillemey, chef de corps, le Fanion du bataillon et la 4ème Compagnie, participent à une prise d’armes qui se déroule à Fort National, à l’occasion de l’arrivé en Kabylie du Drapeau des Chasseurs, confié pour un an à la garde du 7 ème B.C.A.
Une opération, baptisée KB11, se développe, à partir du 28 juin, sous les ordres du Colonel Besson, commandant le secteur de Bouïra, dans la région des Douars Aghbalou, Beni Mellikeuch et M’chedallah.
La première journée amène le bataillon sur la ligne Nord - Sud: cote 1829, Tala Rana, Boufenzer.
Le deuxième jour, il atteint la plaine, à proximité de Maillot, pour revenir, le 29 au soir, à Tala Rana.
Le retour a lieu le 30, vers 18 heures.
Les services administratifs du corps s’installent dans Bouïra. Le Capitaine Izac, capitaine major du 22, prend les fonctions de Major de Garnison.
Juillet
Le 3 juillet, le bataillon effectue un bouclage sur les crêtes du Djurjura au profit du secteur de Dra El Mizan. Dans l’après midi, une mine, placée par les rebelles sur la route, à proximité du pont de Sélim, explose seule, sans doute sous l’effet de la chaleur. Peu de dégâts à la chaussée.
Dans la soirée du 5, un habitant du douar vient trouver le Capitaine Nodot et lui affirme qu’il a vu une trentaine de fellaghas à proximité d’Izemourène . Deux sections de la 4ème Compagnie passent la nuit en embuscade entre Izemourène et Tirilt N’seksou. Une opération de ratissage du terrain, effectuée en début de matinée du 6, ne donne rien. Aucune trace n’est relevée. Le hameau d’IZemourène et les ravins environnant sont vides!
Pendant plusieurs jours, la 2ème Compagnie procède au regroupement, dans le périmètre de Tikjda, des habitants des mechtas isolées et hameaux de la zone interdite
La gendarmerie d’El Esnam rend compte de l’enlèvement par les fellaghas, au cours de la nuit du 9 au 10, de deux chasseurs de la 4ème Compagnie, Moumou Mohamed ben Moumou et Bellout Mohamed ben Saïd, qui se trouvaient en permission régulière dans leur famille à El Esnam.
Le bataillon participe aux cérémonies du 14 Juillet à Bouïra. Les groupes d’auto défense et les commandos de Harkis du Douar Haïzer sont particulièrement applaudis au cours du défilé.
Une opération de secteur dans l’Oued Irzer, confirme que le village d’Irzer est complètement abandonné, et permet de replier sur le 50ème R.A. à Maillot la population de Taddert El Djedid. Des refuges récemment installés en forêt sont détruits.
Le 23 Juillet de grandes cérémonies, présidées par le Colonel Besson, commandant le Secteur de Bouïra et le Lieutenant Colonel de Carini, commandant le 19ème Régiment de Chasseurs à Cheval se déroulent, le matin à Aïn Allouane, l’après midi à l’Oued Emmeroudje.
Au cours de deux prises d’armes, en présence des autorités civiles et militaires de la ville, le Chef de Bataillon Vuillemey, remet leurs armes aux hommes des groupes d’auto défense et Harkis de Taougni et de l’Oued Emmeroudje.
La politique de pacification, menée par le 22ème B.C.A. depuis son implantation dans le Douar Haïzer, fait tache d’huile vers l'Est du douar et vers les sommets de la montagne. C’est maintenant un total de trois cents fusils qui sont répartis entre les treize villages d’Haïzer
Les meilleurs éléments de ces auto défense ont été intégrés dans les Harkas, qui s’articulent maintenant en quatre sections organiques : Celle de Merkalla - Tassala à la 1ère Compagnie, celle d’El Massar - Tirilt N’seksou rattaché à la section du poste d’Irhorat, la troisième, Taougni, au poste d’Aïn Allouane, et la plus ancienne, celle de Sidi Sala - Agercif vient doubler les effectifs de la section d’intervention de la C.C.A.S.
Ces harkas sont commandées par un aspirant ou sous lieutenant de réserve, et encadrées par trois ou quatre chasseurs: sous officier adjoint, radio, etc... Leur armement est celui de sections normales, fusils U.S., pistolets mitrailleurs, fusils mitrailleurs, et moyens de transmissions.
Fort de ces ralliements et de cette organisation, le quartier du 22ème B.C.A. s’appuie à l'Ouest sur le quartier du Douar Errich, dans lequel le Capitaine Billotet, patron de la S.A.S. de Bezzit, "la S.A.S. : sans barbelés", à obtenu de remarquables résultats dans le domaine de la pacification. Son action en direction d’Innesmane est une aide précieuse pour la 1ère Compagnie.
Il n’en est pas de même à l'Est et au Sud.
Au Sud, le l9ème R.C.C. et le 7ème Hussards contrôlent la Forêt des Ksars et le Massif du Hammam Ksenna. Bien moins peuplée que le Douar Haïzer, et d’accès plus difficile, cette région très tourmentée et très couverte, est la voie de transit des convois d’armement venant de Tunisie, et des groupes de maquisards qui s’y rendent pour suivre une instruction militaire. Elle s’appuie à l'Est sur la Chaîne des Bibans, et débouche, à l'Ouest, sur les arrières de la Willaya 4, au Sud d’Alger.
À l'Est, le 50 ème R.A., dont le P.C. est à Maillot, a fort à faire avec une implantation F.L.N. qui couvre les gros villages des contreforts Sud du Djurjura, et la surveillance du Col de Tirourda, lieu de passage obligatoire entre le versant Nord de la montagne kabyle et les Portes de Fer.
Le 24 juillet, le bataillon participe, avec le 50ème R.A., le 7ème Hussards et le 2ème R.I.C. à une opération dans la région de M’zarir.
À la 2 le Chasseur Jean Paul Deider est blessé accidentellement au bras par une sentinelle et évacué sur l’hôpital d’Aumale. Une embuscade de la 1ère Compagnie intercepte trois individus qui circulent en zone interdite. L’un deux est blessé à la jambe droite en tentant de fuir. Les trois sont appréhendés : Sarri Ahmed, Zamoum Ali, Zamoum Rabah, tous trois du Douar Innesmane.
La 4 ème Compagnie effectue une opération de contrôle dans les villages entre Tassala et l’Acif Boudra. La 2 nomadise dans le Ras Timedouine et Tigounatine, tandis que le poste de Tikjda reçoit la visite du Commandant Klein, de l’état major de la 27ème D.I.A..
La 1ère Compagnie patrouille en zone interdite du Teniet Djaboub, et la 3ème vers Sélim.
Août
Début août, cependant que les patrouilles se poursuivent de jour et de nuit, le Capitaine Pennachioni procède au recensement des habitants des villages de Merkalla et Tessala. La 4ème Compagnie est mise à la disposition du secteur de Palestro du 5 au 10 août.
Le 13, le Commandant Vuillemey inspecte les groupes d’auto défense et les harkas du quartier. Depuis deux jours déjà, un violent incendie, venant de la Forêt des Azerou, ravage le versant Sud de la montagne, en direction de Tikjda. Les 3ème et 4ème Compagnies sont envoyées en renfort auprès de la 2 qui effectue des travaux de pare feux pour protéger le poste et le village. Après avoir ravagé le Djebel Taouialt, l’incendie vient expirer en bordure de route.
La 1ère Compagnie ouvre un chantier de piste, de Beni Ismaïl au Douar Innesmane.
L’Administrateur de Maillot visite le village de regroupement et le poste de Tikjda.
Le 19 août, contrôle des populations installées sur les terrains communaux des Ras et Ras Bouïra et Ras Oubeira.
Les 2ème et 3ème Compagnies sont mises, le 31 août, à disposition du 7ème B.C.A. pour une opération d’une durée de quarante huit heures. Pendant la marche d’approche, en direction du Tizi Guessig, le Sergent chef Andreux blesse à la suite d’une méprise, le Caporal Paul Marchais, qui est évacué par hélicoptère sur l’hôpital de Tizi Ouzou.
Septembre
Les 3 et 4 septembre, le bataillon prend part à une opération de secteur dans le Douar Igram. La 4ème Compagnie, forte de cent vingt hommes, est héliportée au Col de Chellata, tandis que P.C. du bataillon, renforcé d’un D.L.O. et les 1ère et 3e Compagnies rejoignent par voie de terre : le P.C. le Col de Chellata; la 1ère Compagnie le Col des Chènes et le village de Chellata ; la 3ème Compagnie le Col de Tizi Tizi et les cotes 1475 et 1505.
La 3 détruit un dépôt de vivre à Ouled Amar. La 1ère intercepte un fellagha, armé d’un P.A. 6,35 et porteur d’une trousse de pharmacie à Tifinslib. À 18 heures, les compagnies s’installent en bivouac.
Nuit calme.
Le 4, à 6 heures 30, les unités sont transportées par camions à l’héliport d’Izer Amokrane et héliporté sur la cote 1621. La mission est de fouiller, en liaison avec le 27ème B.C.A., la région de l’Azerou Tasta Guidjidj. La forêt y est très dense. De nombreuses traces et bivouacs sont relevées, des abris détruits. Les suspects arrêtés sont remis aux autorités du secteur.
Le Commandant Vuillemey part en permission le 5 septembre. Le Capitaine Mondoloni Jacques assurera le commandement du 22ème B.C.A. durant sont son absence.
Le 9 septembre, la 4ème Compagnie quitte la Ferme Marcellin pour s’implanter au Sud de l’Oued Ed Douss au village d’El Esnam, sur la route de Maillot où elle relève un escadron du 19 ème R.C.C.
Les services administratifs du corps abandonnent Bouïra et prennent possession des anciens cantonnement de la 4.
Les 2ème et 4ème Compagnies, mises à la disposition du secteur, participent à une opération dans le secteur du Douar Tachachit, le 13 septembre. La 2ème accroche un groupe rebelle dans l’Oued Adjiba, vers Agouni Tleta. Elle récupère trois revolvers, deux grenades à fusil antichar, trois paires de jumelles, un poste radio portatif et des munitions.
Le même jour la 1ère Compagnie effectue une mission sur les crêtes du Djebel Heidzer, en protection d’une reconnaissance du 72ème B.G. du secteur de Dra El Mizan. À peine installée à El Esman, la 4ème Compagnie entame le processus de contrôle et de contact des populations qui lui a si bien réussi dans l’Haizer.
La 2ème Compagnie commence la remise en état de la piste Tikjda - El Adjiba.
Le bataillon, au complet, entreprend le 18 septembre, une opération en forêt des Azerou, les blindés du 3/19ème R.C.C. assurant le traditionnel bouclage sur l’Oued Ed Douss.
En cours de progression un groupe de la 4ème Compagnie débusque deux fellaghas qui ouvrent le feu sur lui. Ils sont abattus par la riposte.
Un fusil et des documents sont saisis.
Cent vingt cinq civils, pour la plupart habitants du Douar Tighrempt, sont contrôlés au cours de la journée. Vingt trois sont remis à la gendarmerie d’El Esnam pour vérification d’identité. Les 20 et 21 septembre, une nouvelle opération est effectuée dans les Douars Tighrempt et Tachachit. Dés le démarrage, la 4ème abat, dans l’Oued Tamarir un individu qui vient de s’enfuir du village de Sélim. Un peu plus tard, elle découvre dans l’Oued Bou Serdoum une cache renfermant dix fusils de chasse qui ont été carbonisés par l’incendie de la forêt du mois d’août; les canons sont récupérés.
Des traces d’un important convoi de mulets sont découvertes sur la ligne de crêtes qui sert d’axe de progression. Les unités sont alignées le soir sur les falaises de l’Oued Ed Douss où elles bivouaquent.
La deuxième journée se passe sans incident notable.
Un Dodge du convoi de ravitaillement de la 2ème Compagnie saute, le 24 septembre, au lieu dit "La Croix de Lorraine", à 4 Km de Tikjda, sur une mine de forte puissance ; le véhicule est complètement détruit. Le Chasseur Antoine Carcopino est tué sur le coup. Les Chasseurs Robert Noyer, Albert Fernandez et Aloys Miraillet, blessés, sont évacués par l’ambulance du bataillon sur l’infirmerie du secteur.
Opération dans le quartier des Ksars le 25 septembre.
Le 27, le nommé Djellaoui Mohamed arrêté la veille à Ighil Izgourene, et qui guide une patrouille vers une cache d’armes qu’il prétend connaître, tente de s’échapper en sautant du haut de la falaise qui domine l’Oued Guendour et se tue.
La 1ère Compagnie nomadise au Douar Innesmane, la 2ème Compagnie dans le Djebel Taouialt, et 4ème dans les fermes et hameaux de son quartier. A la 3, le Chasseur Jean Ménard est blessé au pied, le 28 septembre, par une balle de P.M., tirée par inadvertance par son camarade J.B. Brand.
Le bataillon opère, le 30, dans la région de Tanagount - Bou M’charof. Un tir d’artillerie à été appliqué au départ sur la zone interdite de Tanagount. Au cours du ratissage, un civil se présente, blessé par un éclat d’obus. Il est évacué sur l’hôpital d’Aumale.
Octobre
L’Adjudant chef Beauvais, chef de poste de l’école d’Irhorat, et l’une des "figures" du 22ème B.C.A. est promu sous lieutenant le 1er octobre.
Le 2, un convoi de G.M.C. gagne Merkalla pour effectuer un chargement. Il redescend normalement à Bouïra. Une heure plus tard, trois véhicules remontent vers Merkalla. Parmi eux la sanitaire du bataillon, dans laquelle l’Adjudant Mailliet, infirmier chef, qui va procéder à un rappel de vaccinations à la 1er Compagnie, a pris place à coté du chauffeur Manzi. Dans les premiers lacets de la montée, l’ambulance met un pneu sur une mine de fabrication locale confectionnée avec un vieil obus de 75 en fonte aciérée, bourré de poudre noire, la fragmentation de la fonte aciérée crible de dizaines d’éclats, gros comme des grains de blé, les jambes de Mailliet et de son chauffeur. Les deux blessés sont évacués par la route sur l’hôpital d’Aumale, après les premiers soins donnés par le médecin Capitaine Quilichini.
La protection des travaux et chantiers de pistes alternent avec les patrouilles et embuscades.
L’école d’Irhorat, remise à neuf, est inaugurée par les autorités civiles et militaire de Bouïra. Sous la houlette de l’Aspirant Poignant, promu directeur; elle ouvre ses portes aux enfants, garçons et filles, des villages environnants.
Dans les villages ou sur les pistes, les hommes nous accueillent avec un large sourire, main tendue. Les enfants veulent tous monter en Jeep, et les femmes continuent, paisibles, leurs travaux.
Ce qui n’empêche pas l’Aspirant politique "Si Mustapha" lors de la réunion des chefs de la Mintaka 3, le 11 octobre 1957, d’expliquer le déficit constaté, par rapport aux trimestres précédents, dans les cotisations perçues auprès des populations du secteur 1 de la Nahya 3, par le fait que "le Douar Haïzer est complètement vidé de ses habitants, par ordre de l’armée colonialiste!"
Un renfort de 34 gradés et chasseurs, venant de France, arrive au bataillon le 3 octobre.
Une petite opération est montée le 7, sous la pluie, avec participation de la 4ème Compagnie. de la C.C.A.S., de la section d’Irhorat et d’un Escadron du 7ème Hussard pour surprendre un groupe de mousseblines qui, d’après renseignements, auraient trouvé refuge dans les mechtas du Koudiat Bou Ariani.
À l’arrivée des éléments de tête, un guetteur donne l’alarme, et une dizaine de rebelles jaillissent d’un boqueteau, vers les ravins proches. L’un d’eux est blessé et abandonne son revolver, sa musette et ses chaussures dans sa fuite.
Dans la soirée, 1a pluie redouble de violence et cause des dégâts un peu partout dans les villages. De nombreux glissements de terrain se produisent sur la route, entre Aïn Allouane et Tikjda.
Les journées suivantes sont occupées à recenser les dégâts et à commencer les réparation les plus urgentes. L’Ingénieur de Travaux Public de Bouïra se rend à Merkalla pour étudier su les lieux les moyens de remise en état de la piste. Tous cela sans préjudice aucun, de l’activité normale de patrouilles et d’embuscades.
Le 22ème B.C.A., commandé par le Capitaine Mondoloni, s’installe en bouclage, dans la soirée du 14 octobre, dans la région de Tizi Bou El Ma et vers les cotes 1909, 2102 et 1971, pour, si nécessaire, intercepter une forte bande qui sévit dans le secteur des Ouadhias.
La mise en place est terminée vers 23 h 30, malgré l’obscurité et les difficultés du terrain.
Le 15, vers 13h40, le 7ème B.C.A., qui progresse vers le bouclage, est pris à partie par un groupe de fellaghas. La 2ème Compagnie intervient immédiatement et débusque la bande qui est vigoureusement accrochée par les compagnies du 7ème, et laisse sur le terrain plusieurs de ses membres, dont son chef "Double Mètre ", vieille connaissance du 7ème B.C.A.
Les travaux de remise en état des pistes, avec l’aide d’un bull dozer des Travaux Public, alternent avec les opérations de quartier.
Le 19 octobre, au cours d’une fouille de caches, en forêt d’El Haïzer, le nommé Hadj Rabah est abattu. Il était recherché pour attentat à la grenade commis à Bouïra le 17.
Le 20, les 2ème et 3ème Compagnies opèrent vers le Col de Tizi Guessig, au profit du secteur de Dra El Mizan,
Le 21, la 1ère Compagnie nomadise en Innesmane, la 3ème et la C.C.A.S. en forêt des Azerou. La 4ème Compagnie assure la protection des travaux de réfection de la voie ferrée, entre Bouïra et El Adjiba.
Le chef de bataillon Vuillemey rentre de permission le 24 et reprend le commandement du 22ème B.C.A. Il est accompagné du Commandant Marcel Giraud, affecté au bataillon comme commandant en second. Le Capitaine Mondoloni, qui remplissait ces fonction, est maintenu au P.C. du bataillon en tant qu’officier opérationnel. Au cours de la nuit du 24 au 25, le mauvais temps, qui présentait une accalmie les jours précédents, se transforme en une violente bourrasque et cause de sérieux dégâts aux poste de Merkalla et Aïn Allouane et dans les villages.
Malgré le temps, les 2ème et 3ème Compagnie opèrent de nouveau sur les sommets du Djurjura, en liaison avec le secteur de Dra El Mizan, et la 4ème Compagnie participe à une opération en Forêt des Ksars.
Patrouilles, embuscades, protection de chantiers de pistes et travaux de remise en état des postes occupent la fin du mois d’octobre et le début de novembre.
Arrivé, le 4 novembre, d’un détachement de 15 gradés et chasseurs affectés au bataillon.
Le 6, le bataillon à trois compagnies, sous les ordres du Commandant Vuillemey, prend part à une opération dirigée par le Lieutenant Colonel Peillon, commandant le 7ème Hussards, dans la région de Beni Mansour.
Le Capitaine Gibot et quatre sous officiers rejoignent le bataillon le 7. Le Capitaine Gibot reste à la disposition du chef de corps en attendant de prendre, quelques jours plus tard, le commandement de la 1ère Compagnie.
Le 22ème B.C.A., participe, le 8, à une opération dans la région de Beni Hamdoune.
Quelques guetteurs fuient devant les unités de ratissage, trop loin pour être poursuivis.
Le 11 novembre, le chef de bataillon Vuillemey, le Fanion du 22 et la 2ème Compagnie, prennent part aux cérémonies qui se déroulent à Bouïra. Au cours de la prise d’armes le Capitaine Izac est fait chevalier de la Légion d’Honneur. Le Sergent Mohamed Guétarni reçoit la Médaille Militaire.
Le Capitaine Nodot et la 4ème Compagnie défile à Alger.
Dans chaque sous quartier un repas est offert aux Harkis et membres des groupe d’auto défense.
Le Capitaine Mairet, affecté au 22, rejoint le corps le 12 novembre.
Le lendemain, à 4 heures du matin, les compagnies quittent leurs cantonnement pour une opération dans la Forêt de Ksenna, à 10 heures, la 2ème Compagnie signale la présence d’individus suspects dans l’Oued Dra El Arch. La progression se poursuit lentement, en direction de l’Oued Hammam dans un terrain très coupé et couvert d’un maquis très dense. Vers 15 h 30, la section de l’Aspirant Tignon (2ème Compagnie) accroche un groupe rebelle armé. Au cours de cet accrochage sept fellaghas sont abattus et leurs armes saisies.
Le Général Noguez, de l’E.M.. de la Xème Région Militaire effectue une inspection au P.C. du Bataillon le 16.
Le 17, le bataillon est intégré à un sous groupement aux ordres du Cdt Vuillemey, et qui comporte en outre le 50ème R.A., le 2/19ème R.C.C. et un escadron du 7ème Hussards. Il s’agit de contrôler la région d’Irll N’zerouine, Tacca. Le C.R.I.K.,qui participe également à l’affaire, a reçu une mission particulière de fouille de grottes.
Tous les éléments opérationnels se retrouvent à Tikjda dans la soirée du 17. Le départ de Tikjda se fait à partir de minuit, par des sentiers de chèvres, dans la forêt de cèdres.
Il faut maintenir vigoureusement les mulets de la Section Engins pour les empêcher de basculer dans les rochers. Un petit oued, aux reflets fallacieux, sert de baignoire, heureusement peu profonde, à plus d’un, chef de corps compris.
Au petit jour commence la fouille des villages de Tirilt Aimet, M’zarir, Tifires, Tarzout et Agouni Arioul.
La section d’escorte de la C.C.A.S. est mise le lendemain à la disposition de l’Électricité de Bouïra pour accompagner les ouvriers qui contrôlent la ligne haute tension.
C’est ensuite au tour de deux sections de la 4ème Compagnie d’accomplir cette mission.
Entre temps, une véritable tempête s’est déchaînée, vent et pluie, qui dure quatre jours et provoque de nouveau de très importants dégâts dans tous les postes.
C’est dans cette ambiance que le bataillon reçoit soixante et une recrues qui arrivent de France. Dés que l’accalmie le permet, les travaux de remise en état des postes et des routes sont repris, qui continuent les jours suivants, alternés avec les patrouilles, embuscades et contacts avec les populations des villages.
Une prise d’armes à lieu à la C.C.A.S. le 23 novembre pour marquer la prise de commandement du Capitaine Louis Mairet, en remplacement du Capitaine Flahaut affecté à la base militaire de Marseille.
Les 2ème et 4ème Compagnie partent le 27, pour Tizi Ouzou où elles sont mises à la disposition de la 27ème D.I.A. pour une opération dans les Beni Zikki. L’opération se prolonge les 28 et 29. Après une nuit passée à Iffira les compagnies regagnent Bouïra le 30.
Décembre
Le 1er décembre, les Harkis récupèrent un fusil de chasse, tandis que la 1ère Compagnie, qui, en liaison avec le 72ème B.G. opère sur les crêtes du Djurjura, accroche une forte bande rebelle, vers 14 h 15.
L’aviation intervient.
Au cours du mitraillage, les Chasseurs Benichou Prosper et Jean Claude Chaptal sont blessés tous deux au visage par éclats de pierres et ricochets. Benichou est évacué par hélicoptère sur l’hôpital de Tizi Ouzou. Chaptal, plus légèrement touché, est soigné sur place.
Soixante quatre libérables du contingent 55/2B sont dirigés sur Alger en vue de leur rapatriement.
Le 4, une grande "figure" du bataillon nous quitte.
Le Capitaine Mondoloni Jacques, affecté au Bureau de Garnison de Marseille.
Le même jour, le Commandant Vuillemey et son adjoint le Commandant Giraud assistent au rassemblement des harkas et auto défense au poste d’Irhorat. Remise d’armes à de nouveaux Harkis, création et armement des groupes d’auto défense de M’zabel et Laache Oufalcou.
Le 6, un avion d’observation qui survole Tikjda contacte la 2ème Compagnie et demande la mise en place d’un élément au Tizi Bou El Ma pour protéger un héliportage. La 3ème Section part en véhicules et arrive au point prévu vers 13 heures. Une section de la 3ème Compagnie la rejoint peu après. Une patrouille de chasse survole la zone.
Vers 13 h 30, le chef de la patrouille de chasse signale que l’opération est annulée. La section de la 2ème Compagnie qui amorce son repli essuie alors des rafales d’armes automatiques et un tir de grenades à fusil, provenant du Tiet El Serdount. La section de la 3, prend position sur la cote 1671, et le half track d’escorte se met en batterie prés de la maison forestière. Un tir de neutralisation est effectué sur le Tiet El Serdount, tandis que la section de la 2 monte vers 1686
La section de la 3, sur le sommet de 1671 est soumise à un tir d’armes de guerre. Un appui aérien et une mission napalm sont demandés à l’aviation. Une patouille de T.6. apparaît qui mitraille l’arête et le versant Est du Tiet El Serdount. À chaque dégagement des appareils, un F.M. rebelle tire sur eux. La section de la 3, installée sur 1671 le situe et le prend sous le feu de ses armes automatiques. La section de la 2ème Compagnie est à son tour fortement prise à partie par une ou deux armes automatiques installées dans les rochers Sud du Djebel Ifticen, à l'Ouest de la cote 1875.
Un tir de mortiers est appliqué sur 1875.
Les avions napalm arrivent à 15 heures.
Huit bidons sont largués sur les zones désignées par le commandant de compagnie, suivis de mitraillages et de tir de roquettes. Profitant de l’appui aérien, la section de la 2 progresse, et, dés l’appui terminé, fouille la zone précédemment occupé par les rebelles, découvrant plusieurs emplacements de combat et des étuis de munitions de F.M. 24/29.
À 17 heures a lieu la mise au sol d’une compagnie du 159ème B.I.A. amenée par hélicoptères, suivie d’une compagnie de parachutistes qui s’installent sur la cote 1909.
La nuit est passée sur place, sans incident.
Une nouvelle fouille de la zone occupée par les rebelles, qui ont décroché au cours de la nuit, effectuée le 7 matin et la récupération d’étuis vides amènent à la conclusion que la bande, forte de deux sections, était armée d’au moins deux fusils mitrailleurs, (un 24/29 et un Barr) et de fusils de guerre de provenances diverses.
Au cours de la marche pour rejoindre les cantonnements, le Sergent Enoch, de la 3ème Compagnie, glisse sur le bas coté de la route et engage le pied droit sous la chenille d’un half track.
Il est évacué sur l’infirmerie de Bouïra, où l’on découvre qu’il ne souffre que d’une foulure du pied.
Travaux et patrouilles jusqu’au 10 décembre.
Un sous groupement de trois compagnies du 22ème B.C.A. et deux du 57ème R.I., aux ordres du Commandant Vuillemey, prend part les 10, 11 et 12 décembre à une importante opération dans la région de Tameziabt, Bois du Zaalellou, Sidi Aïssa.
Le sous groupement s’installe en bouclage sur une ligne Djebel Adrar Sganem, Oued Keurma, Djebel Bou Kraled.
Dés 8 heures 45, la 2ème Compagnie accroche une bande d’une trentaine d’hommes qui filent vers l'Ouest. Ils sont alors pris à partie par l’artillerie.
Au cours d’un deuxième accrochage, vers 17 heures, un rebelle est abattu. Au cours du ratissage un certain nombre d’abris ont été découvert et détruits.
Le soir, bivouac sur place, la 1ère et 4ème Compagnies à Tamziabt, la 2ème à l'Est de la Djemaa Sidi Aïssa.
Le ratissage reprend le 11 matin.
De nouvelles caches sont découvertes. Des documents, matériels divers et quatre fusils de chasse sont récupérés. Le soir, le bataillon cantonne au poste de Sidi Brahim.
Le ratissage se termine en fin de matinée du 12 décembre. Après la découverte de nouvelles caches et une grotte aménagé
Pour l’ensemble des unités, reprise des travaux, patrouilles, contrôle des populations, embuscades de nuit. Toutes activités auxquelles les Harkis prennent une part de plus en plus effective,
Le 17 décembre, les Harkis de la 4ème Compagnie arrêtent un suspect; le 18, les Harkis d’Irhor récupèrent un fusil de chasse.
Les 22 et 23, la 2ème Compagnie détache une section en protection des travaux des Ponts et Chaussées. Le même jour, la 4ème Compagnie opère dans la région de Talamine, quartier du 7ème Hussards. Le Capitaine Nodot commande le sous groupement B, constitué par sa compagnie et le 1er Escadron du 7ème Hussards. Il fait mouvement par les hauteurs Sud ouest de Talamine et, appuyé par un half track de D.C.A., aborde le versant de la cote 734.
La section de tête de la 4ème Compagnie est accrochée, vers 7 heures 30, dans les ravinaux de 734, et progresse après avoir abattu un fellagha et fait deux prisonniers dont un blessé.
Le half track appuie la progression du sous groupement qui remonte plein Nord vers 734, en prenant à partie les adversaires installés sur le barres rocheuses de 734.
Un rebelle est tué au cours de cette action.
Le groupement Nodot manoeuvre alors, sous le tir rebelle, pour dégager une marge d’intervention à l’appui aérien qui a été demandé. À 10 heures, l’aviation intervient, aux roquettes et au napalm. La progression reprend.
Au cours d’accrochages sporadiques, six hors la loi sont tués.
Le 1/7ème Hussards en abat un autre dans l’Oued Sidi Aïche. La progression continue et permet de découvrir un campement organisé et des abris pouvant contenir une soixantaine d’hommes.
Les abris sont détruits.
En remontant vers 609, la 4ème Compagnie trouve une arme et cinq musettes remplies de munitions, puis, au Nord Est de la cote, sept nouveaux cadavres.
Le ratissage se termine vers 19 heures 30.
Le bilan, pour la 4ème Compagnie, est de douze rebelles tués, deux prisonniers, dont un blessé, sept fusils de guerre, sept baïonnettes, deux pistolets mitrailleurs, quinze grenades, six mille cartouches de F.M. 24/29, des équipements neufs, huit chargeurs de F.M., une bande de mitrailleuse et un drapeau F.L.N. Parmi les morts l’adjudant commandant la bande.
L’interrogatoire des prisonniers et les documents saisis permettent de situer l’adversaire.
Il s’agit de la compagnie d’escorte d’un convoi d’armes en provenance de Tunisie. Le convoi réussi à filer vers l'Ouest pendant qu’une section de l’escorte se sacrifiait. L’adjudant qui commandait cette escorte était le chef du Kism de Melouza, à l’époque où les groupes F.L.N. de Sahnoun s’étaient livrées au massacre des populations du douar. Parmi les papiers récupérés sur son cadavre se trouve la copie d’une lettre qu’il avait envoyé à ses supérieurs hiérarchiques pour protester contre ces massacres, exécutés dans son secteur par une bande venue de l’extérieur.
Il avait alors été sanctionné, démis de ses fonctions de chef de secteur et affecté à l’escorte des convois de Tunisie.
Dans l’après midi du 24 décembre, un aumônier, venu d’Alger, est héliporté à la 2ème Compagnie.

Noël est dignement fêté dans toutes les compagnies.
À minuit, une vacation radio spéciale apporte aux unités les voeux de Noël du commandant du 22ème B.C.A.
Le 27 décembre, la 4ème Compagnie retourne à Talamine avec les Hussards pour exploiter les renseignements fournis par le prisonniers du 23. Ces renseignements permettent de démanteler l’O.P.A. locale et de récupérer deux fusils de chasse. Une nouvelle fouille du terrain permet de récupérer un fusil mitrailleur camouflé dans un fourré.
De nouveau, la tempête sévit sur la région. Les routes et les pistes s’effondrent en de nombreux endroits.
La 2ème Compagnie est bloquée à Tikjda par d’abondantes chutes de neige. Le vent a formé des congères de deux mètres de haut sur certains points de la route. Au P.C., les messages s’accumulent apportant d’heure en heure l’annonce de nouveaux dégâts, dont certains sont très importants.
Glissements de terrain, baraques endommagées, murs d’enceinte et blockhaus effondrés. Il n’y a heureusement pas d’accident corporel à déplorer.
La journée du 29 est particulièrement marquée d’une boule noire. L’école d’Aïn Allouane s’est effondré.
Dés le 30, tant bien que mal, on répare les dégâts. On reconnaît les routes et les pistes.
La pluie et le vent faiblissent enfin le 31.
La C.C.A.S. pousse un convoi de ravitaillement jusqu’au pont de Sélim. De là ,jusqu’à Aïn Allouane le transport est effectué à dos d’homme.
À 14 heures, un bull dozer de Ponts et Chaussées est poussé sur la route jusqu’à Aïn Allouane. Dans tous les postes, coûte que coûte, une veillée de fin d’année est organisée.
La vacation radio de minuit apporte à tous les voeux de Nouvel An du chef de bataillon Vuillemey commandant le 22ème B.C.A.

1958

En ce début d’année 1958 le Commandant Vuillemey fait le point des activités du bataillon depuis son arrivée à Bouïra.
Le 22ème B.C.A. a fait preuve en toutes circonstances et dans l’exécution des missions les plus diverses qui lui ont été confiées, d’une solidité et d’une cohésion acquises au cours des mois précédents passés au Maroc et à Michelet, et d’un dynamisme de haut niveau. La valeur individuelle des hommes, chasseurs et gradés, officiers d’active et de réserve, s’est révélée de bonne qualité.
Les pertes du bataillon, au cours de ces derniers dix huit mois, ont été de huit morts et dix sept blessés. Le F.L.N. a abandonné entre nos mains quatre vingt dix sept tués et trente et un prisonniers. Nous avons saisi trois pistolets mitrailleurs, dix huit fusils de guerre, cent quarante quatre fusils de chasse, quatorze carabines, quarante cinq armes de poing, des explosifs, des munitions, des matériels divers, habillements, approvisionnements et documents.
Les compagnies sont solidement implantées.
Leurs patrouilles et embuscades tissent, de nuit comme de jour, la toile d’araignée où viennent se prendre les mousseblines de l’O.P.A.
L’insécurité a changé de camp.
L’organisation F.L.N. qui couvrait les douars Innesmane et Haizer, a été bouleversée par l’organisation des auto défenses. Chaque village possède sa Djemaa. Trois écoles accueillent les enfants, garçons et filles. Les harkis, intégrés aux compagnies, participent à toutes les opérations militaires. L’assistance médicale est devenue quotidienne.
La structuration de la rébellion a fortement évolué depuis un an. Les Katibas régionales sont maintenant à plein effectif, formées d’hommes qui ont subi l’entraînement des camps de Tunisie. L’armement s’est amélioré au fur et à mesure de la réception des convois d’armes. Il est à base d’armes anglaises, fusils mitrailleurs Brenn, fusils Enfield 303, mitraillettes de types divers, grenades Mills, grenades à fusil d’origine tchèque et mortiers anglais de deux pouces.
Un "bataillon de Choc" de Willaya a été constitué à trois compagnies, très bien équipées en armes automatiques et individuelles. La Nahia dispose d’une section du Génie, spécialisée dans le creusement des caches et abris.
Les mousseblines locaux sont chargés des contacts dans les villages, de la collecte de la dîme et de l’approvisionnement Ils peuvent servir de supplétifs lors de grosses embuscades.
Il n’existe plus aucune base rebelle en Haïzer, mais des zones de bivouac se situent dans le voisinage immédiat : le Lala Khedidja, Irzer, Beni Hamdoune, Takerboust, Beni Mansour, Aït Ouaggag et le Ksenna.
Les derniers documents rebelles récupérés font état de deux camps fixés sur les lisières des secteurs voisins : Tanger et Le Caire équipes de dépôts et infirmeries, l’un vers les Aït Ouaggag, l’autre au Sud du Ksenna.
L’ordre de bataille rebelle a subi des transformations. Si la Willaya de Kabylie porte toujours le N° 3, les Mintakas, Nahias et Kism ont reçu des numéros d’ordre différents. Les douars Haïzer et Innesmane, qui étaient Fraction 1 du Kism 333/1, deviennent Fraction 3 du Kism 322/4.
Ce qui ne change rien d’ailleurs à la mission confiée au 22ème B.C.A. ni à la façon dont il entend la remplir.


Janvier
Le premier janvier est célébré dans tous les postes suivant les meilleures traditions. Venues d’un peu partout, des délégations d’habitants du douar viennent présenter leurs voeux au Chef de Corps et aux commandants des sous quartiers, et leur renouveler l’assurance de leur confiance et de leur attachement à la France.
Cette déclaration de loyalisme est renouvelée publiquement, le 5 janvier, au cours d’une Diffa offerte à Tirilt N’seksou, à l’occasion de la naissance d’un fils dans une famille de harki. Trois cents musulmans du Douar Haïzer participent à cette Diffa, autour du Chef de Corps, du commandant en second et de plusieurs et sous officiers.
Le même jour, cent quarante libérables de la 55/2C sont dirigés sur Alger, par voie ferrée, en vue de leur embarquement.
À Tikjda, le Lieutenant Gaston profite de la neige, tombée en abondance, pour organiser des séances d’instruction de ski.
Un groupement, commandé par le Chef de Bataillon Giraud, et composé des 1ère et 3ème Compagnies du 22, d’un escadron du 7ème Hussards et de la Harka de Bezzit, s’installe en bouclage, le 6 janvier, sur l’Aougni Amrous et le Teniet Djaboub, au profit du secteur de Dra El Mizan.
Le 7 janvier, un chef de cellule du Douar Tighrempt se présente au poste d’Irhorat. Il vient se rallier et demande protection pour sa famille. L’O.R. est chargé de récupérer celle ci. Deux sections de la 4ème Compagnie participent à "l’Opération". Mais, comme l’Oued Ed Douss est en crue, c’est en définitive un char du 3/19ème R.C.C. qui est utilisé pour ramener sur la terre promise la fatma et les moutchous.
L’après midi, quatre vingt trois recrues de la classe 57/2A arrivent pour recompléter les effectifs.
L’école d’Aïn Allouane, fermée par suite des dégâts causés par la tempête du 29 décembre, reprend son activité normale.
Les travaux de remise en état des pistes et des routes continuent, avec l’aide d’une section du Génie qui possède un bull dozer.
Une importante embuscade, montée par la Katiba 322 et une compagnie du "Bataillon de Choc", intercepte, le 8 janvier, aux portes mêmes de Maillot, le convoi du 50ème R.A. qui remonte au poste de Takerboust.
Le lieutenant qui commande le convoi, l’officier chef de la S.A.S. de Takerboust, un sous officier et deux artilleurs, qui occupent les deux Jeeps de tête, trouvent la mort au cours de cette attaque.
La levée des corps a lieu, le 10, en l’église de Bouïra.
Le 10 également, une escorte de deux scout-cars de la C.C.A.S. est mise à la disposition du sous préfet de Bouïra, qui se rend à Tizi Ouzou
Les patrouilles et corvées de routine se poursuivent jusqu’au I2 janvier.
Le I2, un bataillon de marche, composé de trois compagnies du 22 et d’une compagnie du secteur de Tizi Ouzou, aux ordres du Commandant Giraud, effectue une opération de fouille dans la région de Tamziabt. Après un début, rendu difficile par plusieurs coupures de route, l’opération se déroule, sous la pluie, sans incident notable.
Au cours de la nuit, passée sur place, la pluie devient neige et le vent tempête.
Le I3 matin, la visibilité est nulle et les oueds sont en crue. Le commandement, sagement, décide de renvoyer chacun chez soi.
Les deux sections de la 2ème Compagnie, qui participaient à l’opération, restent bloquées à Aïn Allouane et ne pourront rejoindre Tikjda, où la neige atteint plus d’un mètre d’épaisseur, que le I6 janvier.
À 7 H 30, le I4, la 3ème Compagnie signale la disparition du Chasseur Mansouri Mohamed, parti avec armes et munitions. Les traces sont très visibles dans la neige. Un groupe est lancé à sa poursuite.
Le Chasseur Ceccarini, qui marche en tête de éclaireurs, est pris sous le feu du déserteur, embusqué dans les rochers qui bordent la piste, et grièvement blesse.
Tandis qu’on le met à l’abri et qu’il reçoit les premiers soins, des sommations sont adressées à Mansouri, en français et en arabe, pour l’inviter à se rendre. En guise de réponse, il continue à tirailler sur ses poursuivants. Une manoeuvre de débordement est alors entreprise, et, vers dix heures, il est abattu et son arme récupérée.
Ceccarini est évacué par la route, malgré de très grosses difficultés, après deux tentatives infructueuses de l’hélicoptère
Pendant des jours, il continue de pleuvoir et de neiger.
Tout s’effondre : murs de toubia, talus de routes et de pistes, baraquements des compagnies.
Le I8, c’est le tour de la soute à munitions de la 4ème Compagnie, qui s’écroule.
Le Chef de Bataillon Vuillemey, qui part en permission, ne peut gagner Alger par la route, le I8, d’importantes inondations de l’Oued Isser coupant la route entre Bouïra et Palestro. Il en est réduit à prendre le train de 11 H 09, en gare de Bouïra, le 19.
Pendant son absence, le commandement du 22ème est assuré par le Chef de Bataillon Giraud.
Le 2I, tandis que le 3/I9ème R.C.C. s’installe en bouclage au Sud de l’Oued Ed Douss, le bataillon effectue le ratissage de la forêt d’Haïzer. À l’issue de l’opération, la 4ème Compagnie rejoint El Esnam en traversant l’Oued Ed Douss à gué.
Dans toutes les compagnies on travaille fiévreusement à réparer les dommages causés par les intempéries, sans pour cela négliger les patrouilles et embuscades.
Le 23 janvier, la 4ème Compagnie arrête deux collecteurs de fonds des Goumgoumas.
Un triste accident se produit, le 24, au poste de la Ferme Marcellin. Le Chasseur Baldelli, qui allait prendre son poste de garde, vers 22 heures, blesse grièvement, en manoeuvrant son pistolet mitrailleur, le Chasseur Toussaint Susini, qui dormait dans un lit voisin.
Transporté d’urgence à l’hôpital d’Aumale après les premiers soins dispensés par le Médecin Capitaine Quilichini, Susinl décédait au cours de la nuit.
Le 26, une patrouille à ski de la 2ème Compagnie relève dans la neige, au sommet du Tigounatine, les traces du passage récent d’une quinzaine d’hommes.
Les obsèques du Chasseur Susini ont lieu à Aumale, le 27 janvier. Le Capitaine Mairet, commandant la C.C.A.S., et une délégation de sous officiers et de chasseurs de la compagnie, assistent à la cérémonie mortuaire.
Le 30 janvier, nouvelle opération du bataillon, renforcé, cette fois ci, d’une batterie à pied du 50ème R.A., dans la région de Tamziabt - Adrar Sganen.
Vers 10 heures, un groupe rebelle, fuyant vers le Sud, se heurte au bouclage. Il tente alors de remonter vers le Nord en se glissant dans le ravin qui borde la cote 710. Il y est intercepté par les 2ème et 4ème Compagnies. Il réagit violemment au fusil mitrailleur, principalement contre la 4, qui lui barre la route.
Le combat dure une vingtaine de minutes. Onze fellaghas sont tués. Un fusil mitrailleur Brenn avec chargeurs, un fusil 303 trois fusils de chasse, des grenades et un drapeau vert et blanc sont récupérés.
Un peu plus tard, la 2ème Compagnie abat un isolé armé d’un fusil U.S., tandis que le 50ème R.A. blesse deux fuyards qui sont capturés.
Le Harki Meddouri Ali, de la 4ème Compagnie, blessé au bras est évacué par hélicoptère.
Février
De nouveau, activités locales, jusqu’au 15 Février.
Le 15, fouille du Dra El Arch et de la région de Talamine, zone de passage et de transit Est - ouest. Quelques caches et abris sont démantelés.
Quelques jours de calme permettent aux commandants de sous quartiers de remettre un peu d’ordre dans les affaires locales : visites des villages, contacts avec les populations, remise en état des pistes et cantonnements, patrouilles et embuscades.
Le 10 février, une patrouille de la 3ème Compagnie ouvre le feu, d’assez loin, sur des individus qui circulent en zone interdite. Une patrouille du poste d’Irhorat accroche de loin un groupe d’une vingtaine de rebelles, puis tire de très loin sur trois isolés qui franchissent la crête du Djurjura.
À la nuit tombée, vers 20 h 10, un avion survolant la région, sans feux de position, tire sur le poste de Tikjda une fusée S.S.II, qui explose dans le bâtiment central du poste. Les dégâts sont importants. Par chance, le dortoir de troupe qui a été touché était vide... pour cause de séance cinématographique au sous sol.
Le Commandant Vuillemey appelle immédiatement l’E.M. de la 27ème D.I.A.. Après enquête rapide, il apprend qu’il ne s’agit aucunement d’un avion égyptien, ni même tunisien, mais bien français dont la mission était de détruire, si possible, un bâtiment de l’Électricité d’Algérie, situé sur le versant Nord de la montagne, à quelques cinq ou six kilomètres de Tikjda.
Autre chance, la pluie a cessé depuis trois jours. Les travaux de réparation commencent dés le lendemain, tandis que les travaux de pistes continuent.
Les I5 et I7 février, des mines de fabrication locale explosent sur la voie ferrée, au passage de trains de marchandises, à hauteur du village d’El Esnam. Dégâts insignifiants.
Le I6, l’auto défense d’El Massar offre un méchoui au chef de corps et aux représentants des compagnies voisines.
Le I8 février, une opération de secteur ramène le bataillon, fort de trois compagnies, auxquelles est adjoint le D.L.O. du Lieutenant Carrat, du 50ème R.A., dans la région de Tamziabt - Adrar Sganen.
Les camions s’arrêtent à 8 heures au carrefour de la cote 323, l’oued ne pouvant être franchi par les véhicules. Le débarquement est protégé par les scout-cars de la C.C.A.S.. La Compagnie Nodot (trois sections de la 4ème Compagnie, plus la section et la Harka du poste d’Irhorat) progresse en tête, en marche d’approche non couverte.
À 10 heures, le bataillon a atteint son premier objectif. La Compagnie Nodot est à la cote 710, la Compagnie Gatti (deux sections de la 3, plus deux sections et la harka de la 1ère Compagnie) à la droite de Nodot, et Mairet (section d’accompagnement et engins de la C.C.A.S.) avec le P.C. vers le col.
En cours de progression, le commandant de l’opération a signalé que des fellaghas ont été repérés sur le Djebel Adrar Sganen (cote I044).
Au moment où la Compagnie Mairet atteint le collet rocheux, elle reçoit des coups de feu tirés depuis l’Oued Azerou. La riposte au canon de 57 sans recul, que dirige l’Adjudant Grimaldi, disperse un groupe d’une vingtaine d’hommes qui se replient en direction du col où passe la piste de Taourirt Tourga à Aïn Tigrine.
Le 7ème Hussards n’a pas encore atteint ce point, qui est l’un de ses objectifs. Les rebelles passent la crête, vers l'Ouest sous le tir du mortier de 8I de la C.C.A.S..
La Compagnie Nodot pivote d’un quart de tour vers la droite et descend de 710 vers le lit de l’Oued Azerou.
Le Lieutenant Carrat a demandé à la batterie du 50ème R.A. un tir sur le carrefour de pistes. Celui ci ne peut être accordé, les pièces procédant à un tir sur I044.
Un H.L.L. se présente, vers 10 H 30, devant la Compagnie Nodot, bras levés, et rend son arme. Il déclare qu’il reste des rebelles dans le lit de l’Oued Azerou, entre le point où l’on se trouve et la grande cascade. L’Adjudant Si Moussa, commandant la Katiba 322, serait du nombre. Il est armé d’un P.M. Mat 49.
Un cadavre est découvert, son arme récupérée.
Le tir demandé par le D.L.O. se déclenche enfin (11 H I5) et tombe sous le nez des éléments de pointe de Nodot, qui a progressé vers le col. Pas de mal; le Lieutenant Carrat fait cesser le tir.
La 3ème Compagnie vient relever la 4, qui sort de ses positions et fouille l’Oued Azerou, en redescendant vers la cascade. Deux brefs accrochages se succèdent, vers I2 H 30. Le premier, dans les fourrés de la rive droite, oppose trois rebelles, dont Moumou Mohamed, déserteur de la 4ème Compagnie, aux hommes de son ancienne section. Moumou est abattu ; les deux autres se rendent.
Le second, sur la lèvre même de la cascade, où l’Adjudant Si Moussa est abattu alors qu’il tente de faire usage de son P.M..
Un autre cadavre est retrouvé de l’autre coté de collet.
La fouille continue.
Le G.M.P.R. voisin abat cinq hors la loi sur les pentes de 726. Les Compagnies Gatti et Mairet détruisent les mechtas et abris situés au Sud de 711 et de part et d’autre de l’Oued Azerou.
Vers 14 H 30, à la suite d’un remaniement dans le dispositif du 7ème Hussards, une cinquantaine de fellaghas, qui se terraient dans le ravin au pied de 557, forcent le bouclage et s’enfuient vers le Nord, en empruntant le lit desséché de l’Oued Timsiline.
Les compagnies sont poussées en protection du lieu de l’accrochage, pour protéger l’évacuation du mort et des blessés du 7ème Hussards.
Le bilan global de l’opération est important.
Il ressort de l’interrogatoire des prisonniers, que l’on est tombé sur une réunion des responsables régionaux. L’intendant régional, blessé, figure parmi les prisonniers.
Le 22ème B.C.A., pour sa part, a abattu quatre rebelles, dont l’Adjudant Si Moussa, et fait quatre prisonniers. Un pistolet mitrailleur, deux fusils de chasse, un P.A., des jumelles et des munitions ont été saisis.
Le lendemain, 19 février, un groupement de cinq compagnies, commandé par le Chef de bataillon Vuillemey, opère dans le Douar Tachachit Le 22ème B.C.A., à quatre compagnies, renforce d’un D.L.O., descendra le versant Sud du Djurjura depuis la Nationale 33, à l'Est de Tikjda. Les bouclages Est et Sud sont assurés par des éléments du 50ème R.A., du 7ème Hussards et du 3/I9ème R.C.C.
Il a plu toute la nuit, et c’est sous la pluie que le convoi des 1ère, 4ème et C.C.A.S., démarre de la Ferme Porcher à 4 H 30 pour rejoindre Tikjda, où il arrive à 6 H I5, par une nuit noire et sous une pluie torrentielle. Les hommes débarquent ; on bâte et charge les mulets des engins et des transmissions.
La 3ème Compagnie a quitté Aïn Allouane à la même heure pour s’installer en bouclage ouest du dispositif : cotes 527 et 53I dominant l’Oued Barbar.
Les compagnies quittent Tikjda à 7 Heures.
Le jour pointe à peine. Le ciel est bas et triste, la pluie se ralentit un peu. Montée au refuge du C.A.F.., puis redescente vers l’Oued Adjiba.
À 7 H 45 seulement, le Capitaine Gatti rend compte que la 3ème Compagnie a terminé la mise en place du bouclage ouest, mise en place rendue très délicate par la pluie et le brouillard qui limitent la visibilité à quelques mètres.
L’Oued Adjiba, gonflé par les pluies, est traversé au Sud d’Iskerene. Les unités de ratissage font alors face au Sud : Nodot au fond de l’Oued Adjiba et sur son versant Est, Gaston et la 2ème Compagnie par Tazmalt, le P.C. et la 1ère Compagnie (Gibot) au centre, sur la piste.
À huit heures, le bouclage ouest tire sur des rebelles qui progressaient dans l’Oued Barbar et se dispersent. L’un d’eux est capturé.
Un peu plus tard, la section de la 4, qui progresse au fond de l’Oued Adjiba, signale la présence de six ou sept hommes à la hauteur du confluent avec l’Irzer Agga, en même temps qu’elle ouvre le feu sur eux. La section qui manoeuvre sur le flanc Est, descend pour leur couper la retraite vers le Sud.
Les mortiers de 60 et de 8I sont mis en batterie.
Vers 9h30, alors que le groupe est encerclé et que le feu reprend, des nuages remontent du Sud par le fond des vallées, réduisant la visibilité à quelques mètres. Le P.C. opérationnel signale que le brouillard remonte et libère les fonds. Il faut attendre sur place.
10 heures.
Les nuages s’élèvent, la progression reprend Il semble que le groupe rebelle a profité du brouillard pour décrocher
Nouvel accrochage un peu plus au Sud, toujours dans le fond de l’Oued Adjiba. Les fellaghas décrochent à nouveau vers le Sud, sous la pression de la section qui manoeuvre sur le flanc Est.
Cinq cents mètres plus loin, nouvel accrochage. La 1ère Compagnie pousse une section en avant sur la piste. La 2ème Compagnie, qui vient d’atteindre Tacca, en dirige une vers le Sud Est (I046).
Le combat se poursuit.
À 11 heures, le Chasseur Bernard Chenevée, de la 4, abat un fellagha. Il est presque aussitôt blessé de trois balles de pistolet. Tandis qu’il est soigné et brancardé sur une crête dégagée permettant l’atterrissage de l’hélicoptère, la fouille continue. Un second H.L.L., armé d’un P.A. est abattu. Probablement celui qui avait blessé Chenevée.
I2 h I5.
L’hélicoptère emporte le blessé.
Après son décollage, deux T.6 viennent mitrailler la zone Sud de l’accrochage. L’artillerie effectue un tir de harcèlement sur le même point.
La progression reprend.
Arrêt à I5 H 30 sur la ligne Oubdir Amalou, pour permettre aux Hussards de s’aligner. La 3ème Compagnie franchit l’Oued Barbar et prend part au ratissage.
Vers I7 heures, la 4ème Compagnie tire encore sur deux fuyards et en abat un, porteur de documents.
Les hors la loi abattus sont des mousseblines de l’O.P.A. du Douar Tachachit, Fraction 1 du Kism 322/3.
Jusqu’à la fin du mois, reprise des contacts avec la population, travaux de remise en état des routes, protection d’une équipe des Travaux Publics sur la route de Tikjda, entraînement des harkis aux armes de guerre.
Le 27, l’O.R.. et une équipe fournie par la C.C.A.S. procèdent à l’arrestation de trois individus réclamés par la P.J. de Bouïra. Un quatrième sera arrêté dans les mêmes conditions le deux
Mars
Sous la neige, la 1ère Compagnie et l’équipe transmission de la C.C.A.S. remettent en état la ligne téléphonique qui relie la Ferme Porcher à Merkalla.
Le 4 mars, un bataillon de marche à deux compagnies (1ère et 4ème), aux ordres du Capitaine Mairet, est mis à la disposition du secteur de Dra El Mizan. Le D.L.O. est fourni par le 2/93ème R.A.M..
Les compagnies, parties de Bouïra à 4 H 20, débarquent à la maison forestière de Bou Korai à 8 heures. Elles gagnent à pied les cotes 404 et 405, qui servent de base de départ pour la fouille des ravins jusqu’à Tizi Ameur, la droite étant appuyée à l’Oued Agouni Ahlou.
La nuit, très froide, est passée sur le terrain
Le deuxième jour, les compagnies fouillent le ravin de l’Hadjer Amellal, puis regagnent Pirette. Cinquante suspects arrêtés au cours de ces deux jours sont remis à la S.A.S. de Pirette pour vérification d’identité.
Le 7 mars, l’Adjudant Chef Trédémy et deux chasseurs se rendent à Alger avec le Fanion du Bataillon , pour représenter le 22ème B.C.A. au gala des Savoyards.
Les activités de patrouilles, reconnaissances et embuscades redoublent. Un fusil de chasse est récupéré dans le sous quartier de la Ferme Marcelin.
Le Capitaine Nodot reçoit, à El Esnam, le 10 mars, les porte paroles des fractions Goumgoumas et Ouled Yakoub, qui viennent lui exprimer leur lassitude des exactions rebelles.
Le lendemain, le chef de corps et le commandant en second accompagnent, dans leur inspection de 1ère, 2ème et 3ème Compagnies, le colonel adjoint au Général Guérin, commandant la Z.E.A. et la 27ème D.I.A. et le Colonel de Carini, commandant le secteur de Bouïra. L’escorte est fournie par la C.C.A.S..
La 1ère Compagnie, renforcée de deux sections de la 2, opèrent en bouclage sur les sommets du Djurjura, au profit du secteur de Dra El Mizan.
Le même jour, vers 9 heures, le Chasseur Benkeo de Saarfalva déserte du poste de Tikjda, seul, sans armes. Capturé par les mousseblines du Douar Tighrempt, il restera prisonnier au P.C. du Colonel Amirouche, chef de la Willaya 3, jusqu’au moment du cessez le feu en Aigérie.
La harka de Merkalla patrouille, le I4;, tandis que la 4ème Compagnie arrête trois mousseblines dans son sous quartier.
Les I5 et I6 mars, le 22ème B.C.A., à quatre compagnies, commandé par le Chef De Bataillon Giraud, participe à une opération de secteur vers Talamine.
Il progresse de nuit, par El Esnam, Goumgouma, Bel Lassy, et Tizi Ismail, pour s’installer en bouclage sur les crêtes Nord Est, Nord et Nord ouest de la cuvette de Talamine, Le I5, à 4 H. Pénétration dans le village à 6 h 30, en liaison avec le 7ème Hussards. Passage au Col de El Bab à I2 heures et progression vers l’Oued Hammam. Installation en bivouac à I8 heures sur le piton au Nord des sources.
Retour à Bouïra dans la matinée du I6.
Au cours de la nuit du I7 au I8, quatre jeunes musulmans du village de Guendour, qui étaient convoqués pour passer le conseil de révision dans quelques jours, sont enlevés par les rebelles.
Vingt huit aviateurs, passés à l’Armée de Terre, arrivent en renfort.
Une partie de la harka d’Innesmane reçoit des armes de guerre en remplacement de ses fusils de chasse.
Travaux de postes, travaux de pistes, contrôle des populations, entraînement des harkis au tir aux armes de guerre, protection des chantiers des Travaux Publics. Une nouvelle école ouvre le 20 mars à Aïn Allouane, avec un effectif de cent élèves.
Le samedi est jour de Souk à Bouïra.
Ce samedi 22 mars, l’O.R et la section d’intervention de la C.C.A.S., que commande le Sous Lieutenant Bureau, installent une souricière au pied du Ras Bouïra sur la piste qui longe le lit de l’Oued Ed Douss. Ils arrêtent ainsi une quarantaine de mulets chargés... comme des mulets, et tous conduits par des habitants du village de M’zarir. Or, M’zarir est à peu prés désert, et la faible population du village ne nécessite pas un tel ravitaillement. Tout le monde, hommes et mulets, est ramené à la Ferme Porcher. Il y a là environ deux tonnes de farine, semoule et orge, plus quelques produits pharmaceutiques. Dix huit individus, connus et fichés comme mousseblines du Douar Tachachit, sont arrêtés.
L’explication est donnée par un "mesquine", à qui les Fellaghas ont confié de l’argent et un mulet pour qu’il se rende au marché : "Tous ces produits sont destinés aux rebelles du Kouriet, de l’autre coté du Djurjura, et transitent par le Tizi N’kouilal après regroupement à M’zarir".
Tout ce butin est distribué dans les villages du quartier
Les libérables du contingent 56/IA quittent Bouïra pour Alger le 24. Le même jour, le bataillon (1ère, 2ème, 4ème, C.C.A.S.), commandé par le Chef de Bataillon Giraud, participe à une opération de secteur dans le Sud d’El Adjiba.
Mise en place du bouclage à 6 H 30, sur une ligne Dra Mahansar - Irl Oumerou - Tahrikht - cote 918. Première Compagnie à l'Ouest, 4ème à l'Est, 2ème en réserve avec le P.C. sur 552.
La progression se déroule sans incidents.
La 2ème Compagnie est poussée à l'Ouest par Tirilt Bou Gasses, l’Irzer et Tarzout, pour seconder le 7ème Hussards dans la fouille des mechtas.
La 4ème Compagnie découvre sur 990 une quinzaine de tombes datant des combats du 3 février. Un fusil de chasse abandonné et des cartouches sont récupérés.
Retour aux cantonnements pour I8 H 30.
Les Généraux Noguès Et Guérin inspectent le poste de Merkalla, le 25. La compagnie de Hauts Parleurs, arrivée ce jour, commence son travail dans le sous quartier d’Aïn Allouane.
La 3ème Compagnie héberge, à compter du 27, le peloton d’élèves sous officiers pour un stage de cinq semaines, dirigé par le Lieutenant Trouillet.
Vers vingt deux heures, dans la soirée du 27, une embuscade légère du 7ème Hussards signale le passage, d’Est en Ouest, d’une centaine d’hommes armés, en forêt des Ksars. Le bataillon au complet - 1ère, 2ème, 3ème, 4ème et C.C.A.S. - est placé en réserve de secteur à El Esnam à partir de six heures du matin. À 9 H 30, il est dirigé sur le carrefour de La Baraque, sur la route d’Aumale.
À 11 H 15, le 7ème Hussards signale qu’un de ses pelotons est durement accroché par les rebelles, à la cote 832, à cinq kilomètres Sud Est des Eaux Chaudes
Le bataillon pousse le plus loin possible sur véhicules, puis, à pied, la 2ème Compagnie en tête, par le Djebel Zebboudj et le Dra Djanouk. La 4ème Compagnie avance par la rive Nord de l’Oued de la Femme Volée, la 1ère Compagnie par la rive Sud.
Le soleil est au zénith.
Le Lieutenant Gaston impose à ses hommes un rythme de marche effréné, dans un terrain abrupt et couvert d’épineux. À I4 h I5, sa section de tète arrive au contact et dégage le peloton de Hussards, puis prend à partie, au F.M. et au mortier de 60, l’ennemi qui reflue vers l'Est par les fonds de ravin. Une section se porte en protection de l’hélicoptère qui vient chercher les hussards blessés.
Un groupe rebelle est coincé au fond de l’oued.
Deux Mistral interviennent en piqué, à la mitrailleuse et aux roquettes À chaque ressource des appareils, le souffle brûlant des réacteurs coiffe les chasseurs qui couronnent la crête en surplomb de l’Oued.
Sur ordre du commandant de l’opération, ce sont les hussards qui vont aux résultats. Sur les lieux mêmes de l’accrochage, un mort, l’aspirant commandant la 2ème Compagnie du bataillon de choc. Au fond de l’oued un mort et trois prisonniers. Parmi les armes récupérées, un fusil mitrailleur Brenn.
La 2ème Compagnie fouille l’Oued Doukassen et le ravin de la Femme Volée. Sur le trajet elle découvre un abri neuf, assez spacieux, qui se révèle appartenir à la section Génie de la Nahia. Ses occupants l’ont abandonné précipitamment au bruit du combat. L’abri est détruit, le matériel emporté. L’O.R., qui marchait avec la 2, hérite, pour sa part, de la guitare du Sergent Chef Toumi Tahar, commandant la section.
La 2 redescend ensuite vers l’Oued Hammam. Il y a belle lurette que les bidons sont vides, et la journée a été particulièrement chaude. De loin, les gars aperçoivent, de chaque coté de l’oued, les sources qui jaillissent du talus. De l’eau, enfin
Les premiers qui se penchent pour boire se relèvent vite, avec une grimace. Ce n’est pas pour rien que l’endroit s’appelle Le Hammam. Certaines sources sont chaudes, d’autres sulfureuses, d’autres encore simplement magnésiennes, quant elles ne sont pas les deux ou trois à la fois. La marche dans le lit de l’oued rafraîchit tout de même un peu. Puis, sur la piste du retour, un orage bienfaisant.
Jusqu’à la fin du mois travaux et patrouilles.
La section d’intervention de la C.C.A.S. assure, le 29 mars, la protection du conseil de révision qui se déroule à Bouïra. Le 31, le Colonel Renie, qu’accompagne le chef de corps, inspecte les Iére et 2ème Compagnies.
Hautement estimé de tous pour son sens de l’humain, ses grandes qualités professionnelles et son inlassable dévouement, le Médecin Capitaine Quilichini, affecté à l’E.E.P.M. d’Antibes, quitte le bataillon. Le Lieutenant Médecin Jean Florette le remplace dans les fonctions de médecin chef du 22ème B.C.A.
Avril
Le 2 avril, la 1ère Compagnie rejoint au Col des Chènes, un bataillon de marche aux ordres du Commandant Flottard, en vue d’une opération dans le Douar Illoula Ou Malou.
De 1à, elle gagne le Col de Chellata, où elle s’installe en bouclage, à partir de 9 heures. À I7 h 30, elle fait mouvement sur le village d’Aït Aziz et s’installe en bivouac pour la nuit sur la cote 1130.
Le lendemain, après fouille de l’Oued Sleia et de l’Oued Sedli, et destruction d’abris et de postes de combat, elle rejoint Iferounene, d’où elle regagne Merkalla. En cours de journée, le Chasseur Pawlonka, légèrement blessé au cours d’une chute, est évacué par hélicoptère.
Le 6 avril, jour de Pâques, le bataillon, renforcé de deux compagnies du 9ème R.I.C., gagne Azazga, par Thiers, Palestro et Tizi Ouzou. Il y arrive à I8 heures. Bivouac au cantonnement du I3ème Dragons.
Départ à 1 heure du matin, le 7, par Iffira et Aït Megeve, pour le poste d’Haoura, tenu par la 1ère Compagnie du 27ème B.C.A.. À partir de 4 heures, montée à pied au Col de Tizi N’cherea. Installation sur les crêtes I405, 1312 et 1314, puis progression vers les villages de l’Oued Akboub. À 7 heures, occupation des cotes 1118 et 1145.
Au Sud, un sous groupement progresse vers Iril Ou Dles.
À l'Ouest, un autre sous groupement se dirige vers Timiliouline.
À 11 heures, l’ordre est reçu de fouiller et d’occuper les villages où l’on passera la nuit : 1ère Compagnie à Mesroun, 2ème et C.C.A.S. à Sidi Ahmed Ou Saïd, une compagnie du 9ème R.I.C. à Chehid, l’autre à Tirilt El Afir.
En cours de soirée, la pluie commence de tomber
Le 8 avril, reprise, vers 10 heures, des recherches, contrôles et fouilles. Celles ci terminées, le bataillon rejoint le poste d’Irzer Amokrane, où il retrouve ses véhicules. Le convoi se dirige sur Akbou où l’on cantonne le soir.
Le 9 avril, à 4 heures, départ en camions pour le Col de Chellata, par un brouillard très froid que le vent rend encore plus glacial. La progression du convoi est retardée, à deux kilomètres avant le col, par des coupures de route effectuées au cours de la nuit.
La 1ère Compagnie et une compagnie du 9ème R.I.C. sont débarquées au Nord du village de Chellata et dirigées sur le Col de Tizi Guidminnen. Elles arrivent au col, vers 6 H 45, en plein brouillard puis redescendent vers l’Oued Mezra.
Les deux autres compagnies progressent par les crêtes, dans le brouillard, vers les villages des Beni Zikki, qu’elles doivent fouiller. Une compagnie du 27ème B.C.A. se tient en bouclage à la Djemaa Tizi Amerous.
Après une fouille décevante, retour au poste d’Aoura, pour y passer la nuit. Retour à Bouïra le 10.
Travaux de postes, patrouilles, instruction des harkas, tirs aux armes lourdes. La 3ème Compagnie interpelle deux suspects à Sélim. La 4ème en arrête un à El Esnam.
À l’occasion de la fête de l’Aïd Es Seghir, une distribution de grains est faite aux nécessiteux du quartier, le 20 avril.
À El Esnam, les hommes de soixante dix familles du Douar Tighrempt se présentent au poste pour protester de leur fidélité à la France. Un moussebel recherché s’est joint à eux, qui vient demander l’Aman
1e 2I, à la demande du secteur, la section de protection de la C.C.A.S. intervient dans le Douar Errich.
Le 22 avril, la 2ème Compagnie quitte son poste à 3 heures, tandis que les 1ère et 4ème s’installent en position de recueil au Nord de Semmach, sur les cotes 880 et 749. Un élément du 50ème R.A., renforcé du G.M.P.R., fait mouvement à l'Est, parallèlement à la 2ème Compagnie. Le 3/I9ème R.C.C. assure le bouclage à l'Ouest.
Le ratissage, effectué par la 2ème Compagnie, le 50ème R.A. et le G.M.P.R., débute à 8 H 30. Il atteint les unités de bouclage à I2 H 30 :
R.A.S.
Le 27, on repart pour un travail de bouclage sur les sommets du Djurjura, face au Nord. De très gros moyens sont mis en oeuvre dont le Ire R.C.P., pour la fouille du Tala Guilef.
Les Ire et 4ème Compagnies font partie du groupement "B", aux ordres du Chef d’Escadrons de Geoffroy, du I9ème R.C.C..
Le groupement "C", commandé par le Chef de Bataillon Giraud comprend la 2ème, la C.C.A.S., et deux compagnies du 6ème B.C.A.
Le groupement "B" occupe pour trois heures du matin les cotes I956, 2053, et 1782, à l'Ouest de la Dent du Lion.
Le groupement "B" a rejoint en camions le carrefour de La Croix de Lorraine, puis, au clair de lune, dans un terrain rocheux et parsemé de névés, gagne ses emplacements : P.C. au collet de 2002, 2ème Compagnie sur I993, les deux compagnies du 6ème B.C.A. sur 2I20.
À 4 H 30, les unités de fouille, 7ème B.C.A. et Ire R.C.P., traversent le dispositif pour plonger dans le Tala Guilef.
La journée se passe sur place, sans incident.
Les compagnies procèdent à la fouille locale du terrain. Malgré le beau temps, il fait très frais.
La nuit du 28 au 29 est particulièrement froide.
La fouille du terrain occupé par les unités de bouclage se poursuit le 29. La 1ère Compagnie récupère une tonne de conserves de petits pois et de sardines.
L’ordre de décrocher est donné au groupement "C" à I3 heures. La descente s’effectue par le Sud de la Dent du Lion, sur Tanagount et Tzemourene. Le groupement "B" reste encore vingt quatre heures à la disposition de la division.
Les groupements "B" et "C~ apprennent avec plaisir que leur peine n’a pas été vaine. La Katiba recherchée a été accrochée par les unités de fouille et le bouclage Nord vers Boghni. Cent quatre fellaghas ont été tués, d’autres capturés, de nombreuses armes saisies.
Le 30, la 2ème Compagnie effectue son convoi régulier de ravitaillement. Il se compose, comme d’habitude, de deux half track M.I6, portant chacun une tourelle de quatre mitrailleuses de D.C.A. de I2 mm 7, d ‘une section portée sur deux Dodges 6x6 et de plusieurs véhicules de ravitaillement.
Vers I5 H 45, au retour, le convoi tombe dans une embuscade au Col du C.A.F., où la route est surplombée par une paroi rocheuse Dés les premiers coups de feu, les half track réagissent de tous leurs tubes. La section de protection gicle des véhicules, se déploie et met ses armes en batterie. Les rebelles décrochent immédiatement.
Quelques véhicules ont été atteints par balles.
Le Caporal Jean Bailly et le Chasseur Claude Chabaud, blessés, sont évacués par hélicoptère. La 3ème Compagnie, qui suivait le convoi en écoute radio, arrive rapidement sur les lieux, suivie de prés par les sections intervention et engins de la C.C.A.S..
La poursuite de l’adversaire, qui a fui par les ravins au Sud de la route, doit être arrêtée vers vingt heures.
Mai
Une réunion des officiers et sous officiers de toutes les compagnies a lieu le 2 mai à la Ferme Porcher, pour marquer la prise de commandement du 22ème B.C.A. par le Chef De Bataillon Giraud. La cérémonie officielle n’aura lieu que le 10 mai.
La 2, en opération locale dans la région de Tifires, abat cinq rebelles, dont trois permissionnaires.!!. et récupère trois armes.
Le 8 mai, une section rend les honneurs au monument aux morts de Bouïra.
La cérémonie officielle de passation de commandement entre le Chef de Bataillon Vuillemey et le Chef de Bataillon Giraud donne lieu, le 10 mai à une prise d’armes, présidée par le Général Guérin, commandant la 27ème Division d’Infanterie Alpine et la zone Est Algérois.
Le cadre choisi est celui du poste d’Irhorat, symbole de l’oeuvre de pacification entreprise et réussie dans le Douar Haïzer par le 22ème B.C.A..
Au centre des villages ralliés, à coté de l’école reconstruite et du poste qui garantit la sécurité de tous, sur le fond grandiose du massif du Djurjura, les détachements qui représentent les compagnies, la S.E.M. en tenue blanche et les harkas, défilent à la cadence que sonne la fanfare du I5ème B.C.A..
Autour des autorités civiles et militaires de Bouïra, la population kabyle, enthousiaste et colorée, est venue, de tous les villages et hameaux des douars Haïzer et Innesmane, applaudir et remercier pour la tranquillité retrouvée, pour l’aide et l’amitié reçue.
À l’issue de la prise d’armes, vingt deux Croix de la Valeur Militaire sont remises à des gradés, chasseurs et harkis.

Ordre du Jour N° 344
En date du 10 mai I958, du Chef de Bataillon Vuillemey quittant
Le commandement du 22ème B.C.A.
Officiers, sous-officiers, caporaux-chefs, Caporaux, Clairons et Chasseurs, harkis du 22ème B.C.A., j’ai eu l’honneur et la fierté de vous commander pendant deux ans.
Vous m’avez donné les plus grandes satisfactions, exécutant parfaitement, en "Chasseurs", la double mission qui nous est confiée ici : pourchasser les bandes rebelles et redonner confiance à une population hésitante. De tout coeur, je vous remercie.
Je m’incline au souvenir, qui restera impérissable, de ceux d’entre vous qui ont fait le sacrifice de leur vie pour que vive l’Algérie Française et que brille le 22ème Bataillon de Chasseurs Alpins.
Ordre du Jour N ° 345
en date du IO mai I958, du Chef de Bataillon Giraud, prenant
le commandement du 22ème B.C.A..
Officiers, sous-officiers, Caporaux, Clairons, Chasseurs et harkis.
Appelé à l’honneur de commander le 22ème Bataillon de Chasseurs Alpins je m’incline devant son fanion aux plis chargés de la gloire que lui ont acquise ses Anciens.
Sous l’impulsion du Commandant Vuillemey, vous avez, depuis deux ans, conquis de nouveaux titres de gloire qui placent le Bataillon parmi les meilleurs. Ardents et manoeuvriers au combat, patients et généreux dans les délicates missions de pacification, vous avez su mener à bien les taches qui vous étaient confiées.
Le combat n’est pas fini, de dures journées nous attendent encore avant la victoire finale. Je sais pouvoir compter pleinement sur vous tous.
Accordez moi votre pleine confiance, et, fidèles à nos traditions, nous gagnerons la bataille de la France en Algérie.

Le I2 mai commencent les travaux de construction de la nouvelle école de Merkalla.
Une opération de secteur se déroule les 13 et I4 mai dans la zone Beni Hamdoune - Takerboust, autour de l’action d’un bull dozer du Génie. Le C.R.I.K. a été mis à la disposition du secteur.
Les objectifs assignés aux compagnies sont les villages situés au Sud de la Nationale I5 : Lril Ou Chekrine pour la 2ème Compagnie, Iril Hazem pour la 1ère, M’lel pour la 4, et Djerea pour le C.R.I.K.. Le P.C. et les sections de la C.C.A.S. occuperont la cote 1125.
Le convoi quitte Bouïra à 3 H 30 et arrive à 5 H 45 sur la Nationale I5, à l’aplomb des villages. À son arrivée sur les premières mechtas d’Iril Ou Chekrine, la 2 débusque un groupe de fellaghas qui s’enfuient vers le Nord en tiraillant. Elle en abat cinq et récupère trois fusils.
La 4ème Compagnie, qui a terminé la fouille de M’lel, continue sur Beni Hamdoune et y découvre une cache contenant du ravitaillement et des documents.
Pendant l’opération, les chars du I/I9ème R.C.C. assurent la protection du bull dozer et de la section du Génie, tandis que le 50ème R.A. met ses pièces en batterie au N.O. d’Iril Ou Chekrine.
Les unités se regroupent en fin d’après midi au Nord des villages fouillés. Le Génie et les chars sont à la maison cantonnière d’Aïn Zerda. Bivouac sur place.
Au petit matin, le Génie reprend son travail vers le Col de Tirourda. La route est ouverte à la circulation à 9 heures, après réparation d’une dernière coupure en 1421.
Dés 6 heures du matin, le bataillon est monté au Col de Tirourda et redescend en fouillant les thalwegs de l’Oued Arbalou. Fin d’opération en début d’après midi, et retour à Bouïra pour I8 H.
Le I5 mai, remise en état de la piste Tirilt N’seksou Izemourène par le bull dozer, et continuation vers Tilinaz.
La journée du I6 s’est déroulée dans le calme, lorsque, vers 21 h 30, la tranquillité des gens de 1a Ferme Porcher est troublée par un tir en rafale, dont les projectiles, tirés depuis le sommet du Ras Bouïra (400 mètres en ligne droite), passent très haut par dessus les toits de la ferme.
Une patrouille de scout-cars de la C.C.A.S. escalade la colline tandis que le Capitaine de La Pontais, qui commande le 3/I9ème R.C.C., est prévenu et envoie un élément patrouiller dans l’Oued Ed Douss, au Sud Est du Ras Bouïra.
On s’apercevra le lendemain matin, sur place, que le tir a été effectue au P.M. par un ou deux tireurs. Des documents, récupérés par la suite, feront état d’une "attaque ayant causé plusieurs morts dans le poste"...
Le Commandant Giraud en profite pour faire évacuer les gourbis du Ras Bouïra, où s’entassent quelques quinze familles repliées de la zone interdite du Kouriet. par la suite, ces gourbis seront rasés, une piste directe tracée au bull dozer entre la Ferme Porcher et le Ras Bouïra, et un poste implanté, qui bouclera la nuit la piste sommitale de la colline et deviendra le centre d’un village de regroupement pour tous les isolés du coin.
Merkalla travaille à son école.
La 4ème Compagnie fournit une escorte aux équipes de l’Électricité d’Algérie qui surveillent les lignes à haute tension. La 2 remet en état la piste du lac Goulmine.
La vague d’enthousiasme soulevée sur le Forum d’Alger par les événements du I3 mai atteint Bouïra. Les cérémonies se succèdent dans la ville pavoisée comme pour un quatorze juillet.
Le 22 mai, à l’issue d’une réunion de plus de trois mille musulmans des douars Tighrempt et Tachachit, au cours de laquelle monsieur Azem Ouall, président des maires de Kabylie, a pris la parole, le Colonel de Carini, commandant le secteur, est porté en triomphe dans la rue principale de la ville. Les compagnies, les harkas et les auto défenses prennent leur part de la fête, mais continuent à assumer le dangereux travail quotidien des patrouilles et embuscades.
Une opération, montée conjointement par les secteurs de Bouïra, d’Akbou et de Fort National, est mise au point pour le 24 mai. Son objectif est la recherche et la destruction, le cas échéant, de la 1ère Compagnie du Bataillon de Choc de la Willaya, dont le passage a été signalé à Beni Hamdoune.
Dans la compartiment imparti au secteur de Bouïra, le bouclage Sud Est assuré par le I9ème R.C.C. et le 50ème R.A..
Le 22ème B.C.A. est mis à terre sur la Route Nationale I5, à l’endroit où il a débarqué lors de l’opération du I3 mai : au dessus des villages d’Iril Azem, M’lel et Djerea.
Les compagnies viennent à peine de quitter les véhicules que le piper qui survole la zone, signale qu’une forte bande, sortant du village de Beni Hamdoune, s’enfuit vers le Sud ouest. La batterie du 50ème R.A. la prend sous son feu.
Le Chef d’Escadrons de Geoffroy, qui commande l’opération, a le réflexe rapide. Il fait faire demi tour aux camions, rembarque les unités et les ramène vers l'Ouest, au dessus du village de Takerboust.
Aussitôt descendues de camion, les compagnies traversent les ruelles étroites du village et se déploient : 4ème à l'Ouest, 1ère au centre, 2ème à l'Est, P.C. et C.C.A.S. derrière la 1ère.
À peine sortie du village, la 2 accroche un groupe qui se dissimule dans une tranchée de cinquante centimètres de profondeur, creusée par les eaux de ravinement. Le Lieutenant Gaston fait fixer l’adversaire par un groupe, et, accompagné de quelques chasseurs, contourne la résistance et prend la tranchée en enfilade. Cinq fellaghas sont abattus et leurs armes récupérées.
Vers midi, l’objectif pour le premier bond est atteint : cotes 540, 55I et 553, après réduction de nouvelles résistances devant la 2ème Compagnie.
La progression reprend à 12 H 45. Les fellaghas se sont disséminés par petits groupes dans les nombreux ravinaux qui sillonnent le terrain. Les accrochages se succèdent, tant devant la 2 que devant la 4. Les sections de protection du P.C., qui progressent au centre, interviennent à leur tour
Un nouvel accrochage se produit autour d’un épais buisson de lentisques planté à flanc de ravin. Le Chasseur Laby, de la 2, qui a vu bouger dans le buisson, tire. Un corps bascule à l’extérieur, Laby s’avance vers lui et tombe, atteint à son tour. Il a été tué sur le coup
Tandis que l’on dégage le corps, le Sergent Patrone, son chef de groupe, s’aperçoit que le coeur du buisson est transformé en blockhaus, fait de terre agglomérée autour d’une armature de branches.
C’est de l’intérieur de ce fortin qu’on a tiré sur Laby, par un étroit créneau.
À la pioche, Patrone fait un trou dans le plafond de l’abri et y glisse une grenade. Il y avait trois fellaghas à l’intérieur.
On constate alors que l’homme abattu par Laby avait les poignets liés par des menottes. Il sera identifié comme étant un habitant de Takerboust qui avait été contrôlé et retenu quelques jours plus tôt par l’O.R. du 50ème R.A.. Le F.L.N. le soupçonnait sans doute de trahison
Le deuxième objectif est atteint à 17 heures : cote 537 et thalweg Est-ouest. Des traces de sang sur la piste mènent cinq cents mètres plus loin au cadavre de l’adjudant commandant la Katiba 32~. Un éclat d’obus lui a arraché un pied. Il s’est alors fait un garrot avec une serviette de toilette, et il a marché jusqu’à ce qu’il s’écroule, vidé de son sang.
La R.N. 26 est atteinte à 18 h 30, où l’on retrouve avec plaisir les blindés du 3/I9ème R.C.C. et leur provision d’eau, car il a fait très chaud aujourd’hui.
Le F.L.N. laisse sur le terrain 25 tués.
La 4ème Compagnie a fait quatre prisonniers.
Le bataillon récupère un P.M., trois fusils de guerre et dix fusils de chasse. Les morts appartiennent pour moitié à la Katiba 323 et aux mousseblines locaux.
La levée du corps du Chasseur Laby a lieu à Bouïra, le 25 mai.
Le 27, le bataillon participe, avec le 7ème Hussards, à une opération menée par le secteur d‘Aumale dans les Douars Metenan et Zouika.
Départ du convoi à 4 H 45, débarquement au confluent de l’Oued Roukam et de l’Oued Djemaa. La progression est lente et difficile sur un terrain qui présente de nombreuses et fortes variations de niveau. Les objectifs sont atteints, sans incident, vers I4 heures.
Le bataillon rentre à Bouïra.
Le 28 mai, le convoi de ravitaillement des 2ème et 3ème Compagnies descend à Bouïra. Il remonte en début d’après midi. Après un arrêt à Aïn Allouante où il récupère ses deux half track M I6, laissés à la descente, le convoi de la 2 repart vers Tikjda.
Dans sa Jeep, qui ouvre la route, le Lieutenant Raymond, chef de convoi, a fait monter le Médecin Aspirant Févre, rentré de permission le matin même. Retenu à Marseille par le blocage des transports en direction de l’Algérie, ordonné à la suite du I3 mai, Fevre s’est débrouillé pour obtenir un passage de faveur afin de rejoindre son poste de médecin à Tikjda.
Vers I7 heures, le convoi aborde le virage du "Col du C.A.F.. où, le mois dernier, les fellaghas ont tenté de l’attaquer.
Le Lieutenant Raymond fait arrêter le convoi.
La section de protection descend et se dirige vers un groupe de rochers, cote 1516, qui se trouve au centre de l’arc de cercle formé par le virage et le domine sur cent quatre vingt degrés. Les half tracks prennent position sur l’arrière de la rame.
L’ensemble repart. Au moment où les premiers véhicules s’engagent dans les virages en corniche de la forêt de cèdres, un feu très dense d’armes automatiques s’abat sur eux. D’autres armes automatiques tirent sur les half tracks et la section de protection, qui n’a pas encore abordé 1516.
Dans les véhicules de tête, tous les occupants ont été tués ou blessés dés les premiers coups de feu. Le Docteur Févre a tenté de sauter dans le ravin, coté droit de la route. Son corps sera retrouvé un peu plus bas.
Le G.M.C. qui suivait la Jeep du Lieutenant Raymond a pris feu, dégageant une fumée intense. La fatalité veut que les virages serrés, au milieu des arbres, masquent complètement les véhicules de tête. L’avion de protection du convoi ne peul rien voir sous les cèdres qui bordent la route. Le G.M.C. qui brûle fait écran entre la première Jeep et le reste du convoi.
À l’arrière la réaction a été immédiate.
Le groupe du Sergent Patrone s’empare de haute lutte de 1516, où les rebelles avaient installé un F.M., en abattent les servants et met ses armes en batterie. Le F.M. adverse a été jeté dans le ravin par l’un de ses servants. L’Adjudant Andreux rallie un groupe et s’empare d’un autre rocher qui domine la route à gauche. L’Adjudant Chef Sailley prend, à la mitrailleuse quadruple d’un half track, la place du tireur blessé, et arrose les emplacements des armes automatiques des rebelles. Le tireur à la mitrailleuse de 12 mm 7 du cinquième véhicule, un G.M.C. de ravitaillement, tire comme un forcené.
Alertés par la radio, les renforts arrivent de Tikjda et d’Aïn Allouane une demie heure après le début de l’attaque.
Les autos mitrailleuses du 3/I9ème R.C.C., lui aussi à l’écoute radio du convoi, passent en trombe devant la Ferme Porcher. Les sections de la C.C.A.S. emboîtent le pas et arrivent sur les lieux du combat vers I8 heures.
Les rebelles ont décroché.
Une partie remonte les pentes du Ras Tigounatine, l’autre emprunte le ravin de l’Oued Tinzer, vers le Sud.
Pris sous le feu des armes automatiques, tirant presque à bout portant, le Lieutenant Raymond, le Médecin Aspirant Févre, les Chasseurs Babonnau, Gilliot, Lajous, Quemar Et Willer, ont succombé dés le début de l’accrochage.
Derrière eux, le Conducteur Chapelle, du Groupe de Transport 540 et le Caporal Flori, du Service de Santé, ont subi le même sort. Le Soldat Lesongeur, du service de santé, grièvement blessé, est étendu apurés du corps de Flori. Il voit un groupe d’assaut se ruer sur la route, fouiller rapidement les véhicules et les cadavres, s’emparer des armes qui gisent sur le sol et s’égailler dans les rochers. Tout cela a duré quelques minutes à peine
Les blessés sont immédiatement évacués par hélicoptère : Caporal Chef Dany Pierre, Chasseurs Augustin Sereni, Barbagelata Gilbert Et Claude Haoreau, soldat Gervais Lesongeur, du Service de Santé, et Peyronne Georges, du Groupe de Transport 540.
En face, abattus par l’énergique riposte des hommes du convoi, gisent sept cadavres rebelles, dont celui du Lieutenant Si Lahlou, commandant du Bataillon de Choc de la Willaya, qui dirigeait l’affaire, tué sur 1516.
Deux pistolets mitrailleurs sont récupérés.
En face du convoi, dans cette embuscade, il y avait la 3ème Compagnie du bataillon de choc, la Katiba 322 et quelques dizaines de mousseblines. Au bas mot, trois cent cinquante hommes. D’après les emplacements de tir repérés et les documents saisis par la suite, le convoi a été pris sous le feu de dix ou douze fusils mitrailleurs et mitrailleuses.
Sans le métier et les réflexes des gradés et chasseurs d’escorte c’est une destruction totale qui devait intervenir
Le matériel détruit ou perdu est de deux mitrailleuses de 30, une carabine U.S., un fusil Garand, un P.M., deux pistolets automatiques, un G.M.C. brûlé, une Jeep très endommagée, plusieurs véhicules atteints, un poste radio S.C.R. 300 détruit.
Au cours de la journée du lendemain, des renseignements signalent le passage de la bande au village de M’zarir, au cours de la nuit. Elle se dirigeait vers Tala Rana et le cuvette de l’Irzer.
Le colonel commandant le secteur de Bouïra alerte immédiatement les commandants des secteurs voisins, en vue de monter une opération qui démarre au cours de la nuit du 29 au 30 mai.
Le 7ème B.C.A. doit assurer, au Nord, le bouclage sur les crêtes de la cuvette de l’Irzer et la face Est du Lalla Khedidja.
Le 22ème B.C.A., en liaison à l'Est avec le 7ème Hussards et le 50ème R.A., occupera les hauteurs qui dominent, au Sud, l’Oued Irzer (cote I585).
Ces trois unités doivent ensuite fouiller les pentes qui descendent vers l’oued. Le I9ème R.C.C. interdit le débouché de la vallée vers le Sud
Le bataillon débarque de ses véhicules au carrefour de la R.N. 30 et de la piste de Tala Rana. La montagne est couronnée de brouillard. La progression vers Tala Rana commence, dans l’ordre : 4ème Compagnie (Capitaine Nodot), 1ère Compagnie (Lieutenant Demeure), P.C. et C.C.A.S. (Commandant Giraud et Capitaine Mairet), 3ème Compagnie (Lieutenant Trouillet).
Tala Rana est dépassé à 8 heures, le hameau de Bel Barra à 8 h 15.
À I0 heures, les sections de tête de la 4ème Compagnie arrivent sur I585. La section du Sous Lieutenant Thibessard avance sur la petite croupe Nord Est du mouvement de terrain et s’y installe. La section du Sergent Chef Andarelli prend position sur sa gauche, légèrement en retrait.
La barre rocheuse, accrochée au flanc du Lalla Khedidja, qui domine la position de la 4ème Compagnie au Nord ouest, est noyée dans le brouillard, de même que la lisière du bois qui redescend au Nord vers la vallée de l’Irzer, et la prairie qui s’étend au Nord entre la Section Thibessard et les hussards.
Ce brouillard se dissipe lentement et laisse voir un homme, en tenue militaire, qui traverse, d’ouest en Est, la clairière, à trois cents mètres de la position. Salué d’un coup de fusil, il disparaît entre les arbres.
Au moment où les éléments du 7ème Hussards atteignent le sommet de I465, à l'Est de la 4ème Compagnie, ils sont accueillis par un feu nourri, à bout portant.
La 1ère Compagnie, qui vient d’arriver sur 1585, est poussée vers 1465, pour assurer la liaison.
Le brouillard se lève progressivement.
La 4ème Compagnie est alors prise sous le feu d’armes automatiques, qui tirent depuis le sommet de la barre rocheuse, sur la gauche. En face des Sections Andarelli et Thibessard se dévoile une résistance, installée à contre pente, dans la lisière du bois. Le Sous Lieutenant Thibessard, qui se tient debout au milieu de ses chasseurs, est mortellement blessé d’une balle à la tête.
Le Sergent Chef Andarelli enlève sa section et donne l’assaut à la lisière du bois. Au cours de l’action, le Chasseur Baratta et le Harki Zerrouki sont tués, mais l’adversaire s’enfuit.
Le Commandant Giraud et le P.C., qui viennent d’arriver sur I585, sont sous le feu de l’ennemi. Le mulet porteur du S.C.R. 694 est mortellement touché.
L’Adjudant Grimaldi prend à partie, au canon de 57 S.R., les armes automatiques postées sur la barre rocheuse et les réduit au silence. La 3ème Compagnie arrive à son tour, et la section du Sous Lieutenant Beauvais escalade la paroi et en occupe le sommet.
À I2 heures, le combat est terminé devant le 22ème B.C.A.
Les Chasseurs Cocchi, Fillaut, Milano, Queheille et Ruffini, blessés, ont reçu les premiers soins et attendent leur évacuation.
La croupe I585 reçoit encore quelques obus de mortier anglais de deux pouces, sans dommage pour la troupe. À l'Est du bataillon l’avance des hussards est toujours stoppée, malgré l’intervention de l’artillerie et d’un groupe de Mistral.
Le bataillon rectifie et étoffe ses positions. La liaison est réalisée sur la gauche avec le 7ème B.C.A., qui tient tout le versant Est du Lalla Khedidja.
Au cours de L’aprés midi, une section de Commandos de l’Air débarque sur I585. Les hélicoptères évacuent les morts et les blessés
La position est organisée pour passer la nuit. La liaison avec les Hussards est resserrée, à l’Est de 1585.
La nuit est calme.
Une Mission "Luciole" éclaire régulièrement le terrain. Les tirs d’artillerie de la journée ont allumé, ça et là, dans les bois, des incendies qui brûlent toute la nuit.
Le 3I mai, à 10 H 30, un bataillon de renfort vient s’intercaler entre le 22ème B.C.A. et le 7ème Hussards. La fouille du terrain commence, plein Nord, vers le fond de l’oued. Les compagnies passent sur les vestiges du P.C. de la Nahia 333, détruit lors de l’opération menée en I956 par la 20ème D.I..
Des traces de sang sont relevées.
On retrouve une partie du courrier destiné aux chasseurs de la 2ème Compagnie, qui avait été pillé sur la Jeep du Lieutenant Raymond. Un cadavre sans arme est découvert sur la piste qui longe l’Oued Irzer.
Retour par Irzer, Aïn Taliouine et Saharidj. Les deux Katibas accrochées ont réussi, au cours de la nuit, à passer au travers des blindes du I9ème R.C.C. et à s’enfuir vers l'Est, par Tala El Ma Illitene et Tizi N’aït Ouabane.
La 2ème Compagnie n’a pas pris part à l’opération, malgré la rage du Lieutenant Gaston à venger ses hommes. Elle pansait ses plaies.
Une section rendait les honneurs, en l’église de Bouïra, lors de la cérémonie de levée des corps des officiers et chasseurs tombes au cours de l’embuscade du 28. Monsieur le professeur Févre et son épouse, parents du médecin Aspirant Févre, assistent à cette cérémonie.
Les compagnies bénéficient de quelques jours d’un calme relatif après cette série d’opérations.
À la 1ère Compagnie, travaux de l’école de Merkalla. Visite des troupeaux de Merkalla et Tessala par un vétérinaire militaire. Une section de la compagnie est détachée, pour un mois, à la garde du dépôt de munitions du secteur. Instruction et tirs au mortier et à la mitrailleuse lourde, contrôle des populations, embuscades.
À la 2ème Compagnie, où le Lieutenant Gaston vient d’être promu capitaine à titre temporaire, patrouilles sur le Tizi Bou El Ma, sur le Taouialt et sur le Ras Tigounatine.
Troisième Compagnie : travaux de poste, embuscades, patrouilles.
La 4ème Compagnie célèbre, à El Esnam, les obsèques du Harki Zerrouki. Elle assure le repli sur le village d’une famille musulmane, dont le fils est harki, et qui a reçu des menaces du F.L.N. Le Capitaine Nodot visite les hameaux de son sous quartier et fait remplacer, sur les murs des mechtas et sur les routes, les slogans et inscriptions F.L.N. par des Croix de Lorraine tricolores.
La section et la harka d’Irhorat patrouillent à Izemourène et à Guendour.
Au cours d’une rotation Merkalla - Bouïra, le 10 juin, un G.M.C. du G.T. 540 tombe dans un ravin. Le conducteur, blessé, est évacué sur l’infirmerie du secteur. Le véhicule accidente est récupéré grâce aux efforts conjugués du service auto de la C.C.A.S. et de la 402ème C.R.D..
Le 11 juin, l‘auto défense de Laache Oufalcou est désarmée à la suite d’une dénonciation pour collusion de certains de ses membres avec la rébellion.
Le I3, les 1ère, 2ème et 4ème Compagnies sont mises à la disposition du secteur de Palestro. Le départ a lieu à O H 30. Le débarquement s‘effectue à 4 heures au Col du Guergour
La journée se passe en ratissages, sans résultat. Les compagnies sont ramenées à Thiers pour I9 heures.
Le lendemain, elles sont rassemblées sur la D.Z. de Laperrine et enlevées en hélicoptères à partir de 10 H 30. La 2ème Compagnie et le P.C. sont posés à Souk El Khemis et font mouvement vers le Dra Bou Kebech et le Koudiat Sonngat.
Les 1re et 4ème compagnies sont enlevées ensuite et larguées sur la cote 879. L’héliportage est terminé à I5 H I5.
La 4ème reçoit, à I6 h 45, l’ordre de se diriger vers le Dra Bou Kebech, où le 5ème B.T.A. vient d’accrocher une bande rebelle. La compagnie passe sous les ordre du 5ème B.T.A.. Elle réussit à rejoindre les fellaghas en fuite et abat l’un deux, porteur d’un fusil Mauser.
Les 1ère et 2ème Compagnies progressent sans incident vers le N.O. et rejoignent le bouclage Nord de l’opération dans la vallée de l’Oued Soufflat.
Bivouac paisible sur les hauteurs bordant l’oued.
Nouvel héliportage le I5 matin, à 9 heures, avec dépose sur le Djebel Sertouet. La 4ème Compagnie est héliportée depuis 70I, où elle a passé la nuit et abattu, ce matin même, un second fellagha, et récupèré son pistolet mitrailleur.
Le bataillon se dispose en bouclage sur le Djebel Sertouet. Le décrochage a lieu à I7 heures. Retour au poste de Laghuiat ou attendent les camions.
Le I6, dans la matinée, une prise d’armes se déroule sur le plateau qui surplombe la Ferme Porcher. Le Chef de Bataillon Giraud remet à la Garde du Fanion du bataillon un fanion neuf, l’ancien étant remis au Chef de Bataillon Vuillemey, en témoignage et souvenir de son temps de commandement.
Chaque compagnie reçoit également un fanion neuf, brodé aux dimensions et couleurs réglementaires.
Opération de secteur, le I7, dans la région de l’Oued Rana. Le bataillon, commandé par le Chef de Bataillon Giraud, est fort de trois compagnies : 1ère (Capitaine Gibot), 2ème (Capitaine Gaston), 4ème (Lieutenant Ribette), P.C. et sections de la C.C.A.S..
Départ à 2 h 30, derrière le convoi du 7ème B.C.A., qui est aussi de l’affaire. Les véhicules roulent tous feux éteints.
Arrivée à Maillot-Gare à 4 h I5. Mise en place sur la R.N. 30 entre Ali Ou Tmine à l'Ouest, et Saharidj à l'Est, puis ratissage de la vallée de l’Oued Rana, en remontant vers le Nord.
Le mouvement débute à 8 heures.
Les compagnies arrivent vers 9 heures au village de Beni Ouilbrane. Au cours de la fouille, un rebelle, originaire du lieu, et qui s’y trouve en permission, est débusqué d’une mechta.
L’homme se sauve, par les ruelles étroites, pistolet au poing, et se trouve soudain nez à nez avec le Capitaine Gibot, dont l’imposante carrure bouche complètement la venelle. Même s’il tire dans le mur, à droite ou à gauche, le ricochet doit faire mouche.
Un harki de la 1ère, d’une cour voisine, réalise la situation et tire deux coups de fusil. Le fellagha bascule en appuyant sur la gâchette de son arme. 1a balle frappe le capitaine...,. au petit doigt du pied droit !
Les chasseurs de la 1ère Compagnie l’aident bien à sortir du village en boitillant, mais il faut le hisser sur un char du 3/I9ème R.C.C. pour le ramener jusqu’à la route.
Les éléments de la 2ème et de la 3ème Compagnies, qui ont passé la nuit à la base arrière de la 1ère, au retour de l’opération, regagnent leurs postes respectifs le I8 matin.
Une cérémonie commémorant l’Appel du Général de Gaulle se déroule l’après midi à Bouïra. Une cérémonie identique avait eu lieu, au cours de la matinée, à El Esnam.
Travaux et patrouilles les I8 et I9.
Dans la soirée du 20, le Capitaine Nodot, qui tient un bon renseignement, emmène une section effectuer un coup de main sur une mechta isolée, dans laquelle devrai se trouver le sergent chef "Renseignements- Liaisons" du secteur.
L’homme est bien là, accompagné de son garde du corps habituel Aux sommations d’avoir à se rendre, il répond par un jet de grenade, dont un éclat blesse à la gorge le Caporal Albert Blachère. Deux femmes arabes et un bébé sont également blessés. Le Capitaine Nodot utilise alors sa parfaite connaissance de la langue arabe, et tout son pouvoir de persuasion. Les deux hommes se rendent enfin. Un revolver 8mm, un fusil de chasse et de trés importants documents sont recupérés.
Cette arrestation permet d’intercepter le lendemain le collecteur de fonds des Goumgoumas, au moment où il allait prendre le maquis.
Le 24 juin, Belaidi Saïd Ben Yahia, H.L.L. Originaire de Merkalla, et qui tient le maquis depuis trois ans, se constitue prisonnier au poste de la 1ère Compagnie. Garde du corps d’un lieutenant, chef de Nahia dans le Kouriet, il donne de très importants renseignements, qui sont immédiatement transmis au secteur concerné.
Le médecin chef du bataillon visite, à tour de rôle, les villages du sous quartier d’Irhorat.
Une opération de secteur se déroule, le 26 juin, dans la région de N’zarir. Le 22ème B.C.A. est mis à la disposition du 6ème R.P.C.. Il est renforcé d’une batterie à pied du 50ème R.A. (Capitaine Bru), et commandé par le Capitaine Mairet.
La 2ème Compagnie quitte Tikjda, à pied, à 2 H 30, pour s’installer en bouclage sur les cotes 1506 et I620. Le P.C. et la 4ème Compagnie rejoignent, à 4 heures, le carrefour des R.N. 26 et R.N. 30, où le 6ème R.P.C. s’engage devant le bataillon. Débarquement à l’usine électrique d’Illiten. La batterie à pied du 50ème R.A. et le P.C. Mairet prennent position sur la cote 999 et la croupe des pistes de M’zarir. La 4ème Compagnie occupe les cotes 1149, 1132 et 999.
Journée sans incident.
L’ordre de démontage du dispositif est donne à I7 h 30.
La 2ème Compagnie remonte vers Tikjda. Les autres éléments du bataillon regagnent l’usine d’Illiten et s’intègrent dans le convoi du secteur de Bouïra.
Vers 20 heures, alors que la queue du convoi passe au pied du Rocher Pourri, les six derniers véhicules sont harcelés par des tirs provenant du sommet de la falaise. Ils se dégagent en ripostant à la mitrailleuse et au canon de 57 S.R..
Les fêtes de l’Aïd El Kébir sont prétexte à une distribution de vêtements et de semoule dans les villages du quartier, les officiers, sous officiers et chasseurs des différents postes sont invités par les habitants des villages.
Le Capitaine Gibot, sorti de l’hopital, rejoint le bataillon. Il est momentanément maintenu au P.C..
Juillet
Le Capitaine Mairet, commandant la C.C.A.S., prend, à compter du 1er juillet, les fonctions d’officier adjoint au chef de corps. Il commande d’ailleurs effectivement le bataillon durant une courte permission du Chef de Bataillon Giraud. Le Lieutenant Llanos prend le commandement de la C.C.A.S..
Le premier juillet également, un poste, de l’effectif d’un demi groupe de combat, commandé par un sergent, prend possession du Ras Bouïra. Relié directement à la Ferme Porcher par une piste récemment tracée au bull dozer et par une ligne téléphonique, il ferme la dernière voie d’accès imparfaitement contrôlée à la ville de Bouïra. Il servira, au cours des mois prochains, de base de départ aux patrouilles de nuit de l’O.R. et de la harka de Sidi Salah vers l’Oued Ed Douss et la Ras Oubeira.
Le "Bataillon de Marche du Secteur de Bouïra", composé des 2ème, 3ème, 4ème Compagnies, de la C.C.A.S. et de l’Escadron Moriot du 7ème Hussards, et commandé par le Capitaine Mairet, est mis, le 3 juillet, à la disposition du secteur de Fort National, pour assurer la couverture Nord de la ville et la protection rapprochée de la D.Z. d’hélicoptères, à l’occasion de la venue du Général de Gaulle à Fort National.
Un repas de Corps, auquel assistent le Colonel de Carini, commandant le secteur de Bouïra, le maire de la ville, ainsi que différentes personnalités civiles et militaires, réunit les officiers et sous officiers du P.C. et de la C.C.A.S. à la Ferme Porcher, pour les adieux du Commandant Vuillemey à son bataillon.
Le 5, une émouvante cérémonie se déroule dans la cour, devant le P.C.. Une section rend les honneurs. La population des villages d’Haïzer et d’Innesmane, de nombreux habitants de Bouïra également, sont venus saluer une dernière fois celui qui a ramené la paix et l’amitié dans les douars. Cela n’en finit pas.
Le convoi part enfin, avec son escorte, traverse la ville, et doit s’arrêter de nouveau au poste établi à la sortie Nord de Bouïra.
Il y a là un nouvel attroupement, de nouveaux adieux.
Plusieurs voitures civiles se joignent à l’escorte, et accompagnent le commandant, loin sur la route, jusqu’à Thiers et Palestro.
Une opération sur Sélim et l’Oued Tamarir est organisée le 7 juillet. Son objectif est la destruction de la bande locale de mousseblines.
Le Lieutenant Gaston et la 2ème Compagnie descendent à pied de Tikjda vers Thiaramtz et constituent le bouclage Est. La 3ème Compagnie (Capitaine Gatti), venue d’Aïn Allouane, et la section d’Irhorat prennent position au Nord de Sélim. La 4ème Compagnie, avec le Lieutenant Ribette, traverse à gué l’Oued Ed Douss, remonte l’Acif Boudra jusqu’au Moulin d’Afoud. Le 4ème escadron du 7ème Hussards, (Capitaine Delmas) et les chars du Capitaine Duhem, du 2/I9ème R.C.C., s’installent sur les crêtes 753, 804 et 8I8. La section d’intervention de la C.C.A.S. contrôle la vallée de l’Oued Guendour.
Le bouclage Est en place pour 4 h 45.
Alerté par le bruit des chars du 2/I9ème R.C.C., un groupe de six fellaghas s’enfuit des bords de l’Oued Ed Douss et remonte vers Thiaramtz par la piste du Bou Serdoun. Un autre groupe de six passe à proximité des chars installés sur 711 et fuit vers le Sud ouest.
La fouille des villages de Sélim et de Thiaramtz commence six heures.
À Thiaramtz, un homme allume un feu pour signaler l’arrivée des militaires, Il est arrêté. Un fuyard, porteur d’un fusil de chasse, est blessé et capturé par la 2ème Compagnie. Il déclare venir des bords de l’Oued Ed Douss, où son groupe a passé la nuit.
Un groupe de cinq hommes sort de Sélim vers le Sud, Il remonte les pentes du Ras Ti Assassine et tente de gagner l'Est. Le Capitaine Duhem pousse un char jusqu’à la Djemaa Toumellitine pour surveiller le thalweg. Le groupe remonte vers le Nord, entre la 2ème et la 3ème Compagnie.
Le Capitaine Mairet, qui commande l’opération, fait prendre en camion deux sections de la 3 et les fait transporter à un kilomètre au Sud d’Ain Allouane, d’où elles entreprennent la fouille de l’Oued Thikharmine.
La section de la 3, qui fouille le village de Sélim, découvre une cache et la détruit.
La 2ème Compagnie ratisse le lit de l’Oued Tamarir et y abat un H.L.L., camouflé dans une cache, Un deuxième individu s’échappe de l’abri. Il est abattu à son tour. Le fusil de chasse du premier est récupéré. Seul, l’étui pistolet du second est retrouvé vide.
Deux fuyards réussissent à traverser le bouclage entre la 2ème et le 3ème Compagnie.
En fin d’opération, le convoi qui ramène la 2ème Compagnie à Tikjda est escorté par une patrouille d’auto mitrailleuses du 3/I9ème R.C.C..
Les rebelles tués sont identifiés.
Il s’agit bien de mousseblines de Sélim : Sid Atmane Saïd Ben Sadek, chef Nidham du village, Sidi Ouis, Taleb, et Bechlaoui Saïd, d’Ifticen.
Belaidi Saïd, le rebelle récemment rallié, qui accompagne l’O.R,, reconnaît, parmi les habitants du village, un certain nombre de membres de l’O.P.A. locale, qui sont arrêtés. Une soixantaine de personnes ont été contrôlées au cours de l’opération.
Jusqu’à la fin du mois, l’activité du bataillon est axée sur la protection des chantiers de récolte de liège (1ère Compagnie, en forêt de Beni Ismaïl), les travaux de postes, et le recensement des électeurs, en vue du référendum. Sans préjudice des patrouilles embuscades et opérations de sous quartier.
Le I4 juillet, la 4ème Compagnie représente le 22ème B.C.A., lors de la prise d’armes organisée à l’échelon du secteur de Bouïra.
Le I6, une section de la 2ème Compagnie prend possession de la maison forestière d’Errich, à la sortie Nord de Bouïra, en prélude à l’implantation prochaine de la compagnie à la maison cantonnière de Dra El Khemis.
Patrouilles de jour et de nuit. Protection des équipes de l’Électricité d’Algérie.
Le 22, le Chef de Bataillon Giraud, rentré de permission depuis le I8, le fanion du Bataillon et une section de la 4ème Compagnie, assistent, à Tizi Ouzou, à la cérémonie du départ du Drapeau Des Chasseurs, transmis par le 7ème B.C.A. au 10ème B.C.P.
Ils escortent le Drapeau et sa garde jusqu’au P.A. de la Ferme Porcher, où ils arrivent à I2 heures. À I4 heures, le Drapeau et sa garde sont enlevés en hélicoptères pour rejoindre Batna.
Le Chef d’Escadrons Dumas, chef d’état major du secteur, rend visite au poste de Tikjda.
Les Capitaines Chaquin et Chaussier, affectés au 22ème B.C.A., rejoignent le corps le 25 juillet. Le Capitaine Chaquin prend le commandement de la 1ère Compagnie, à la tête de laquelle il remplace le Capitaine Gibot, handicapé par sa récente blessure. Le Capitaine Chaussier remplacera, au commandement de la 3ème Compagnie, le Capitaine Gatti, prochainement rapatriable.
Le 3I juillet, le chef de corps et la garde du fanion se rendent à Tizi Ouzou, pour la cérémonie de passation de commandement de la Z.E.A. et de la 27ème D.I.A. entre le Général Guerin et le Général Faure.
Le 1er août, le Capitaine Gatti, affecté à l’E.E.P.M. d’Antibe quitte le bataillon. Il en est de même pour le Capitaine Coulaud, qui avait commandé la 3 lors de son séjour à Michelet, et qui assumait depuis plusieurs mois la direction administrative des Harkas, et pour le Lieutenant Demeure.
Le Capitaine Gaston implante son P.C. et le gros de la 2ème Compagnie à la maison cantonnière de Dra El Khemis. Une section de la 2ème Compagnie est déjà en place à la maison forestière d’Errich depuis le 16 juillet. Une autre section s’installe à la gare stratégique.
Déchargée des contingences d’un sous quartier, la 2 devient opérationnelle à cent pour cent, en attendant de devenir commando
Août
À Tikjda, la 2ème Compagnie est remplacée, dés le 1er août, par le Peloton Inter Secteurs de Tikjda, ou P.I.S.T., administrativement rattaché à la 3ème Compagnie.
À la 4ème Compagnie, deux sections sont en opération du coté de Beni Fouda, au profit du secteur.
Le Général Faure, nouveau commandant de la Z.E.A. et de la 27ème Division d’Infanterie Alpine, inspecte le secteur de Bouïra le 3 août. Une section de la 4ème Compagnie lui rend les honneurs.
Le 4 août, sous les ordres du Commandant Giraud, le bataillon à quatre compagnies, est mis à la disposition du secteur de Palestro pour une opération dans le Douar Soufflat.
R.A.S..
La 2ème Compagnie fournit la garde au Drapeau, le 7, pour la prise d’armes d’installation du nouveau sous préfet de Bouïra par le Général Faure. La 4ème Compagnie fournit la Compagnie d'Honneur de cette cérémonie.
Les travaux, patrouilles, embuscades, protections de chantiers continuent, de même que l’instruction des harkis aux armes de guerre.
Le Capitaine Mairet, adjoint du chef de corps, accompagne le Colonel Reynie et le Commandant Callais, de l’état major de la 27ème D.I.A., qui se rendent à Tikjda pour inspecter le P.I.S.T., le 10 août.
Le 11, tandis que la 3ème Compagnie se consacre à la protection de ses chantiers de pistes et que le P.I.S.T. effectue une reconnaissance au Lac Goulmine, le bataillon, aux ordre du Commandant Giraud constitue le sous groupement "B", dans le cadre d’une opération de secteur sur Beni Mansour, sur les lieux mêmes de l’accrochage du I8 février. Mais l’endroit est aujourd’hui désert.
Travaux de routine jusqu’au I6 août.
Le I6, une opération de secteur a lieu dans la forêt des Azerou. Le Chef de Bataillon Giraud commande l’ensemble de l’opération. Le bataillon en entier, renforcé du P.I.S.T. et d’un D.L.O. du 50ème R.A. est placé sous le commandement du Capitaine Mairet. Son effectif, sur le terrain, est de six cents hommes, dont cent harkis.
La mise en place est effectuée de nuit.
Le P.I.S.T. quitte Tikjda à 1 heure du matin pour se porter à la rencontre du 2/19ème R.C.C. en bouclage Est. Dans le prolongement, en bouclage Nord, d’est en ouest, la 3ème et la 1ère Compagnie. Le P.C. et la C.C.A.S s’intercalent entre celles ci. En bouclage ouest, la 2ème Compagnie et la section d’Irhorat. Celle ci assure la liaison avec la 4ème Compagnie qui a franchi à gué l’Oued Ed Douss. À la pointe Sud du bouclage ouest, le 3/I9ème R.C.C..
La mise en place est terminée pour 5 H 10.
À 6 H 10, le piper qui survole la zone signale un groupe rebelle qui cherche à remonter vers l’Irzer Tisserift. À 7 heures, le I/I R.I.Ma. de Palestro, vient prendre sa place dans le prolongement du dispositif. La batterie canons du 50ème R.A. effectue des tirs sur les ravins dans lesquels le piper signale le groupe F.L.N..
La progression est lente.
Le terrain est très difficile, recouvert d’un taillis très dense et haché de ravins profonds, qui doivent être fouillés minutieusement.
Une patrouille de chasse effectue un tir de roquettes et un mitraillage sur le terrain déjà traité par l’artillerie.
Vers 11 H 25, la 2ème Compagnie trouve deux chargeurs de cartouches de carabine italienne, Un peu plus loin, ses éclaireurs de tête reçoivent des coups de feu. Les rebelles sont retranchés dans des saignées creusées par les eaux de ruissellement, et recouvertes de buissons. Le Chasseur De 1ère Classe François Elissalde, en pointe de son équipe, est tué d’un coup de fusil de chasse.
Sa section abat quatre fellaghas et récupère une carabine Statti et trois fusils de chasse.
L’hélicoptère vient chercher le corps. La progression continue Deux nouveaux H.L.L. sont tués. L’un par la 2ème Compagnie, qui récupère un fusil de chasse, l’autre, sans arme, par la 1ère Compagnie, qui ramasse également une sacoche bourrée de papiers de peu d’importance.
Les rebelles tués faisaient partie d’un groupe de ravitaillement du secteur. Quatre d’entre eux sont identifies :
- Mouhoub Bellaha Ben Mohamed, de Tachachit, chef de convoi
- Ben Yahia, Caporal, armé de la carabine Statti
- Mohand Taieb, de Beni Mansour
- Mouhoub Ali Ben Ali, de Tachachit.
Le I8 matin, la 3ème Compagnie signale qu’au cours de la nuit du I7 au I8, un groupe armé rebelle a procèdé, au village de Taougni, à l’enlèvement d’un caporal harki et de Belaidi Saïd, le rebelle rallie le 24 juin et, depuis, incorporé à la harka de la 3ème Compagnie.
L’enquête permet d’établir rapidement que la famille du caporal harki était en contact avec les mousseblines de Sélim. Il est lui même complice de la capture de Belaidi, et s’est enfui avec les assaillants.
Le 3/I9ème R.C.C., aussitôt alerté, vient grenouiller dans le Sud de la Forêt des Azerou et l’Acif Boudra. Il signale, vers I3h qu’il a pris à partie, dans la vallée de l’Acif Boudra, une bande qui remonte vers le N.E., par l’Irzer Bou Serdoun.
La 2ème Compagnie, renforcée d’une section de la 3 et d’un élément d’intervention de la C.C.A.S., se déploie pour ratisser le Bou Serdoun, en le descendant.
Vers I6 heures, la section de tête reçoit des coups de feu, tirés des taillis qui garnissent le fond de l’oued. À l’issue d’une brève fusillade, sept fellaghas se rendent. Deux d’entre eux sont blessés, deux morts sont retrouvés sur le terrain.
L’enlèvement de Belaidi Saïd, condamné à mort pour trahison par le tribunal régional du F.L.N., a été effectué par la Katiba 322 Le gros de la bande, son coup fait, s’est replié vers l'Est avec son prisonnier, par les sommets, laissant les mousseblines de la fraction opérer une diversion vers le Sud.
L’enquête menée par l’O.R. et le Capitaine Chaussier, commandant la 3ème Compagnie, confirme que ce sont bien les membres de l’O.P.A. de Sélim qui ont assuré les contacts entre le F.L.N. et certains habitants de Taougni. C’est le caporal harki qui a servi de guide au groupe chargé de la capture de Belaidi. C’est lui également qui l’a appelé et s’est fait reconnaître de lui pour se faire ouvrir la porte de la mechta.
Le I9, un coup de main est effectué sur Sélim.. L’auto défense de Taougni est désarmée. Un certain nombre de ses membres sont mis en état d’arrestation.
Les interrogatoires laissent apparaître l’activité d’un certain Mohand Halouani, commissaire politique de la fraction qui effectuerait de fréquentes incursions dans les villages.
Le travail de l’officier de renseignements va s’orienter dans cette direction, en particulier dans la surveillance d’individus autrefois fichés comme mousseblines et qui paraissaient être rentrés dans le rang depuis l’armement de leur village en auto défense.
Le I9, la 2ème Compagnie est mise à la disposition du secteur d’Aïn Zebda.
Les jours suivants, travaux et patrouilles de routine. À la 1ère Compagnie, ouverture d’un chantier à Tassala.
Le 23 août, les 2ème et 4ème Compagnies sont mises à la disposition du 50ème R.A., pour une opération dans la région de l’Oued Irzer - Saharidj.
Des 7 H 30, un renseignement signale une bande de 25 fellagha remontant vers le Nord, dans la vallée de l’Oued Irzer.
En attendant que la 2ème Compagnie, qui progresse dans cette direction, soit au contact, l’aviation attaque aux roquettes et à la mitrailleuse. Arrivée sur place, la 2 trouve trois cadavres et récupère deux fusils de chasse.
La bande est de nouveau observée par le piper, un kilomètre plus au Nord. L’aviation intervient à nouveau, sans résultat connu.
Les armes et documents récupérés sont remis à l’officier de renseignements du 50ème R.A..
Patrouilles et embuscades, travaux de sous quartiers jusqu’au 28 août. Et, pour la 3ème Compagnie, reprise en main de la population de Taougni. Visite du sous préfet de Bouïra à la 4ème Compagnie, le 25.
Une opération locale du bataillon, dans la forêt des Azerou, met en oeuvre, le 28 août, les 2ème et 4ème Compagnies et la C.C.A.S..
Vers 9 heures, deux rebelles, dissimulés dans une cache, et qui refusent de se rendre, sont abattus : Bechlaoui Youcef et Rhales Yahia, mousseblines de la fraction. Leurs armes sont saisies. D’autres caches sort découvertes, qui contiennent du blé et de l’orge Ces céréales sont récupérées pour être distribuées dans les villages.
Plus importante est l’opération du 30 août, qui met en oeuvre de gros moyens des secteurs de Bouïra, Palestro et Dra El Mizan, dans la Forêt de Moulay Youcef Yahia.
Le Chef de Bataillon Giraud commande le sous groupement "C" composé des 1ère, 2ème, 4ème Compagnies et C.C.A.S., plus un D.L.O. du 1/43ème R.A..
Le convoi démarre de Bouïra à 1 heure, prend en passant la 2ème Compagnie à Dra El Khemis, et arrive à 2 heures à la maison cantonnière de Khalous. Débarquement et progression à pied pour la mise en place du bouclage sur 989 (2ème Compagnie) à l'Est, en liaison avec le sous groupement "B". Première Compagnie sur 886, au centre. Quatrième Compagnie à l'Ouest, sur 7I2, Koudiat Menenni. Le P.C., le D.L.O. et la C.C.A.S. s’intercalent entre la 1ère et la 4ème Compagnie.
Les blindés d’escorte et les véhicules du convoi se regroupent au pont de la R.N.5 sur l’Oued Khalous. La mise en place est terminée pour 4 H 50.
Vers 5 heures, la section de protection des véhicules abat un individu qui tente de franchir la route.
Une trentaine de fellaghas, qui remontent le lit de l’Oued Khalous et se dirigent vers le bouclage, sont pris à partie, vers 9 H I5, par les armes automatiques de la 4ème Compagnie et le canon de 57 S.R. de la C.C.A.S.. Seuls, deux d’entre eux réussissent à franchir la crête, les autres tentent de se dissimuler sans les fourrés et arbustes du fond de l’oued.
Le sous groupement "B" est avisé de la situation. L’une de ses compagnies arrive, vers 11 H 30, dans la zone indiquée. Les accrochages se multiplient. Le canon de 57 S.R. de la C.C.A.S. abat un H.L.L. qui tentait de forcer le bouclage vers l'Ouest
La 2ème Compagnie, à partir de I4 heures, effectue un ratissage d’est en ouest, pour revenir vers la 4ème Compagnie.
L’individu, tué le matin par l’escorte sur la R.N.5., est identifié comme étant Taleb Amar, de Bou Isker. Fiché comme ravitailleur du F.L.N.., il portait sur lui, au moment de sa mort, une importante liste de produits pharmaceutiques à acheter.
Le résultat total de l’opération est de vingt et un tués et trois prisonniers. Deux P.M., trois fusils de guerre, quatre fusils de chasse, trois pistolets, des jumelles et des documents ont été récupérés. Parmi les morts, un sergent chef de la branche militaire et parmi les prisonniers, l’adjudant intendant de la Nahia.
Le Lieutenant Rio, officier de renseignements du bataillon, est affecté, à compter du 1er septembre, à la 4ème Compagnie, où le départ du Lieutenant Ribette, qui rejoint l’E.S.M.I.A., ouvre une vacance.
Il est remplacé dans ses fonctions par moi-même, son adjoint. Le Colonel de Carini, commandant le secteur, m’avait déjà confié, depuis le départ du Chef D’escadrons Boeuf, début mai, la responsabilité du 2ème bureau du secteur et de la ville de Bouïra.
Le 2 septembre, alors que les compagnies effectuent, chacune de son coté, le travail habituel de patrouilles -certaines sections à plus d’une heure de marche de leur base- le bataillon est mis en alerte, vers 9 heures, pour intervenir au profit du secteur de Palestro.
Les rames de camions et les blindés d’escorte sont poussés en un temps record vers Merkalla et Dra El Khemis.
À 10 heures, la C.C.A.S., la 4ème Compagnie et la section d’Irhorat, premières prêtes, rejoignent la maison cantonnière de Dra El Khemis, où elles retrouvent les 1ère et 2ème compagnies
Le D.L.O. du 93ème R.A.M. s’intègre au convoi au passage à Palestro.
Il s’agit d’intercepter une importante bande, repérée en début de matinée sur le Tricourbas.
Le débarquement s’effectue, à I3 H 20, à l’intérieur des gorges de Palestro. Les compagnies gagnent à pied le sommet de la falaise qui surplombe les gorges. Le bouclage prévu n’est pas en place. Le bataillon reçoit l’ordre de ne pas s’engager sur la ligne de crêtes au delà de la cote 360. La 2ème Compagnie atteint ce point, tandis que la 1ère reste en réserve près des mechtas. Le P.C., la C.C.A.S. et la 4ème Compagnie sont sur 30I.
Des rebelles sont repérés sur les pentes du Tricourbas. L’artillerie les prend à partie.
Le Commandant Giraud sollicite l’ordre de progresser rapidement vers le sommet du Tricourbas, en direction duquel les fellaghas se replient.
Il est I5 heures. L’autorisation est refusée.
Le 22ème resserre son dispositif. La 2ème Compagnie avance jusqu’à 440. Le P.C. et la 4 prennent position sur 360, la 1ère Compagnie sur 30I.
À I6 h 30, l’ordre d’avancer est enfin donné.
La 2ème Compagnie progresse vers 593, sous le feu des fellaghas qui occupent le sommet. Une mission de T.6 largue des bidons de napalm et mitraille l’arête rocheuse.
La 2ème Compagnie et la section d’Irhorat reprennent le mouvement. De nouveaux adversaires se dévoilent, sur une barre rocheuse qui domine, à l'Ouest.
L’aviation mitraille de nouveau. Pendant le mitraillage, la 2ème Compagnie a continué d’avancer en direction du sommet du Tricourbas. Ses éléments de tête ont entendu siffler de très prés les ricochets et les éclats de roches. La 4ème suit, pas à pas, derrière la 2.
À 18 H 40, la 2ème Compagnie occupe le sommet de 593. Au moment où elle repart de l’avant, ordre est reçu de s’arrêter sur place pour permettre la fouille du versant Nord de l’Oued Tarzout.
La nuit qui tombe arrête la fouille.
Un nouveau tir d’artillerie est déclenché sur le sommet et le flanc Nord du Tricourbas, d’où partent encore quelques coups de feu.
La nuit est complètement tombée.
Par les sentiers de chèvres, dans l’obscurité, les compagnies rejoignent les véhicules. Retour à Bouïra.
Remise en condition des compagnies les 3 et 4 septembre. La 4ème Compagnie est mise, le 4, à la disposition du 7ème Hussards.
Trente sept recrues, provenant du centre d’instruction du 6ème B.C.A., à Grenoble, rejoignent le corps. Le Capitaine Janselme, arrive pour remplacer, dans les fonctions de Capitaine major, le Capitaine Isac, arrivé en fin de séjour
Et l’on repart pour une opération qui couvre les douars Metenan Harchaoua, Soufflat, Maghraoua et Mihoub.
Le 22ème B.C.A., sous les ordres du Commandant Giraud, met en ligne quatre cent trente hommes, dont quatre vingt sept harkis, des 1ère, 2ème, 4ème Compagnies, de la C.C.A.S. et de la section à Irhorat. Le D.L.O. est fourni par le 1/93ème R.A.M..
Le débarquement a lieu à O H 30, au poste de Laghiat. Le sous groupement Chaquin (1ère et 2ème Compagnies) se met en place sur 606, Djebel Sertouet, 736, 776 et 77I.
Le sous Groupement Giraud (C.C.A.S., section d’Irhorat et 4ème Compagnie) rejoint 65I, 683 et 540.
Mise en place terminée
Les blindés du 3/I9ème R.C.C. patrouillent dans la vallée de l’Oued Soufflat.
En début d’après midi, un groupe important de rebelles est aperçu sur la ligne de crêtes 802, 8I7. Un tir d’artillerie est demandé, qui ne peut être accordé, en raison de la présence de l’aviation au dessus de cette zone. Les fellaghas se scindent en deux groupes, qui s’enfuient, l’un vers le Nord, l’autre vers le Sud.
Les blindés du 3/I9ème R.C.C. rejoignent le 22ème B.C.A. et s’avancent vers les cotes 802, 8I7 et 849, qu’ils occupent à I7 H 25
Le peloton du 1/19ème R.C.C. rejoint le poste de Laghiat.
Dans la soirée, une sentinelle de la 1ère Compagnie ouvre le feu sur un individu qui réussit à s’échapper dans la nuit
Le 6 septembre, à 6 heures, les 1ère et 4ème Compagnies se dirigent vers le flanc ouest du Djebel Sertouet, qu’elles doivent fouiller. La patrouille du I/I9ème R.C.C. ratisse de nouveau la vallée de l’Oued Soufflat.
La section d’Irhorat (sous Lieutenant Beauvais) découvre, vers 9 H I5, des traces de passage, orientées Sud - Nord, et s’installe à 10 heures sur les cotes 754 et 7I6, d’où elle assure la protection du 1er B.E.P. qui fouille les Oueds Matmar Et Brahale.
La 1ère Compagnie accroche, abat trois fellaghas et récupère deux armes.
Le 1/I9ème R.C.C. fait un prisonnier
Le ratissage continue.
En cours d’après midi, la 4 découvre deux caches à grains (500 kilos d’orge), qu’elle détruit, puis trois autres caches, vides, et ouvre le feu sur un fuyard
Les positions occupées le soir précèdent sont rejointes pour une nouvelle nuit à la belle étoile
Le 7 septembre, le bataillon, embarqué sur véhicules, est transporté sur les crêtes 807 et 802, qui dominent l’Oued Beni Aaoucha. La mise en place est terminée à I2 heures.
Au cours de la fouille de l’oued, quelques caches sont détruites, deux suspects arrêtés. Un chasseur de la 4ème Compagnie, victime d’une chute, se fracture une cheville. Il est évacué sur un des chars du 3/3/19ème R.C.C..
Le 22ème B.C.A. est regroupé à la Ferme Sainte Odette pour la nuit La 4ème Compagnie monte des embuscades au Sud du village de Thiers.
D’importants résultats ont été obtenus pour ]’ensemble de l’opération, bien qu’il ne se soit rien passé, ou presque, dans la zone tenue par le bataillon.
Retour à Bouïra le 8 septembre dans l’aprés midi. Les travaux embuscades et patrouilles de routine reprennent de plus belle.
Le Général Allard, commandant le Corps d’Armée d’Alger, inspecte le secteur de Bouira, le I2 septembre. La 4ème Compagnie rend les honneurs. La garde du fanion du bataillon est assurée par la 2ème Compagnie
Le Capitaine Motte, venant du centre d’instruction du 6ème B.C.A., rejoint le bataillon. Il est maintenu à la disposition du chef de corps.
Le bataillon au complet, 59I hommes dont 88 harkis, renforcé par le P.I.S.T. et le 3/19ème R.C.C., procède, le I4, à une fouille détaillée des Oueds Bou Bsri et Bou M’charof.
Cette opération est destinée à couvrir la mise en place d’un nouveau poste à Guendour, sur la colline 678, au Nord du village.
C’est la Section Beauvais, de la 3ème Compagnie, implantée à Irhorat depuis la restauration de l’école, qui est chargée de la création de ce nouveau point d’appui.
La pacification du Douar Haïzer est en effet parvenue à un point tel que son administration peut être remise à un officier S.A.S., dont la capitale administrative est tout naturellement Irhorat.
L’opération, commencée à 2 heures du matin, est terminée au début de L’aprés midi. Les ravins du Bou M’charof et de l’Oued Bou Bsri ne présentent aucune trace d’occupation récente, même par des isolés.
Le Capitaine Gibot prend, le I5, le commandement de la C.C.A. Les jours suivants sont consacrés, dans toutes les compagnies, à la préparation matérielle du référendum du 26 septembre.
La 4ème Compagnie met, le I8, trois sections à la disposition du 3/I9ème R.C.C.. Les 1ère, 2ème, 4ème et C.C.A.S., participent au cours de la nuit du I9 au 20, à une opération de contrôle de la population de la ville de Bouïra, organisée par le 2ème bureau du secteur, avec la participation de la gendarmerie, de la P.J., de la police d’état et des renseignements généraux. Cinq mille personnes sont contrôlées, et leurs identités vérifiées.
Pour célébrer l’anniversaire du combat de Sidi Brahim, deux prises d’armes se déroulent le 23 septembre.
La première, à 8 H 30, sur l’aire du nouveau poste de Guendour, tenu par la 1ère section de la 3ème Compagnie. La 3, au complet, rend les honneurs à l’arrivée du chef de corps, qu’accompagne le Capitaine Mairet.
La population du village et des hameaux voisins assiste, nombreuse, à la cérémonie. Après la présentation du fanion, le Commandant Giraud remet la Croix de la Valeur Militaire à dix gradés, chasseurs et harkis.
Seconde cérémonie à 10 heures à la Ferme Porcher.
Les honneurs sont rendus à l’arrivée du Colonel de Carini, commandant le secteur de Bouïra. À l’issue de la cérémonie aux couleurs, le colonel, qu’accompagne le Commandant Giraud, passe le 22ème B.C.A. en revue.
Il procède ensuite à une remise de décorations. l’Adjudant Chevalier et le Sergent Chef Patrat reçoivent la Médaille Militaire. Vingt six gradés, chasseurs et harkis, et parmi eux le Chef de Bataillon Giraud, les Capitaines Mairet et Gibaud, le médecin Lieutenant Florette et le sous Lieutenant Bureau, sont décorés de la Croix de la Valeur Militaire.
Un repas de corps réunit à midi, à la popote de la Ferme Porcher, les cadres du bataillon et leurs invités.
Bien qu’il ne dépende du bataillon que sur le plan administratif le P.I.S.T. lui apporte un appoint opérationnel important. Il contrôle l’ancien sous quartier de la 2ème Compagnie, dans lequel il procède à l’instruction au combat de ses stagiaires, et, d’autre part, il fournit une compagnie supplémentaire aux opérations de quartier et de secteur.
Pour le 24 septembre, son programme d’instruction prévoit une reconnaissance au Tizi N’cennad.
Les sections, en marche d’approche non couverte, quittent Tikjda à 2 h 30, en direction du Tiet El Serdount, par la route qui mène au Lac Goulmine. Le mouvement s’effectue assez lentement, eu égard à la nuit très obscure. Le Tiet El Serdount est atteint à 5 H 27. Une pose d’une demie heure est effectuée.
Il fait encore nuit.
Le Capitaine Jay, qui commande le P.I.S.T. donne l’ordre à la section de tête de gagner la crête qui domine le col.
Les éclaireurs sont sur le point d’atteindre le sommet, lorsque le groupe d’appui, resté en position derrière eux pour couvrir leur avance, entend parler en français, à courte distance. Le Capitaine Jay, qui est avec le groupe d’appui, devine, dans la pénombre, à une cinquantaine de mètres, deux silhouettes en tenue militaire, coiffées d’un calot. Distinctement, une phrase est perçue : "C’est vous, les gars du 7ème ?"
Les deux hommes avancent vers le groupe d’appui.
À voix basse, le capitaine donne l’ordre de n’ouvrir le feu qu’à très courte distance. Ils obliquent soudain et disparaissent dans le ravin de l’Oued N’chria.
Les éclaireurs arrivent à quelques mètres du sommet. Ils sont accueillis par un feu nourri d’armes automatiques et individuelles. Le Caporal Philippon, du I37ème R.I., reçoit une balle dans le bras gauche.
Le 22ème B.C.A., puis le P.C. du secteur, sont alertés par radio. Les 2ème et 3ème Compagnies, le 3/I9ème R.C.C., les sections lourdes de la C.C.A.S. sont dirigées vers les lieux de l’accrochage. Un appui aérien, observation et chasse, est demandé à la division.
Pendant ce temps, le P.I.S.T. organise ses positions et continue son combat.
Dans le jour qui se lève, chaque mouvement provoque des tirs très ajustés, qui proviennent de l’arête sommitale du Tizi N’cennad. Le Caporal Hubert Engel, stagiaire du 7ème B.C.A., est atteint d’une balle à la tête, alors qu’il effectuait un changement de position.
Les renforts arrivent.
Les blindés du 3/I9ème prennent position pour appuyer le mouvement par leur feu. La 2ème Compagnie, qui progresse vers 1971, est soumise à un feu violent depuis le versant ouest du Tizi Guessig. Le Chasseur Yves Bouche et le Harki Oulmi Saïd sont blessés.
Les fellaghas se replient, tout en tiraillant, devant le P.I.S.T. qui progresse sur la crête. Le Caporal Bothorel fait une chute dans les rochers et se blesse accidentellement de deux balles de son P.M..
La 2ème Compagnie fouille le Massif Du Tizi Guessig que les rebelles ont évacué. Elle découvre trois cadavres et deux armes de guerre, dont un fusil semi automatique. Les rochers du Tizi Guessig sont truffés de trous individuels organisés pour le combat et repos.
Un hélicoptère, qui amène l’O.R., vient chercher les blessés sur une D.Z. que la 3ème Compagnie a aménagée sur 1971. Le corps du Caporal Engel sera redescendu jusqu’à l’infirmerie du secteur par un char du 3/19ème R.C.C..
La Katiba de la Nahia du Kouriet avait déjà été sérieusement corrigée la veille, sur le versant Nord de la montagne, par le 7ème B.C.A.. Réfugiée sur les sommets, elle avait cru avoir toujours affaire au même adversaire.
La journée du 25 est consacrée aux ultimes préparatifs du référendum qui commence le lendemain.
Les instructions reçues sont les suivantes :
- Mettre en place les bureaux de vote et en assurer la protection.
- Procéder au ramassage et au transport des populations éloignées de ces bureaux.
- Permettre, dans le calme, le déroulement des opérations de vote.
- Interdire au F.L.N. d’empêcher les populations de voter. Lui interdire également d’exercer des sévices ou représailles à l’encontre de ceux qui auraient pris part au vote.
Le bataillon a reçu le renfort d’une compagnie du Centre d’Instruction du Train N° I60, de Beni Messous. Les sections en sont réparties entre les 1ère, 2ème et 3ème Compagnies, pour assurer la défense statique des postes, tandis que ces compagnies se chargeront de la sécurité des bureaux de vote et des villages du quartier.
La 2ème Compagnie assume la protection des douars Errich et Innesmane, par couverture sur les crêtes au Nord de ces douars.
La 4ème Compagnie fournit deux sections de renfort au poste de Guendour, et deux autres au poste d’Ain Allouane.
Le 3/I9ème R.C.C., quant à lui, patrouille sur la R.N. 5, entre la maison cantonnière de Dra El Khemis et le village d’Aomar.
Le bureau de vote d’Irhorat est installé à la S.A.S.. Pour le sous quartier du P.I.S.T., il est au village de Tikjda.
À la 1ère Compagnie, quatre bureaux : Merkalla Haut, Merkalla Bas, Innesmane et Tassala.
La 3ème Compagnie contrôle les bureaux de Guendour, Sélim et Aïn Allouane.
La C.C.A.S. a la charge de Sidi Salah et du Ras Bouïra.
Dans le sous quartier de la 4ème Compagnie, à El Esnam, les opérations de vote ne sont prévues que pour le 27 septembre.
À aucun moment, le F.L.N. n’aura la possibilité d’intervenir dans le déroulement des opérations. Tout se passera dans le calme.
À Tikjda, il a fallu expliquer et confirmer aux hommes qu’ils étaient entièrement libres de voter suivant leurs convictions.
Difficultés à Sélim. Les femmes se font les porte parole de la population et expliquent au Capitaine Chaussier le refus de voter par la crainte de représailles de la part des rebelles. Il est vrai que Sélim est le seul village du Douar Haïzer exposé, de par sa situation excentrique, à recevoir régulièrement la visite des fellaghas. Il y subsiste d’ailleurs un petit groupe de mousseblines.
Dans le courant de L’aprés midi, l’O.R, se rend à Sélim pour discuter avec les notables du village. La chikaia se prolonge. Il en ressort cependant que..."Si un poste était installé à Sélim." ou.., "Si le village était évacué et regroupé sous la protection d’un poste..., la population, rassurée, accepterait de voter.
Un compte rendu est immédiatement transmis à la division, qui, en fin d’après midi, transmet l’ordre de regrouper la population du village à proximité de la S.A.S. d’Irhorat.
La 3ème Compagnie installe des embuscades pour la nuit autour de Sélim.
En cours d’après midi, deux sections du P.I.S.T. ont été transportées en hélicoptère à Takerboust, où le 50ème R.A. éprouve des difficultés.
Le 27, dès 7 heures, la 3ème Compagnie, renforcée d’une patrouille d’A.M. du 3/19, et qui a reçu dix G.M.C. pour procéder au déménagement, effectue le transport des habitants de Sélim et de leurs biens, jusqu’à la S.A.S. d’Irhorat, où les chasseurs du 22ème B.C.A. et les hommes du C.I.T. I60 ont installé un camp de tentes.
L’aprés midi se passe en discussions passionnées entre les notables de Sélim, l’officier S.A.S. et les notables des villages déjà ralliés, pour déterminer la procédure du vote.
Dans le sous quartier de la 4ème Compagnie, tant à El Esnam qu’aux Goumgoumas ou à l’Oued Ed Douss, tout s’est passé dans le calme et la bonne humeur.
Pour les Douars Haïzer et Innesmane, 85,8 % des inscrits ont voté. Le dépouillement des bulletins donne 96,8% de OUI, 3,2% de NON.
À Irhorat, les gens de Sélim votent le lendemain, après avoir reçu la visite du sous préfet et du colonel commandant le secteur.
Lors du dépouillement, le chef de village constate qu’il y a huit bulletins nuls. Il va alors trouver l’officier S.A.S. et lui demande de faire procéder à un nouveau scrutin.
"Du moment qu’ils sont tous là, dit-il, ils doivent tous voter OUI ! "
Le lieutenant a bien du mal à lui expliquer ce que c’est qu’un vote en pays démocratique.
Dans le quartier du 50ème R.A., où il possède encore une solide implantation, le F.L.N. a interdit à la population de se rendre aux urnes.
Le 22ème B.C.A. est donc chargé, le 28 septembre, de la protection des centres de vote de la région de Saharidj - Illilten.
Dés la mise en place, vers 8 heures, la 3ème Compagnie, les commandos et la 3ème Batterie du 50ème R.A. qui se dirigent vers Aril Hammad, sont pris sous le feu des fellaghas.
La 3ème Compagnie progresse vers 734, où elle reçoit de nouveaux tirs. La 2ème Compagnie, qui aborde le village de Beni Ouilbane est assaillie par un groupe de femmes en état d’hystérie collective. Le Chasseur Jean Brossard est grièvement blessé par cette bande de mégères déchaînées, le Chasseur Georges Génardi et le Capitaine Gaston sont plus légèrement atteints. Il faut toute l’autorité du Capitaine Gaston pour éviter un affrontement sanglant et ramener le calme dans le village.
Les pièces du 50ème R.A. effectuent des tirs sur les emplacements de combat rebelles.
La 2ème Compagnie rejoint le P.C.. Elle reçoit l’ordre de fouiller le terrain bombardé par l’artillerie. En début d’après midi elle abat un fellagha. Un peu plus loin elle trouve un cadavre, touché par l’artillerie, et récupère les deux armes.
Le P.I.S.T., de son coté, a éprouvé quelques difficultés à Beni Hammad, mais tout est rapidement rentré dans l’ordre.
Les populations du Douar Ouakour se sont retrouvées aux bureaux de vote, conscientes de l’impuissance du F.L.N.. Elles ont voté, donnant une majorité écrasante de OUI. À peine moins que dans les villages, depuis longtemps ralliés du Douar Haizer.
Le médecin Lieutenant Florette, quitte le 22ème B.C.A. pour une nouvelle affectation Outre Mer. Il est remplacé, dans le poste de médecin-chef du bataillon par le Médecin Lieutenant Pierre Marty.
Octobre
Le sous Lieutenant Beauvais, "Maalem" du poste de Guendour après l’avoir été du poste d’Irhorat et de sa harka, et dont le prestige est grand dans les villages de la plaine d’Haïzer, quitte le bataillon le 1er octobre pour rejoindre le C.I. 22 à Nice.
La situation en ce début d’Octobre est calme dans tout le quartier du 22ème B.C.A.. Bien entendu, les embuscades et les patrouilles ne perdent rien de leur intensité, non plus que l’instruction des harkis aux armes les plus variées.
Ce calme est mis à profit pour améliorer les installations matérielles des postes. La C.C.A.S. construit de nouveaux locaux, la 2ème Compagnie peaufine son installation, tout en effectuant, le 5 octobre, avec l’appui du 3/I9ème R.C.C., une reconnaissance en Forêt Des Ksars.
À Tikjda, l’examen de fin de stage du P.I.S.T. se déroule les 6, 7 et 8 octobre, nécessitant la protection des convois qui emmènent les anciens et amènent de nouveaux stagiaires pour le peloton qui commence le 9.
Tout cela par un "gros mauvais temps qui règne depuis le 6. Les pistes deviennent rapidement impraticables aux véhicules.
La 2 patrouille en forêt de Bouïra et dans le Douar Errich. La 3 encadre et protège une exploitation de coupe de bois par les habitants de son sous quartier. Elle récupère, dans une grotte de la Vallée d’Aougni, quatre fusils de chasse de calibre I6, quatre canons et sept crosses de fusil, deux revolvers à barillet, de la mèche lente et divers accessoires, le tout en mauvais état.
Le 11 octobre, sur le terrain d’aviation de Bel Air, se déroule la prise d’armes de passation de commandement du I9ème R.C.C. et du secteur de Bouïra, entre le Colonel de Carini et le Colonel Lamarque d’Arrouzat. Prise d’armes présidée par le Général Faure, commandant la 27ème Division d’Infanterie Alpine.
Le Chef de Corps, le fanion, les 2ème, 3ème Compagnies et la C.C.A.S. prennent part à la cérémonie. Au cours de la remise de décorations qui suit la prise d’armes, dix gradés et chasseurs du bataillon reçoivent la Croix de la Valeur Militaire.
Le lendemain, le convoi de la 3ème Compagnie, que commande le Lieutenant Trouillet, découvre une coupure de route, peu avant le pont de Sélim. Quelques mètres plus loin, l’équipe de protection détecte une mine confectionnée avec deux obus de I05. Leur destruction est effectuée sur place, et la coupure réparée.
Tandis que le convoi remonte vers Aïn Allouane, le Lieutenant Trouillet rejoint la maison cantonnière de Dra El Khemis, P.C. de la 2ème Compagnie dont il va assurer le commandement pendant l’absence du Capitaine Gaston, qui part en permission.
Le bataillon, qui, avec le 3/I9ème R.C.C., forme le sous groupement "Bouïra", aux ordres du Chef de Bataillon Giraud, participe, du I3 au I6 octobre, à une opération de grande envergure, commandée par le Général Faure, dans la région des Douars Ittourar et Illoula Ou Malou, au Nord du Djurjura.
Le 22ème B.C.A. met sur pied trois cent quatre vingt dix huit hommes, dont cinquante six harkis, des 1ère, 2ème, 4ème Compagnies et C.C.A.S.
Départ de Bouïra, le I3, à 4 heures.
Arrivée à 8 H I5 au col de Tirourda, après remise en état de la route, proprement coupée cinq cents mètres avant le col.
La 4ème Compagnie rejoint et occupe les sommets de I956 et I962 qui dominent le col à l'Ouest. La 2ème Compagnie s’installe au marabout de l’Azerou N’tohor (I884). Le P.C. et la C.C.A.S. sont, en l837. sur la piste des crêtes qui rejoint le Col De Chellata.
La 1ère Compagnie descend vers le village de Tirourda.
À 10 H 30, la 4 rend compte qu’elle intercepte une conversation en langue arabe sur S.C.R. 300, fréquence 9.
En début d’après midi, la 1ère Compagnie reçoit l’ordre d’occuper le Village De Tizit. Elle est remplacée à Tirourda par une compagnie du 6ème B.C.A.. la 2ème Compagnie doit surveiller la progression de la 1ère et intervenir à son profit, le cas échéant.
Au cours du mouvement, vers I7 H 30, la 1ère Compagnie reçoit quelques rafales de fusil mitrailleur, tirées de très loin. Elle atteint Tizit à I8 heures 30, et s’y organise.
Plus au Nord, le 3ème R.P.C. accroche sérieusement.
Le 6ème B.C.A. relève la 2 au marabout de I884. Celle ci se replie pour assurer la liaison avec la C.C.A.S.. Les sections s’organisent en points d’appui pour la nuit.
La 4ème Compagnie resserre son dispositif et implante des embuscades au collet ouest du Col De Tirourda.
Il semblerait en fin de journée, que les bandes F.L.N. accrochées à plusieurs reprises par les unités de fouille refluent vers la ligne tenue par le bataillon.
La nuit est très claire et se passe sans incident.
Dés 6 heures du matin, la 4 regagne ses emplacements de la veille. La 2ème Compagnie rend compte qu’elle passe sous commandement du 3ème R.P.C., et demande à être ravitaillée.
Plusieurs accrochages se développent vers l'Est.
La 1ère Compagnie est relevée à Tizit, par le 6ème B.C.A.. Elle revient sur ses positions de la veille, escortée par les blindés du 3/19ème R.C.C..
À I4 h 45, la 2ème Compagnie se trouve sur I493 et se dirige vers le village d’Aït Sider, où elle parvient à I6 H 55. Elle passe alors sur le réseau radio du 3ème R.P.C.
La 1ère Compagnie, qui a rejoint I524 et la crête, a été ravitaillée par la Section Escorte de la C.C.A.S..
Deuxième nuit calme passée sur place. Seul incident : une sentinelle de la 2ème Compagnie abat un individu qui tentait de pénétrer dans son dispositif.
Le I5, au réveil, une section de la 4 est dirigée vers la coupure de la route du col pour remise en état.
Le 3ème R.P.C. transmet à I3 heures au P.C. du bataillon l’ordre de prendre le dispositif suivant : P.C. au village d’Aït Sider - une compagnie à Azerou - les deux autres à Taourirt.
Reprises par camions, les compagnies débarquent au poste d’Iferounene, tenu par le 6ème B.C.A.. La 4ème Compagnie procède à la fouille de Taourirt. La 2 est reçue, aux abords d’Azerou, par quelques coups de feu, et occupe le village que les tireurs ont rapidement abandonné. La 1ère Compagnie s’installe à Takhlicht Hiadadene.
Pour la nuit, les compagnies constituent des points d’appui dans les villages.
Nuit calme.
Relevé sur ses positions, le 22ème B.C.A. se regroupe au poste d’Iferounene.
Retour à Bouïra au cours de l’après midi du I6.
Si le résultat, un rebelle tué par le bataillon, peut paraître décevant pour une opération de cette durée, le bilan global, principalement réalisé par les unités d’intervention, est très important.
Pendant ce temps, une reconnaissance de la 3ème Compagnie, à qui la garde du quartier du bataillon a été confiée pour la durée de l’opération, relève, le I3, à proximité de la coupure de route repérée la veille, une mine constituée par un obus de mortier de 8I, qui est détruit sur place.
Le I5 octobre, un habitant d’Aguercif est découvert égorgé en bordure de piste à un kilomètre de la Ferme Porcher.
La rumeur publique et les renseignements obtenus des habitants d’Aguercif et de Sidi Salah mettent en cause le commissaire politique de la fraction, qui, malgré les patrouilles et les embuscades, continue de sévir dans le douar.
Son nom avait été déjà prononcé lors de l’enlèvement de Saïd Belaidi, au cours de la nuit du I7 au I8 août.
Il a été depuis parfaitement identifié. Il se nomme Sarri Mohamed, originaire du village d’Halouane, dans le Douar Innesmane, surnommé "Si Mohand Halouani".
Il se déplace seul, uniquement de nuit, ne visitant que les mechtas isolées. Il exige de son hôte la nourriture, l’argent... et la femme. L’homme trouvé égorgé avait refusé de se plier à ses exigences.
Ses habitudes et sa zone d’activité ainsi déterminées vont permettre à l’O.R, de resserrer le réseau d’embuscades, à base de harkis tendu chaque nuit, et qui finiront bien un jour...
Deux journées de remise en état du matériel et du personnel, et le bataillon repart pour une nouvelle opération d’importance, qui met en oeuvre des unités des secteurs de Bouïra, d’Aumale, du Constantinois, et des régiments parachutistes.
Il s’agit de traiter la région du Zaalellou, Oued Sidi Aissa, Beni Ouaggag, où se trouve la base rebelle de "Tanger" : Opération Brumaire I.
Le 6ème Régiment de Parachutistes Coloniaux, que commande le Colonel Ducasse, est déjà à pied d’oeuvre lorsque le convoi arrive, le I9, à 6 heures du matin, à proximité de la gare de Maillot, où le P.C. opérationnel a installé une base d’hélicoptères.
Le 22 est maintenu en réserve opérationnelle, prêt à être héliporté, tandis que le 6ème R.P.C., qui s’est infiltré à l’intérieur de la "Montagne en Anneau", accroche un peu partout, principalement aux abords de l’Infirmerie et de "Tanger".
Dans l’après midi, les compagnies du 22ème B.C.A. sont dirigée par camions sur Tamziabt, d’où elles progressent à pied vers leurs positions de bouclage et de bivouac pour la nuit.
P.C. à la cote 568, 2ème Compagnie sur 640, 1ère et 4ème sur le Djebel Bou Kraled. Le 3/I9ème R.C.C., qui occupait déjà cette position, passe, pour la nuit, sous les ordres du commandant du 22.
Nuit calme pour le bataillon.
Mais on entend, venant du Zaalellou, les tirs sporadiques des embuscades du 6ème R.P.C., sur lesquelles viennent buter les groupes rebelles qui cherchent à forcer le bouclage.
Au petit jour, la 1ère Compagnie se déploie jusqu’à la cote I060, à l'Est. La 4ème Compagnie s’aligne, vers l'Ouest, sur la 1ère (9I9). Les deux compagnies reçoivent la mission de fouiller le terrain jusqu’à l’Oued Guergour.
La 2, pour sa part, se porte sur 685, où elle découvre quatre cadavres, en vêtements civils, sans armes.
La 1ère Compagnie trouve des emplacements de combat, des débris de repas, des vêtements et des pataugas abandonnés par les H.L.L.. Les traces de fuite se dirigent vers le Sud.
Peu après, elle prend contact avec les éléments du Constantinois qui occupent I050, et continue sa fouille jusqu’aux cotes 9I9 et 798, qu’elle atteint à 11 H 10. Sur son parcours, elle a découvert et détruit des emplacements de combat qui dominaient le col.
La 4ème Compagnie, toujours alignée sur la 1ère, n’a rien trouvé au cours de sa progression. La 2ème Compagnie vient, à son tour, prolonger la ligne, à l'Ouest de la 4ème, sur le Bou Kraled.
Le Colonel Ducasse, commandant le 6ème R.P.C., se rend en hélicoptère au P.C. du Commandant Giraud.
Le bataillon reçoit l’ordre de rejoindre le lieu de stationnement des véhicules pour le bivouac de la nuit prochaine. Le mouvement s’effectue, à partir de I5 heures, dans l’ordre : 1ère Compagnie, P.C., 2ème Compagnie, 4ème Compagnie, tandis que les blindés de la section d’intervention de la C.C.A.S. poussent une reconnaissance sur la piste d’Iril N’aït Ameur.
Le 3/I9ème R.C.C. repasse sous les ordres directs du 6ème R.P.C
Le 22ème B.C.A., regroupé, s’installe pour la nuit, alors que le convoi de ravitaillement, parti en début d’après midi pour Bouïra rejoint le bivouac.
Nuit calme.
Dés 5 h 20, le 2I, le bataillon, repris en véhicules, se dirige vers le Zaalellou. Débarquement à 6 h 15, à un kilomètre ouest d’Iril N’aït Ameur. Puis progression vers le col 80I, dans l’ordre : 4ème, P.C., 1ère, 2ème.
Le col est atteint à 7 H 30. Le Commandant Giraud y reçoit du Colonel Ducasse l’ordre d’effectuer la fouille du terrain. Il installe son P.C. sur 96I.
La 4ème Compagnie atteint I062. La 1ère prend place entre le P.C. et la 4, la 2ème entre la 1ère et le col 80I.
La fouille commence à 8 h 45, en direction du Sud est. Ce terrain a été parcouru dés le premier jour par les compagnies du 6ème R.P.C. en action de combat. Il s’agit maintenant de passer la région au peigne fin pour en détruire l’infrastructure.
Dés le départ, la 1ère Compagnie découvre des gourbis en branchages, contenant divers outils et les incendie, puis une cache souterraine pouvant abriter une dizaine d’hommes.
La 2ème Compagnie trouve un silo contenant quarante cinq kilos d’orge, qu’elle détruit, puis, un peu plus tard, une nouvelle cache avec des vêtements, des pataugas et des outils.
La 4ème met à jour quatre cadavres récents, enterrés dans une faille rocheuse.
La fouille est terminée à I4 h I5. Le bataillon reçoit l’ordre de rejoindre ses véhicules et de regagner Bouïra.
L’opération s’est déplacée vers le Sud, dans le secteur d’Aumale.
Le 22ème B.C.A. n’a pas été engagé directement dans cette affaire au cours de laquelle le 6ème R.P.C, injecté d’entrée au centre du dispositif rebelle, a accroché à plusieurs reprises les éléments de la 1ère Compagnie du "Bataillon de Choc" et de la Katiba 322, qui occupaient "Tanger", provoquant leur éclatement en petits groupe et leur faisant subir des pertes.
Les bâtiments, infirmerie et réserves de la base rebelle ont été détruits. De nombreux documents très importants ont été saisis.
Les unités du Constantinois ont, de leur coté, abattu un certain nombre de fellaghas qui cherchaient à s’enfuir vers l'Est.
Celles du secteur d’Aumale, commandées par le Général de Maison Rouge ont intercepté la Katiba 322 en fuite et lui ont causé de sérieuses pertes.
Pour l’ensemble de l’opération, plusieurs dizaines de rebelles tués ou prisonniers, un nombre important d’armes récupérées.
Pendant que se déroulait cette opération, une patrouille de la 3ème Compagnie découvrait une coupure de route à trois cents mètres à l'Ouest du pont de Sélim. Des traces de pataugas se dirigent vers le village. La coupure est réparée par une équipe de la compagnie.

Les jours suivants sont consacrés à la remise en état du matériel.
Le capitaine commandant la 3ème Compagnie commence à récolter quelques renseignements sur la coupure de route de la veille. Le 23 octobre, un half track de l’escorte du convoi de Tikjda provoque la mise à feu d’un engin constitué par un obus de fonte aciérée de 75, bourré de poudre de fabrication locale. Dégâts insignifiants au véhicule.
L’enquête sur tous ces incidents : coupures de route et mines des I2, I3, 2I et 23 octobre, révèle que des habitants de Guendour ont participé, sous la contrainte, à ces exactions. Le Commandant Giraud prend la décision de regrouper le village et les mechtas isolées dans la cuvette que domine le poste.
Le 25 octobre, à zéro heure, le bataillon, sous les ordres du Commandant Giraud, reprend la route. Cette fois-ci en direction d’Akbou, et par une nuit très sombre et très froide. La pièce qui va se jouer s’intitule "Brumaire".
Les 1ère, 2ème, 4ème Compagnies et C.C.A.S. mettent en ligne quatre cent dix hommes, dont 70 harkis. Elles sont renforcées d’un D.L.O. du 50ème R.A. et d’une équipe cynophile à quatre chiens.
Après une montée rendue encore plus lente par l’obscurité et le brouillard, les compagnies débarquent au Col des Chènes. Le 3/I9ème R.C.C., qui suivait le convoi du 22, continue vers le Col De Chellata. Les véhicules vides se regroupent au poste de Tizi N’sli.
Il fait encore nuit noire.
La 4ème ouvre la route sur la piste très étroite qui grimpe entre les rochers vers le Tizi Beni Zikki, P.C. et C.C.A.S. derrière elle.
La 2, que commande le Lieutenant Trouillet, contourne I268 et I520 par l'Est.
La 1ère, dont un camion a été accidenté dans la descente de Merkalla, n’a pas encore rejoint.
À 8 heures, la C.C.A.S et le P.C. occupent I520, la 4ème Compagnie a pris position sur I456, I474 et 1514, la 2ème Compagnie sur 1532 et 1427.
La 1ère Compagnie rejoint à 10 H 30 et s’installe à l'Est de 1520.
Le ciel est toujours couvert de nuages bas. Une petite pluie fine très froide, un vrai crachin breton, tombe par intermittence. Les liaisons radio sont de très mauvaise qualité.
La I3ème D.B.L.E. ratisse le Col du Beni Zikki, du Sud est au Nord ouest. La 2ème Compagnie pousse une section sur I455, en surveillance. Vers I5 h 30, quatre fellaghas sont aperçus sur 1312. La 2 lance une patrouille à leurs trousses. Brève poursuite suivie d’un rapide accrochage : deux prisonniers armés, l’un d’une baïonnette, l’autre d’un P.A..
Le P.C. et la C.C.A.S. se sont avancés jusqu’à I532. La 1ère Compagnie fait mouvement sur l’Azerou N’aït Zikki et occupe I635.
Entre temps, les conditions atmosphériques sont devenues franchement mauvaises.
Les sentinelles, dans la nuit tombée très vite, et tout de suite très noire, sous une pluie ininterrompue et glaciale, auront sans doute passé là, les plus pénibles heures de leur existence.
Les dormeurs..!.., allongés sur place, à même les rochers, sous la protection illusoire de la toile de tente, grelotteront toute la nuit, trempés et transis.
Quelques coups de feu crèvent l’obscurité, tirés sur des fellaghas qui tentent de s’infiltrer entre les postes de garde. Une demie douzaine d’entre eux, surgis de l’ombre et du brouillard réussissent à passer entre I562 et I565, vers six heures du matin.
Les liaisons radio sont devenues totalement impossibles.
Il pleut toujours.
Le bataillon reçoit enfin l’ordre de se regrouper sur I520, et, un peu plus tard, de regagner le village de Chellata, où il arrive à I7 heures.
Cantonnement dans le village. Enfin du feu, un repas chaud, et une nuit sous un toit, fut-il de "diss".
Le 27, le temps est toujours mauvais. Le bataillon effectue une opération limitée, à l‘est du Col des Chènes
La 2ème Compagnie fouille les pentes Sud et est de I272, puis prend position sur la crête qui descend vers I075. La 1ère Compagnie ratisse le ravin qui sépare I047 de I075. La 4ème Compagnie opère entre I083 et I075.
Le P.C. et la C.C.A.S., sur I083, dominent la route.
Vers midi, le ciel s’est un peu dégagé. Le casse croûte est sorti des sacs, lorsqu’une rafale de fusil mitrailleur fait sursauter les gens du P.C.. Un poste de la C.C.A.S. vient de tirer, sans l’atteindre, sur un H.L.L. en tenue de combat, qui, tranquillement, suivait la route.
L’homme plonge dans le ravin. L’officier de renseignements prend la tête d’une patrouille et suit la piste. Aux abords de 979, il récupère la veste du fuyard, et, dans les poches de la veste, un carnet qui contient de précieux renseignements sur l’organisation locale F.L.N..
Le temps redevient mauvais.
La 1ère Compagnie détruit une cache et un stock d’outils. L’ambulance vient chercher, sur la route où il a été transporté, un malade de la 2ème Compagnie.
Cantonnement dans le village de Chellata.
On essaie de faire sécher les toiles de tente, les vêtements et les sous vêtements.
Le 28, temps toujours maussade.
Les compagnies, dans l’ordre 4ème, 1ère, P.C., C.C.A.S.. et 2ème Compagnie, quittent le village à 8 heures, par le Col des Chènes -, El Ma, pont sur la route, puis font mouvement en direction de Djema Azerou Meurkoun.
Le mouvement du bataillon est couvert à l'Est par une unité voisine.
La 1ère Compagnie, par l’arête I453 - 1178, atteint Tizi Meghlaz à I3 heures.
De maussade qu’il était, le temps est devenu mauvais, puis très mauvais. L’ordre parvient, de couvrir le repli de l’unité voisine, puis de regagner Chellata.
Arrivée au village à I8 heures.
Au cours de la soirée, arrive l’ordre de démontage, pour cause "d’instabilité atmosphérique".
Arrivée à Bouïra, le 29, à I3 heures, où nous apprenons que la bande rebelle, à laquelle nous avons interdit le passage vers le Sud, a été partiellement détruite par les unités qui opéraient plus au Nord.
La routine quotidienne a continué pendant ce temps pour les unités maintenues à la garde des postes.
Le Lieutenant Ménégrier, venant de France, a rejoint le bataillon le 24.
Le 25, la ravitaillement du P.I.S.T. a été assuré par un convoi escorté par les A.M. du 3/I9ème R.C.C. et un peloton porté du 7ème Hussards.
Le 26, l’équipe des transmissions de la C.C.A.S, protégée par un scout car, procède à la remise en état de la ligne téléphonique Irhorat - Guendour. À peine rentré, l’équipage du scout car repart avec l’infirmière de la S.A.S. d’Irhorat, qui se rend à Merkalla pour un accouchement.
Le 27, l’équipe transmissions continue la réparation des lignes téléphoniques.
Pour les unités qui rentrent d’opération, cinq jours de repos, ou presque. Remise en état des armes, du matériel, des treillis et des souliers.
Des hommes également.
Cinq jours sur lesquels la 4ème Compagnie trouve moyen d’en aller passer deux en opération au profit du secteur d’Aumale, tandis que la C.C.A.S poursuit la remise à neuf des circuits téléphoniques.
Novembre
Le Capitaine Motte, muté à Bordj Menaiel, quitte le 22.
Arrive à Bouïra, le Capitaine Scheibling, venant de métropole.
Et l’on repart, le 4 novembre, pour "Brumaire III".
Pour la première phase de l’opération, le bataillon, que commande le Chef De Bataillon Giraud, met en ligne quatre cent soixante quinze hommes, dont soixante cinq harkis, des 1ère, 2ème, 3ème et 4ème Compagnies ainsi que de la C.C.A.S., plus un D.L.O. du 50ème R.A. et deux équipes cynophiles.
Cette fois ci, le temps est passable.
Débarquement à 7 H 45 sur la route du Col de Tirourda, entre Beni Hamdoune et Takerboust.
Alors que les compagnies s’alignent, face au Sud, pour la fouille du terrain, un H.L.L. se présente, mains levées, devant les chars du 2/19ème R.C.C. qui se trouvent en tête du convoi.
Il s’agit d’un agent de liaison de la Nahia 322. Interrogé par l’officier de renseignements, il indique l’endroit où il a caché son fusil de chasse. Il déclare avoir passé la nuit à Beni Hamdoune en compagnie d’une trentaine d’hommes qui convoyaient des explosifs et des munitions. Cette bande a déposé entre les mains du Raïs Nidham du lieu dix kilos de T.N.T. et huit cents cartouches Il prétend avoir été retenu prisonnier pendant quarante cinq jours au P.C. de la Willaya III, en forêt d’Akfadou. Des européens prisonniers, qui se trouvaient alors avec lui, auraient été libérés, la veille, prés d’Ighzer Amokrane.
Tout cela parait bien confus.
En attendant de pouvoir vérifier en détail ces déclarations, le Chef d’Escadrons de Geoffroy donne l’ordre au 2/I9ème R.C.C. de patrouiller autour de la zone dans laquelle la bande pourrait s’être réfugiée. Le 22ème B.C.A. ratissera le terrain, du Nord au Sud : 1ère Compagnie sur Iril Azem, 3ème Compagnie sur Djereah, 4ème Compagnie sur M’lel, 2ème à l’oued de M’lel.
Apres la fouille de ces villages, les compagnies convergent sur Beni Hamdoune. La population locale s’est rassemblée d’elle même près de la fontaine, sur la place, à l'Ouest du village Il est I4 h I5. Bien entendu le Raïs Nidham et ses acolytes sont absents.
La fouille de l’agglomération commence, sous la conduite du prisonnier. Seul, un poste de radio, dissimulé dans une cache maçonnée dans un mur, est découvert.
Retour à Bouïra le soir, et, le lendemain matin, préparation de la deuxième phase de "Brumaire Iii".
Le 6 novembre matin il pleut.
La même petite pluie fine et glaciale que lors de l’opération au Col de Chellata. Le P.I.S.T. qui, de Tikjda, devait gagner à pied le Tizi Boussouil et le Point de Vue, voit sa mission annulée.
Le convoi quitte Bouïra à 4 heures, (448 hommes dont 74 Harkis). Il s’augmente, au passage à Bechloul, du peloton A.M. du 2/I9ème R.C.C., à Maillot du traditionnel D.L.O. du 50ème R.A., et continue vers le Col de Tirourda.
La pluie continue de tomber et s’agrémente de brouillard dans la montagne. Le col est franchi en pleine brume. Débarquement dix heures au poste de Tizi N’djemaa, où il pleut autant qu’à Bouïra.
Départ de la maison cantonnière de Tizi N’djemaa par la piste, en direction de la Grotte du Machabée et Agaouch, dans l’ordre 2ème, 4ème, P.C., C.C.A.S., 3ème et 1ère Compagnies. Mise en place, par la 2ème Compagnie, d’un dispositif de protection pour franchir la Gorge du Machabée.
Tout cela sous la pluie.
La 2ème Compagnie aborde Agaouch à I2 heures, et procède à la fouille du village. Les autres compagnies et le P.C. continuent en direction d’Aourir Ou Zemmour, qu’elles occupent. La 1ère pousse jusqu’à Aït Sidi Saïd.
Le mauvais temps s’aggrave encore à partir de I6 heures.
Les compagnies s’installent pour la nuit dans les villages. La fouille permet de découvrir un P.A. 6,35 à Aït Sidi Saïd, et, dans les trois villages, d’importants stocks de ravitaillement.
Le lendemain, toujours sous cette pluie glaciale, retour vers Tizi N’djemaa par la même piste. Arrivée à la maison cantonnière où l’on retrouve les véhicules ; perception de quatre jours de vivres puis embarquement. Le bataillon se dirige vers Tazerout, à six kilomètres au Nord de Michelet.
Les 1ères, 2ème et 3ème Compagnies installent leur cantonnement à Azib Tazerout, la C.C.A.S., le P.C. et le D.L.O. occupent, un peu plus loin, les bâtiments d’une boulangerie désaffectée. La 4ème continue jusqu’au village.
Il pleut toute la journée et toute la nuit, et encore le lendemain, 8 novembre. Vers I4 heures, le convoi se reforme et fait mouvement, par Michelet, Fort National et la R.N.. I2, en direction de Mekla, où la réception de la 8ème Compagnie du I3ème R.T.S. réchauffe les coeurs et les corps.
Mekla n’est que l’intermède d’une nuit entre Brumaire III (2ème phase), et Brumaire III (3ème phase) Le 22ème B.C.A. fait maintenant partie d’un sous groupement commandé par le Colonel Thiébault.
À 5 H 45, le 9, le convoi repart vers Azazga, toujours sous la pluie, puis se dirige vers Yakouren et le poste de Tagma, où l’on débarque. De là, à pied, progression jusqu’à la maison forestière, détruite par le F.L.N., de Tala Ouzar.
Le 6ème B.C.A., qui précède le 22 sur la piste, continue vers le Sud. La 1ère Compagnie prend position sur la cote I054, la 4ème au carrefour des routes. La 2 et la 3 bordent la clairière, qui au Nord, qui au Sud, en réserve.
Le P.C. et la C.C.A.S., privilégiés, occupent les ruines de la maison forestière, dans lesquelles il pleut à peine moins qu’à l’extérieur.
Au cours de L’aprés midi, une section de la 2 et la section poussent des patrouilles sur I074 et Djemaa Sidi El Hadj.
À I7 heures, le bataillon emboîte le pas au 6ème B.C.A., qui retourne vers Tagma.
Le P.C. et la C.C.A.S. bivouaquent sous la tente, à l’intérieur du périmètre du poste. Les autres compagnies rejoignent les véhicules au Col de Tagma, où elles s’installent, tant bien que mal pour passer la nuit, sous la pluie. De grands feux sont allumés, auxquels, à tour de rôle, gradés et chasseurs viennent se réchauffer et tenter de faire sécher les treillis.
Mais la nuit est bien longue.
Le 10 novembre, repos sous la pluie, chacun cherchant à améliorer tant soit peu son standing. Perception de deux jours de vivre
À 11 heures, un hélicoptère amène à Tagma le Chef d’Escadrons de Geoffroy et l’adjoint du Colonel Thiébault, qui viennent exposer au chef de corps et aux commandants de compagnies le programme du lendemain : Brumaire III (4ème phase).
À trois heures, le 11 novembre, dans une nuit rendue encore plus noire par la pluie qui persiste, départ pour la maison forestière de Tala Kitan.
La 2ème Compagnie ouvre la route jusqu’à 1196, puis déboîte. Il est 5 h 30. Sa mission est d’occuper la ligne des crêtes qui passe par 1196, I263, I278, I248 et un autre I263. Mais, sous la pluie, l’obscurité est telle que le Capitaine Gaston demande l’autorisation d’attendre le petit jour pour trouver ses emplacements dans le maquis qui l’entoure.
À 7 heures seulement, le P.C. et la C.C.A.S. arrivent à la maison forestière, elle aussi détruite par le F.L.N.. La 1ère Compagnie occupe 1142, au Nord de Tala Kitan. La 3ème Compagnie s’étire à l'Est de la maison forestière, et la 4ème prolonge le bouclage parmi des fourrés où l’on découvre des vestiges da la présence romaine.
Le P.C. s’abrite dans le garage en sous sol de la maison forestière. Mais, comme celle ci n’a plus de toiture, l’eau s’infiltre au travers du plafond, goutte à goutte, par de multiples fissures.
Le 22ème B C.A. constitue l’un des éléments de bouclage de la cuvette de L’oued Bou Haril Hattal, qui abrite une partie du P.C. de la Willaya III.
Une unité de fouille dépasse le 22ème B.C.A, entre I263 et I230, pour pénétrer à l’intérieur du Bou Haril Hattal.
À I2 H I5, la 4ème Compagnie tire sur deux fellaghas qui tentent de sortir du bouclage. L’un d’eux est abattu, le second disparaît dans les fourrés et le brouillard. Le chien pisteur n’arrive pas à retrouver sa trace sur le sol détrempé.
L’homme abattu était agent de liaison - ravitailleur. Il ne possède pas d’arme. On récupère sur lui un certain nombre de documents concernant l’O.P.A. locale.
Une rame de camions arrive vers I6 heures à la maison forestière. Elle vient chercher les unités de fouille. L’exiguïté du terrain provoque un embouteillage digne du centre d’une grande ville, au milieu duquel le bataillon, à pied, arrive à se faufiler pour regagner Tagma.
Toutes les compagnies réussissent à se caser à l’intérieur du poste. 0n s’empile sous les tentes. Les débrouillards couchent à même le plancher des baraquements, les moins heureux dans, ou sous les camions.
Au cours de la nuit, la pluie tourne à la tempête, et l’on se réveille sous la neige, courbatus et glacés.
Il neige encore à 7 heures, ce I2 novembre, lorsque le convoi du 22ème B.C.A. reprend la route pour Bouïra, par Azazga, Tizi Ouzou, Ménerville et Palestro.
La neige abandonne le convoi à Tizi Ouzou.
Enfin une douche, des vêtements secs, un repas chaud dans un local bien abrité, et une nuit bienheureuse.
Pendant l’absence de la 3ème Compagnie, le 5, à I9 heures, la sentinelle du poste Nord d’Aïn Allouane ouvre le feu sur des ombres qui se dissimulent au Nord du poste. Un tir de mortier de 60 est appliqué sur cette zone. Le 6, au matin, une patrouille relève les traces de deux hommes
Le 6, dans la soirée, la sentinelle du poste Nord tire sur des individus qui longent les barbelés. Le chef de poste fait envoyer deux obus de 8I sur le confluent d’oueds de Taguemount Mimouna. Au jour, de nouvelles traces sont relevées, qui se dirigent vers la piste du village d’Aougni.
Au cours de la nuit du 11 au I2, à 3 h 25, trois coups de feu sont tirés contre le poste depuis la cote I209. Deux obus éclairants et huit obus explosifs de 60 y arrivent en riposte. Le I2, deux groupes, dont l’un possède une arme automatique, harcèlent le poste depuis 1209. La réponse par mortier et mitrailleuses, est immédiate.
Le P.I.S T. et les A.M. du 3/I9ème R.C.C. arrivent rapidement et patrouillent dans les environs. Les Harkis d’Aougni, restés au village pendant l’absence de la compagnie, rendent compte du passage d’une bande rebelle à Tagounits.
Après une nuit hautement réparatrice pour toutes les compagnies nettoyage et remise en état des armes et du matériel, tandis que reprennent les patrouilles et embuscades d’intérêt local : la 1ère Compagnie au Koudiat Touzen, le I5 ; la 3 à Tenouichi, Selim, Aougni; les 13 et 14: protection d’un convoi sur Tikjda par la 2ème Compagnie et la section d’escorte de la C.C.A.S., le I5 ; tir à toutes les armes à la 4ème Compagnie, le I7.
Et le I8, le bataillon repart pour une opération de secteur dans la zone Oued Barbar - Oued Adjiba.
La 4ème Compagnie, la C.C.A.S. et le P.C. débarquent des véhicules à 7 heures, au pont de Sélim. La 4 progresse, par 804, jusqu’à 8I5, où elle parvient à 8 heures. Le P.C. et la C.C.A.S. occupent 804, où prend position également le P.C. secteur
La 1ère Compagnie arrive, à la même heure, à la Djemaa Toumellitine, tandis que la 3 s’organise sur 932 et 975.
Le P.I.S.T., descendu à pied de Tikjda, prend position sur I004. La 2ème Compagnie, qui a fait mouvement par l’Oued Ed Douss, Semmach et Amadou, occupe 698 et 9I7.
Le 2ème escadron du 7ème Hussards et la batterie à pied du 50ème R.A. suivent la 2 et s’alignent pour constituer la branche est du bouclage.
Le 3/I9ème R.C.C. prolonge, au Sud de 8I5, la position de la 4ème Compagnie, et forme, avec le 2/I9ème R.C.C., encore plus au Sud, le bouclage ouest du dispositif
À 8 h I5, le P.I.S.T. ouvre le feu sur un groupe d’une trentaine de rebelles, qui se dispersent. Quatre d’entre eux, qui se replient vers la Djemaa Toumellitine, se heurtent aux sections de la 3ème Compagnie, et réussissent à décrocher après un vif échange de coups de feu.
Vers 9 heures, nouvel accrochage, devant la 1ère Compagnie cette fois. Un fellagha est capturé, un autre est abattu. Leurs armes ne peuvent être récupérées. Le mort est identifié : Belkacemi Saïd, de Semmach.
La troisième Compagnie découvre, à proximité d’Ikirben, un abri souterrain en cours de construction, qu’elle laisse en l’état, après l’avoir piégé.
La Section Bureau détruit une série de grottes et abris.
Retour à Bouïra pour I7 heures.
Le 27, une Compagnie du C.I.T. I60 arrive à Bouïra, mise à la disposition du Commandant Giraud pour assurer la garde des postes de Tikjda et Aïn Allouane au cours des jours suivants.
Le 22ème B.C.A. est en effet mobilisé en entier, à partir du 28 novembre, pour protéger le déroulement des élections législatives sur le territoire du Secteur de Bouïra.
Deux sections du C.I.T. et sa section de commandement sont dirigées sur Tikjda, et les deux autres sur Aïn Allouane. Le convoi redescend le P.I.S.T. et la 3ème Compagnie. Le P.I.S.T. est logé à la Ferme Cathala, tandis que la 3 est hébergée, à El Esnam, par la 4ème Compagnie.
Le 28 novembre, le bataillon, renforcé du peloton d’autos mitrailleuses du 3/I9ème R.C.C. et d’un D.L.O., va s’installer : la 1ère Compagnie à Tixeridene; la 4ème à Selloum Takerboust, le P.C. et la C.C.A.S. sur la route, prés de Selloum, et la 3ème Compagnie sur la cote I268, d’où elle domine toute la région.
La 2ème Compagnie, qui opère depuis le 2I novembre dans la région, sous les ordres du 50ème R.A., est conservée en réserve, avec Les véhicules, sur le plateau de Saharidj.
L’organisation matérielle des élections, vérifiées par les délégués de la Commission Civile de Contrôle, est du ressort de la S.A.S. de Takerboust.
Elles se déroulent dans une atmosphère calme et détendue, sans aucun incident, et réunissent de très nombreux participants.
Retour à Bouïra en fin de journée, le P.I.S.T. restant à Maillot Gare, en réserve, La 3ème Compagnie passe la nuit à El Esnam et la 1ère à la Ferme Cathala.
Le 29, les élections concernent la régions d’El Esnam.
La protection du bureau de vote du village, où s’est installé le P.C., est assuré par la 2ème Compagnie. La 4ème Compagnie surveille les bureaux des Goumgoumas, au Sud, et de l’Oued Ed Douss, au Nord. pendant ce temps, les 1ère et 3ème Compagnies, venues d’Irhorat, ratissent la Forêt d’Haïzer, en direction du Sud.
Là aussi, de très nombreux électeurs sont venus participer au vote, dans une ambiance détendue et pittoresque.
Les seules difficultés de la journée sont rencontrées par les 1ère et 3ème Compagnies, lorsqu’elles entreprennent la traversée de l’Oued Ed Douss, fortement gonflé par les pluies des journées précédentes.
Le soir, la 1ère remonte à Merkalla et la 3ème regagne Aïn Allouane. Les deux sections du C.I.T. I60, cantonnées à Aïn Allouane redescendent à El Esnam, où elles sont prises en charge par la 4. Le P.I.S.T. cantonne à la Ferme Cathala.
Les élections se déroulent, le 30, dans le Douar Haïzer et le Douar Innesmane.
Au petit jour, le Sergent Rezki, de la harka d’Aïn Allouane, tombe dans une embuscade tendue à la sortie du village d’Aougni, alors qu’il se dirige vers le poste. Ses trois agresseurs sont sans doute très émus, car ils le manquent tous les trois. Rezki arrose d’un chargeur de P.M. leurs emplacements de tir. Un deuxième chargeur accélère leur fuite. Deux d’entre eux ont été blessés.
Les opérations de vote se déroulent sans autre incident à Aïn Allouane, Selim et Guendour, sous la protection de la 3ème Compagnie renforcée de deux sections de la 4ème
La 1ère Compagnie a implanté des bureaux de vote à Merkalla Haut, Merkalla Bas, Tessala et Innesmane. La 2ème Compagnie surveille l’ensemble depuis la crête qui domine Innesmane :
R.A.S..
La C.C.A.S., renforcée au Ras Bouïra d’une section de la 4, et à Aguercif d’une section du C.I.T., protège le bureau de Sidi Salah. La S.A.S. a pris à son compte le bureau de vote d’Irhorat.
Comme les jours précédents, il y a de très nombreux votants, dans une atmosphère très détendue. Les membres de la Commission de Contrôle expriment leur satisfaction, tant du nombre élevé de participants, que de l’ambiance qui règne dans les Douars.
Le P.I.S.T. regagne Tikjda, par un convoi qui ramène à Bouïra les sections du C.I.T I60, qui y stationnaient encore.
Décembre
La compagnie regroupée, repart sur Alger le 1er décembre.
L’Adjudant Chef Buquet, O.R. du bataillon, est affecté à l’E.E.P.M. d’Antibes. Il est remplacé dans ses fonctions par son adjoint, l’Adjudant Chef Cirino.
Du 1re au 8 décembre, activités locales pour les compagnies. Le P.I.S.T. arrête deux suspects fichés, Demmouche Mouloud et Demmouche Mohamed Ben Kaci, le 2 décembre.
Le 5, la 4ème Compagnie intercepte un H.L.L. qui est capturé après avoir été blessé. Son arme est récupérée.
L’O.R. procède dans Bouïra, et dans le village d’El Esnam, à l’arrestation de sept membres d’une cellule de collecteurs de fonds au profit du F.L.N.
Ce début du mois de décembre voit le départ du Capitaine Nodot, principal artisan de la pacification du Douar Haïzer. pacification qu’il a poursuivie, avec le même succès, dans le Douar Tighrempt, depuis l’implantation de la 4ème Compagnie à El Esnam. Il est affecté au C.I. 22, à Nice.
C’est le Capitaine Scheibling qui lui succède à la tète de la 4.
Les Lieutenants Llanos, Rio, et Trouillet quittent également le bataillon, que rejoignent les Lieutenants Gelpi et Sommeron.
Le Capitaine Mairet assume le commandement du 22ème B.C.A. pendant l’absence du Commandant Giraud, parti en permission le 2.
Sous sa direction, le bataillon doit participer à une opération au profit du secteur de Dra El Mizan, le 8 décembre, dans l’Azerou Ouriles et l’Acif Echamlili. Un peloton du 7ème Hussards a rejoint Aïn Allouane au cours de l’après midi du 7, pour laisser à la 3ème Compagnie le maximum de son potentiel opérationnel.
La mission du bataillon est de s’aligner sur les sommets du Djurjura, face au Nord, épaulé à l'Ouest par le 7ème B.C.A.. Dans un deuxième temps, il doit progresser en ratissant soigneusement le terrain, jusqu’à la route Boghni - Mechtrass.
Il pleut depuis deux jours.
Lorsque la 1ère Compagnie quitte le bordj de Merkalla, le 8, à 3 heures du matin, et se dirige vers I663, par I560 et le flanc de I703, la pluie se transforme en neige Sur I560, la neige recouvre déjà la piste et les éboulis.
Derrière la 1ère, s’engagent les 2ème, 3ème, 4ème Compagnies et la C.C.A.S., arrivées à Merkalla en camions.
Sous la pluie glaciale, puis dans la neige, la même escalade commence pour elles, dans une nuit d’encre. La progression est très lente, au milieu des rochers que la pluie et la neige rendent glissants. Les cailloux roulent sous les pieds des mulets de la C.C.A.S., qui tombent et se débattent.
Les postes radio, imprégnés d’humidité, sont inutilisables.
Au prix d’efforts inhumains, la 1ère Compagnie aborde I663, peu avant 8 heures, bientôt rejointe par les 2ème et 3ème Compagnies Au moment où, à leur tour, la 4ème et la C.C.A.S. abordent le sommet, le 7ème B.C.A. retransmet l’ordre : "Opération annulée".
Commence alors la descente, toujours dans la neige et la pluie Les treillis sont depuis longtemps transpercés. L’eau s’infiltre partout sous les vêtements. La descente est encore plus pénible que la montée.
Au cours du retour du convoi de Merkalla à la Ferme Porcher, un G.M.C. dérape dans un virage, sur la piste recouverte de boue liquide, et s’immobilise de justesse au bord du ravin.
Après séchage des mulets, des hommes et des équipements, et remise en état de l’armement et du matériel, l’activité habituelle reprend : patrouilles, travaux, embuscades, tirs.
Le 7, le Chasseur Jacques Santoni se blesse accidentellement avec son arme.
Le I2, le bataillon au complet mène une opération "Coup d’épervier", sur la région de Selim, Oued Guendour. Aucune trace de présence récente des fellaghas n’est relevée.
Le I3, un convoi redescend de Tikjda les élèves du P.I.S.T..
La 4ème Compagnie effectue, au cours de la nuit du I4, un coup de main sur un refuge connu. Trois suspects sont arrêtés, le refuge détruit. Dans la journée, une section est mise à la disposition de l’E.G.A., pour la protection de ses chantiers.
L’Adjudant Dupuis, de la C.C.A.S., décède, le I7, de mort naturelle.
Le I8, arrivée des nouveaux stagiaires du P.I.S.T., qui rejoignent Tikjda avec le convoi de ravitaillement.
Cependant que le bataillon participe à une opération intersecteurs (Bouïra - Hodna Ouest), dans la région bien connue des Beni Ouaggags.
Le Capitaine Mairet commande le sous groupement Nord : C.C.A.S. 2ème et 4ème Compagnies, Batterie Lafitte du I/50ème R.A., peloton de chars du 3/I9ème R.C.C. et D.L.O..
La 1ère Compagnie, que commande le Lieutenant Mangeoire, constitue la réserve opérationnelle.
Départ de Bouïra à 1 h 30, débarquement à Maillot - Gare, et progression à pied en direction de Tamziabt, dans l’ordre : 2ème Compagnie, C.C.A.S., 4ème Compagnie, I/50ème R.A.. Passage à Tamziabt et reconnaissance du village par la 2ème Compagnie à 5 H 50. Mise en place sur les positions de départ pour 7 H 45 : 2ème Compagnie sur les cotes 6I5 et 667, 4ème sur 640, P.C. et C.C.A.S. sur 568, I/50ème R.A. à la cote 5I4.
Les chars du I/I9ème R.C.C. patrouillent entre 5I4 et 675.
En cours de matinée, les compagnies ratissent le terrain compris entre le Djebel Tasfaith, l’Oued Tigrine et l’Azerou Ourilles en particulier le ravin de l’Acif Ourilles, sans incidents.
Le sous groupement retrouve, vers I9 h 30, ses véhicules à Tamziabt, où il est rejoint par le 8ème R.C.P., qui opérait dans la zone la plus excentrique.
Retour à Bouïra à 23 heures 30.
Une embuscade de la 3ème Compagnie abat, dans la soirée du 20 décembre, un ravitailleur chargé d’un sac d’orge.
Vers 5 heures du matin, le 21, un ouvrier indigène de la Ferme Héraut se présente à la sentinelle du P.C., à la Ferme Porcher. Le chef de poste l’escorte jusqu’à la chambre de l’Adjudant Chef Cirino, officier de renseignements du bataillon, que l’on réveille. L’homme explique que.. : "- Le chef fellagha est arrivé chez lui cette nuit, l’a frappé, s’est fait donner à manger, à exigé de l’argent, et que, à cette heure ci, après l’avoir foutu à la porte, il est en train de niquer sa femme..."
Cirino réveille son chauffeur et ses plantons, embarque une équipe tirée du lit et à moitié habillée, dans un scout car, et fonce vers les mechtas des ouvriers de la ferme.
Aux sommations qui sont faites, ponctuées d’une rafale de mitrailleuse tirée en l’air, le "chef" sort de la baraque, en chemise, les bras en l’air
C’est l’insaisissable Si Mohand Halouani, commissaire politique de la fraction, que sa passion pour les femmes a perdu. Dans la mechta, Cirino récupère un fusil de chasse et trente cartouches, dont l’homme a préféré ne pas faire usage.
Son interrogatoire va demander plusieurs jours. Il se montre d’ailleurs d’emblée très coopératif. Il donne allègrement tous ses contacts et tous ses ravitailleurs.
Ses révélations permettent, dés le 22 décembre, de procéder à deux arrestations à Merkalla, quatre dans le groupe de mechtas du confluent de l‘Oued Ed Douss et de l‘Acif Boudra, et trois au Ras Bouïra
Il confirme ce que l’on soupçonnait déjà, que l’auto défense et la harka de Merkalla étaient noyautées par l’intermédiaire d’un vénérable "Hadj", arrêté dés le premier jour, et qui jouissait du respect de toute la population. Auto défense et harka sont provisoirement désarmées pour les besoins de l’enquête.
Noël est fêté dans les postes.
Au cours de la nuit du 26 au 27, une embuscade de la 1ère Compagnie intercepte, au Sud de Merkalla un petit groupe rebelle, qui se disperse.
L’enquête se poursuit.
Tant à Merkalla qu’à Innesmane, Ras Touila, Ras Tikbouch, et dans la ville même de Bouïra, vingt arrestations de membres de l’O.L.P., qui étaient en relation avec Sari Mohamed, sont opérées.
La 3ème Compagnie constitue une auto défense de huit fusils dans le Village de Sidi Hadj Ali, au Sud du poste. Une patrouille de la 4ème Compagnie abat un rebelle aux mechtas Hamouch Ou Saïd et récupère rune grenade et des documents.
Le lendemain, 28 décembre, la 4ème Compagnie, en patrouille dans les Goumgoumas, accroche, vers I9 heures, un petit groupe de fellaghas qui s’enfuient. Une musette est récupérée. Un paysan, qui vaquait dans les environs, blessé par une balle perdue, est évacué sur l’infirmerie du bataillon.
Le train Alger - Constantine sort des rails, à la suite d’une explosion de mine à hauteur du village d’El Esnam. Une section de la 4ème Compagnie est détachée sur les lieux pour assurer la protection du convoi immobilisé.
Les conditions atmosphériques, qui s’étaient, au cours du mois maintenues dans une à peu prés honnête moyenne, se dégradent rapidement au cours de la journée du 28. Le vent souffle en tempête depuis le début de la soirée. Au cours de la nuit, il arrache une bonne partie de la toiture des bâtiments de la 1ère Compagnie. Une accalmie dans la journée du 30, permet une réparation sommaire.
Le Capitaine Mairet, commandant le 22ème B.C.A., en l’absence du chef de corps, le Fanion du bataillon et une section de la 2ème Compagnie, prennent part, à Dra El Mizan, aux cérémonies qui célèbrent le centenaire de la fondation de la ville.
Dés son retour à Bouïra, au début de l’après midi, le Capitaine Mairet rejoint Alger par la route, pour aller accueillir le Chef de Bataillon Giraud, qui rentre de permission.
Deux enfants sont blessés, dans le sous quartier d’El Esnam, par l’explosion d’un engin qu’ils avaient découvert dans un buisson. Ils sont dirigés sur l’hopital d’Aumale.
Le dernier jour de l’année comporte son lot de patrouilles et d’embuscades. Un stagiaire du P.I.S.T., malade, est évacué par hélicoptère sur l’hopital de Tizi Ouzou.

Réveillon de fin d’année dans tous les postes.
À minuit, le Chef de Corps transmet à tous, par radio, ses remerciements pour le travail accompli et ses meilleurs voeux pour l’année I959.


I 9 5 9


Au 1er janvier I959, l’encadrement du 22ème B.C.A.
est le suivant :
Chef de Corps -
Chef de Bataillon Giraud Louis
Commandant en second -
Capitaine Mairet Louis
Capitaine Major -
Capitaine Janselme
Médecin Chef -
Médecin Lieutenant Marty Pierre
C.C.A.S. -
Capitaine Gibot François
1ère Compagnie -
Capitaine Chaquin Pierre
2ème Compagnie -
Capitaine Gaston Roger
3ème Compagnie -
Capitaine Chaussier Pierre
4ème Compagnie -
Capitaine Scheibling Auguste

L’année I958 avait débuté pour le F.L.N. sous des auspices particulièrement favorables :
- Katibas à plein effectif, composées de cadres et d’hommes entraînés pour la plupart dans les camps de Tunisie, et dotées d’un armement individuel et collectif abondant et de bonne qualité.
- Bataillons de Choc de Willayas, solides, combatifs, supérieurement encadres et armes.
- O.P.A. très nombreuse et très active.
La construction des barrages Ouest et Est, et, en particulier, celle de la barrière électrifiée de la frontière tunisienne, "La Ligne Morice", vient fermer la porte au renouvellement du potentiel en hommes et en armes perdus au combat.
Au cours du premier trimestre I958, trois mille cinq cents fellaghas, venant de Tunisie, sont restés accrochés aux barbelés du barrage, et un armement considérable récupéré. Du 28 avril au 3 mai, l’A.L.N.. perdra de nouveau 650 hommes, 46 armes automatiques et 4I2 fusils ou F.M., au cours d’une tentative de franchissement en masse de la frontière.
Le Général Challe vient d’ailleurs, en ce début d’année I959, d’ordonner des travaux qui doivent doubler l’épaisseur du barrage et le rendre encore plus imperméable.
À l’intérieur même de l’Algérie, de grandes opérations ont permis d’étriller sérieusement les Katibas, chaque fois qu’elles étaient accrochées. C’est par centaines que l’A.L.N. a perdu des combattants aguerris et leurs armes.
Certaines katibas, dont la 322, notre adversaire direct, ont dû enterrer plusieurs de leurs armes collectives, faute de munitions.
Partout également, et, bien sûr, dans le quartier du 22ème B.C.A., l’effort pour détruire l’O.P.A. a été poursuivi, conjointement à l’activité de pacification. Effort qui doit sans cesse être renouvelé, car il y a toujours dans un village un quelconque parent de moussebel parti au maquis qui accepte, sous la menace ou simplement par esprit de famille, de collecter des fonds, des renseignements et du ravitaillement pour le F.L.N.
En I959, les résultats du 22ème B.C.A. ont été positifs, malgré les pertes subies lors de l’embuscade du 28 mai.
Le bataillon déplore douze morts et vingt six blessés, pour quatre vingt quatorze rebelles abattus et vingt deux capturés. Le F.L.N. laisse en outre entre nos mains un fusil-mitrailleur, six pistolets mitrailleurs, quarante neuf fusils de guerre, dix huit fusils de chasse et dix armes de poing, sans compter les grenades, explosifs et munitions

Janvier
Le 1er janvier, le 22ème B.C.A. est intégré à la 5ème Demi-brigade de Chasseurs Alpins et reçoit la visite du colonel commandant la demi brigade, qui commande également le Secteur de Dra El Mizan.
Le Capitaine Mairet, commandant en second du bataillon, est promu Chef de bataillon.

Le 2, à peine dissipées les dernières vapeurs du réveillon de la St Sylvestre, l’ensemble des compagnies (427 hommes dont 86 harkis), commandé par le Chef de Bataillon Giraud, embarque sur véhicules, pourvus des traditionnels "deux jours de vivres sur l’homme, plus le couchage", en direction de l’ancienne base de "Tanger", dans le Zaalellou, où des documents, fraîchement récupérés, situent une réunion des cadres de la Mintaka 32 pour le 2 janvier.
Le convoi quitte Bouïra à 7 heures, est rejoint à El Esnam par la 4ème Compagnie à Bechloul par les A.M. du 2/19ème R.C.C. à Maillot Gare par le D.L.O.

Débarquement à Iril N’aït Ameur à 9 H I5.
Progression à pied, dans l’ordre : 2 - 3 - P.C. - C.C.A.S. - 4ème.
La 2 s’installe sur 766, la 3 continue jusqu’à 722 Ouest, où le P.C. et la C.C.A.3. la rejoignent.
La 4ème Compagnie poursuit jusqu’au Djebel Mentheut (833).
La 2ème Compagnie avance pour assurer la liaison entre 1a 3 et le 7ème Hussards, qui est sur 775, puis continue jusqu’à Dra El Berel, tandis que la 3ème Compagnie s’aligne sur la crête au Nord de Dra El Berel.
La C.C.A.S. et le P.C. prennent position sur 722 Est. L’ensemble des positions est tenu pour I2 h 30.
En liaison, au Sud, avec le 7ème Hussards, la fouille du terrain commence, face à l'Est. En ligne, du Nord au Sud : 4ème C.C.A.S., 3ème, 2ème.
La 2 découvre des abris récemment occupés, au confluent d’oueds, au Nord de 687, dans lesquels elle récupère un important matériel de cuisine et de transport de ravitaillement, ainsi qu’un fusil de chasse en mauvais état.
Le tout est détruit sur place.
La 3 trouve et brûle aussitôt des pièces d’habillement usagées.
La limite de fouille, Oued Sidi Aïssa, est atteinte à I5 h 30. Le regroupement des unités pour la nuit s’effectue à proximité du Djebel Mentheut : P.C. sur 659 - 4ème sur le piton Est - 2ème sur 687 3ème sur le mamelon.
Nuit calme, très froide, sous un ciel d’un bleu très sombre où scintillent toutes les étoiles de la création.

Au petit jour, le 3, les unités repartent se mettre en place : la 3ème Compagnie sur le sommet Est de 743, la 4 entre le piton 883 du Djebel Mentheut et le col 745, où s’installent le P.C. et la C.C.A.S. La 2ème Compagnie prend position entre l’Azazgour et 883.
Début du ratissage en direction du Nord à 9 H 30.
La fouille se termine à I2 h 30, à Tamziabt, que le convoi muletier et les armes lourdes ont déjà rejoint.
R.A.S.
Seuls quelques abris ont été découverts et détruits.
Retour à Bouïra pour I6 heures.
Pendant ce temps, l’O.R., resté à la Ferme Pocher, a effectué un raid sur le Ras Bouïra, au cours de la nuit du 2 au 3, et procédé à l’arrestation de trois collecteurs de fonds.
À 20 I5, 1e 3, quelques tireurs isolés harcèlent, de très loin, le poste d’Aïn Allouane.
Les jours suivants, alors que les compagnies procèdent aux activités habituelles, la 2ème Compagnie, renforcée de deux sections de la 4, est mise à la disposition de la Z.E.A., pour entrer dans la composition d’un sous-groupement formé par le 7ème Hussards.
Depuis le 28 décembre, une opération de grande envergure se déroule dans le quadrilatère Sud de Bordj Menaiel, délimité par les routes de Ménerville à Tizi Ouzou au Nord, de Ménerville à Palestro à l’Ouest, de Palestro à Aomar au Sud et de Aomar à Tizi Ouzou, par Dra El Mizan et Boghni, au Sud-Est et à l'Est.
Le 6ème R.P.C. du Colonel Ducasse, qui est fréquemment intervenu à nos cotés dans les secteurs de Bouïra, Akbou et Aumale, y a mis 229 fellaghas hors de combat, au prix de la vie du Capitaine Graziani, du Lieutenant Chassin et de plusieurs parachutistes
Les katibas, encerclées dans le bouclage, cherchent désespérément à en sortir, et rebondissent sur les unités d’intervention.
Il s’agit de liquider les quelques groupes qui ont franchi le bouclage au Sud-Ouest.
Le 6, 1e sous-groupement, qui a quitté Bouïra à O H 45, est engagé au N.E. de Dra El Mizan, dés qu’il a mis pied à terre.
Au cours de la progression vers la cote 496, un bref accrochage met aux prises la section de tête et un petit groupe rebelle qui se replie aussitôt. La 2ème Compagnie occupe la cote 500, tandis que les hussards accrochent à leur tour vers 432. Deux T.5, qui survolent la zone, sont contactés et prennent à partie les fellaghas qui fuient vers le Nord-Est.
Vers 11 heures, les sections de tête atteignent le carrefour de pistes, au pied de 473. Elles sont alors soumises à un tir violent d’armes automatiques et individuelles depuis le flanc N.E. de la cote.
La 2ème Compagnie riposte de toutes ses armes, cependant que le commandant du sous-groupement demande l’appui de l’artillerie.
Le Chasseur Jordi, chargeur de F.M. à la 3ème section est atteint à la tête. Il est soigné sur place, puis évacué par hélicoptère.
Les tirs d’artillerie sur 473 permettent à la 2ème Compagnie d’occuper la colline, bientôt rejointe par le P.C. du sous-groupement. La 2 reprend sa progression. L’aviation pourchasse les H.L.L. qui s’enfuient vers l'Ouest maintenant, sur les pentes de 480 et tentent de se regrouper sur 428. La section de Sous Lieutenant PAGèS, qui s’est avancée au Sud, jusqu’à deux cents mètres de 428, subit un feu violent d’armes automatiques depuis cette crête.
L’aviation intervient en piqué, à la mitrailleuse et aux roquette et permet à la compagnie de progresser jusqu’au collet Sud, à environ cent mètres du sommet. La Section Pagès prend une part prépondérante à l’action
Le ratissage de la zone de combat, en fin de journée, permet de dénombrer vingt trois cadavres et de récupérer trois F.M. (MAT 49, Beretta, Thomson), cinq fusils de guerre et deux fusils de chasse. Les Hussards ont, entre autres armes, récupéré un fusil-mitrailleur endommage par des projectiles.
Le sous-groupement bivouaque sur place.
La 2ème Compagnie occupe deux points d’appui, l’un sur 473, l’autre sur une bosse de terrain au S.S.E. de 428.
Nuit calme et très froide.
On dort peu.
La matinée du 7 est passée sur place, en bouclage, tandis que les unités voisines ratissent à nouveau la zone d’opération de la veille.
En cours d’après-midi, regroupement en vue du bivouac sur le versant Sud-Est de la cote 500.
Au petit jour, le 8, fouille du terrain jusqu’à la maison forestière de Dra Sachem, où la 2 retrouve son convoi.
Retour à la base pour midi.
On peut estimer que l’opération d’ensemble, menée du 28 décembre I958 au 11 janvier I959, et à laquelle la 2ème Compagnie vient de prendre sa petite part, a cassé les reins aux katibas de la Willaya 3, déjà durement éprouvées par les opérations incessantes de l’automne I958.

Et, le 10 janvier, cela repart pour l’Opération "Couronne Ii Bis" que commande le Général De Maison Rouge, dans le secteur d’Aumale.
Le bataillon, (387 hommes dont I07 harkis), aux ordres du Chef De Bataillon Mairet, dépend du groupement Bouïra, que commande le Colonel d’Arr0uzat, et qui opère dans la région de l’Oued Okriss.
D’autres groupements interviennent au Nord du Zbarbar et du Soufflat, ainsi que dans le Sud du Bougaoudene et du Ridane.
Parties de Rouira à 9 H 30, les compagnies débarquent aux Fosses Aux Lions à 15 h I5.
La mise en place s’effectue au cours de l’après-midi : P.C. et C.C.A.S. en dessous de la cote 1043, qu’occupe 1a 4ème Compagnie, 3ème Compagnie entre la piste N. E. de la cote 1014 et le collet Sud-Est, 2ème Compagnie à cheval sur la piste Marba Isnaia.
Depuis le matin, il pleut par intermittence.
Vers le soir, les averses se succèdent.
La nuit est froide et très arrosée.
Au petit matin, la 3 détache deux sections sur I097, en protection de la 2ème Compagnie qui avance jusqu’aux mechtas El Krecheb, qu’elle fouille.
Le P. C., la C.C.A.S et la 4ème Compagnie restent sur les position occupées la veille au soir. Le 7ème Hussards opère au Nord du bataillon.
À 14 heures, la 2ème Compagnie revient à son bivouac. La fouille s’est avérée négative, et aucun indice de passage ou de stationnement récent n’a été relevé. Les deux sections de la 3 rejoignent leur unité.
La pluie a continué, intermittente, tout au long de la journée. Après une nouvelle nuit à la belle étoile...!! L’ordre de démontage parvient. Les véhicules sont récupérés aux Fosses Aux Lions.
Retour à Bouïra par Aumale.
La vie quotidienne reprend : reconnaissances, patrouilles, embuscades, travaux de postes, escortes sur Tikjda, entraînement au tir.
Cinquante six jeunes recrues arrivent de métropole pour recompléter les effectifs.
Le I5 janvier, le P.I.S.T. surprend un groupe de quatre rebelles à Aïn Ouled Mendil. L’un d’eux, Meziani Kaci, armé d’une grenade, est abattu.
Le I7, les 2ème et 3ème Compagnies sont mises à la disposition du Chef de Bataillon Gonnet, commandant le 27ème B.C.A., pour une opération en Forêt de M’rila (Douar Bou Nouh), au Nord du Djurjura.
Parties de Bezzit à I3 h 30, les compagnies atteignent la cote 1135, prés du village d’Abouane, qui est fouillé. La progression est lente, dans un terrain coupé de ravins et d’oueds profonds, aux pentes abruptes, à la végétation particulièrement touffue.
L’aviation signale, à I6 heures, que des groupes armés s’échappent du Village De Bou Nouh vers le Sud et l'Ouest.
Les deux compagnies sont poussées dans la vallée de l’Acif Taka, qu’elles ratissent en remontant jusqu’au Village De Tala Krallouf.
Quelques coups de feu partent des lisières Est du village, qui est fouillé, et dans lequel les compagnies s’installent pour la nuit.
Celle-ci est courte.
À 1 heure, départ pour Dra El Mizan et Aït Ali.
À partir de 8 h 30, la 3ème Compagnie fouille l’Oued Nechkour. Les Oueds Dokkou Et Tarzout sont ratissés par d’autres unités du Groupement Gonnet, dont le P. C. progresse sur la ligne de crête entre les deux oueds.
La 3ème Compagnie accroche, vers I4 heures, un petit groupe, qui laisse deux morts sur le terrain.
Un peu plus tard, la compagnie voisine se heurte à un groupe d’une dizaine d’hommes, bien abrités au fond de l’oued. Au cours d’un vif échange de coups de feu, quatre rebelles sont abattus. Les survivant se rendent. Butin : deux fusils de guerre, six fusils de chasse.
On bivouaque tant bien que mal sur le terrain.

Le matin du I9, tous les éléments du groupement sont récupérés par hélicoptère et ramenés à Dra El Mizan pour la deuxième phase de l’opération, qui doit se dérouler dans le Tala Guilef.
Les camions transportent les unités à Mechtrass, d’où l’on part à pied en direction d’Aït Adja. Puis, par les pistes de montagne, plein Sud jusqu’à I707 et I732, où le mouvement s’infléchit vers l'Ouest, par I578, Pour rejoindre la route qui escalade l’Azerou Ouriles.
Progression pénible dans un terrain pavé de rocailles
Au passage, une D.Z. est organisée pour recevoir les hélicoptères qui, vers 9 heures, larguent le 2ème R.P.I.Ma au centre du dispositif.
La 2ème Compagnie découvre une femme qui était prisonnière des fellaghas. sur ses renseignements, une grotte voisine est encerclée.
En réponse aux sommations, deux hommes en sortent, bras levés. La fouille de la grotte permet de récupérer leurs armes, un fusil de chasse, un pistolet automatique, et des documents.
Vers I6 h 30, un kilomètre plus loin, la section de pointe de la 2 se fait tirer par un groupe bien installé dans les rochers du versant Nord de 1782. Le Harki Abdelkader Moussouli est blessé à la face par chevrotines
Tandis que la section fixe l’ennemi, le reste de la compagnie manoeuvre la résistance par les ailes. Six fellaghas sont abattus, deux se rendent. Leurs fusils de chasse sont saisis.
Les compagnies se regroupent sur I543 pour la nuit.
Nuit très froide, mais calme.
Au cours de la matinée du 2I, les unités sont relevées par le I59ème B.I.A. et rejoignent Boghni. Les 2ème et 3ème Compagnies rentrent à Bouïra à I7 heures.
Une embuscade de la Harka de la 3, capture, près d’Idoumaz, le nommé Fellak Ali ben Amar et récupère son P.A. et ses munitions.
Le même jour, vers le Goulib, une patrouille de la 4ème Compagnie interpelle trois suspects, qui sont ramenés au poste. Une autre patrouille découvre dans un fossé le cadavre d’Ezziani Mohamed, assassiné par les fellaghas.
Le 23, la 1ère Compagnie, en patrouille à Aïn Aguergour, intercepte deux ravitailleurs connus : Bouazza Amar ben Saïd et Kaboub Saïd ben Rabah, et les abat au cours d’un bref accrochage.
La 4ème Compagnie fournit, le 24, une section de renfort au 7ème hussards, qui intervient dans le quartier de Maillot.
Le 25, 1’0.R., escorté d’un groupe de la 3ème Compagnie, procède à l’arrestation des Chefs Nidham de Guendour et Tenouichi, ainsi que quatre de leurs adjoints. L’autodéfense locale, forte de vingt fusils, est désarmée pour la durée de l’enquête.
Alors que les 2ème et 4ème Compagnies sont mises pour quarante huit heures à la disposition du secteur d’Aumale, le 26 janvier, une Compagnie de Marche, composée de deux sections de la 3, renforcées de la Harka de Merkalla, et commandée par le Capitaine Chaquin, est dirigée, à I7 heures, sur Boghni où elle cantonne le soir.
Elle est intégrée à un bataillon de marche qui, à 3 h 30, 1e 27, est poussé sur véhicules jusqu’au poste de Mahabane, puis continue à pied jusqu’à la cote I247. La Compagnie Chaquin y relève une compagnie du 159ème B.I.A., installée en chapelet d’embuscades.
La relève est terminée pour le lever du jour.
Au cours de l’après-midi, la Compagnie de Marche du 6ème B.C.A., qui voisine à l'Est, accroche un groupe rebelle, lui tue trois hommes, et ramasse un P.M., un fusil 86/93, deux revolvers et des documents.
Au cours de la nuit du 26 au 27, une section du P.I.S.T., qui rejoignait Tikjda après une patrouille, tombe dans une embuscade à proximité de l’Hôtel des Cèdres, embuscade qui lui cause un mort et un blessé.
Le maghzen de la S.A.S. d’Irhorat, en embuscade près de Tifticine, intercepte un petit groupe, qui s’esquive après un court échange de mousquetterie. Des traces de sang laissent supposer qu’un adversaire, au moins, a été touché.
Le 27, vers deux heures du matin, les gardes de l’autodéfense de Sidi Hadj Ali, au Sud d’Aïn Allouane, ouvrent le feu sur une bande qui circule le long de la route touristique, en direction du Sud.
Une section de la 3, qui grenouille dans les environs, rallie au feu. Au cours de l’accrochage qui s’ensuit, le Chasseur Bernard Gilbert est légèrement atteint par un tir de chevrotines. une fouille du terrain, effectuée le jour lève, permet de retrouver un chargeur de F.M. 24/29 garni.
De nouvelles traces du passage de la bande sont relevées vers Taguemount Mimouna.
La C.C.A.S. et la 4ème Compagnie effectuent une reconnaissance dans la région d’Irzer.
La nuit du 27 au 28, 1a journée du 28 et la nuit du 28 au 29 sont calmes. Les embuscades sont maintenues sur le terrain malgré la température assez basse, surtout la nuit, et l’inconfort de l’installation dû, en particulier, aux impératifs du camouflage.
À 23 h 30, une des sections ouvre le feu, sans résultat, sur trois individus qui tentent de traverser le dispositif.
Le 29, le Capitaine Scheibling transmet le commandement de la 4ème Compagnie au Capitaine Bigot, récemment arrivé du C.I. 22, et rejoint Tikjda, où il prend le commandement du P.I.S.T.
Le 30 janvier, le groupe de protection du convoi de Tikjda signale des groupes d’hommes remontant les pentes enneigées du Djurjura. L’avion d’escorte confirme et précise, après reconnaissance des crêtes, qu’il a repéré de nombreuses traces dans la neige sur le pourtour du Lac Goulmine. Axe de marche Sud-Nord.
Une patrouille de la 4 arrête, prés de Bechloul, le nommé Aïssa Chiroual, tandis que l’O.R. capture Atmani Salah, agent de liaison du commissaire politique de Bouïra.
Les premières révélations d’Atmani, sitôt exploitées en collaboration avec le 3/I9ème R.C.C., provoquent l’arrestation de Khaldi Ahmed ben Ali, chef nidham de la Fraction Si Kraled. La suite de l’interrogatoire amène la capture de trois membres de l’O.P.A. de Bouïra.
Les journées des 30 et 3I janvier sont occupées à des fouilles du terrain avoisinant les points d’embuscade. plusieurs caches sont découvertes, qui contiennent des matériels divers : appareils et central téléphonique, boites de peinture, bâches, ainsi qu’un fusil de chasse en bon état et un chargeur de F.M. 24/29.

Février
Le 1er février matin, après avoir été relevée sur ses positions par une unité du 72ème BG., la Compagnie Chaquin passe en tête du bataillon de marche, qui progresse vers le Col de R’mila.
À 10 h 45, la section de la 1re Compagnie, qui marche en pointe, ouvre le feu sur un "chouf" armé, qui, bien que blessé, réussit à disparaître dans la rocaille et les buissons. L’alerte a été donnée à une quinzaine de H.L.L. qui jaillissent d’une mechta en ruine et s’égaillent vers le col.
La progression continue.
Le col est franchi en début d’après-midi.
Ordre est donné de ratisser l’Oued Habouane, en direction du village qui porte ce nom, et de fouiller le village.
À I5 heures, un bref accrochage oppose la 1ère section à un petit groupe rebelle qui, bien installé, l’a prise sous son feu.
Un groupe déborde, se rabat sur l’objectif et capture deux fellaghas, armés d’un fusil de chasse et d’un revolver. Les autres ont fui.
Un peu plus tard, un commando de G.M.S., rattaché à la compagnie, abat un commissaire politique et récupère sur lui une importante somme d’argent, des documents et un revolver.
À 17 h 3O, une compagnie voisine, du 159ème B.I.A., abat encore un H.L.L. et récupère son pistolet.
Le bataillon de marche retrouve ses véhicules. Le convoi rejoint Boghni, où la compagnie cantonne dans un garage.

Le 2 février, après avoir servi d’escorte au commandant du I59ème B.I.A., qui rejoint Dra El Mizan, la Compagnie de Marche regagne Bouïra.
Durant son absence, les unités restées en poste ne sont pas demeurées inactives.

Le 2 février, la 3ème Compagnie relève de nouvelles traces de passages Sud-Nord. Deux sections de la 4ème Compagnie sont mises à la disposition du 2/I9ème R.C.C., pour une opération de quartier vers Si Amrane Tigri et le Moulin De Tirguit.
L’O.R. poursuit, le 3, avec l’aide du maghzen de la S.A.S. d’Irhorat, l’exploitation des révélations d’Atmani, et arrête un moussebel au Ras Tickb0uch. Un revolver à barillet et une grenade sont saisis.
Le 4 février, deux autres membres de l’O.P.A. sont interpellés.

Le 5, le bataillon participe à une opération de secteur dans le Douar Tachachit.
Sous le commandement du Chef de Bataillon Giraud, et renforcé d’un D.L.O. du 50ème R. A. et du 3/I9ème R. C. C., il débarque à Sélim, à 6 heures.
Le P.C. prend position à la Djemaa Toumelitin, ayant les 3ème et 4ème Compagnies à sa droite, vers le Sud, la 2ème et le P.I.S.T. au Nord, à Aïn Isly et à la cote 1215. La 1ère s’aligne devant le P. C.
Le ratissage débute à 9 heures, face à l’Est.
Le 50ème R. A. occupe le village de Taourirt.
Au cours de la progression, le Chasseur Fraisse, de la C.C.A.S., chute et se blesse à la jambe. Il est transporté à bras jusqu’au P.C. et terminera l’opération sur le bât d’un mulet de charge.
La fouille se poursuit sans incident jusqu’au village de Taourirt Tazegouart, où l’on retrouve les véhicules,
Le lendemain, opération dans le quadrilatère bien connu de Beni Hamdoune - Takerboust.
Le bataillon, renforcé du P.I.S.T. et du 4/7ème hussards prend ses positions de départ pour 9 heures, sur la route Maillot - Col De Tirourda, son aile droite à hauteur du poste de Takerboust, dans l’ordre, d’ouest en Est : P.I.S.T., 4ème Compagnie, P.C. et Harka d’Irhorat, 2ème Compagnie, 3ème Compagnie, 1ère Compagnie, 4/7ème Hussards.
Le 2/I9ème R. C. C. assure le bouclage Ouest, sur la route.
Les chars du 3/I9ème patrouillent au Sud et vers Beni Hamdoune, où un élément léger intervient en début d’opération, pour en faire sortir les rebelles qui pourraient s’y trouver.
À 10 h 10, la 1ère Compagnie signale deux fuyards vers 556, et récupère une arme sur un H.L.L. tué par le 3/I9ème. R.C.C. Vingt minutes plus tard, la 2ème Compagnie débusque trois fellaghas et les abat au cours d’un rapide accrochage. Un fusil de chasse et des documents sont ramassés.
La 1ère tire de loin sur des fuyards dissémines entre 556 et 57I. Le P.I.S.T., de son coté, a récupéré dans une cache un obus de I05 démuni de sa fusée.
À 11 h 30, le nommé Adjaoud Bouzid se rend au P.I.S.T., porteur de deux armes, la sienne propre et celle de son compagnon, qui, lui, refusait de se rendre et qu’il a abattu.
Le P.C. a pris position sur 533. Le P.I.S.T. abat le nommé Arezki Amar ben Ahmed, porteur d’un P.A.
Une demi heure plus tard, c’est à la Harka d’Irhorat d’être soumise au feu d’un groupe embusqué dans les taillis du fond de l’oued. Le Sous-Lieutenant Poignant manoeuvre ses gens, qui abattent quatre rebelles et en capturent un cinquième. Le butin est de, un fusil de chasse, deux revolvers, un pistolet, quatre grenades et divers papiers.
Le P.I.S.T. abat encore un fellagha porteur d’une paire de jumelles et d’une cartouchière (I4 heures), puis en capture un autre, armé d’un fusil Lebel.
Retour à Bouïra à I7 h 50.
La 2ème Compagnie repart immédiatement sur Dra El Mizan, en renfort dans le Tala Guilef, jusqu’au 10 février.
Le I3, un bataillon de marche, aux ordres du Commandant Mairet, composé de la 2ème Compagnie (Capitaine Gaston), des Harkis et du Maghzen De Bezzit (Capitaine Billotet), et du 3/I9ème R.C.C. (Capitaine Bigot), passe la matinée à fouiller la vallée de l’Oued Roukam, où, selon des renseignements recueillis par la S.A.S., des éléments "bellounistes" auraient organisé un refuge.
R. A. S..
Dans la soirée, une patrouille de la Harka et du Maghzen d’Irhorat qui accompagne l’O.R., subit le feu d’un petit groupe rebelle embusqué au Nord des mechtas de Si Amrane Tigri. Au cours de l’accrochage, le Harki Amber Moussa est tué.
Ses obsèques ont lieu le I4 à Tirilt N’seksou.

Embuscades et patrouilles les jours suivants.
Le I8, 1a 1ère Compagnie arrête deux individus démunis de papiers d’identité.
À la suite de l’arrestation du chef Nidham du hameau Emmeroudje Est, les chefs de famille du lieu se présentent à la S.A.S., le 20, Pour demander la protection de l’armée et le regroupement des familles à Irhorat.
Le 22, la C.C.A.S., les 2ème et 4ème Compagnies et le 4/7ème Hussards, constituent un sous-groupement, aux ordres du Commandant Giraud, pour une fouille du versant Sud et de la vallée moyenne de l’Oued Kalous (secteur de Palestro).
Départ de Bouïra à 2 heures.
Débarquement à Bezzit, puis progression à pied, pour parvenir à 7 heures sur les positions de départ. Deuxième Compagnie sur 989, 4ème sur 886, P.C. et C.C.A.S. entre 886 et 7I2, 4/7ème Hussards sur 7I2. Liaison assurée à droite avec le maghzen de la S.A.S. de Bezzit.
La fouille du terrain se déroule de 8 h 45 à I2 h 3O, sans incident. Les musulmans contrôlés sur le terrain ou dans les mechtas visitées sont ramenés au centre de contrôle de la maison cantonnière de l’Oued Kalous.
Retour à Bouïra pour I4 heures.
Le P.I.S.T. signale le passage, au cours de la nuit précédente, d’une bande rebelle, vers les Ouled Mendil.
Et le travail de sous-quartier reprend : embuscades et patrouilles de jour et de nuit, nettoyage du matériel, tirs, instruction des harkas, escortes sur Tikjda.
Le 25 février, monsieur le sous-préfet de Bouïra visite le poste de Merkalla.
La 4ème Compagnie, en patrouille de nuit dans le Teniet ben Turki, intercepte cinq ravitailleurs. L’O.R. et son équipe arrêtent deux collecteurs de fonds, au cours d’un contrôle de nuit aux bains maures de Bouïra.

Mars
Le 1er mars, à la suite de l’enlèvement par le F.L.N. de la Famille Cesaro, à La Baraque, la 2ème Compagnie est mise à la disposition du secteur d’Aumale.
Alertée à I2 heures, elle reçoit l’ordre de rejoindre la Baraque, de là, elle est dirigée sur les Eaux Chaudes, où elle arrive à I5 heures.
La 3ème section se porte immédiatement sur la cote 633, déjà occupée par deux chars du 3/I9ème R.C.C., puis repart en direction du Rocher de La Femme Volée, par la piste du fond de l’oued. Elle y relève de nombreuses empreintes récentes d’hommes et de mulets.
La compagnie se regroupe à I8 heures et s’installe sur 633 en point d’appui pour le bivouac.
Nuit calme, pas trop fraîche.
Au jour, le 2 mars, la 1ère section reconnaît quelques mechtas au Nord-Est.
La 2 est reprise, par véhicules, à 11 h 30. Elle est mise à terre vers I5 heures, après que le convoi ait dépassé le poste de Tigrine, et continue à pied en direction de Takerout. Progression ralentie par la présence de zones minées par le 7ème Hussards le long de la piste Nord.
Au cours de la progression, la section de tête reçoit quelques rafales d’un groupe d’une dizaine de H.L.L., doté d’un fusil-mitrailleur. La section se déploie et fonce, tandis que les fellaghas décrochent. Mais, quand elle arrive à la crête, c’est pour apercevoir les derniers fuyards disparaître dans les ravinements de l’autre versant.
Bivouac sur les cotes I205 et 1116.
À 8 h I5, 1e 3, 1a compagnie se regroupe sur 1116. Les sections se mettent en ligne, face au Nord, et procèdent au ratissage d’une zone, large d’un kilomètre, direction Nord. Au cours de la progression, découverte d’un bât en bon état et d’une couverture. La marche reprend en direction d’Iril N’aït Ameur, où l’on cantonne.
La compagnie rejoint Bouïra le 4.
Le temps de changer de chaussettes, et le Capitaine Gaston et ses hommes repartent pour le Tala Guilef, où, six jours durant, ils vont bivouaquer dans la neige.
La 4ème Compagnie et le P.I.S.T., renforcé d’une section de la 3ème Compagnie, prennent la relève dans la recherche des ravisseurs de la Famille Cesaro.
Le Capitaine Bigot, qui s’est présenté le 4 à I3 heures, au P.C. opérationnel d’El Adjiba, reçoit l’ordre d’effectuer un coup de main sur Beni Iklef pour s’assurer de la personne de deux individus connus comme guides des rebelles. Appréhendés à proximité du moulin de Beni Iklef, ils sont ramenés au P.C. La 4ème Compagnie est alors envoyée à Takerboust, où elle arrive à I7 heures. Elle prend position sur les cotes 606, 669, et au collet Sud de 7I6, en liaison avec le 3/I9ème R.C.C., qui occupe Tixeridene.
Bivouac sur les positions.
Nuit froide et calme.
Départ 7 h 30, le 5, avec de nouveaux ordres : Se porter au col Sud de 1421. Y prendre contact avec Parthenon Jaune, en surveillance face à l’Ouest.
Au cours de la marche, par la piste qui quitte la R. N. I5 au point cote 1125, la deuxième section débusque un petit groupe rebelle, lui tue deux hommes, et ramasse deux grenades MK 2.
À I3 heures, la compagnie est en position au Nord et au Sud de 1709. La première section est à 200 mètres plus au Nord sur une avancée qui surplombe la route, et assure la liaison avec un élément de Parthenon.
Installation en points d’appui.
À I9 h I5 la première section est envoyée à la maison cantonnière d’Ain Zebda, qu’elle occupe pour la nuit.
Dès le réveil, le 6, après une nuit calme, sinon confortable, les guetteurs signalent des individus qui remontent vers le Nord, à deux kilomètres des emplacements du bivouac.
La 3ème section prend position sur I709, tandis que la deuxième se dirige vers les fellaghas, qui changent de direction et s’enfuient vers Aït Yahia.
À I2 H I5, la compagnie est rassemblée, retrouve ses véhicules, et rejoint le P. C. de Parthenon sur la route, à hauteur du village de M’lel, où elle reste en réserve.
À I9 heures, le Capitaine Bigot reçoit de nouveaux ordres : "Rejoindre El Adjiba en convoi, puis, à pied, gagner le village de Semmach, le fouiller, en regrouper les habitants en vue d’un interrogatoire par les officiers de renseignement. S’installer en point d’appui à l’intérieur du village, en liaison avec un peloton du I9ème R.C.C."
La fouille du village se termine à 1 heure du matin, après rassemblement de la population sur la Djemaa. Au matin, les hommes sont escortes au P.C. d’El Adjiba. La compagnie procède alors à une nouvelle fouille, plus minutieuses, des mechtas.
En début d’après-midi, la 4ème Compagnie est dirigée vers la cote 468, où l’avion d’observation a repéré un petit convoi muletier. Arrivé sur 468, le Capitaine Bigot prend contact avec une patrouille de T.6, lorsque lui parvient l’ordre, retransmis par le I9ème R.C.C., de s’installer en interception entre l’Acif Oumellal et l’Irzer Ayazdi.
La position est tenue de I5 à I7 heures, puis, retour aux véhicules qui rejoignent la cote 556, où l’on bivouaque.
Au réveil, la compagnie, sur camions, rejoint la route nationale où elle attend l’arrivée d’une batterie à pied du 50ème R.A. et du Commando de Chasse Kimono 4, qui doivent s’installer en base de départ sur 77I.
Sitôt terminée la mise en place, la compagnie progresse en direction de I044, qu’elle occupe à I2 h 30, puis continue jusqu’à 894.
Halte sur place, en attendant les hélicoptères qui, à partir de I5 h 30, enlèvent la compagnie pour la déposer aux Mechtas Si Fadel. Les mulets de charge ont été laissés à la garde de la batterie à pied du 50ème R.A..
Il est I6 heures.
Nouvelle mission : fouiller l’Oued Izdezh jusqu’à son confluent avec l’Oued Sidi Aissa. Celui-ci est atteint à I9 heures. Les sections s’installent en bouchons, pour la nuit, dans les oueds adjacents.
Au matin du 9, la 4ème procède à la fouille des ravins latéraux entre l’Oued Sidi Aissa et l’Oued Izdezh.
La fouille se poursuit toute la journée.
Installation pour la nuit suivante à proximité de la cote 800, en bouclage de l’Oued Sidi Aissa. La 1ère section et le groupe de commandement prennent position sur une plate-forme au S. O. de 728. La 2ème section s’installe sur une barre rocheuse qui s’avance en travers de la vallée. La 3ème section prend place sur une avancée qui domine la rive Ouest de l’oued.
Au début de la nuit, les sentinelles de la 3ème section ouvrent le feu, sans résultat, sur des individus isolés.
Le restant de la nuit est calme.
Au cours de la matinée du 10, une unité voisine découvre plusieurs abris et fait un prisonnier.
Un artificier, chargé de détruire ces abris, est héliporté apurés de la compagnie, qui le dirige vers l’unité intéressée. À I5 heures, l’hélicoptère repart, emmenant le prisonnier.
Sur un nouvel ordre, la compagnie se dirige vers le Nord, un bivouac étant prévu sur 753. En cours de mouvement, un contrordre la dirige sur Tamziabt, où elle retrouve ses véhicules.
Retour à El Esnam, où elle arrive à I9 h 45.
Alors que la 4ème Compagnie et le P.I.S.T. (dont le journal de marche ne nous est pas connu), participaient à ces recherches, les autres compagnies du bataillon continuaient leurs activités sur le plan local.
Le 10 mars, dès le retour du P.I.S.T. à Tikjda, les stagiaires du 3ème peloton sont renvoyés sur leurs corps d’origine, tandis qu’arrivent les candidats au quatrième stage.

Le 11, la 3ème Compagnie découvre sur la route de Guendour une mine confectionnée avec un obus de I05.
Le I4, 1a C.C.A.S et les 1ère et 2ème Compagnies, soit I79 chasseurs et I42 harkis, auxquels vient se joindre le 4/7ème Hussards, repartent, sous les ordres du Chef de Bataillon Giraud, pour la région Sud d’El Adjiba, où se déroule une opération de secteur.
Départ de Bouïra à 2 H 30. Arrivée à 3 h 30 au poste du 4ème escadron à El Adjiba. Débarquement et départ d’Iril Natraioun.
La 2ème Compagnie, qui marche en tête, ouvre le feu à 7 heures, à proximité de la cote 637, sur un groupe d’une dizaine d’hommes, qui se dispersent et s’enfuient vers 640. La section d’avant-garde récupère un ceinturon et deux grenades abandonnées sur les lieux. Cinq suspects sont arrêtés à faible distance.
La 1ère Compagnie et le P. C. arrivent à 7 h 45 à la maison forestière de Tixerat. Les gens arrêtés par la 2 sont remis à l’O.R. pour examen de situation. Il s’agit d’habitants du village de Tixerat (tous plus ou moins mousseblines), qui confirment le passage d’une bande armée dans le village au cours de la nuit. Les fellaghas se sont ravitaillé, ont mangé, et sont repartis vers le Sud, peu avant le lever du jour.
La 2ème Compagnie continue vers 824.
À 8 H I5, l’avion d’observation signale la présence d’un groupe rebelle au Sud de ce mouvement de terrain. Alors qu’elle arrive à trois cents mètres du sommet, la section de tête de la 2 est stoppée par un tir de fusil-mitrailleur.
La Compagnie se déploie sous le feu, tandis que l’avion repère d’assez nombreux fuyards, qui se dirigent vers 799. L’artillerie les prend à partie. Le piper règle le tir. Celui-ci termine, une patrouille de T6 prend la relève à la mitrailleuse et aux roquettes.
Le F.M. s’est tû ; la 2ème Compagnie couronne 799 à 10 h 35. La 1ère arrive sur 669, le P. C. du Commandant Giraud sur 824.
Après remise en ordre, toutes les unités reprennent la progression à 11 H 30. Elles relèvent de nombreuses traces de passage tout au long de leur fouille.
Des unités voisines tirent à leur tour sur les fuyards. A 12 h 30, le P.C. opérationnel fait pousser la 1ère Compagnie sur 801. La 2ème Compagnie et le 4ème Escadron de Hussards couronnent la crête de 6I3. La 1ère Compagnie, arrivée à I4 H I0 sur 80I, reçoit l’ordre de gagner le sommet de 96I et de fouiller toutes les ravines qui strient ce mouvement de terrain.
Le piper signale un cadavre sur 845.
L’artillerie effectue un tir de ratissage devant 96I, qui vient d’être occupé par la 1ère Compagnie. À I5 H 40,1e tir est levé, et la compagnie reprend sa fouille.
La 2ème Compagnie détache des patrouilles pour ratisser le terrain autour de ses positions, imitée en cela par le 4/7ème Hussards. La 2 ramasse un suspect au fond d’un petit oued et l’envoie à l’O.R. Le piper signale trois nouveaux cadavres, tués par l’aviation. Les Hussards retrouvent cinq cadavres et en récupèrent les armes.
Le mouvement est repris en direction du village d’Iril N’aït Ameur, où est stationné le convoi.
Retour à Bouïra à I8 H 30.
Du I5 au 20 mars, travaux et patrouilles locales.
Le I8, le poste de Merkalla reçoit la visite des Généraux Massu et Faure.
Une patrouille de la 3ème Compagnie met en fuite, au cours de la nuit du I9, une équipe qui posait des mines sur la piste à l'Ouest de Sélim.
Le 20, la 2ème Compagnie, la C.C.A.S., une compagnie mixte 1ère/4ème, le 4/7ème Hussards et un D.L.0. du 50ème R.A. repartent vers le Sud de Maillot.
Le convoi, parti de Bouïra à 4 H I5, arrive à Iril N’aït Ameur à 7 H 30. Débarquement et progression vers les positions de départ. Les Hussards atteignent 730 à 7 h 50, et continuent vers 722. La 2ème Compagnie est sur 766 et 722. À 8 h 50, 1a compagnie mixte 758, 801 et le versant Sud de 801.
La batterie canons du 50ème R.A. procède à la mise en place de ses tirs.
À 9 heures, la compagnie mixte et les hussards commencent le ratissage, et fouillent successivement le Nord de 722, 883, 743, 800 et 810, ainsi que l’Oued Taferkout.
À partir de I3 heures, le ratissage se poursuit vers le Sud, en direction du bouclage. Le bataillon à pied du 50ème R.A. occupe la ligne de crête du Zaalellou et le col 801. Au cours de la fouille des pentes du Zaalellou, il débusque deux rebelles qui s’enfuient vers l’oued. La compagnie mixte et la 2ème Compagnie prennent position pour leur couper la route. L’un d’eux est blesse par les artilleurs.
À 16 h I5, les hussards retournent vers 722 par le Dra El Berel, la 2ème Compagnie par 815, la compagnie mixte ferme la marche.
Arrivée à I3 h 10 à Iril N’aït Ameur, où attendent les véhicules. La 2ème Compagnie s’installe en bivouac dans le village et ne rejoindra sa base que dans la matinée du 2I.
Le P.C. et les autres compagnies regagnent Bouïra
Les jours suivants, la C.C.A.S. entreprend la construction d’un Centre de Transit et de Tri (C.T.T.), dans 1a cuvette au Nord de la Ferme Porcher. Ensemble important, composé de plusieurs baraques, d’un poste de garde, et entouré d’un réseau de protection.
Le 25 mars, l’O.R. et son équipe interviennent dans le Douar Ouled Bellil, où un commissaire politique a installé son refuge. L’ouverture de la cache est masquée par une pile de sacs de grains. Au cours de l’opération, le Sergent Harki Terrak Ahmed, interprète de l’O.R., qui s’est penché vers l’orifice, pour inviter les occupants de la cache à se rendre, est blessé d’un coup de revolver.
Une grenade dans le trou règle l’affaire.
Le 27, en présence du chef de Bataillon Giraud, commandant le 22ème Bataillon de Chasseurs Alpins, se déroule sur le terre-plein du poste d’Ain Allouane, la prise d’armes de passation de commandement de la 3ème Compagnie, du Capitaine Chaussier au Capitaine Gelpy, nouvellement promu. Le Capitaine Chaussier est muté au 30ème B.C.P., où il prend les fonctions de commandant en second.
Travaux, embuscades et patrouilles jusqu’à la fin du mois.
La journée du 3I mars est marquée par la mort du Harki Idou Arezki, du village d’Alouane, dans le Douar Innesmane.
Resté seul au village avec les membres de l’autodéfense, alors que les autre harkis avaient rejoint le poste de Merkalla pour leur service quotidien, il voit arriver, venant du sommet de la montagne, un groupe d’hommes armés, qui se dirigent vers le village. Il donne l’alerte à l’autodéfense et, seul, fait face à l’assaillant.
Il est tué dés le début de l’engagement. Mais les hommes du village résistent, et les fellaghas font demi tour, n’ayant réussi à s’emparer que de deux armes, dont celle du mort
La 1ère Compagnie, aussitôt alertée, gagne les crêtes.
La C.C.A.S. patrouille vers Beni Ismaïl, la 2 est mise en état d’alerte. Mais l’adversaire a déjà disparu sur le versant Nord du Djurjura.
Au cours d’une liaison avec le P.C., le Dodge de la 1ère Compagnie déclenche une mine, sur la piste de Merkalla.
Le Chasseur Albert Filippi est blessé

Avril
Les obsèques du Harki Arezki sont célébrées à Innesmane le 2 Avril. Le Commandant Giraud a tenu à marquer par sa présence la valeur exemplaire qu’il attache à ce sacrifice.
Les hommes du douar sont rassemblés, regard fixe, visage durci, devant la tombe ouverte. Le vieux père d’Idou, devant tous, s’avance vers le Commandant Giraud, et lui demande "la permission" de remplacer son fils dans les rangs de la harka.
Les 1ère, 3ème et 4ème Compagnies fournissent, le 4 avril, chacune une section pour constituer une Compagnie de Marche, mise à la disposition du secteur de Dra El Mizan, jusqu’au 16 avril, dans le Tala Guilef.
La C.C.A.S. remet en état les lignes téléphoniques, tandis que la 2 escorte et protège les équipes d’entretien de l’E.G.A.
Le P.I.S.T. effectue, le 5, une reconnaissance à skis, dans la zone comprise entre le Tizi Boussouil et l’Azerou Ou Gougni.
Le 6, le Sergent Legouge, de la 4ème Compagnie, qui fait partie de la compagnie de Tala Guilef, se blesse au pied droit au cours d’une chute. Il est évacué par un véhicule d’une unité voisine.
La 2ème Compagnie et le P.I.S.T. participent, les 6, 7, et 8 avril à une opération dans le secteur de Fort National.
Le convoi quitte Bouïra à 0 heure 30.
Débarquement à Takerboust. Puis, à pied, montée jusqu’au Col de Tirourda, guidés par un élément du 50ème R. A.. Arrivée au col, la compagnie emprunte le piste qui suit la ligne de crêtes vers l'Ouest, par I767 et I709.
Au moment où, vers 10 H 30, elle aborde 1951, la troisième section ouvre le feu sur deux isolés qui s’enfuient. L’unité amie, qui opère sur le versant Nord, accroche à son tour, à proximité de la Grotte aux Singes, une petite bande rebelle qui reflue vers I840.
La compagnie se déploie en bouclage sur la crête, face au Nord. La journée se déroule sans nouvel incident. La nuit, passée sur place, est calme.
Le 7, 1e bouclage se déplace vers l'Est, entre I709 et I650, pour suivre le mouvement des unités de fouille, qui opèrent sur le versant Nord du Djurjura. Une bande d’une quarantaine de fellaghas décroche devant la progression du ratissage, et plonge dans la vallée Nord, en refusant le combat.
En fin de journée, la 2ème Compagnie regagne le Col de Tirourda, où attendent les véhicules. Le convoi se dirige vers la maison cantonnière d’Ain Zebda, où l’on bivouaque auprès d’une batterie du 50ème R.A.
Le 8, fouille du village d’Iril 0u Chekrine, puis bouclage au Sud de Djereah. À 11 heures, bouclage de Beni Hamdoune, que fouillent les artilleurs.
Retour à Dra El Khemis en fin de journée.
Célébration, le 9, de l’Aid Es Seghir dans tous les villages et hameaux du quartier du 22ème B.C.A.
Le Chef de Bataillon Giraud rentre de permission le 11, et reprend le commandement du bataillon. Les honneurs lui sont rendus à son arrivée à la Ferme Porcher par une section de la C.C.A.S.
La 2 est déjà repartie, invitée par le 7ème Hussards à une opération dans 1a région de l’Oued Sebkha.
Les G.M.C. déposent la compagnie au poste d’Ouled Rached, où elle ronge son frein, en réserve d’opération, jusqu’à 10 heures. Elle reçoit alors l’ordre de prendre position à la Djemaa Salah 0u Saïd, en protection du commando de chasse Kimono 4, qui ratisse la vallée de l’Oued Sebkha.
Au cours de la progression pour rejoindre cette position, les sections relèvent de nombreuses traces de passage, assez récentes. Installation pour le bivouac de la nuit sur 664-578 et au col, entre 686 et 658.
Les sentinelles des 1ère et 3ème section ouvrent le feu, en cours de nuit, sur des individus qui tentent de forcer le bouclage vers le col.
Le 11 avril, la 2ème Compagnie prend position sur la ligne 468 - 675, tandis que les unités voisines fouillent l’Acif Oumellil et l’Acif Mounchar, dans lesquels une bande rebelle a été repérée la veille. La compagnie ratisse ensuite la bande de terrain, comprise entre les crêtes qu’elle occupe et l’Acif Oumellil.
R.A.S.
Retour à Dra El Khemis en cours d’après-midi.
Le Commandant Giraud et les commandants de compagnie du 22ème B.C.A. sont invités, le I2, à une grande Diffa et à un méchoui d’honneur, à la S.A.S. de Bezzit, où le Capitaine Billottet, chef de S.A.S., reçoit le Général Faure, commandant la Z.E.A. et la 27ème D.I.A.
Pour toutes les compagnies, travaux, embuscades et patrouilles. La C.C.A.S. poursuit activement la construction de son C.T.T., tandis que la 4ème Compagnie oeuvre à l’installation d’un centre d’instruction F.S.N.A.
Le I5, la 1ère Compagnie, qui nomadise en Innesmane, appréhende deux individus recherchés par la gendarmerie pour coups et blessures.
Le P.I.S.T., qui, depuis plusieurs jours déjà, inspecte les sommets du Djurjura, à la recherche des caches et grottes utilisées par le F.L.N. découvre six cadavres, inhumés depuis plusieurs mois. Une enquête, menée de concert avec la gendarmerie, fait apparaître que la région concernée a servi de siège au tribunal du F.L.N., l’année précédente. À la suite des condamnations, de quarante à cinquante civils, accusés de trahison, collusion avec les forces colonialistes, etc., auraient été exécutés et leurs cadavres dispersés dans la montagne.
Le Caporal Desjardin, de la 4ème Compagnie, stagiaire au P.I.S.T. se fracture le péroné au cours d’une chute dans les rochers et doit être évacué.
Depuis plusieurs semaines, des équipes d’A.S.S.R.A. ont été créées à l’échelon du secteur de Bouïra. Elles visitent les villages, soit accompagnées d’un médecin militaire, soit seules. Elles sont chargées d’apprendre aux femmes musulmanes les rudiments d’hygiène corporelle pour elles et leurs enfants.
Les élections municipales, dont la date approche, mobilisent la population du douar depuis un certain temps déjà. Trois listes sont en présence, qui mènent, chacune de son coté, une campagne électorale dont il faut souligner la dignité, mais aussi la passion. Passion qu’apportent tous les notables à la discussion des affaires publiques et privées, c’est la "Chikaia Politique" dans toute sa splendeur. Fait particulièrement remarquable : la part que les femmes prennent à cette forme d’activité qui les fait sortir du rôle passif où la tradition musulmane les confine.
Les élections doivent avoir lieu le 19.
Dés le I6, les activités d’embuscades et de patrouilles s’intensifient dans tous les sous-quartiers. Une protection toute particulière est donnée, le I6, au convoi de ravitaillement de Tikjda.
Malgré ces préparatifs, le bataillon participe, le I7, à une opération de secteur commandée par le Colonel d’arrouzat.
Le Chef de Bataillon Mairet prend le commandement du sous-groupement N°2, composé d’un P.C. et de sa protection, fournie par la C.C.A.S. de la 2ème Compagnie du 22, du I/50ème R.A. et de son G.M.S., et du 4/7ème Hussards, soit un total d’environ 350 hommes.
Au cours de la journée du I6, les conditions atmosphériques, qui, depuis plusieurs jours étaient passables, se sont progressivement détériorées. Une très forte pluie tombe sur la région.
Lorsque le convoi se forme, le I7 à 1 h 45, la nuit est encore rendue plus sombre par la pluie, sous un ciel très bas.
Débarquement à Mergueb El Ogab à 2 h I5. Progression à pied par la ligne de crêtes jalonnée par I002, 936, 801, et le Koudiat Dar Matreh. La visibilité est pratiquement nulle. Le terrain est rendu très glissant par la pluie qui ne diminue pas d’intensité.
Le mulet porteur du poste radio C.9 glisse et tombe en contrebas de la piste, fracassant le poste dans sa chute
À 7 h 30, les éléments de tête qui abordent la ligne de crête, se font allumer par le Commando N°I2 du secteur d’Aumale, avec qui ils devaient prendre liaison sur l’Oum El Foul. La méprise est de courte durée. Il n’y a heureusement pas de victimes.
Le jour se lève lentement, dans la grisaille, lorsque le P.C. intercepte un message du commandant de l’opération aux unités du secteur d’Aumale, annonçant la suspension de l’opération pour cause de mauvais temps.
La confirmation en parvient peu après, par l’intermédiaire du 3/I9ème R.C.C.
Retour à Bouïra pour 11 heures, sous la pluie battante.
Les élections se déroulent le I9, pour chacun des sous-quartiers, dans une ambiance de calme et de bonne humeur, malgré le temps toujours maussade. La participation. au vote atteint 85%. La participation féminine est particulièrement élevée. La propagande du F.L.N. s’est révélée une nouvelle fois sans emprise sur les populations des Douars Haïzer et Innesmane.
La section d’escorte de la C.C.A.S. assure le transport des urnes vers la S.A.S. d’Irhorat, où à lieu le dépouillement.
Le soir, à 20 heures, l’équipe des transmissions qui travaille à la réparation de la ligne téléphonique à proximité du poste de Guendour, reçoit quelques coups de feu, tirés de très loin par un P.M. et quelques fusils de chasse, sans dégât aucun.
Une patrouille de nuit tendra, sans résultat, une embuscade sur cette piste, tandis que le groupe rebelle s’en va couper la ligne téléphonique de Merkalla.
Au cours de la nuit du 23 au 24 avril, une patrouille de la Ferme Cathala, commandée par le sergent-major, chef du poste, découvre un individu se dissimulant à proximité des barbelés. Aux sommations qui lui sont faites, il se sauve, enfourche un mulet qui se trouve un peu plus loin, et s’enfuit. Quelques coups de feu sont tirés dans sa direction.
Une heure plus tard, la Jeep de l’officier S.A.S. d’Irhorat, amène à l’infirmerie du bataillon, le nommé Mezhoud Saïd ben Rabah, d’El Massar, légèrement blessé à la tête, et qui avoue être le fuyard. Il est relâché après interrogatoire par l’O.R.
Dans la nuit du 25 au 26, une explosion est entendue par les sentinelles du poste d’Ain Allouane, paraissant provenir des environs de Sélim. Une patrouille, dépêchée au petit jour, découvre une coupure de route à hauteur du village, puis, sur le tablier du pont de Sélim, une excavation provoquée par l’explosion entendue en cours de la nuit, et des traces de sang sur la chaussée. Une pelle des Ponts et Chaussées est récupérée sur les lieux. La. remise en état de la route est effectuée dans la journée.
Les traces relevées conduisent jusqu’à la cote 804. La bande parait forte d’une vingtaine d’individus, dont quelques enfants. Il s’agit vraisemblablement d’un groupe de la Katiba 322, renforcé des mousseblines de Sélim.
Les renseignements recueillis les jours suivants, et confirmés par des documents récupérés par la suite, permettent d’identifier les victimes de cette explosion prématurée : Si Louis Mohamed ben Amar dit "Si Amar", sergent artificier du secteur 2, originaire de Sélim, tué. Hamdani Mohamed et le Sergent Ouchene Saïd, blessés.
Les travaux, patrouilles, embuscades et escortes, se succèdent quotidiennement.
L’O.R. visite, le 27, 1e chantier de construction du nouveau village de Guendour, dans la cuvette boisée d’oliviers que surplombe le poste. Les travaux se poursuivent activement sous la protection du poste, avec la participation des Harkis de la 3ème Compagnie.
Le 28 avril, le nommé Rahal Daoudi ben Rabah, se rallie avec son arme, un revolver à barillet de 8m/m et sept cartouches.
La 2ème Compagnie., sous les ordres du Sous-Lieutenant Mathieu, est dirigée sur le P.C. du 50ème R.A. à Maillot. Une bande de soixante dix H.L.L. a été signalée dans les environs de Takerboust. Une fouille, l’après-midi, de la vallée de l’Oued Arbhalou, ne donne aucun résultat.
La compagnie cantonne à Maillot Gare, pour être employée le lendemain, sur Beni Ouilbane.
Au petit jour, le 29, le groupe de tête coiffe un guetteur à demi endormi. L’homme révèle qu’un groupe s’est ravitaillé au village au cours de la nuit. La fouille du village ne donne aucun résultat.
La 2 entreprend alors le ratissage de la vallée de l’Oued Rana. Un groupe de cinq hommes est débusqué d’un ravin adjacent. L’un d’eux est abattu : Zemmouche Saïd, de Beni Ouilbane. Les autres disparaissent dans les fourrés qui tapissent le fond de l’oued.
De nouveau, cantonnement à Maillot Gare.
Le 30, ratissage de l’Oued Tafadit, où l’on relève quelques traces de circulation. La 3ème section intercepte un individu qui s’enfuit et est abattu. Il était porteur d’un revolver d’ordonnance 3m/m, modèle 1892.
Comme les soirs précédants, la compagnie cantonne à Maillot Gare. Elle ratisse, le 1er Mai, la région d’Iril Hammad, puis celle d’Ain Tahouine. Un refuge est découvert, comportant plusieurs abris dans lesquels on trouve une certaine quantité de vivres, des vêtements et quelques documents.
Retour, le soir, à Maillot Gare.

Le lendemain matin, la compagnie est amenée par camions à Takerboust. Puis, en ligne, face au Sud, elle ratisse les ravineaux qui strient le versant de la colline. Un groupe de sept hommes se sauve devant la 2ème section. Une patrouille de chasse intervient à la mitrailleuse. La fouille du terrain se poursuit. Les 2ème et 3ème sections abattent chacune un rebelle et récupèrent une grenade offensive.
Le convoi est rejoint sur la route d’Akbou. Retour à Dra El Khemis, en fin d’après-midi.
Tous les rebelles abattus au cours de cette opération sont des mousseblines locaux.
Pendant ce temps, l’activité "de routine" continue dans les sous-quartiers
Le 2 mai, l’O..R. et un peloton du 3/I9ème R.C.C. ont effectué un coup de main sur un groupe de mechtas du Douar Ouled Bellil et arrêté deux mousseblines : Boukerdoun Mohamed ben Amar, et Boukerdoun Slimane ben Mohamed.
La C.C.A.S. fournit, le 3 une escorte à l’infirmière qui se rend pour une séance d’A.M.G. au village de Guendour.
Les examens de fin de stage débutent au P.I.S.T.
Le lundi 4 mai, par un temps radieux, le Chef de Bataillon Giraud entouré des autorités locales, civiles et militaires, inaugure l’école neuve de Tassala, confiée à un instituteur de la 1ère Compagnie.
Cette nouvelle école reçoit une cinquantaine d’enfants, garçons et filles, pour qui c’est la première classe. Les parents sont là, heureux et souriants. Il y a bien quelques déceptions, car l’école est bien petite et les enfants bien nombreux, qu’à cela ne tienne, le 22ème B.C.A. construira une autre classe.
Trois jeunes Kabyles du Douar Haïzer sont admis au Centre de Formation de la Jeunesse Algérienne à Bouïra.
Le 5 mai, une patrouille de la 1ère Compagnie accroche, vers l’Oued Terxet, un petit groupe, faiblement armé qui se disperse.
La 2ème Compagnie est mise en alerte, sur la demande du secteur de Dra El Mizan, et dirigée sur Boghni, au cours de la nuit du 5 au 6.
Arrivée à Boghni, le 6 à 7 heures, elle est installée en bouclage. En cours de matinée, elle intercepte trois individus, originaires d’un village assez éloigné du lieu. Ils sont remis au 19ème R.C.C.
Tandis qu’elle opère la fouille du village d’Azib Cheik, une unité voisine accroche sérieusement une bande assez importante
L’aviation intervient à la mitrailleuse et aux roquettes. La 2ème Compagnie est alors dirigée vers la zone de combat, pour en effectuer le bouclage, pendant que les unités voisines ratissent le terrain.
Retour à Boghni, pour le cantonnement.
Le 7 mai, la 2 est transportée à Dra El Mizan, et prend position en bouclage, face au Nord. Vers I5 heures, deux fellaghas apparaissent ; aux premiers coups de feu, ils font demi-tour et s’enfuient vers le Nord, malgré le tir des armes automatiques. Trois autres rebelles viennent buter dans la 1ère section et sont abattus.
La compagnie rejoint alors la cote 496, puis ratisse en direction du "Pont Cassé".
Retour à Dra El Khemis dans la soirée.
La commémoration du 8 mai n’empêche pas l’activité normale de se poursuivre. La 4ème Compagnie fournit des escortes aux gendarmes chargés de regrouper les conscrits F.S.N.A., qui doivent être dirigés sur le centre d’instruction de Blida. Ce travail se poursuit les 9 et 10 mai, tandis que se terminent les examens de la quatrième session du P.I.S.T.
Le chef de corps et le fanion du bataillon se rendent à Tours, pour participer au Congres National de la Fédération des Anciens Chasseurs.
Le 10, au cours d’une prise d’armes de secteur, où figurent une section de la 4ème Compagnie et une section du Centre d’Instruction. F.S.N.A., de nombreuses Croix de la Valeur Militaire sont décernées aux gradés, chasseurs et harkis du bataillon.
Les stagiaires du P.I.S.T. (4ème session) rejoignent le 11 leurs unités d’origine, tandis qu’arrivent les élèves destinés au cinquième peloton.
La 2ème Compagnie, qui effectue un bouclage de l’Oued Khalous, au profit du secteur de Dra El Mizan, abat un H.L.L. le I2 mai.

Le bataillon, aux ordres du Commandant Mairet, prend part, le I5, à une opération de secteur en Forêt des Azerou. Les 1ère, 2ème, 3ème Compagnies et C.C.A.S., renforcées de la Harka d’Irhorat et d’un D.L.O. du 50ème R.A., alignent 420 hommes, dont I68 harkis.
Le bouclage Ouest est assuré par le 2/I9ème R.C.C., le bouclage Est par le 3/I9ème.
Départ du convoi à 7 heures. Débarquement au pont de Sélim, sous la protection de la harka, déjà en place.
Le ratissage s’effectue en direction de l’Oued Ed Douss, qui est atteint sans incident à I5 heures.
Retour à Bouïra pour I7 H 30.
Activités de sous-quartiers jusqu’au 2I mai.
Le I8, les Sous-Lieutenants Robert Jacquier et Guy Paccard, en provenance de Saint Maixent, rejoignent le corps, suivi, le 20 mai, du Lieutenant Fabre.
Celui-ci arrive d’ailleurs juste pour prendre les consignes d’Officier de Renseignements, que lui transmet l’Adjudant Chef Cirino, arrivé en fin de séjour.
Opération de secteur le 2I mai, dans la cuvette de M’zarir, sous les ordres du Commandant Giraud. Le 22ème aligne une Compagnie de Marche, composée d’éléments des 1ère, 3ème et 4ème Compagnies, commandée par le Capitaine Bigot, la 2ème Compagnie, et la C.C.A.S., renforcée de la Harka d’Irhorat, soit 374 hommes, dont I60 harkis, plus les 75 hommes et les deux harkis du P.I.S.T. commandés par le Lieutenant de Ligny.
Le convoi du bataillon, auquel s’incorporent les véhicules du commando Kimono 4, quitte Bouïra à I4 heures, pour rejoindre sa base de départ : Tikjda.
Le ciel est bas et gris. Il tombe depuis la matinée une bruine légère.
La mise en place est prévue pour le 22 mai à 5 h 30.
Pour l’instant, les unités sont réparties entre le poste de Tikjda, l’Hôtel de la Police et l’Hôtel des Cèdres.
Vers le soir, la pluie augmente d’intensité. Le brouillard s’insinue dans les vallées et ravins de la face Sud du Djurjura.
À 2I heures, le P.C. opérationnel signale que l’opération est reportée de vingt quatre heures.
Le lendemain, le temps reste couvert. Averses fréquentes. Le brouillard, cependant, se dissipe en cours de matinée.
Le chef du bureau opérationnel du secteur arrive en hélicoptère à I4 h 30. Il apporte le plan d’une opération de remplacement, pour le cas où le mauvais temps se maintiendrait au cours de la nuit prochaine, ce qui provoquerait l’annulation de l’opération primitivement prévue.
Vers I6 heures, un convoi de ravitaillement rejoint Tikjda. Quelques éclaircies se produisent en cours d’après-midi.
À 20 heures, le P.C. opérationnel confirme les ordres pour la mise en place le 23, à 5 h 30.
Durant la nuit, le ciel se dégage progressivement.
Les compagnies quittent Tikjda à 2 heures du matin, par la route qui rejoint le Tizi N’kouilal, dans l’ordre : Kimono 4, C.C.A.S., Compagnie Bigot, P.I.S.T., sous un beau clair de lune.
Arrivé à hauteur du Tizi Boussouil, tandis que Kimono 4 continue jusqu’au Tizi N’kouilal, le bataillon emprunte la piste du versant Sud du Terga N’ta Roumi.
La 2ème Compagnie prend position sur ce versant, face au Sud. Le P.C. et le C.C.A.S., continuent jusqu’à la cote 1370, la Compagnie Bigot jusqu’à I460 et le P.I.S.T. jusqu’à Tizi Temezouart.
À 5 h 30, toutes les unités sont en place.
Kimono 4 amorce son mouvement vers le Sud-Ouest par la route qui descend du Tizi N’kouilal.
La 2ème Compagnie aperçoit quelques rebelles, qui avancent sur cette même route, deux kilomètres plus bas, et disparaissent sur les pentes boisées du versant Est du ravin.
La C.C.A.S. envoie une section reconnaître une grotte dans la paroi du Terga N’ta Roumi, où elle relève des traces d’occupation récente par trois ou quatre personnes.
Le ratissage du terrain débute à 7 heures. La 2ème Compagnie se dirige vers la cote 1267 et la Djemaa Timessouine, 1a Compagnie Bigot vers 966. Le P.I.S.T. fouille Tifires, après avoir posté un élément sur 1528.
De 966, la Compagnie Bigot continue en direction des mechtas de 1144, qu’elle fouille, et où elle est rejointe par le P.C.
Kimono 4, sur renseignements fournis par le piper et la 2ème Compagnie, découvre plusieurs caches, contenant des vivres et matériels divers.
À I3 h 30, le P.C. et la C.C.A.S. s’installent sur le mamelon, qui, au Nord, domine le village de M’zarir, tandis que les compagnies en effectuent l’encerclement : le P.I.S.T. à l'Ouest, le I/50ème R.A. au Sud, la 2ème Compagnie à l'Est et la Compagnie Bigot au Nord.
En traversant l’oued, la 2ème Compagnie découvre une cache qui abrite deux rebelles. L’un d’eux, Aggad Dao ben Mohamed, chef de l’O.P.A. M’zarir, est abattu, son acolyte capturé.
Le Colonel d’Arrouzat, qui commande l’opération, effectue en hélicoptère une rapide visite des unités.
La fouille du village, effectuée en présence de 1’0.R. du quartier (50ème R.A.), et de 1’0.R. du bataillon, ne donne aucun résultat.
Vers 1 heures, le bataillon se regroupe et rejoint la route nationale, cependant que Kimono 4 et la 2ème Compagnie s’installent en points d’appui pour passer la nuit dans le village.
Le convoi, retardé par plusieurs coupures de route, rejoint vers I7 H 30.
Retour à Bouïra pour 19 H 45.
Le P.I.S.T. et les sections de la 1ère et de la 3ème Compagnie sont hébergées à la Ferme Cathala. Ils rejoindront leurs cantonnements le 24 dans la matinée, tandis que les camions de la 2 sont dirigés sur M’zarir, pour récupérer la compagnie.
Les 1ère, 3ème et 4ème Compagnies constituent une Compagnie de Marche pour le Tala Guilef, où elle restera du 25 mai au 1er juin.
Le 25, également, 1a 2ème Compagnie participe, en Forêt de Babor, à une opération du secteur de Dra El Mizan.
L’O.R. et la section d’intervention effectuent, le 27, une patrouille au Ras Touila et au Ras Tickb0uch.
Le 29, la 1ère fournit l’escorte d’un chantier des Eaux et Forêts; la 3, 1a protection d’une équipe des Travaux Publics. La 4 patrouille à Karouba et Tala Rahart, la C.C.A.S. au Moulin d’Afoud et au Moulin de Tassala.
Cependant que la 2ème Compagnie et le P.I.S.T. refont ensemble, les 28 et 29, l’opération du 23 mai : Fouille de la zone de M’zarir, occupation du village, ratissage de l’Oued Iril Bouames, dans le lit duquel de nombreuses traces de passages sont relevées.

Juin
La 2ème Compagnie repart le 1er juin, pour un bouclage sur la R.N. n° 5 et l’Oued Khalous, au bénéfice de Dra El Mizan.
La 4ème Compagnie poursuit l’amélioration de ses installations et la construction de nouveaux baraquements du Centre d’Instruction F.S.M.A..
Une patrouille de la 4 à Taourirt Amar, abat, le 4 juin, le nommé Aoune Ahmed ben Mohamed, qui s’enfuyait à son approche
Vers 20 heures, un message de la 27ème D.I.A., signale la présence, près du Lac Goulmine, d’une bande de quarante cinq hommes, armés d’un F.M., et d’une dizaine de fusils de guerre. Dans le cadre d’une opération effectuée par le secteur Nord du Djurjura, il est demandé au 22ème B.C.A.. d’assurer, pour 5 heures du matin, le 5 juin, le bouclage de la cuvette du Lac Goulmine, face au Nord.
La 1ère Compagnie avait prévu, ce soir là, une forte embuscade de nuit à Tanagount. Cette embuscade est renforcée et intégrée dans le plan ce bouclage.
La 2ème Compagnie, commandée par le Lieutenant Sommeron, quitte la Ferme Porcher à 23 h 30, escortée par les scout-cars de la C.C.A.S. À son passage à Aïn Allouane, elle est renforcée d’une grosse section, (40 hommes), de la 3ème Compagnie. La nuit est belle et claire.
Débarquement à la Croix de Lorraine.
La progression s’effectue, assez rapide, en marche non couverte, par la route du lac. Le bouclage est mis en place sur 1844 et I657, pour 4 H 30.
Le jour se lève.
À 5 h 30, 1a visibilité est suffisante pour permettre au Lieutenant Sommeron d’envoyer une section fouiller les replis de la falaise Nord-Ouest de I772.
À l’approche de la patrouille, un groupe d’une trentaine d’hommes se replie en direction de 1920, suivi, peu après, d’un second groupe d’une vingtaine d’individus, dont plusieurs femmes.
La section continue son approche.
Vers 6 h 45, elle est prise à partie par un groupe de six rebelles, retranchés, dans les rochers. Après un bref échange de coups de feu, les adversaires décrochent. Trois d’entre eux se faufilent vers le Sud, entre les rocailles qui hérissent le terrain.
Le ratissage continue et permet de découvrir une grotte occupée par deux. ou trois hommes, qui refusent de se rendre, et ouvrent le feu. Le Sergent Plessis et le Chasseur Benkaka, de la 3ème Compagnie, se couvrant mutuellement, s’approchent à distance de jet de grenade de l’orifice, dans lequel ils balancent plusieurs 0.F. Dès que celles-ci ont explosé, ils bondissent à l’intérieur de la grotte et en maîtrisent les occupants.
L’un d’eux, blessé au genou, est adjudant de la branche politique du F.L.N.. Les documents récupérés sur lui, en même temps que son arme, un P.A. 7,65, et un poste transistors, concernent le secteur de Dra El Mizan. L’autre, son garde du corps, est blessé au visage. Un fusil de chasse, deux cartouchières garnies et deux djellabas sont retrouvés au cours de la fouille de la grotte.
Le P.C. et la 1ère Compagnie sont avisés par radio qu’une partie de la bande semble s’être enfuie sur le versant Sud, en direction Bou M’charof.
Le 7ème B.C.A., qui opère au Nord-Est, signale une bande importante, en marche vers le Djebel Ti Assassine. Il s’agit en réalité d’une unité amie qui vient prendre position en bouclage.
Deux compagnies du 159ème B.I.A. franchissent la crête du Djurjura à l'Est de la Dent Du Lion, pour s’aligner sur la 2ème Compagnie et procéder à la fouille du versant Sud en direction de Guendour.
Un bouclage lointain est mis en place au Sud : P.C. du 22 à Guendour, Section d’Intervention à Idoumaz, Section Engins vers le Bou Beri, Harka d’Irhorat de 941 à 1014.
La 4ème Compagnie a franchi l’Oued Ed Douss et remonte l’Oued Guendour. Elle continue jusqu’à Djemaa Aourir, sur 960, et pousse une reconnaissance jusqu’à I096. Le P.I.S.T. a pris position en 1671.
Les blindés du 2/I9ème R.C.C. escadronnent au confluent de l’Acif Boudra et de l’Oued Ed Douss. Il est 11 h 20.
Les deux compagnies du I59ème B.I.A. éprouvent quelques difficultés à se mettre en place sur l’arête cahoteuse du Djurjura. La marche de la 2ème Compagnie est, de son coté, ralentie par le brancardage du prisonnier blessé au genou. Le ratissage se déroule sans incidents. À 16 h 30, les unités de fouille atteignent le bouclage vers Guendour.
Le convoi du I59ème B.T.A. vient rechercher ses compagnies à Guendour. La 1ère regagne Merkalla, et le P.I.S.T., Tikjda.
Le corps d’un troisième rebelle a été retrouvé au sommet de 2002. Le gros de la bande a réussi à s’infiltrer vers le Nord, vers son secteur.
L’examen du poste transistor récupéré révélera qu’il est bloqué sur une fréquence déterminée, pour capter des émissions en graphie. L’étude du problème est confiée aux spécialistes Trans. de la 27ème D.I.A..
Jusqu’au 10, patrouilles et travaux, embuscades et escortes, soins médicaux dans les villages des sous-quartiers.
Le 9, la 2ème Compagnie a été mise en alerte et dirigée sur Maillot où elle passe la nuit du 9 au 10.
Le 10, à 7 heures, elle est amenée par camions à l’aplomb de Takerboust, où elle est mise à terre.
De leur coté, les 1ère et 4ème Compagnies forment une Compagnie de Marche, qui constitue la réserve opérationnelle.
La 2, commence son ratissage vers le Sud à 9 heures. Elle fouille sans résultat, le village d’Iril Ou Chekrine. Les traces de passage récent sont cependant relevées.
Cent mètres plus bas, la section de tête est soumise à un tir très violent d’armes automatiques et individuelles. Le Caporal Harki Oulmi Saïd, blessé, est ramené au dessus du village, où l’hélicoptère vient le prendre.
L’aviation intervient à la mitrailleuse. Dès le départ des avions, l’artillerie prend le relais, tandis que les sections manoeuvrent par les ailes.
Le feu adverse cesse.
À 13 h 30, l’artillerie se tait.
La progression reprend. Quelques accrochages sporadiques avec des isolés où de petits groupes permettent la mise hors de combat de treize fellaghas et la récupération de dix armes.
Au cours de ces accrochages, le Caporal-chef Gabriel Hebrard reçoit un projectile au thorax. Une D.Z. est improvisée pour l’hélicoptère qui l’amène à l’hôpital de Tizi Ouzou.
L’avance se poursuit.
Deux nouveaux rebelles sont abattus et leurs armes saisies. Une nouvelle résistance se dévoile brutalement, à bout portant. Le Chasseur De Première Classe Lafont tombe, mortellement atteint, et près de lui le Harki Mansouri Arezki, touché par la même rafale. Un peu plus loin, le Sous-Lieutenant Brucci, D.L.O. du 50ème R.A. et le Chasseur Casimir Bonnet, sont grièvement blessés. Les trois adversaires sont abattus.
Le ratissage se poursuit sans nouvel incident, jusqu’à hauteur du bouclage.
Retour à Bouïra pour 23 heures.
La journée a été rude pour la 2ème Compagnie qui déplore deux tués et deux blessés. Mais elle a abattu dix huit rebelles, récupéré un P.M., sept fusils de guerre et cinq fusils de chasse. La bande accrochée représentait les restes de la Katiba 322, qui vient de subir de nouvelles pertes importantes en hommes et en armes.
Les obsèques du Harki Mnnsouri Arezki ont lieu le 11 juin à Bezzit, en présence du Colonel d’Arrouzat, qui épingle la médaille militaire et la Croix de la Valeur Militaire sur le linceul.
Une escorte de la C.C.A.S. conduit à Aïn Taya la dépouille mortelle du Chasseur Raymond Lafont.
L’activité des compagnies ne se ralentit pas.

Le I2, une patrouille de la 1ère Compagnie découvre une cache abri pour deux hommes. Aucune trace d’occupation récente. Le même jour, la 4 patrouille à Taourirt Amar, le 13, dans les Goumgoumas et les Ouled Yahia.
Partout, dans les villages, on prépare la célébration de l’Aid El Kebir. Les commandants de Compagnie effectuent des distributions de vêtements, de blé et de semoule aux familles les plus nécessiteuses.
L’Aid El Kebir est célébré le I7 juin, dans l’allégresse générale, suivant les rites et traditions, par la population musulmane.
Une grande Diffa réunit chrétiens et musulmans sous les oliviers de Guendour, en présence du colonel commandant le secteur et du maire de Bouïra.
Le lendemain, une prise d’armes de secteur a lieu à Bouïra, pour la commémoration de "l’Appel du I8 juin". La 2ème Compagnie et la C.C.A.S y représentent le 22ème B.C.A. Une remise de décorations clôture la cérémonie.
La 1ère Compagnie assure, plusieurs jours durant, la protection du chantier de récolte de liège, en forêt de Beni Ismaïl.
Au cours d’une patrouille dans les Goumgoumas, le 2I, une section de la 4ème Compagnie intercepte un groupe de quatre H.L.L., l’un Slimani Achour, est abattu, son fusil de chasse saisi, ainsi que deux djellabas et des documents.
Le lendemain, c’est l’autodéfense de Merkalla Bas - Tarzout, qui intercepte et abat le Sergent Sid Ali, dit "Harad", originaire de Sélim, responsable politique de la fraction. Il était armé d’un revolver à barillet. Une patrouille de la 1ère Compagnie effectue une reconnaissance sur Tanagount, où un piège a été déclenché au cours de la nuit du 2I au 22, par le passage d’un mulet. La même patrouille observe de loin, vers Anatra, un troupeau de moutons escorté par plusieurs hommes en treillis.
Le 23, la 2ème Compagnie est mise à la disposition du quartier des Ksars, pour une opération qui se déroule sans incident et se termine à I9 heures.
Elle repart le 26, en appui du 50ème R.A., pour une opération au Nord de Maillot. Le convoi, parti de Dra El Khemis à 3 heures du matin, se dirige vers le village de Selloum qui est fouillé par le 1/50Oème R.A., tandis que la 2, à pied, progresse vers 830, puis 978.
Vers huit heures, au cours de cette marche, la section de tête débusque trois rebelles. L’un d’eux, détenteur d’une grenade F.I. est abattu.
L’avance continue en direction de Taddel Djedid et Irzer. Il était initialement prévu que des éléments du 7ème B.C.A., descendant du Tizi N’kouilal effectueraient leur jonction avec les unités de fouille. En raison du retard qu’ils ont pris dans la matinée, le mouvement est annulé.
La 2ème Compagnie se dirige vers Aïn Taliouine, en protection de l’unité qui fouille Iril Hammad, puis rejoint Maillot par la piste de l’Oued Ouakour.
Retour au cantonnement pour 20 heures.
Les 28 et 29 juin, un vétérinaire militaire vient examiner et vacciner les troupeaux des paysans d’Aïn Allouane
Le chef de corps inspecte le poste de Merkalla le 29. Ce même jour, se termine la récolte du liége, qui a permis de réaliser trois cent cinquante quintaux.
Le nommé Arar Ali, de Merkalla, fiché comme ravitailleur des rebelles, est arrêté.

Le 1er juillet, tandis que la 2ème Compagnie grenouille en Forêt des Azerou, et que la 4ème patrouille dans le Sud de son sous quartier, la 3 implante quatre embuscades dans la région d’Aougni, Anatra, Bou M’charof. Dans la soirée, le groupe de harkis qui compose l’embuscade d’Anatra, intercepte un convoi de trois mulets, escortés d’une quinzaine de fellaghas. Un échange de coups de feu assez vif s’engage, tandis que l’adversaire réussit à s’enfuir vers le Sud.
À Tikjda, le P.I.S.T. est harcelé de quelques coups de feu partant de I472.
Les 1ère et 4ème Compagnies constituent une Compagnie de Marche, qui est dirigée, le 3, vers le Tala Guilef, d’où elle reviendra le 11 juillet.
Le 4, le 22ème B.C.A., constitue un sous-groupement, commandé par le Chef de Bataillon Giraud, et composé des 2ème et 3ème Compagnies, et de la C.C.A.S., (297 hommes), renforcées d’un escadron à pied du I9ème R.C.C., de deux pelotons de Kimono 4, d’une compagnie du 57ème R.I., basée à Sidi Brahim, et d’un D.L.O. du 50ème R.A..
L’objectif est la région, bien des fois visitée, du Djebel Mentheut, au Sud de Beni Mansour, l’une des zones refuge des fellaghas de la région 2, de ceux de l'Ouest - constantinois, et, à l’occasion, de ceux de la zone Sud-algérois.
Le convoi du bataillon quitte la Ferme Porcher à 3 h 30. Les véhicules sont abandonnés à l’entrée Nord du passage de l’Oued Chakrane au travers de la Montagne en Anneau. Progression à pied, par la piste qui longe l’oued, dans l’ordre : 2ème, C.C.A.S., P.C., 3ème Compagnie.
L’escadron du I9ème R.C.C. vient à pied, directement, depuis le poste de Tigrine, en traversant le massif du Zaalellou. De son coté, l’élément du 57ème R.I. s’est porté, depuis Sidi Brahim, sur la crête du Bou Kraled, qu’il occupe.
Le bataillon traverse la Montagne en Anneau et escalade le Taourirt Tourga par l’arête N.E.
La montée est rude. La piste qui grimpe au Taourirt Tourga est particulièrement abrupte, et la marche est rendue encore plus pénible par un soleil qui tape dur dés son apparition.
À 7 h 30, 1a 2ème Compagnie est sur I044. La C.C.A.S et la 3 abordent peu après le sommet de 959.
La section de tête de la 2 ouvre le feu, d’assez loin, sur un groupe d’une vingtaine d’hommes, habillés de treillis et porteurs d’armes de guerre, qui s’enfuient en direction de 766.
Le Commandant Giraud fait intervenir le D.L.O., qui demande à la batterie canons un tir de barrage dans le ravin de l’Oued Azerou.
Une patrouille de T6, qui survole la zone d’opération, intervient à la mitrailleuse, dès la fin du tir d’artillerie. L’avion d’observation les guident sur un groupe de six hommes, qui remontent le lit à sec de l’Oued Tigrine.
Un deuxième groupe est signalé au Sud, vers le Hammam De Beni Ouagag. À 10 h 20, le colonel commandant l’opération arrive en hélicoptère au P.C. du Commandant Giraud.
Il donne mission au 22ème B.C.A. de procéder au ratissage de la zone traitée par l’artillerie et l’aviation.
La fouille commence à 10 h 30. La 2ème Compagnie est axée sur Aïn Tigrine, la cote 711 et l’Oued Azerou. La C.C.A.S., partant de 959, suit la ravin qui rejoint l’Oued Timsilin. La 3ème Compagnie, partant également de 959, se porte, à cheval sur la piste axée S.N., jusqu’à la cote 69I. Arrivée à ce point, face à droite en direction du N.E. et ratissage des Oueds Azerou, Timsilin Et Bou Smaïle.
La section de la 2, qui fouille le versant Ouest de 7II, abat deux fellaghas, armés, l’un d’un fusil de chasse, l’autre d’un revolver d’ordonnance 8 m/m, Mle 1892.
Nouvel accrochage, un peu plus loin, sans résultat.
La 2ème Compagnie arrive sur 59I vers 11 H 30. En fin de progression, elle a trouvé le cadavre de l’adjudant intendant régional (région 322), tué par le mitraillage de la chasse, et récupéré son revolver.
Elle marque alors un temps d’arrêt, pour donner à la 3ème Compagnie le temps de s’aligner à sa hauteur, face au Nord-Est.
Le ratissage reprend à 11 h 45. Dès le départ, la 2 abat un nouveau rebelle, armé d’un revolver.
La progression est très lente.
La 3 et la C.C.A.S modèlent leur allure sur les sections de la 2, qui avancent dans le fond de l’Oued Azerou, particulièrement accidenté, et tapissé d’un fourré très dense.
Vers I4 h , la 2 accroche de nouveau et blesse un fellagha, qui est capturé. Il s’agit de Nebraski Salah ben Belkacem, depuis deux ans au maquis, artificier de la région 322.
Il faisait partie d’un groupe appartenant à l’État-major de la région, fort de dix sept nommes, qui se sont dispersés dés l’arrivée des troupes. Un hélicoptère vient le chercher à 15 heures pour l’emmener au P.C. opérationnel.
Le bataillon rejoint ses véhicules à I6 heures, et se dirige vers Maillot Gare pour le bivouac de la nuit du 4 au 5.
Le convoi repart à 5 heures du matin pour Tamziabt. Débarquement. Progression à pied : la 2 jusqu’à la cote 610, la 3 vers la base des mouvements de terrain cotes 723 et 883
La 2ème Compagnie découvre, dans le ravin de l’oued qui longe 6IO, un hameau de six abris, recouverts de rondins, et étalés dans le bas de la pente. Ils peuvent abriter chacun une dizaine d’hommes. Vers 11 heures, elle trouve de nouvelles caches, contenant du ravitaillement : trois cents kilos de pommes de terre, trente kilos de café, des conserves, des galettes de farine. Un half-track du I9ème R.C.C. vient récupérer le butin.
Les véhicules sont rejoints, et le convoi regagne la Ferme Porcher pour I5 heures.
Sur la foi de renseignements, qui indiquent que la Katiba 322, maintenant réduite à deux petites sections, s’est réfugiée avec ses blessés, après avoir subi un accrochage le 4 juillet, une opération de secteur est décidée pour le 8 juillet, sur M’zarir.
Le bataillon met en ligne, sous les ordres du Commandant Giraud, la C.C.A.S. (Capitaine Gibot), la 2ème Compagnie (Capitaine Gaston), une Compagnie de Marche 3ème, l4ème et Harka d’Irhorat (Capitaine Bigot), et un escadron du I9ème R.C.C.
L’opération est une réédition de celle du 23 mai.
Le convoi, formé à la Ferme Porcher, démarre à 3 h 45. par Aïn Allouane et Tikjda, il gagne l’Akouker où l’on débarque à 6 h 40, Les compagnies empruntent la piste qui longe le Terga N’ta Roumi par le N.E. et se dirige vers le Sud.
À 8 heures, la corne Sud-Ouest du Terga N’ta Roumi est atteinte. Le bataillon se déploie, pour, face au Sud, ratisser les Oueds Irzer, Tizi N’kouilal, Tacift Sif Bouiedane et Tacift Erzerou Bou Djane.
La 2ème Compagnie est à l'Est, ayant à sa droite l’escadron du I9ème R.C.C., au centre le P.C. et la C.C.A.S., sur I370. La Compagnie de Marche à l'Ouest, axée sur Tarzout.
Le commando de chasse Kimono 4 boucle la vallée au Sud de M’zarir, et une batterie à pied du 50ème, au Sud, constitue une unité de réserve.
Dès le départ, la 2ème Compagnie intercepte un groupe d’une quinzaine de fellagas, qui remontent le ravin de l’Irzer Tizi N’kouilal en direction du col, et, par le feu, l’oblige à se disperser et à s’enfuir vers le Sud.
La progression continue.
À 10 heures, le Commandant Giraud transporte le P.C. et son escorte sur 1283. La 2ème Compagnie a dépassé la cote I2I2. La Compagnie de Marche arrive au village de Tarzout qu’elle aborde à h 30 et qu’elle fouille.
Au cours de son mouvement, la 2 a découvert le cadavre du nommé Aimen Ali ben Mohamed., qui faisait partie du groupe sur lequel elle a tiré au départ.
Le P.C. s’est porté sur 1140.
À 13 heures, la 2ème Compagnie couronne les pentes dominant M’zarir à l'Est, et la Compagnie de Marche occupe l’oliveraie à l'Ouest du village. L’escadron du I9ème R.C.C. s’infiltre dans l’agglomération par le Nord.
Le Commandant Giraud arrive à M’zarir, tandis que la Compagnie de Marche fouille le fond de l’oued. À 14 h 45, les compagnies, délaissant M’zarir, continuent le ratissage en direction d’Illilten, et rejoignent le convoi, qui attend sur la R.N.5., à hauteur de l’usine électrique.
Six suspects, interpellés au cours du ratissage, sont remis à l’O.R. du quartier de Maillot.
Retour à Bouïra pour I9 heures 45.
Activités de sous-quartiers et préparation du défilé jusqu’au I4 juillet.


Le I4 juillet, le bataillon participe, en début de matinée, aux cérémonies du secteur, et au défilé qui se déroule à Bouïra, et à l’issue desquels a lieu une cérémonie de remise de décorations.
À 10 H 30, les détachements des compagnies sont rassemblés dans la cour de la Ferme Porcher, autour du monument, élevé devant le P.C. à la mémoire des morts du bataillon : Officiers, Sous-officiers, Chasseurs et Harkis.
Fece à la stèle, fait de pierre du Djudjura, aux lignes simples et rustiques, encore recouverte de son voile, se sont rassemblés les fanions des compagnies et leur garde, les commandements des compagnies et les détachements symboliques de celles-ci, les autorités civiles et militaires, monsieur le maire de Bouïra, le Colonel Lamarque d’Arrouzat, commandant le secteur, les officiers de l’E.M. du secteur, les notables de la ville, le Lieutenant chef de la S.A.S. d’Irhorat, les chefs des villages, et bien d’autres habitants des Douars Haïzer et Innesmane, les harkis, les membres des autodéfenses.
Au pied du monument, le fanion et sa garde
Après l’envoi des couleurs, le Chef de Bataillon Giraud évoque le sacrifice des camarades tombés au combat pour la France et pour l’Algérie Française. Son adjoint, le Commandant Mairet, procède à l’appel des morts, comme une litanie à laquelle on donne le répons : "Mort au Champ d’honneur !"
Le monument est alors dévoilé.
Le Colonel d’Arrouzat s’avance, dépose une gerbe.
Sonnerie : "Aux Morts !".
Minute de silence.


Extrait de "L’Écho d’Alger" du 2I juillet I959
Émouvant hommage du 22ème B.C.A.
à ses Morts Glorieux
À l’issue des cérémonies officielles du I4 juillet, une manifestation émouvante avait lieu à la Ferme Porcher, P.C. du 22ème B.C.A., aux environs immédiats de la ville.
Présidée par le Colonel Lamarque d’Arrouzat, cette cérémonie intime ne réunissait que le bataillon et ses proches. Autour du fanion du corps, se trouvaient réunis les commandants des sous-quartiers, les chefs de villages, les harkis, autodéfenses, et quelques représentants des populations des Douars Haïzer et Innesmane. Le 22ème B.C.A. avait rassemblé une section représentant, avec son fanion, chacune des compagnies, trop éloignées, hélas, pour pouvoir être toutes groupées autour d’une stèle monumentale, très belle dans la simplicité de ses lignes et sa rusticité. Oeuvre du Bataillon tout entier, faite de pierre du Djurjura, c’est l’hommage et la reconnaissance de tous ceux, qui, dans les rangs du 22ème B.C.A., ont, depuis quatre années, oeuvré pour la pacification dans les douars et l’intégration des âmes.
C’est ce que rappelait, dans une allocution de belle venue, aussitôt après le lever des couleurs, le Chef de Bataillon Giraud, commandant le bataillon. Si le I4 juillet est la fête du renouveau et de la fraternité, il est bon de se souvenir que Renouveau et Fraternité n’ont pu se faire que par le sacrifice d’un certain nombre, et qu’il convient de garder présent en nos esprits les noms des Héros à qui nous devons de célébrer le jour présent.
Suivit l’appel de leurs noms, chasseurs et harkis intimement mêlés, comme ils étaient mêlés à leur dernier combat, comme ils sont intimement mêlés à cette terre de province française qu’est l’Algérie, qu’est la Kabylie, intimement mêlés pour que vive la France dans le Douar Haïzer, et que le Douar Haïzer tout entier voit, grâce à l’effort commun se rétablir l’ordre, la liberté, la Paix et la fraternité française.
On n’étale pas ses deuils, les grandes douleurs sont muettes, cette cérémonie fut grandiose parce que simple et intime. Le souvenir des sacrifices consentis par le 22ème B.C.A. restera pieusement gravé dans cette stèle, où, chaque jour, se lèveront les couleurs de la patrie.
Nos félicitations aux officiers, sous-officiers, chasseurs, harkis, autodéfenses, pour leur fière allure durant le défilé. Une mention spéciale au Commandant Giraud pour l’organisation de cette pieuse manifestation.


Mais il appartient aux vivants de continuer l’oeuvre commencée.
Dés le I5, le Commandant Giraud emmène le bataillon dans la région de Takerboust, M’lel, Djereah, où se seraient réfugiés les restes de la Katiba 3II, sévèrement bousculée les jours précédents vers Bordj Bou Arreridj.
Il rassemble la C.C.A.S., renforcée de la Harka d’Irhorat, (Capitaine Gibot), la 2, (Capitaine Gaston), une Compagnie de Marche, mi-première, mi-troisième, (Lieutenant Manegrier), et la 4ème Compagnie, (Capitaine Bigot).
Le convoi quitte Bouïra à 5 H 45. Il a été précédé par la 2ème Compagnie, partie une heure plus tôt, et qui, encadrée par les chars du I9ème R.C.C., emprunte la route du Col De Tirourda, pour débarquer à l’aplomb du poste de Takerboust.
De là, elle fouille le terrain en remontant vers le col, en particulier les environs boisés de la maison cantonnière d’Ain Zebda et les ravins au Nord et à l'Ouest de ce point.
Le Piper lui signale quatre fellaghas qui traversent le terrain d’Est en Ouest devant elle. L’un d’eux, Amara Hacène, est abattu, et son arme, un fusil de chasse, récupéré.
Le gros du bataillon arrive à 8 H I5 à l’endroit où la 2ème Compagnie a débarqué. Il met pied à terre, et reçoit l’ordre de fouiller le terrain, en redescendant les pentes, vers le Sud, aucune présence rebelle de quelque importance n’ayant été repérée dans les hauts du relief.
La 2ème Compagnie continue sa fouille de la région Nord. La Compagnie Manegrier s’aligne sur l’axe Djereah, Beni Hamdoune, Bois de Bahalil, Tazmalt, tandis que la 4ème Compagnie, sur sa gauche, progresse par la ligne de crêtes. La C.C.A.S. et le P.C. prennent position entre les deux. La 2ème Compagnie reçoit l’ordre de rejoindre le dispositif, à son aile Est, en direction d’Iril Ou Chekrine et Bahalil.
À 9 h 30, le P.C. est installé sur I056, tandis que la Compagnie de Marche, qui effectue la fouille de Djereath, demande la présence de l’O.R. du 50ème R.A. pour contrôler les identités des gens du lieu. Celui-ci rejoint le village et procède aux vérifications, puis à M’lel et ensuite à Beni Hamdoune. Au cours de ce dernier contrôle, un individu tente de s’enfuir, et est abattu par les sentinelles qui bouclent le village.
Le ratissage se poursuit vers le Sud, cependant que la 2ème Compagnie fouille Iril Ou Chekrine.
À I6 h 30, le bataillon retrouve son convoi à Tazmalt et repart pour Bouïra.
Les patrouilles locales et embuscades reprennent jusqu’au 23 juillet. Deux insoumis sont arrêtés par la 4ème Compagnie et remis aux gendarmes.
Le 23 juillet, cependant que le P.I.S.T. effectue, à partir de 4 h 15, une opération divertion, dans le Tacift Sif Bouiedane, le bataillon, composé de la C.C.A.S., renforcée de la Harka d’Irhorat, (Lieutenant Sommeron) des 1ère et 2ème Compagnies, (Lieutenant Manegrier et Capitaine Gaston) et d’une compagnie mixte 3ème/4ème, (Capitaine Gelpi), quitte la Ferme Porcher à 3 heures, sous les ordres du Commandant Giraud.
Il s’agit d’une opération mettant en oeuvre les troupes du secteur de Bouïra, et baptisée "Pelvoux". L’idée directrice en est un ratissage de la cuvette d’Irzer, pour y empêcher le cantonnement de la Katiba 322.
Par Maillot, où il emprunte la route du Tizi N’kouilal, le convoi gagne le plateau de Saharidj. Débarquement à 5 heures, au dessus du village. Quelques camions suivent par erreur la rame des véhicules du 50ème R.A. qui continue vers le col. Ils rejoindront vers 6 heures.
Le commando Kimono 4, qui s’est joint au 22ème B.C.A., ouvre la marche en direction de Tala Rana et Belbara, avant de gagner la croupe de I585, où s’était déroulé le combat du 30 mai I958.
La 2ème Compagnie suit, dans les pas de Kimono 4, et arrive à 9 h 30 sur I585, sur lequel il prend position. La 1ère Compagnie dépasse alors la 2, et commence l’escalade de I794, où elle arrive à 10 h 30, et s’y installe défensivement.
Le P.C. parvient sur I585, avec la C.C.A.S. et la Compagnie Gelpi. Cette dernière se déploie sur la ligne de crête entre I585 et I465.
Le Colonel d’Arrouzat, qui commande l’opération, vient en hélicoptère prendre contact avec le Commandant Giraud.
La 2ème Compagnie et Kimono 4 ont commencé la descente vers l’Oued Irzer. La 1ère Compagnie, redescendue de I794, s’encastre dans le créneau laissé vide entre la 2 et la Compagnie Gelpi. Cette dernière aborde les bois qui couvrent le versant jusqu’au Village D’irzer. Le P.C. prend position sur 1465.
Vers I5 heures, la 2ème Compagnie et Kimono 4 arrivent au village d’Irzer, abandonné depuis I956.
La 1ère Compagnie, au cours de son avance, découvre deux caches contenant une quantité importante de ravitaillement : trois cents litres d’huile, une tonne de farine, et des couvertures. Faute de moyens de transport, le tout doit être détruit sur place.
Le ratissage continue, en descendant la vallée de l’Oued Irzer vers le Sud.
À I6 H 45, 1e Colonel d’Arrouzat apporte, en hélicoptère, les ordres pour le lendemain.
Les véhicules sont rejoints à Saharidj. Le convoi part, à I8 h 30, pour la maison cantonnière d’Ain Zebda, sur la route du Col De Tirourda. À Aïn Zebda, le bataillon retrouve le 2/I9ème R.C.C., et installe son bivouac pour la nuit.
Nuit calme.
À 5 H 30, les compagnies prennent position, en base de départ, à l’alignement de la maison cantonnière. La 2ème Compagnie s’installe sur la R.N.15, face à M’lel. Kimono 4, à l'Est de la 2, a pour premier objectif le village d’Iril Hazem. La Compagnie Gelpi est axée sur Iril 0u Chekrine, à l’extrémité Est du dispositif ; entre elle et le commando, la 1ère Compagnie a pour mission de fouiller l’oued. Le P.C. et sa protection passent derrière elle, par les hauts de 1056, avec, en réserve, la Harka d’Irhorat.
Au cours de sa mise en place, la 2 ouvre le feu sur des individus, qui remontent du Sud vers les crêtes du Djurjura. Elle pousse une section sur I268, pour tenter l’interception ; d’autres groupes de fuyards s’échappent vers le Sud, le Sud-Ouest et le Nord-Ouest.
À la demande du Commandant GIRAUD, vers 6 heures, le poste de Takerboust envoie une section en bouclage au Sud du village.
Le P.C. prend position sur la cote I056. Kimono 4 fouille le village d’Iril Azem, et la Compagnie Gelpi celui d’Iril Ou Chekrine. Les fouilles, terminées vers 8 h 30, ne donnent aucun résultat. Le mouvement reprend en direction du Sud.
Le Colonel d’Arrouzat vient, à 9 heures, au P.C. du 22ème B.C.A., pour étudier la situation.
À 9 h 45, l’0.R. du 50ème R.A. transmet un renseignement qui donne la position d’une cache, dans la zone prospectée par la 2ème Compagnie. Le Capitaine Gaston envoie une section sur les lieux. La cache existe bien mais les locataires l’ont abandonnée. Ordre est donné de la détruire.
Le commando fouille Beni Hamdoune.
Les unités de ratissage arrivent sur le bouclage, et rejoignent le convoi à I2 h 40. Départ en direction de Maillot. Au carrefour de Tazmalt, le Lot 7 quitte la route et glisse dans un ravin.
À Maillot, les suspects arrêtés au cours de la fouille des villages, sont confiés à l’O.R. du quartier pour vérification d’identité.
Retour à Bouïra.
La 2ème Compagnie n’a que le temps de changer de chaussettes. Des le 25 après-midi, dans le cadre des opérations "Jumelles", elle repart avec le 2/I9ème R.C.C. pour le Col de Tirourda, où elle tend une série d’embuscades.

Le 26 matin, elle est regroupée sur la D.Z. voisine, en vue d’un héliportage qui ne se fait pas. Vers la mi-journée, elle rejoint, en camions, la cote I767, à la disposition du colonel commandant le secteur de Fort National, qui y implante son P.C.
Le 27 Juillet, les 1ère et 2ème Sections prennent position sur l’Azerou N’tohor, en protection avancée du P.C., dont la compagnie assure la garde.
Le 28, la 1ère section ratisse la zone sommitale de l’Azer0u. Les autres sections implantent pour la nuit un réseau d’embuscades autour du Col De Tirourda.
La 2ème Compagnie est relevée par la 4ème le 29 juillet à 9 h et rejoint en début d’après-midi son cantonnement de Dra El Khemis.
Pendant ce temps, depuis le 25, les compagnies restées en postes, ont repris leurs activités de routine La 3 reçoit, au passage, la visite d’un officier supérieur du C.A. d’Alger, qui se rend. en inspection à Tikjda. Le 2O, 1’0.R., qu’accompagne une patrouille relève des traces récentes de passage en forêt de Bouïra.

Au cours de la nuit du 28 au 29, 1e P.I.S.T. a envoyé une section tendre plusieurs embuscades entre les villages de Tarzout et de Tifires, au Nord de M’zarir. Ces embuscades, comme à l’accoutumée, doivent rester en place vingt quatre heures et ne rentrer que la nuit suivante.
La nuit et la matinée ont été calmes, aucun mouvement n’a été repéré, lorsque, brutalement, vers I5 heures, un groupe d’une dizaine de rebelles surgit à bout portant de l’une des embuscades, blesse le guetteur, bouscule et assomme les autres hommes, s’empare d’une partie de l’armement, et disparaît dans le fond de l’oued, en direction du Sud.
L’alerte est immédiatement donnée.
La 2ème Compagnie, à peine rentrée. de Tirourda, fonce vers Tikjda, dés I9 h 45, accompagnée d’un peloton A.M. du 3/I9ème R.C.C.. De son coté, le Capitaine Scheibling, qui commande le P.I.S.T., a dirigé deux sections sur la route, jusqu’au Col de l’Akouker, en recueil de la section qui remonte lentement avec ses blessés.
L’audace du coup de main laisse supposer qu’il s’agit d’hommes aguerris, particulièrement bien entraînés, vraisemblablement d’un commando de la Katiba 322.
Celle-ci serait donc actuellement dans la région de M’zarir.
Bien plus tard, des documents récupérés, et, en particulier, le compte- rendu du responsable de cette action, révéleront qu’il s’agissait seulement d’un groupe de mousseblines locaux particulièrement gonflé.
Pour l’instant il s’agit de retrouver la bande qui a fait le coup. Le colonel commandant le secteur met sur pied deux sous-groupements.
L’un d’eux, aux ordres du Commandant Pujols, du 50ème R.A., comprend des éléments du quartier de Maillot, ainsi que la 2ème Compagnie et le P.I.S.T. qui a récupéré tout son monde.
Sa mission est de fouiller la région Tifires - Tarzout, la vallée du Tacift Sif Bouiedane et M’zarir.
Le 22ème B.C.A., commandé par le Chef de Bataillon Giraud, constitue le deuxième sous-groupement avec la 1ère Compagnie, renforcée des harkis de la 2, (Lieutenant Manegrier), la 3 (Capitaine Gelpi), et de la C.C.A.S. avec la Harka d’Irhorat, (Lieutenant Sommeron), sous-groupement qui doit assurer le bouclage de la zone d’opération.
Dès deux heures du matin, la 3ème Compagnie quitte Aïn Allouane à pied, pour rejoindre la région de la Djemaa Toumellitine. À peu prés à la même heure, le convoi de la 1ère Compagnie quitte Merkalla pour Sélim et la cote 80 où elle prend position.
Le C.C.A.S. et le P.C. se portent à Sélim, à 5 heures, puis gagnent à pied le sommet de la Djemaa Toumellitine, qui est atteint à 7 h 30. De là, on aperçoit trois fuyards en direction de 531.
Les harkis de la 2 rejoignent à 9 heures et sont dirigés sur la 1ère Compagnie.
Rien à signaler en cours de journée.
Les véhicules sont retrouvés à Sélim et ramènent la C.C.A.S. et la 1ère Compagnie à leurs cantonnements.
La 3ème Compagnie, qui regagne à pied Aïn Allouane, rend compte qu’elle vient de découvrir deux mines sur la route, un peu au dessus du carrefour avec la piste qui mène au village de Sélim. L’une des mines est de fabrication locale, l’autre est constituée de deux obus de 105 accolés. Elles seront détruites sur place le lendemain matin.
Or, ce jour d’hui, trois convois importants ont emprunté cette route ! !
Le Capitaine Gelpi envoie une section battre les abords de la route, à droite et à gauche. Cette section découvre des abattis et des emplacements de combat aménagés et fraîchement camouflés sur les buttes qui surplombent la route et le pont de Sélim.
Le 29 juillet, au Col de Tirourda, la 4ème Compagnie a relevé la 2, détachée à la garde du P.C. Opérationnel du Secteur de Fort National. Elle effectue, les 29, 30 et 3I juillet, des missions de protection rapprochée du P.C.

Août
Le 1er août, à I0 heures, sur mission du colonel commandant l’opération, le Capitaine Bigot désigne la Première Section pour effectuer une reconnaissance sur l’Azerou N’toh0r.
En arrivant sur cette crête, le chef de section rend compte de la présence de cinq rebelles vers 1711. Le Capitaine Bigot dirige les autres sections de la compagnie. vers le ravin, orienté Est-Ouest, situé au Sud de l’Azerou, pour en effectuer le ratissage. La 1ère section prend position à l’extrémité Est de l’arête sommitale de 1711.
Vers 10 H 45 quelques fellaghas tentent de s’enfuir vers le Nord en franchissant une barre rocheuse sous le sommet. Trois d’entre eux sont abattus. Le mouvement continue.
La première section, qui arrive à l’extrémité Ouest du sommet de 1711, surprend un groupe d’une dizaine de rebelles, qui, par le fond du ravin, se dirigent vers le Nord, et les prend sous son feu.
Il est I2 H 45.
Pour les sections qui fouillent le ravin, la progression se poursuit, difficile, hachée d’accrochages rapides, à bout portant, et de réductions de résistances qui se révèlent soudain entre les rochers et les buissons.
Vers I3 H 30, le Sergent Charles Balhouane est mortellement blessé, en tête de son groupe. En tête du groupe voisin, le Caporal Chef Serge Gillino, tombe à son tour, alors qu’il venait d’abattre un fellagha retranché dans un repli de rocher, et qu’il dirigeait l’attaque de deux autres adversaires. Son adjoint, le Caporal Gérard Biau, s’élance au secours de son chef et copain. En rampant, il réussit à le tirer à l’abri et à récupérer son arme.
Il est blessé à son tour.
Les hommes de son groupe réduisent la résistance à la grenade. Le mouvement continue, tandis que le Caporal Biau, et les corps de Balhouane et Gillino sont, avec d’énormes difficultés, ramenés à un endroit où l’hélicoptère peut venir les chercher pour les transporter à l’hôpital de Tizi Ouzou.
D’autres accrochages se produisent encore, et ponctuent l’avance de la compagnie. Le Chasseur Michel Blondel est blessé par un rebelle, qu’il réussit à abattre.
Le bilan de la journée sera de dix-sept fellaghas abattus, cinq fusils de chasse, un P.A. et une grenade récupérés. Mais la 2ème Compagnie pleure deux de ses meilleurs gradés.
La compagnie passe sous les ordres directs du commandant du 6ème B.C.A., et s’installe en point d’appui pour la nuit. Elle regagnera El Esnam le 8 août, sans avoir été engagée à nouveau.
Au cours de la nuit du 2 au 3 août, une patrouille de la 1ère Compagnie, en embuscade au moulin de Sidi Sala, échange quelques coups de feu avec deux individus armés, l’un d’un fusil de guerre, l’autre d’un fusil de chasse.
Le 22ème B.C.A. repart, le 3 août, à la recherche des auteurs de l’agression contre l’embuscade du P.I.S.T., que des informations localisent vers Saharidj.
Le Chef de Bataillon Giraud emmène avec lui la C.C.A.S., renforcée de la Harka d’Irhorat (Lieutenant Sommeron), la 1ère Compagnie, (Lieutenant Manegrier), la 2, (Capitaine Gaston.), et la 3ème Compagnie, (Capitaine Gelfi).
Parti de la Ferme Porcher à 5 heures, le bataillon, renforcé d’un D.L.O. du 50ème R.A, débarque à Saharidj. Immédiatement, 2ème Compagnie en tête, suivie du P.C. et de la C.C.A.S., la progression commence, par la ligne de crêtes, et direction de 937. La 1ère Compagnie avance à hauteur de la 2, à l'Est. Un escadron à pied du I9ème R.C.C., à l'Ouest de la 2ème Compagnie, a pour mission de ratisser l’Acif El Bal.
Au cours du mouvement, quatre fellaghas sont aperçus, fuyant vers l'Ouest, à hauteur de la cote 1113. Un peu plus tard, alors que le P.C. a pris position sur 936, trois autres rebelles sont vus, remontant le ravinement en direction de 1113.
Une unité du 1er R.C.P., (sous-groupement Nord) s’installe sur I465. Deux hélicoptères armés "Pirates" prennent les fuyards sous le feu de leurs mitrailleuses, sur les pentes de I829. La 2ème Compagnie, suivie de la 3, continue vers 1112. La 1ère est sur 1016, et avance vers 1165, juste en dessous des positions du 1er R.C.P.. La 3ème Compagnie fouille les mechtas isolées du fond d’oued, en dessous de B0urhab.
Le Capitaine Gaston poursuit son mouvement, en direction de I465, et reçoit mission de reconnaître les ravins des affluents de l’Acif El Bal et le village de Bel Barra.
La batterie-canons du 50ème R.A. ouvre le feu, à I5 h , sur des mouvements suspects, signalés par le piper, au Nord de 1112.
La 3ème Compagnie, toujours en soutien, prend position entre les cotes 734 et 848, pour surveiller les débouchés au Sud de 1016.
Les compagnies reviennent alors vers les véhicules.
Le convoi part pour Bouïra à I9 heures.
La 3ème Compagnie passe la nuit à la Ferme Cathala, et ne rejoint Aïn Allouane que dans la matinée du 4.
Vingt quatre heures de repos, et la 2ème Compagnie repart, le 6, en fin d’après-midi, pour rejoindre Tikjda, où elle s’enrichit de deux sections du P.I.S.T.. Départ à pied de Tikjda à 20 h 30, et marche plein Sud par la piste qui plonge en direction d’Oubdir.
À trois heures du matin, le Capitaine Gaston met en place ses embuscades autour du noeud de pistes. Le P.I.S.T. prend position à l'Est de la piste, sur un mouvement de terrain qui domine le village de Touerga. À 5 heures, la 2 repart, par la piste, en direction d’Oubdir.
Le P.I.S.T. signale au Capitaine Gaston la présence de trois individus, dont un visiblement armé, qui remontent dans sa direction Mais un groupe ouvre malencontreusement le feu de trop loin, et les met en fuite.
Les coups de feu provoquent également la fuite éperdue d’une vingtaine de fellaghas, qui déboulent vers le Sud-Ouest, et se dispersent en direction de la vallée de l’Oued Barbar.
Le ratissage continue jusqu’au village de Taourirt Tazegouart, après la fouille des fonds d’oueds empruntés par les fuyards.
Retour à la maison cantonnière de Dra El Khemis pour midi.
Patrouilles et embuscades, travaux de postes.
Le 9 août arrive au bataillon le Lieutenant Jean Martin, venant du 42ème R.I.M.
Le 10, l’O.R. escorté par la Section Intervention de la C.C.A.S. et la Harka d’Irhorat effectue un contrôle des populations du Moulin d’Afoud et Moulin de l’Irzer. Un stock important de ravitaillement destiné au F.L.N. est récupéré.
La C.C.A.S. effectue, le 11, l’évacuation sur l’infirmerie du bataillon, d’un villageois malade. Le I4, évacuation sur l’infirmerie du secteur d’un enfant d’El Esnam.
Du 11 au I4, 1a 2ème Compagnie nomadise en forêt des Azerou.
Débarquée, le 11 à 20 heures, au Moulin d’Afoud, elle y implante pour vingt quatre heures un réseau d’embuscades.
Le I2, à I9 heures, départ pour Sélim, où elle arrive à 2I heures. Le scénario se renouvelle, installation d’une série d’embuscades, qui restent en place jusqu’au lendemain soir.
À I9 h 3O, le I3, de nouvelles embuscades sont tendues dans les ruines du village d’Akboub. La 2ème section ouvre le feu, à 22 h 30, sur un petit groupe de fellaghas venant du Sud, qui se dispersent. Les embuscades sont maintenues toute la journée du I4. Le soir, au moment de décrocher pour rejoindre les véhicules à Taourirt, la 2ème section explore la piste par laquelle les rebelles étaient arrivés, et découvre un blessé. Son arme, un P.A., est récupéré.
Le Capitaine Chaquin part, le I5 août, pour le Tala Guilef, à la tête d’une Compagnie de Marche, formée d’éléments des 1ère et 3ème Compagnies.
Dans la soirée, une patrouille de la 4ème Compagnie accroche, près d’Ouled Yahia un petit groupe qui se disperse aux premiers coups de feu.
La 1ère Compagnie entreprend, le I7, 1a construction d’une infirmerie, destinée à l’assistance médicale gratuite des populations de Merkalla, Tassala, Innesmane.
Car la mission que remplit le bataillon n’est pas que militaire. Une grande part de l’activité du bataillon a été, dès le début, orientée vers le contact avec les populations locales. Le dialogue s’est engagé. Un courant de compréhension et de sympathie est passé.
L’organisation des Douars Haïzer et Innesmane en villages d’autodéfenses, la constitution des harkas, ont été de nouveaux pas dans l’unité entre Français de souche européenne et Français de confession musulmane.
De plus en plus, l’effort porte sur l’amélioration des conditions de vie des populations locales. À Irhorat, autour de la S.A.S. et de l’école, le village de regroupement des habitants de Sélim s’est construit en dur, avec l’électricité et l’eau. Dans tous les postes, les médecins du bataillon reçoivent, de plus en plus nombreux, les malades, aux consultation quotidiennes d’A.M.G..
Les équipes d’assistantes sociales indigènes, A.S.S.R.A, sillonnent chaque jour les pistes du quartier, pour se rendre dans les villages, apprendre aux femmes les rudiments d’hygiène familiale et personnelle, et les soins à donner aux enfants.
Le bataillon avait donné la priorité des travaux aux écoles Chaque village en possède au moins une. Il commence maintenant à bâtir des infirmeries de village.
Malgré les progrès importants de la pacification, il existe toujours quelques rebelles à mettre hors d’état de nuire.
Le jour où commencent les travaux de construction de l’infirmerie de Merkalla, la 2ème Compagnie participe à une opération dans le quartier de Maillot. Débarquée à 7 heures du matin sur la R.N. 30, à hauteur d’Ansor Leklat, les 1ère et 2ème sections commencent l’escalade du versant Ouest du Lala Khedidja, et atteignent la cote I870.
La 3ème section, qui assurait la sécurité de leur progression, signale, vers 7 h 30, une trentaine de fellaghas qui se dirigent vers le Nord-Est, à proximité de I870. La chasse, alertée, intervient avec un certain retard, et mitraille sur zone.
Après le départ des avions, la 2ème section fouille la région traitée, et abat un rebelle qui y était resté caché.
La 3ème section rejoint, en ratissant la bande de terrain comprise entre la route et la zone mitraillée. Quatre nouveaux rebelles sont débusqués et abattus. Trois d’entre eux peuvent être identifiés : Amarene Messaoud ben Slimane, Amarene Ali ben Saïd, Drizi Mohamed ben Slimane. Tous mousseblines du Douar M’chedallah. Une seule arme est récupérée.
L’après-midi se passe à fouiller le terrain et à y rechercher des caches. Le soir, mise en place d’un réseau d’embuscades pour la nuit
Le 18, la fouille du terrain recommence.
Quelques caches contenant du ravitaillement sont découvertes. L’après-midi, la 2ème Compagnie remonte jusqu’au Tizi N’kouilal, où elle tend ses embuscades de nuit.
Nuit calme. Retour au cantonnement dans la matinée du I9.
La Compagnie de Marche du Capitaine Chaquin, qui opérait dans le Tala Guilef, rentre à Bouïra le 20 août. Au cours des embuscades et ratissages quotidiens, elle a trouvé dans une grotte quatre cadavres déjà anciens et récupéré une carabine Statti en mauvais état.
L’O.R., agissant avec la Harka d’Irhorat, arrête le nommé Cheboub Abdelkader, au cours d’une patrouille à Tirilt M’tilguit. L’interrogatoire de Cheboub provoque, le lendemain 2I, l’arrestation de Bougrida Ahmed, dit "Amar", habitant lui aussi Tirilt M’tilguit.
Le 22, une embuscade de la 4ème Compagnie, au Koudiat Matmor, intercepte un rebelle, qui s’échappe en abandonnant sur le terrain une grenade MK2.
Le Capitaine Gelpi procède, le dimanche 23, au recensement des habitants de Guendour.
Patrouilles, travaux, escortes et embuscades jusqu’au 27 août. Au cours de la nuit du 26 au 27, les rebelles incendient, à un kilomètre au Nord d’El Esnam, un hangar abritant mille deux cents quintaux de paille et une batteuse.
Une opération inter-secteurs, alignant un sous-groupement d’Akbou, (5ème B.T.), et un sous-groupement de Bouïra, (22ème B.C.A.), est déclenchée dans la région limitrophe des deux secteurs : Beni Hamdoune, M’lel, Takerboust.
La présence sur le terrain de deux sous-groupements permet le nettoyage d’une zone plus large qu’à l’habitude. Les limites en sont, le cours de l’Oued Beni Melikeuche à l'Est, et la R.N. I5 à l'Ouest. La démarcation entre les deux sous-groupements passe par M’lel et Beni Hamdoune. Le 5ème B.T. opère dans le compartiment Est, le 22ème B.C.A. dans le compartiment Ouest.
Sous les ordres du Commandant Giraud, le bataillon aligne la C.C.A.S., (Capitaine Gibot), la 1ère Compagnie, (Capitaine Chaquin), la 2, (Capitaine Gaston) la 3ème Compagnie, renforcée de la Harka d’Irhorat (Lieutenant Sommeron), et la 4ème, commandée par le Lieutenant Favier. Le commando Kimono 4 lui est adjoint.
Le convoi démarre du P.C., le 27 à 4 h 20. Les unités mettent pied à terre, à 6 h 30, sur le route nationale N° I5, au dessus de Takerboust, et prennent leurs positions sur la base de départ, dans l’ordre, de l'Ouest vers l'Est : 1, 4, 3, 2, Kimono 4. Le P.C. et la C.C.A.S. au centre, sur la piste qui part de Takerboust et suit le ravin de Irzer Chakrane jusqu’à la R.N. 26.
Le 5ème B.T. est alignée à l'Est, en prolongement de Kimono 4. La progression commence à 7 h 30 La fouille se déroule sans incident jusqu’à I4 heures ; quelques caches sont découvertes, qui contiennent du matériel de couchage et des ustensiles de cuisine. Tout cela est détruit sur place. Les véhicules attendent sur la R.N. 26.
Retour à Bouïra à I6 heures 30.
À la 4ème Compagnie, où le regroupement des populations isolées des Goumgouma vient d’être réalisé, le médecin-chef du bataillon inaugure les séances d’assistance médicale gratuite. À Merkalla, les murs de l’infirmerie s’élèvent, de même que ceux du C.T.T. à la C.C.A.S..

Septembre
Les épreuves de l’examen des élèves caporaux se déroulent, le 3 septembre à la Ferme Porcher.
Sur renseignements, la 2ème Compagnie, renforcée de la Harka d’Irhorat, de la section Intervention de la C.C.A.S., de deux sections de la 4 et de l’O.R. et son équipe, effectue un important coup de main, le 4 septembre, au petit jour.
La 3ème Compagnie, discrètement mise en place de nuit, fournit un bouclage, en lisière Ouest de la forêt des Azerou.
Partis à pied à 3 heures du matin, la 2 et ses renforts cernent le ravin dans lequel le groupe rebelle a été repéré la veille au soir, et donne l’assaut au petit jour.
L’accrochage est rapide et brutal, l’ennemi surpris et affolé, riposte au hasard. Lorsque le feu cesse, gisent sur le terrain l’Aspirant "Si Ali" responsable militaire de la Région 322, Nedjar Slimane, originaire de Guendour, ex adjudant commandant la Katiba 322, cassé de son grade et muté du secteur 2 au secteur 4, d’où il est originaire.
À coté d’eux : Hamdani Mohamed, Dit "Rougi", responsable du secteur 4 ; Aouane Akli, Chef Nidham de la fraction Ouled Essaït du Douar Haïzer ; B0uadar Mohamed, Moudjahid de la fraction Ouled Chacha du Douar Tighrempt, et un inconnu.
Morts, également, Hamoudi Mahmoud, Caporal à la 2ème section de la Katiba 322, transféré pour être jugé, et son gardien, Boudraf Ali, de la section 1 de la katiba, originaire du Douar Haïzer, fraction Ouled Abdallah.
L’Adjudant Meziane Moussa, responsable du secteur 1, Est capturé. Un P.M. Beretta, un fusil de guerre, six fusils de chasse et un P.M., sont saisis.
Le lendemain, 5 septembre, l’O.R, revient sur le terrain avec la section d’Intervention, pour une nouvelle fouille des lieux. Quatre individus, dont une femme, s’enfuient à leur approche. Trois sommations et tirs de semonce, ils sont arrêtés. Il s’agit d’Amir Tahar, dit "Hammouche, de Djadi Akli, de Berkat Bouzid, et d’une femme, Boukamoun Madjouba Bent Mohamed, qui a été légèrement blessée au cours de sa fuite.
La fouille du terrain permet de récupérer des documents, qui avaient été dissimules la veille, au début de l’accrochage.
Le Chef de Bataillon Giraud se rend à la maison cantonnière de Dra El Khemis, pour y présider la prise d’armes de transmission du commandement de la 2ème Compagnie, entre le Capitaine Gaston, qui est affecté à l’E.E.P.M. d’Antibes, après quarante huit mois de commandement de la compagnie en A.F.N., et le Capitaine Chaquin.
Le 8 septembre, à Merkalla, le Caporal Harki Gachi Rabah est accidentellement tué par son fils.
La troisième Compagnie découvre et détruit, le 9, une vingtaine d’abris de faibles dimensions, dans les environs de Beni Yagoun.
Le 11, un G.M.C. du 72ème Bataillon du Génie, quitte,la route à proximité de la Ferme Cathala et se retrouve dans le fossé, provoquant la mort du Sapeur Lafarguettes, et occasionnant des blessures aux Sapeurs Heurtiet et Ouillet, tous trois du 72ème B.G. Également blessé, les Chasseurs Claviet et Triouleyre, de la 1ère Compagnie. Les blessés sont évacués par route sur l’hopital d’Aumale.
Un jeune berger d’El Esnam se présente au P.C. de la 4ème Compagnie. Il vient signaler la présence insolite d’un groupe d’hommes sur la voie ferrée. Une patrouille, envoyée sur les lieux, découvre un obus de 105, muni d’un dispositif de mise à feu pression installé sur la voie, au P.K. I39,7. Il est fait appel aux spécialistes pour la relever et la détruire. Le Commandant Giraud fait remettre au jeune garçon une somme de cinq mille francs.
Le nommé Laïdi Slimane est abattu, le 13, par une patrouille de la 4ème Compagnie sur la rive Sud de l’Oued El Dous. La 3ème Compagnie procède au recensement des habitants de Taougni.
La 2ème Compagnie et une Compagnie de Marche composée d’éléments des 1ère et 4ème Compagnies, se portent en renfort d’une opération, qui se déroule, le 14 septembre, dans le quartier de Maillot. La 2 est maintenue en réserve au village d’Illilten. La Compagnie de Marche, poussée sur le plateau de Saharidj, y fait un prisonnier.
La 2 rejoint la base le 15 septembre.
La Compagnie de marche, qui reçoit le 19 la visite au Commandant Giraud et du Lieutenant Martin, ne rejoindra ses cantonnements que le 27 septembre, après sa relève par la 2ème Compagnie.
La 1ère Compagnie entreprend, avec l’aide de ses harkis, la construction d’un poste à Innesmane.
La 2ème Compagnie repart, le 20 au milieu de la nuit, pour s’intégrer au sous-groupement "A’’, commandé par le Chef D’escadrons Lévèque du I9ème R.C.C., et qui participe à une opération baptisée "Annette", dans la région Nord de Tameziabt.
Les véhicules sont abandonnés 3 h 30 à Tameziabt, et la 2 progresse rapidement vers la cote 48I, qu’elle atteint à 5 h 45.
L’ensemble de l’opération de ratissage débute à 8 heures, face au Nord. La 2ème Compagnie doit fouiller un ensemble de petits ravins, peu profonds, mais très encaissés, aux parois et aux fonds hérissés d’une végétation abondante. La progression s’effectue lentement, car il est nécessaire de fouiller le moindre repli de terrain et le moindre buisson.
À 9 h 30, la 1ère section est prise, à bout portant, sous le feu d’un groupe, qui utilise une tranchée creusée au fond d’un thalweg par le ruissellement des eaux. Le Caporal-Chef Camerlo manoeuvre son groupe pour déborder la résistance. Il abat un rebelle qui s’est découvert, et se redresse, pour sommer les autres de se rendre. Deux projectiles l’atteignent, à l’abdomen et au bras. Le Sergent Labbé réussi à tirer son camarade à l’abri d’un rocher. Le Groupe Camerlo réduit la résistance à la grenade Trois cadavres gisent au fond de la tranchée. Deux fusils de chasse, une grenade, un revolver, des munitions, et des documents à demi calcinés sont saisis
Au cours du combats, les rebelles ont tiré une trentaine de coups de fusil et lancé trois grenades. Un hélicoptère emmène Camerlo vers l’hôpital, à 10 heures. Un second hélicoptère revient, à I2 heures, chercher les cadavres, pour identification par l’O.R. du quartier.
La cote 522, occupée par le bouclage, est atteinte en début d’après-midi. La 2 rejoint Dra El Khemis.
Une patrouille de nuit de la 3ème Compagnie relève les traces d’un petit groupe rebelle à l'Ouest d’Aït Krerouf, le 2I.
Le bataillon est rassemblé le 23 septembre à la Ferme Porcher, pour la célébration de la Sidi Brahim.
À 11 heures, le Chef de Bataillon Giraud présente le 22ème B.C.A. au Colonel d’Arrouzat, commandant le secteur
Après le lever des couleurs, le dépôt d’une gerbe au pied du monument aux morts, et l’observation d’une minute de silence, le Commandant Mairet, commandant en second, donne lecture du récit des combats de Sidi Brahim.
Le Commandant Giraud prend ensuite la parole.
Puis c’est la remise des décorations : une médaille militaire, et quinze Croix de la Valeur Militaire.
Parmi les personnalités présentes, le Colonel Compagnon, commandant le 1er Régiment de Hussards Parachutistes ; 1e chef de bataillon commandant le 5ème B.T. ; des délégations d’officiers de l’état-major et des corps de troupe du secteur ; 1e sous-préfet de Bouïra ; 1e maire de la ville, le lieutenant de la S.A.S. d’Irhorat ; l’adjudant de gendarmerie ; les chefs des villages des douars Haïzer et Innesmane.
Les travaux de construction continuent.
À la 1ère Compagnie, le poste d’Innesmane et l’infirmerie de Merkalla. La C.C.A.S. poursuit l’achèvement du C.T.T. La 4ème Compagnie commence l’édification d’un poste destiné à la protection du village de regroupement de Goumgouma.
Et, malgré ces servitudes, instruction., embuscades, patrouilles.
La 1ère Compagnie fournit le 26 septembre, un groupe chargé d’escorter sur Alger un train de munitions.
La 2 quitte son cantonnement le 27, pour aller relever, sur le plateau de Saharidj, la Compagnie de Marche, qui s’y trouve depuis le I4 septembre.
Une patrouille de la 4ème Compagnie, dans le Rheurbet ouvre le feu sur trois rebelles, qui réussissent s’échapper. Deux suspects sont arrêtés dans les environs immédiats.
Le Capitaine Gelpi, part, le 2&, pour le Tala Guilef, à la tête d’une Compagnie de Marche, formée d’éléments des 3ème et 4ème Compagnie
Le centre d’instruction F.S.N.A. d’El Esnam, rattaché à la 4ème Compagnie, fournit, le 29, une patrouille de surveillance de la voie ferrée. Un stagiaire provoque la mise à feu d’un engin, et est blessé de plusieurs éclats. Tandis qu’on l’évacue, la patrouille interpelle un individu, qui avoue avoir rempli le rôle de guetteur pendant la pose de l’engin par les mousseblines de l’endroit.
Le 30, au cours d’une patrouille en forêt d’Haïzer, la section d’intervention intercepte, en bordure de l’Oued Ed Douss, douze personnes étrangères au Douar Haïzer.

Une importante opération, mettant en oeuvre quatre sous-groupements, sous les ordres du Colonel d’Arrouzat, a lieu les 2 et 3 octobre dans le massif du Lala Khedidja et dans les deux vallées, de M’zarir à l'Ouest, et de l’Irzer à l'Est. Ces régions servent depuis toujours de refuge aux bandes rebelles, qui basculent de ]’une à l’autre, au gré des opérations locales.
Cette fois ci, c’est l’ensemble de la région qui va être traitée, en bloc.
Le sous-groupement "A" comprend le 1er R.H.P, le 7ème B.C.A. et le P.I.S.T.. Il prend à son compte la fouille de la vallée de M’zarir. Le sous-groupement "B", (5ème B.T.) traitera la cuvette de l’Irzer. Le sous-groupement "C", commandé par le Chef d’Escadrons Lévèque, est formé de la 2ème Compagnie du 22ème B.C.A., d’une batterie de marche du 50ème R.A., et d’un escadron à pied du I9ème R.C.C.. Son objectif, au centre du dispositif, est constitué par le versant Sud du Lala Khedidja, et les villages de Bel Barra et Tala Rana. Kimono 4, sous-groupement "D", agira dans la région d’Agouilal, au Sud-Est de M’zarir.
Le P.C. opérationnel s’installe en bivouac sur le plateau de Saharidj. Sa protection est assurée par un élément du 19ème R.C.C.. La Harka d’Irhorat, et la C.C.A.S., du 22ème B.C.A.. L’ensemble est placé sous le commandement du Capitaine Gibot
À 6 heures, le 2 octobre, la 2ème Compagnie en tête, le sous- groupement "C" quitte le bivouac de Saharidj, en direction de Tala Rana. Le village est atteint à 8 h 45. Le Capitaine Chaquin fait déposer les sacs, qui resteront à la garde d’un groupe. Casse-croûte rapide.
L’inspection des lieux, permet de relever des traces récentes d’occupation, et de constater que le sentier qui grimpe vers, 1566 a été utilisé depuis peu.
Reprise du mouvement à 9 heures.
Deuxième section à l'Ouest, direction I566. Première section à l'Est, axée sur 1829. Entre elles, dans le ravin qui sépare les mouvements de terrain, la 3ème section.
Le groupe de commandement du Capitaine Chaquin et la quatrième section, (en réserve), suivent à vue la 1ère section, que commande le Sergent-Chef Patrone.
Le temps est gris et le ciel très bas, les nuages enveloppent le sommet à partir de 1600 mètres.
En cours de progression, les éclaireurs de la 1ère section aperçoivent, quelques deux cents mètres en avant, quelques hommes, habillés de treillis, qui remontent à leur gauche par le fond du ravin. Sans doute les gars de la 3ème section, qui ont avancé un peu vite !
Presque aussitôt, la 1ère section est soumise à un tir nourri d’armes automatiques et de grenades à fusil. Tout de suite, le Sergent Labbé, le Caporal-Chef Yves Delerue et le Chasseur Robert Pejouan sont blessés. Les hommes en treillis qui remontaient le ravin étaient des fellaghas.
En même temps, la 2ème section, que le Sergent F.D.L. Mausset commande comme un véritable vétéran, est accueillie, à courte distance de 1566, par le feu, très violent, d’un groupe rebelle, qui a pris position dans les rochers qui surplombent le versant.
On se fusille à bout portant.
L’ennemi, vêtu de treillis et de tenues camouflées, tire aux armes de guerre.
La 2ème section subit l’assaut rebelle. L’empoignade est sévère, au corps à corps. Le Harki Maouci Amar est tué, étranglé par un rebelle. Le Chasseur Marcel Barbier et le Harki Merabti Ali sont blessés. L’adversaire se précipite pour récupérer leurs armes.
Le jeune Sergent Mausset contre attaque immédiatement, repousse l’ennemi, reprend le contrôle du terrain et ramène ses blessé et leurs armes à l’abris.
La troisième section tente de manoeuvrer par la droite, et se fait prendre à son tour sous le feu de positions adverses, installées au dessus de 1566, et qui couvrent le flanc gauche de la positon rebelle. Il y a de nouveaux blessés, le Sergent Harki Arfouni Ali et le Harki Chabti Amar.
Le Capitaine Chaquin pousse un groupe de la 4ème section et la mitrailleuse de 1a compagnie en soutien de la 1ère section, pour tenter de déborder la résistance par la droite. Un autre groupe est envoyé en renfort à la 3ème section ; un 3ème groupe est laissé sur place afin de baliser sur la piste de 1829 une D.Z. pour l’hélicoptère.
En même temps, il demande le soutien de l’artillerie et de l’aviation, bien qu’il soit persuadé que l’appui aérien n’est guère réalisable, avec ce ciel bas que l’on touche presque du bout des doigts.
Le groupe de commandement, qui vient de mettre en batterie le mortier de 60, est immédiatement pris à partie par un fusil mitrailleur. On déplace légèrement le mortier qui commence son tir sur 1566. Les éléments les plus proches du sommet ont reçu l’ordre de se replier de quelques dizaines ce mètres, par mesure de sécurité. Mais le corps de Maouaci n’a pu être ramené en arrière.
L’un des obus de mortier tombe dans un emplacement de mitrailleuse. Les servants de l’arme bondissent à l’extérieur.
L’obus n’explose pas.
Le fusil-mitrailleur adverse continue, par rafales, son tir contre le groupe de commandement. Le porteur du poste radio S.C.R. 300 est blessé à la cuisse, et l’antenne de son poste sectionnée à la base.
Le tir adverse diminue d’intensité.
Par petits groupes, dans chaque section, les chasseurs repartent en avant. La 2ème section prend pied sur 1566 à I3 heures, mais est aussitôt clouée au sol par le tir des armes automatiques, qui ont repris position plus haut dans la pente. Tout mouvement, dans les trois sections, est sanctionné d’une rafale de fusil-mitrailleur, tirée depuis I784.
Un renfort arrive à I5 h 20, sous la forme de deux sections, soit une cinquantaine d’artilleurs du 50ème R.A., commandées par le Lieutenant Le Boulanger et le Sous Lieutenant Martel. Ils viennent de Bel Barra. Le Capitaine Chaquin donne au Sous Lieutenant Martel, la mission de déborder vers l'Ouest, et de progresser vers I784 en le contournant.
La section du Sergent Mausset lui emboîte le pas. Malgré une progression très prudente, la Section Martel perd deux harkis, avant d’atteindre un replat de terrain, en contrebas immédiat de 1784, toujours occupé par l’adversaire. La Section Mausset débouche à son tour, suivie de celle du Lieutenant Le Boulanger, et du G.M.S., arrivé entre temps.
Les sections s’alignent, face à 1784.
Alors que le Lieutenant Le Boulanger, prend contact par radio avec le Capitaine Chaquin, pour lui rendre compte, la position subit, de plein fouet, l’assaut d’une soixantaine de fellaghas, en majorité revêtus de tenues camouflées, et armés de P.M., qui débouchent des rochers de 1784.I Ils arrivent au contact en tiraillant, chantant et criant : "Amis, ne tirez pas".
Les deux sections du 50ème R.A. reçoivent le choc de front, et n’ont pas le temps de réagir. Elles subissent immédiatement de lourdes pertes en tués et blessés. Les survivants réalisent individuellement, comme ils peuvent, tout en se repliant.
La Section Mausset, qui n’a pas subi le choc frontal, fait face, vigoureusement. L’accrochage, à courte distance, dure une dizaine de minutes. Les G.M.S. se sont débandés.
Par petits groupes, la section se replie en arrière des rochers qui supportent le plateau. Les tirs continuent de part et d’autre.
La 1ère section parvient sur les lieux à I7 h I5.
Au cours de son mouvement elle a été à plusieurs reprises soumise au feu adverse.
Le Sergent Chef Patrone est mis au courant de la situation par le Lieutenant Le Boulanger, qui a regroupé les survivants de ses sections. Sous la protection de ses fusils-mitrailleurs, il entraîne une équipe de voltigeurs, de rocher en rocher, reprend le terrain perdu, abattant deux rebelles et récupérant leurs armes. Les morts et les blessés peuvent être ramenés en arrière.
L’adversaire décroche.
La Section Patrone occupe le sommet de la barre rocheuse de I784, en batterie face au Nord. Le Capitaine Chaquin, arrive, accompagné des 3ème et 4ème sections.
Pendant que se livrait ce combat pour la possession de I784, les blessés de I566 ont été relevés et amenés, ainsi que le corps de Maouaci, jusqu’à la D.Z. où les hélicoptères sont venus les prendre.
La 2ème section, très éprouvée par le premier combat, et qui a supporté une part du choc du second, est renvoyée à Tala Rana, en renfort du groupe resté à la garde des sacs.
En même temps qu’il dirigeait les Sections Le Boulanger et Martel en renfort de la 2ème Compagnie, le Chef D’escadrons Lévèque envoyait deux pelotons à pied du I9ème R.C.C. sur le versant Est du Lalla Khedidja, par I585, I794 et 1812. Accrochés en cours de progression, ils avaient un blessé, mais ils abattaient un fellagha et en capturaient un second. Le reste du groupe rebelle se dispersait vers le fond de l’Irzer.
Les deux pelotons atteignent le sommet à I8 h I5, et commencent la descente vers le Sud, à la rencontre de la 2ème Compagnie. La nuit tombe rapidement, très sombre sous le ciel bas. Par moments, ils se trouvent à l’intérieur de la couche de nuages.
Le chef de détachement décide de s’arrêter sur 2058 et de s’y installer en point d’appui pour la nuit.
Le Capitaine Chaquin a renvoyé vers l’arrière les deux sections, durement éprouvées, du 50ème R.A., qui ont emmené leurs blessés.
La 2ème Compagnie, réduite à trois sections, s’organise en point d’appui sur I784, où elle veille les corps des tués du 50ème R.A.. La nuit est glaciale. Impossible, par prudence, d’allumer le moindre feu. Et les sacs sont restés à Tala Rana.
Dès le petit jour, les renforts arrivent.
Tout le versant Sud du Lalla Khedidja est occupé. La fouille du terrain, au dessus de I784, permet de retrouver deux corps, que les rebelles avaient entraînés.
Plus haut encore, on trouve deux cadavres de fellaghas et leurs armes, un Mauser et un Enfield 303. Des cartouches de tous calibres sont ramassées. Des traces de sang, encore plus haut sur la pente, indiquent que d’autres rebelles ont été touchés.
Les pelotons du I9ème, qui ont passé la nuit sur 2058, rejoignent vers 8 heures, avec leur prisonnier.
Après ratissage de la pente est, au dessous de I566, 1a 2ème Compagnie regagne Tala Rana et le plateau de Saharidj, où elle bivouaque, en réserve opérationnelle, jusqu’au 9 octobre. La C.C.A.S. et la Harka d’Irhorat rejoignent Bouïra pour 2I heures.
L’adversaire, au cours du combat sur 1566 a réussi à s’emparer de deux fusils U.S., deux musettes de chargeurs F.M. et un manchon lance-grenades.
Ce combat est la dernière manifestation, dans le secteur de Bouïra, de ce qui reste du "fameux" bataillon de choc de la Willaya 3, qui alignait prés de cinq cents hommes au début de 1958. Ils ne sont plus, maintenant, qu’une soixantaine, une demi katiba. Et cet effectif va continuer à s’amenuiser au cours des mois qui viennent.
Les 3, 4, et 5 octobre, activités locales.
Le 5, 1a C.C.A.S., (P.C., Intervention, engins, Harka de Sidi Sala, Harka d’Irhorat), est mise à la disposition du quartier de Maillot. Départ de la Ferme Porcher à 5 h I5. Briefing à 6 H 30, au carrefour de la route d’Akbou, au Sud de Maillot. La compagnie quitte ses véhicules à hauteur du pont sur l’Irzer N’chakrane, et progresse par la piste en direction de Takerboust pendant deux kilomètres, puis elle prend vers le Nord-Est, jusqu’à 556, où elle arrive à 8 heures, et se déploie en bouclage, face au Nord. Le P.C. s’installe à 1 Km au S.O. du noeud de pistes. La journée, froide, sous un ciel couvert et très bas, se passe sans incident. À 18 heures, les dispositions de bivouac et d’embuscades sont prises, pour une nuit qui s’annonce particulièrement froide.
Le 6 octobre, à 8 h 30, 1a Harka d’Irhorat s’étale entre 556 et 57I, à cheval sur la piste. La section d’intervention ratisse les fonds d’oueds, actuellement à sec, aux parois très abruptes, qui ravinent le flanc Nord-Est du mouvement de terrain. Vers 9 h 30, un homme surgit de l’un d’eux et s’enfuit vers le Nord. Deux rafales de fusil-mitrailleur le font se jeter à terre. Il se relève, bras en l’air, et revient sur ses pas. Il s’agit du Sergent-Chef Oumira Ahmed, adjoint liaisons et renseignements du secteur à la Région 323. Une patrouille est envoyée fouiller sa cache, tandis qu’il est pris en charge par 1’0.R. du quartier.
La journée se passe sans autre incident.
À 19 heures, les dispositions sont prises pour une nouvelle nuit sur le terrain. Le temps ne s’est pas réchauffé depuis la veille. Deux embuscades sont tendues, l’une à l'Est, sur la piste, par la section Intervention, l’autre, par la Harka d’Irhorat, dans le ravin de l’Irzer N’chakrane, à l'Ouest.
Au début de la nuit, la Harka d’Irhorat ouvre le feu sur un groupe d’une dizaine d’hommes qui se dirigeaient vers le Nord, font demi-tour, et disparaissent vers l'Ouest. Le lendemain, à 6 h 45, 1e chef de section envoie une patrouille sur les lieux. R.A.S.. À 11 h 15, la harka est repliée sur la piste, à mi-chemin entre sa position et le P.C., pour préparer l’atterrissage d’un hélicoptère de liaison. Au départ de celui-ci, elle revient en place.
La section d’intervention revient à son tour vers le noeud de pistes, pour y procéder à la fouille de quelques mechtas qui s’y trouvent, et remonte vers sa position en ratissant le fond de l’Irzer.
De nouveau la nuit est passée sur place, sans incident, mais aussi sans réchauffement de la température.
Le 8 octobre à heures, retour sur la route où attendent les camions. Arrivée à Bouïra pour midi.
Pendant ce temps, les sections des 3ème et 4ème Compagnies, qui étaient dans le Tala Guilef, sont rentrées le 7.
Le 8, la 4ème Compagnie détache une section en protection d’un T6, que son pilote a dû poser sur le ventre dans la vallée de l’Oued Ed Douss.
Le 10, le Chef de Bataillon Giraud, prend le commandement d’un bataillon de marche, composé de la C.C.A.S, renforcée de la Harka d’IRhorat (Capitaine Gibot), de la 2ème Compagnie, (Capitaine Chaquin), d’une Compagnie mixte, 1ère et 4ème, (Capitaine Bigot), du P.I.S.T. renforcé d’une section de la 3, (Capitaine Scheibling), et d’une Compagnie de Marche du I9ème R.C.C., (Capitaine Raoux). Ce bataillon de marche est intégré au Sous-Groupement "Passerose", sous les ordres du Colonel Compagnon, commandant le 1er Régiment de Hussards Parachutistes.
Le convoi quitte la Ferme Porcher à 6 heures, et, par Aïn Allouane et Tikjda, arrive à 8 heures au Col de l’Akouker, déjà occupé par le P.I.S.T, venu à pied de Tikjda. Débarquement et début du mouvement.
La C.C.A.S. relève le P.I.S.T. sur I740, où s’installe le P.C.. La Compagnie Raoux descend vers I460, pour ensuite ratisser les ravins de la partie Nord du Tacift Sif Bouzedane. La Compagnie Bigot continue sur la route jusqu’au Tizi Boussouil, et descend vers I460 par la piste Nord du Terga N’ta Roumi. Le P.I.S.T. a pris le départ depuis l’Agouni Guerbi, face au Sud, et descend vers I506 et 1620. La 2ème Compagnie, par la piste Sud du Terga N’ta Roumi, se dirige vers 1430. La C.C.A.S. et le P.C., qui ont suivi la Compagnie Bigot, viennent prendre position sur I460.
À 11 heures, le P.I.S.T. est sur 1620.
La Compagnie Raoux fouille la région d’Agouni Arioul. La Compagnie Bigot, la C.C.A.S. et le P.C. sont sur I370. La 2ème Compagnie arrive à I430.
La Harka d’Irhorat est envoyée reconnaître et fouiller la grotte déjà connue de la paroi Sud du Terga N’ta Roumi.
La Compagnie Bigot, encadrée à gauche par la 2, et à droite par la section d’intervention, ratisse le Tacift Azerou B0udjane. La 2ème Compagnie découvre, dans l’Irzer Tizi N’kouilal, à proximité d’Amsor Nsefa, un obus de 105 non explosé, et le détruit sur place.
Lorsque ses éléments de tête atteignent la cote I620, 1e P.I.S.T. fait face à l'Est. Sa section Nord se dirige vers Tifires, celle du Sud est axée sur 1528. Les deux autres fouillent l’oued entre ces deux points La Compagnie Bigot est à la Djemaa Tisemounine.
À I5 heures, le P.C. est sur l’arête du Tirilt Taouckouacht, qu’il suit, pour préparer position sur 1144, à son extrémité Sud, dominant la cuvette de M’zarir. La 2 suit le cours de l’Irzer Tizi N’kouilal en direction de la cote 1061, qui surplombe le village à l'Est. La Compagnie Raoux déborde celui-ci par l'Ouest, et ratisse la vallée de l’Oued Berd jusqu’à son confluent avec l’Acif Oumerba, puis fait demi-tour pour revenir occuper la partie Sud de l’agglomération. Au cours de cette fouille, ses sections interpellent quatorze suspects et découvrent quatre caches pour personnel. Le P.I.S.T. assure le bouclage à l'Ouest, sur 507 et 1242. La Compagnie Bigot fouille la partie Nord de M’zarir.
Le P.C. vient s’installer Aïn Aberkane, et la 2ème Compagnie pousse une section sur la R.N. 30, au dessus de 1061.
Les positions sont maintenues pour la nuit.
Nuit calme et froide.
Pour la journée du 11 octobre, le bataillon passe sous les ordres du Colonel d’Arrouzat.
Dès 7 h 30, les Compagnies Raoux et Bigot procèdent à une fouille détaillée du village. Le P.I.S.T. à qui l’O.R. a confié un suspect qui affirme connaître des caches, fouille les ravins à l'Est de I528, et trouve effectivement quatre caches contenant quelques effets d’habillement et un vieux fusil de chasse inutilisable.
La 2ème Compagnie prend position sur la R.N. 30, d’où elle peut assurer par le feu, la protection de toutes les compagnies. Elle détache une section en protection d’une équipe du génie qui répare la route. La Compagnie Raoux, guidée par un suspect arrêté la veille, le nommé Zerkab M’hamed ben Ahmed, détruit deux caches au Sud du village, et suit son guide vers une troisième. Soudain, l’homme se jette dans un ravin pour tenter de s’enfuir. Son escorte ouvre le feu et réussit à l’abattre.
Le Colonel d’Arrouzat, vient en hélicoptère, à 9 h 45, prendre contact avec le Commandant Giraud et lui communiquer de nouveaux ordres.
L’O.R. du bataillon, accompagné d’un groupe du I9ème R.C.C., est guidé par un détenu jusqu’à une grotte, qui domine à l'Est la barre rocheuse au dessus d’Ansor Leklat. Le Commandant Giraud détache la Harka d’Irhorat et la section d’intervention en appui du groupe. Une section de la 2ème Compagnie assure une protection feu depuis la R.N.30.
La grotte est vide et ne présente aucune trace d’occupation récente. Une équipe du Génie Divisionnaire, demandée par le Colonel d’Arrouzat, est amenée par hélicoptères sur 1061, et procède à la destruction de la grotte.
La section de la 2, qui protégeait l’opération, découvre à son tour quatre grottes dans le haut de la paroi rocheuse. Deux d’entre elles, de faible importance, présentent des signes certains d’occupation récente par quelques individus.
Le P.I.S.T. découvre de nouvelles caches, vers Aïn Alma Bakli. L’une d’elles renferme du ravitaillement et des objets divers, l’autre un fusil de chasse en mauvais état.
Les dispositions de bivouac et d’embuscades sont prises pour la nuit. Le P.C. et les Compagnies Bigot et Raoux reprennent leurs emplacements de la nuit précédente. Le P.I.S.T.. se rassemble sur 907, et la 2ème Compagnie occupe 1061 et la maison cantonnière sur la route du Tizi N’kouilal.
Par deux fois, au cours de la nuit, à I9 h et à 3 heures, les hommes de garde de la maison cantonnière ouvrent le feu sur des ombres suspectes.
À partir de 7 h 3O, le 12, 1e P.C. et ses sections de protection rejoignent la R.N. 30, en dessous de la maison cantonnière. Le Capitaine Scheibling repart avec le P.I.S.T. et la section de la 3ème Compagnie, par 1506 et l’Agouni Guerbi, pour le Col de l’Akouker. De là, ils rejoignent Tikjda, où ils arrivent à 11 heures.
La 2ème Compagnie fouille la forêt de cèdres qui couvre le flanc Ouest du Lala Khedidja, entre la route et 1560. Elle découvre et détruit, sur 1560, un important campement aménagé, pouvant héberger une centaine d’hommes.
La Compagnie Bigot ratisse le versant entre M’zarir et la route. La Compagnie Raoux repart dans la vallée de l’Oued Berd, où elle découvre, vers 9 h I5, une cache individuelle, fort bien pourvue en ravitaillement, dans laquelle se terre le nommé Bouraïne Mohamed ben Saïd, Moussebel de M’zarir. Le prisonnier est confié à l’O.R du quartier pour exploitation.
À 11 h 30, 1a 2ème Compagnie regagne la route où l’attendent ses véhicules, et repart pour Dra El Khemis.
En cours d’après-midi, la Compagnie Raoux se regroupe à M’zarir, où elle trouve un P.A. en mauvais état. Elle détache pour la nuit une section on sur 1061. Le Capitaine Bigot répartit ses sections entre la maison cantonnière et l’usine détruite d’Illilten. Le P.C. s’installe sur les hauts qui dominent les virages de la R.N. 30.
Par deux fois, au cours de la nuit, (I9 h 20 et 23 h 30), la section du I9ème R.C.C., qui occupe 1061, ouvre le feu sur des rôdeurs. La première fois, l’adversaire riposte d’un coup de fusil de chasse.
Le convoi du bataillon se présente à la maison cantonnière, le 13 à 8 h 30. Le P.C., la C.C.A.S., les harkis de la 1ère Compagnie, et la Compagnie Raoux embarquent et rejoignent leurs bases. La Compagnie de Marche du Capitaine Bigot rejoint le bivouac du plateau de Saharidj, après avoir laissé une section à l’usine d’Illilten.
La compagnie rejoindra Bouïra le 20 octobre.

Patrouilles et embuscades.
Le 18 octobre, la 3ème Compagnie procède à l’évacuation d’un stagiaire du P.I.S.T blessé.
Le I9, la section escorte de la C.C.A.S. accompagne à la Main De Juif un détachement de l’E.H.M. de Chamonix, qui s’est rendu aux journées alpines en A.F.N.. Deux officiers, deux sous-officiers et quatre chasseurs du bataillon prennent part aux démonstrations.
Le Commandant Mairet et le Médecin Lieutenant Marty, quittent le bataillon pour de nouvelles affectations.
La 2ème Compagnie part le 23, pour vingt quatre heures de chasse libre au Sud d’El Adjiba.
Le 26, 1e bataillon effectue une opération de quartier dans le Bou M’charof. Des renseignements, plusieurs fois recoupés, donnent cette région comme refuge des mousseblines de Guendour et de Sélim. Cette dizaine de rebelles locaux recevrait, de temps à autre, la visite d’une quinzaine de réguliers, ou tout au moins d’étrangers au Douar.
La mise en place doit être terminée pour 7 heures.
La 1ère Compagnie, venue à pied de Merkalla, prend position à l'Ouest de Tanagount, sur les cotes I509, I476 et I323. La C.C.A.S. et la Harka d’Irhorat prolongent la position vers le Sud, par le Col De Tanagount et la piste de la Djemaa Aourir, 1014, 94I et S03.
Le bouclage est l’affaire de la 3ème Compagnie, venue d'Aïn Allouane, sur l’alignement Nord-Sud : I520, I388 et I264. Ce bouclage est prolongé vers le Sud par la 4ème Compagnie, qui occupe la crête d’Idoumaz, I096, 957 et 960.
Le P.I.S.T., venu de Tikjda par la piste du Lac Goulmine, couvre l’opération au Nord, vers la cote 2054. Le bouclage Sud est confié au 3/I9ème R.C.C., sur la route, au Sud du poste de Guendour.
La mise en place est terminée à l’heure prévue.
À 7 H 45, la 2ème Compagnie est injectée au centre du dispositif par la piste Ouest-Est, qui passe au Sud de Tanagount. Les dispositions initiales prévoyaient une progression plein Est, en direction de 1099. Un prisonnier, confié comme guide au Capitaine Chaquin, amène celui-ci à modifier son axe de marche et à remonter vers le Nord, par I325 et I476, en direction d’Aougni Soules.
De loin, la compagnie aperçoit deux individus, vers 1099, qui remontent vers 2054. Au cours de sa fouille, elle découvre un campement constitué de quatre baraques de pierres sèches, recouvertes de diss. Trois sont à usage de cantonnement, la quatrième sert d’écurie. L’ensemble peut abriter une soixantaine d’hommes.
Des indices laissent supposer une occupation partielle récente, sans doute de la nuit précédente. Quatre sacs de semoule, de l’huile, des couvertures, un vieux poste radio à piles, un vieux fusil de chasse, sont récupérés ou détruits. À faible distance, une grotte vide et des emplacements de combat déjà anciens. L’ensemble est rasé.
Cette fouille occupe toute la matinée et le début de l’après midi. Le P.I.S.T. fouille la forêt de cèdres, en redescendant vers la piste, entre Tala Timezouaghi et Tala Tahserit. Il emprunte cette piste, par Tala Boui Mezou, pour rejoindre la route et rentrer à Tikjda, où il arrive à I8 H 30.
Pendant ce temps, les compagnies ont abandonné leurs positions de bouclage et redescendent vers le poste de Guendour en ratissant le terrain. La 1ère Compagnie, par l’oued, entre Tanagount et la cote I325, Puis l’Oued M’lan. La 2, par les cotes 1560, 1099 et le Bou M’charof. La 4ème Compagnie, par le ravin qui longe l’Idoumaz.
Les véhicules sont retrouvés au poste de Guendour. Les compagnies rejoignent chacune leur base.
Pour repartir le lendemain 27, sous le commandement du Colonel d’Arrouzat, qui désire exploiter un renseignement daté du 26 à 4 h du matin, signalant, au Sud des villages d’Illilten et de Béni Ouilbane, la présence de la vingtaine de mousseblines locaux, renforcés d’une bande de quarante rebelles en uniforme, dont quelques tenues camouflées. Sans doute des gens du bataillon de choc, ou de la Katiba 322.
Le Commandant Giraud emmène sous ses ordres les 2ème et 4ème Compagnies, la C.C.A.S. et la Harka d’Irhorat. Départ du P.C. à 6 H. Au passage, le commando de chasse Kimono 4 prend la tête du convoi, qui, par Maillot et la R.N. 30, rejoint le chemin, qui descend à l’usine électrique d’Illilten.
Tout le monde descend à la cote 775, au carrefour avec la piste qui part vers le Sud. Kimono 4, par le sentier, rejoint le Moulin de Gouriet, Il doit, à partir de ce point, procéder au ratissage de la vallée de l’Oued Berd, en direction du Sud.
Le 22 se met en place sur la base de départ, face au Sud. À l'Ouest la 4ème Compagnie, (Capitaine Bigot), fouille la croupe boisée, qui, par 7I4 et 549, descend plein Sud, puis visite les ravins, qui, au Sud Est, descendent vers l’Oued Berd, jusqu’en 463.
La 2ème Compagnie est axée sur la piste qui part de 775. Ses limites sont, à l'Est, le lit de l’Irzer Bou Ames, à l'Ouest, la liaison avec la 4ème Compagnie. La C.C.A.S. et le P.C. progressent sur la piste.
À l'Est du bataillon, la liaison est assurée avec le 6ème R.P.I.Ma. Le bouclage Sud, sur la route qui jouxte le canal, est confié, d’Est en Ouest, au I/50ème R.A., au 6ème R.P.I.Ma, et au 3/I9ème R.C.C..
Le ratissage débute à 8 H 55.
Progression lente dans ce maquis touffu. Lorsque le P.C. atteint le coude de la piste, sur 75I, la Harka d’Irhorat déboîte pour s’aligner sur la 4ème Compagnie, par 639, 6I3 et 564.
Le Capitaine Chaquin, sur ordre du Colonel d’Arrouzat, fait déboîter la 2ème Compagnie vers l'Ouest, en avant du P.C. et de la harka. En fin de ratissage, la 2 s’aligne sur la crête sommitale de l’Isakene, et ratisse les petits oueds qui se jettent dans le canal.
Le bouclage est atteint à I5 h 3O. Aucune trace, aucun signe révélateur d’une présence ou de passages, n’a été décelé.
Retour à Bouïra pour I7 h 30.
Le 30, les 1ère et 4ème Compagnies fournissent chacune une section en nomadisation à M’zarir, pour une période prolongée, en protection de l’équipe du génie, qui travaille à l’usine d’Illiten.
Travaux et patrouilles de routine dans les sous-quartiers.

Novembre
La 3ème Compagnie détache, le 1er novembre, un groupe à la garde du dépôt de munitions du Fort Turc.
Le 3, le poste du village de regroupement des Goumgouma subit un tir de quelques coups de fusils de chasse.
Le Capitaine Chaquin, Commandant la 2ème Compagnie, est affecté au Centre d’Études Slaves. Le commandement provisoire de la compagnie est confié au Sous Lieutenant David, en attendant le retour de permission du Lieutenant Mathieu.
Le 5 novembre, au cours d’une prise d’armes présidée par les Généraux De Camas et Faure, le Commandant Giraud transmet au Chef De Bataillon Guy Maraval de Bonnery, le commandement et le fanion du 22ème Bataillon de Chasseurs Alpins.
D’importantes délégations des villages des Douars Haïzer et Innesmane sont venues remercier le Commandant Giraud de l’aide, de la protection, de la sécurité et de l’amitié, que, sous son commandement, le 22ème B.C.A. leur a apportées et maintenues. Ils viennent faire connaissance avec son successeur, et l’assurer de leur fidèle dévouement à la France.
Les enfants des écoles, construites par le bataillon, ont congé, en ce jour de fête, et assistent avec leurs instituteurs et leurs parents à cette cérémonie
Les "Patrons" se succèdent, le 22ème B.C.A. continue.
Son activité ne se ralentit pas : patrouilles, embuscades, travaux divers.
Et, dés le 7, le Colonel d’Arrouzat ramène le bataillon à l'Ouest du Lala Khedidja, où, d’après renseignements, les responsables des différents Kism de la Nahia 322 tiendraient une réunion.
Le Chef de Bataillon Maraval prend le commandement d’un sous groupement composé de la Harka d’Irhorat, de la C.C.A.S., des 2ème et 4ème Compagnies, du 4/I9ème R.C.C. à pied, de Kimono 4, des blindés du 3/I9ème R.C.C., et de deux D.L.O., un pour le P.C., l’autre pour la 2ème Compagnie.
Le convoi quitte Bouïra à 5 h 45, s’enrichit en cours de route du 4/I9ème R.C.C., des D.L.O., du 50ème R.A., et se dirige vers l’usine d’Illilten, par la R.N. 30.
Au passage à Maillot, l’O.R. du quartier transmet la nouvelle de la mort de Mira Abderrahmane, chef de la Willaya 3, le sanguinaire, "l’homme au chien", toujours accompagné d’un énorme chien loup, qui avait succédé au Colonel Amirouche, abattu à Pâques I959 au Djebel Tsameur, alors qu’il cherchait à gagner la Tunisie. MIRA Abderrahmane a trouvé la mort au cours d’un accrochage, dans la soirée du 6 novembre, au Nord d’Akbou.
Les unités gagnent leur base de départ, face au Nord. Kimono 4, le plus à l'Ouest, sur 726, 880 et 9I7, à l'Est d’Agouni Tleta. La 2ème Compagnie en 760. Le P.C. et la C.C.A.S. sur 634. Le 4/I9ème R.C.C. en position de ratissage de l’Oued Berd.
Les blindés du 3/I9ème protègent l’opération depuis les lacets de la route du Tizi N’kouilal. La 4ème Compagnie a quitté le bivouac de l’usine électrique pour se porter à M’zarir.
Des éléments du 6ème R.P.I.Ma. ont pris position sur le flanc Ouest du Lala Khedidja (cote I040). Le 7ème B.C.A., venu du Nord, occupe le sommet de la montagne. Deux compagnies du 6ème R.P.I.Ma. sont prêtes à être héliportées depuis le P.C. opérationnel.
La progression commence à 3 h 30.
Le sommet de I560, à proximité du lieu des combats du 2 octobre, est traité au napalm par l’aviation. À 8 h 55, les deux compagnies réservées du 6ème R.P.I.Ma. sont héliportées, l’une, trois kilomètres au Nord de I040, sur 1870, l’autre sur la pente Est du Ras Tiguerguert (1528).
À 10 h., les positions sont les suivantes :
- Kimono 4 sur I046, 726, 880
- 2ème Compagnie en I322, sur l’Islam Ou Fellah, en liaison avec la 4/I9ème R.C.C., à sa droite, sur 999 et le Tacift Oumerga.
Le commandant de l’opération met à la disposition du Chef de Bataillon Maraval le 2/I9ème R.C.C., qui se trouve au confluent de l’Oued Berd et de l’Oued Ed Douss.
À 11 H 30, la 2ème Compagnie relève sur I528 la Compagnie du 6ème R.P.I.Ma., qui y avait été larguée, et se déploie entre ce sommet et 1149. Le 4/I9ème R.C.C. se resserre entre 1149 et la R.N. 30. La 4ème fouille l’Oued Berd au Sud de M’zarir, et le 3/I9 pousse un peloton de blindés vers Tala Rana, qu’abordent les gens du 6ème R.P.I.Ma., partis de I040.
À I2 H 40, un petit accrochage se produit, aux lisières Nord de Tala Rana, avec un groupe de cinq rebelles. Deux d’entre eux sont tués.
À I4 H I5, Kimono 4 a trois sections sur 726, 830 et I046, 1a 4ème se dirige sur Amalou, au Sud, qu’elle atteint à I5 H 45. La 2ème Compagnie est déployée entre I528 et 1149. Le 4/I9ème R.C.C. se trouve entre le confluent du Tacift Sif Bouzedane et du Tacift Erzerou B0uhdjane, et la cote 1061, après avoir fouillé M’zarir, de concert avec la 4ème Compagnie, qui, elle, est restée dans le village.
Le 3/I9ème patrouille sur la R.N. 30, et a un peloton à Tala Rana.
Dans M’zarir, l’O.R. n’a trouvé qu’une quinzaine d’hommes, qui prétendent qu’aucun fellagha n’est passé par le village depuis le 2 octobre. Seuls, quatre mousseblines de l’O.P.A.. du village sont venus se ravitailler et percevoir la dîme, le 20 octobre : Bahi Rabah, chef Moussebel, Banouh Belkacem, Raïs Nidham, Banouh Youcef, et un inconnu.
Les dispositions sont prises pour la nuit : la C.C.A.S et le P.C., sur place ; le 4/I9ème revient à M’zarir. La 2ème Compagnie, à l'Ouest du village, bivouaque sur I528, 1162 et 83E. La 4 est à la maison cantonnière de la R.N. 30. Le 3/I9ème R.C.C. regagne Beni Hammad, et Kimono 4 occupe les deux villages d’Agouilal et d’Amalou.
À I8 h 20, les guetteurs de la 4ème section de la 2 tirent sur un groupe de cinq hommes, qui descendent vers le fond de l’Oued Berd, et se dispersent. À I9 h , une mine placée à Iril N’zerouine par Kimono 4 explose. La nuit, très fraîche, est calme. Parfois une rafale déchire le silence, tirée sur une ombre par un guetteur un peu nerveux.
Au matin, toutes les unités font face au Sud, pour ratisser le terrain jusqu’à l’aplomb de la cote 775. Des suspects, ramassés la veille, dans les fonds de l’Oued Berd, par le 4/I9ème R.C.C., révèlent le passage, quelques jours plus tôt, de la Katiba 322, forte d’une quarantaine d’hommes aux armements disparates, disposant de deux fusils mitrailleurs, commandée par l’Adjudant "Si Idir".
La 4ème Compagnie rejoint son bivouac de l’usine d’Illilten. À 11 H I5, les compagnies sont alignées à hauteur de 775, d’ouest en Est : Kimono 4, 4/I9ème, R.C.C., P.C., C.C.A.S., Harka d’Irhorat, 2ème Compagnie. Début du mouvement. Un peloton blindé du 3/I9ème ouvre la route, par la piste qui part plein Sud depuis 775, pour, 1e cas échéant, appuyer de ses feux les unités de ratissage. Le P.C. et la harka le suivent.
À I3 h I5, Kimono arrive au Moulin de Gouriet et sur 694. La harka, légèrement en retrait du P.C. fouille la tête de ravin entre 751 et 710. Au cours de cette fouille, le Harki Adda Belkacem accroche malencontreusement son arme dans un buisson. Le coup part, et le projectile l’atteint au thorax. La mort est instantanée. Son corps est ramené sur la piste et chargé sur un blindé du 3/I9ème.
À I5 H , le 4/I9ème interpelle, dans l’Oued Berd, prés du Moulin De Keraïten, quatre individus, sans armes, mais qui sont incapables d’expliquer les raisons de leur présence en cet endroit. D’autant plus qu’ils se prétendent originaires de Beni Iklef. Une fouille méticuleuse des fourrés environnants permet de récupérer les armes qu’ils avaient dissimulé : un fusil de chasse, un P.A., deux grenades et une paire de jumelles.
Remis à l’O.R. du quartier, ils sont rapidement identifiés : Merouche Mohamed, Drissi Saïd, Benahim Slimane et Benahim Amar, depuis longtemps fichés comme membres de l’O.P.A.. de Beni Iklef.
Les véhicules sont retrouvés, sur la route qui longe le canal, au pont sur l’Oued Berd. Retour à Bouïra pour I8 h 30.
Le reste du bataillon a, pendant ce temps, continué le travail habituel dans les sous-quartiers.
Le 9 novembre, la 1ère Compagnie récupère un ballon sonde de la météo.
Le 10, la C.C.A.S envoie la section d’intervention épauler le maghzen de la S.A.S. d’Irhorat, en patrouille sur le Koudiat Tazaouit. Cinq suspects sont ramenés à la S.A.S. pour examen de situation.
Le 11 novembre, le chef de corps, le fanion du bataillon et sa garde, ainsi que des sections des 2ème et 4ème Compagnies et de la C.C.A.S., participent à la prise d’armes du secteur, à Bouïra.
Patrouilles, travaux et embuscades, jusqu’au I4 novembre.
Le I3 en cours d’après-midi, le lieutenant, chef de la S.A.S. d’Irhorat, effectue, avec son maghzen, une patrouille à Tirilt M’tilguit et au Koudiat Tazaouit. Au retour, la patrouille est prise sous le feu d’armes de guerre et d’un F.M., entre le Koudiat Tazaouit et le Koudiat Akorobouri. L’adversaire est posté dans un ravinement, à quelques deux cents mètres de la piste. Tandis que les moghazenis répondent au tir des rebelles, le lieutenant envoie le Caporal TAïL Ali alerter la harka. L’accrochage se prolonge, à distance, et l’ennemi ne décroche qu’à la vue des renforts qui arrivent au sommet de 680.
Le I4, le colonel, commandant le secteur, déclenche, en forêt d’El Haïzer, une opération de recherche du groupe de la Katiba 322, qui a tendu l’embuscade de la veille.
À 5 heures, les camions, codes allumés, débarquent la 2ème Compagnie à Sidi Sala, au pied de la côte de Merkalla, comme si le but de l’opération était la région d’IZemourène . Puis, à pied, rapidement, la 2 se dirige vers le carrefour Sud-Ouest d’IRHORAT et la forêt d’El Haïzer pour prendre position, à partir de 7 heures, sur la "tranchée" qui suit la crête de 680 à 682.
Le Lieutenant Martin et la 1ère ont pris la file derrière la 2. Ils héritent, au passage, du maghzen d’Irhorat, et prolongent la position de la 2ème Compagnie vers l'Ouest, de 680 à 675.
À la même heure, la 3ème Compagnie installe un point d’observation et d’appui sur 6I7, dans la fourche formée par le confluent de l’Oued Emmeroudje et de l’Oued Guendour, en surplomb au dessus du Moulin d’Afoud. Le gros de la compagnie prend position, en bouclage lointain, à l'Est, sur 804, au carrefour des pistes de la Djemaa Toumellitine et de Sélim.
Le Lieutenant Ville et la harka s’installent sur la rive Est de l’Acif Boudra, entre le Moulin d’Af0ud et le Moulin du confluent de l’Irzer Bou Serdoun. Sa position est prolongée, vers le Sud, jusqu’à l’Oued Ed Douss, par Kimono 4.
Le Capitaine Bigot a aligné la 4ème Compagnie sur la rive Sud de l’Oued Ed Douss, entre les confluents avec l’Oued Tassala et avec l’Acif Boudra.
À 7 h 30, le P.C. du Commandant Maraval, suivi du D.L.O. et du 4/I9ème R.C.C., (Capitaine Raoux), arrive à la "tranchée". Le 4/I9ème relève la 1ère Compagnie entre 680 et 675. Le P.C. s’installe sur 70I.
Les unités de fouille reçoivent le renfort de trois chars et de trois half-tracks du 3/I9ème R.C.C., tandis que le Capitaine Bigot voit son bouclage s’étoffer de quatre blindés du 2/I9ème.
Début de la fouille à 8 heures.
À 9 heures, la 1ère Compagnie, restée sur la ligne de départ, reçoit l’ordre de rentrer à Merkalla, en fouillant la vallée de l’Oued Tassala.
À 9 H 30, le Commandant Maraval donne l’ordre à la Harka d’IRhorat de fouiller l’Acif Boudra, puis de regagner sa base.
À 11 h I5, 1a fouille est terminée.
La 2ème Compagnie, que ses véhicules attendent à la Mechta Karouba, traverse à gué l’Oued Ed Douss, pour les rejoindre. Un suspect est interpellé, dépourvu de pièces d’identité, qui prétend habiter El Adjiba. Il est remis au 2ème bureau secteur pour vérification.
Les éléments du P.C. et le 4/I9ème R.C.C. reprennent alors la piste, en sens inverse, vers 680, accompagnés par les chars du 3/I9ème. Les véhicules sont repris à 680.
Retour à la Ferme Porcher pour I3 H 20.
Le lendemain, I5 novembre, on repart pour une fouille de la forêt des Azerou.
La C.C.A.S., les 1ère, 2ème et 3ème Compagnies, plus le 4/I9ème et un D.L.O., forment un sous-groupement aux ordres du Commandant Maraval. La 4ème Compagnie constitue un sous groupement distinct, sous le commandement direct du Colonel d’Arrouzat.
Kimono 4 opère plus à l'Est, de l’autre coté de l’Oued Barbar, vers Iril N’zerouine. À 7 h 30, il accroche un groupe rebelle, lui tue cinq hommes, et en capture un sixième
La 3ème Compagnie descend à pied d’Aïn Allouane, pour occuper le sommet du Koudiat Ouisakan avant 9 heures.
Le convoi du bataillon quitte le P.C. Porcher à 6 H 30, et, à 7 h I5, débarque à Sélim les 1ère et 2ème Compagnies, la C.C.A.S. et le 4/I9ème R.C.C. La progression commence vers 804, 2ème Compagnie en tête. Arrivée sur 804, elle se dirige vers 667, au Sud. Le P.C. et sa protection prennent position sur 804. La 1ère Compagnie s’étire entre 804 et le Koudiat Ouisakan. La 2 occupe 667 et 664. Le 4/I9ème suit, au Sud de 667, 1a piste de Sidi Amrane Tigri. Le P.C. se transporté sur 664.
Le signal de ratissage est donné par un réglage d’artillerie sur 6I3. Les 1ère et 2ème Compagnies commencent leur fouille du terrain. Terrain bien connu de tout le bataillon depuis les premières opérations, en I956. Très dur, très raviné, aux fortes différences de niveaux, et recouvert, en presque totalité, d’un inextricable maquis de buissons et d’épineux.
Sur le versant Ouest du Chabet Timergas, à l'Est de la cote 600, le 4/I9ème R.C.C. découvre des emplacements de combat pour une dizaine d’hommes, récemment creusés. Des indices laissent supposer que ces emplacements ont été occupés au cours de la nuit. La direction de fuite des occupants ne peut être déterminée.
À 10 H 30, 1e P.C. est sur 6I3. Le Lieutenant Sommeron reçoit l’ordre de faire fouiller par la 3ème Compagnie, les environs de la Djemaa Toumellitine, puis de regagner Aïn Allouane.
Le P.C. se dirige vers 453, au confluent de l’Irzer Tisserift et du Chabet Ouisakan. Depuis 510, de l’autre coté de l’Irzer, la 2ème Compagnie protège le mouvement. La 1ère Compagnie couronne la falaise, qui domine à l'Est le Chabet Ouisakan.
Le 4/I9ème R.C.C. arrive sur le Bou Tiguer, où il relève les traces d’un campement récent d’une trentaine d’hommes.
Les compagnies de fouille et le P.C. arrivent en bordure de l’Oued Ed Douss à I2 h 30, et s’installent en points d’appui, en attendant que les autres sous-groupements aient terminé leur fouille. L’ordre de fin de manoeuvre parvient à I3 H 45.
Retour à Bouïra pour I5 H 30.
Le I6 novembre, la 2ème Compagnie fournit un groupe d’escorte, pour un train de munitions, au départ de Sétif. La section de la 1ère Compagnie, détachée à M’zarir, rentre à Merkalla le I7.
Le Chef de Bataillon Maraval inspecte le poste de Tikjda le I8, et celui d'Aïn Allouane le I9.
Le 20, il visite le poste et le village de Guendour, avant de regagner le P.C. Porcher.
Le Lieutenant Mathieu, qui rentre de permission, prend le commandement de la 2ème Compagnie, qui était provisoirement assumé par le Sous Lieutenant David, depuis le départ du Capitaine Chaquin.
La 4ème Compagnie a entrepris le regroupement des populations isolées de la vallée de l’Oued Ed Douss à la Mechta Karouba, sur la falaise, qui domine, au Sud, le confluent de l’Oued Ed Douss avec l’Acif Boudra. Les opérations de transfert se poursuivent au cours des jours suivants.
Le 26, la 1ère Compagnie détache à nouveau une section à M’zarir.
Le 27, le chef de corps visite ce poste, tenu par une section de la 1ère et une section de la 4ème Compagnie.
Partout, patrouilles et embuscades.



Décembre
Depuis plusieurs jours il pleut, la neige est tombée au dessus de mille six cents mètres.
Le Colonel d’Arrouzat met en oeuvre, le 1er décembre, une opération dans le Bou M’charof, où, d’après les interrogatoires d’un prisonnier, les chefs des régions I, 2 et 3 de la Mintaka 32, devraient tenir une réunion Il a été demandé au I59ème B.I.A. d’assurer le bouclage Nord, du Djebel Tachagaït au Lac Goulmine.
Le Lieutenant Martin et la 1ère Compagnie, partis de Merkalla, doivent réaliser le bouclage Ouest, depuis le Tizi Bou Zal, et entre les cotes I700 et I400 ; en place pour 6 H 45.
Au Sud, la Harka d’Irhorat prendra position sur I073, à un kilomètre N.E. d’Aït Haouari, Pour 7 h. À la même heure, la 3ème Compagnie se trouvera à la cote 1264, au dessus de Taguemount Mimouna. Son objectif suivant, à n’atteindre que sur ordre, est 1182, à l'Ouest d’Iril Guefrane.
Toujours pour 7 heures, les blindés et half-tracks du 3/I9ème R.C.C. (Capitaine Bigot), le P.C. du 22ème B.C.A. et son escorte de la C.C.A.S., prendront position sur le sommet de la Djemaa Aourir, avant de gagner I073.
Le ratissage s’effectuera d’est en Ouest. Il est confié à la 2ème Compagnie, (Lieutenant Mathieu), qui, accompagné d’un D.L.O., opérera à partir de Tala Timezouaghi. La 2 sera encadrée, au Nord, par le P.I.S.T., et au Sud par le 4/I9ème R.C.C., (Capitaine Raoux).
Une batterie-canons du I/50ème R.A. sera prête à appuyer le mouvement de ses tirs, depuis Irhorat.
Au cours de la nuit, les conditions atmosphériques deviennent franchement mauvaises. Le baromètre effectue une chute spectaculaire et se bloque sur "Tempête".
Lorsque le convoi de la 2ème Compagnie et du 4/I9ème R.C.C. quitte Bouïra, à 4 h 30, Pour gagner Tikjda, le vent souffle en ouragan depuis environ une heure. Une pluie torrentielle s’abat sur la région. La nuit est très sombre, sous un ciel très bas. La visibilité est pratiquement nulle. La neige tombe de nouveau sur les sommets du Djurjura, où doivent opérer le I59ème B.I.A. et le P.I.S.T..
À 5 H I5, le Commandant Maraval et la C.C.A.S quittent la Ferme Porcher, pour débarquer au poste de Guendour. Depuis la veille au soir, une embuscade, fournie par le poste, surveille le ravin de l’Oued Guendour par l’arête, qui part de 746, dans la nuit noire, sous la pluie qui fouette par rafales, section d’intervention en tête, le P.C. se dirige vers 903. La section engins suit avec ses mulets, qui glissent à qui mieux mieux dans la boue du sentier.
À 6 H 30, 1a section de tête et le P.C. arrivent sur 903. La pluie, glaciale, continue de tomber. Sa densité est telle qu’elle forme un véritable rideau de brume, qui rend la visibilité nulle.
À 7 H 40, alors que les compagnies sont encore en mouvement pour gagner leurs emplacements, le P.C. opérationnel transmet l’ordre d’annulation de l’opération.
Le P.I.S.T. regagne Tikjda, tandis que la 2 et la Compagnie Raoux, qui, à l’aller, avaient quitté en voltige leurs véhicules, au passage à La Croix de Lorraine, reviennent sur leurs pas, pour les retrouver au même endroit.
La 4ème Compagnie décroche avec la Harka d’Irhorat, et retrouve ses camions à la S.A.S.. La C.C.A.S. et le P.C. redescendent sur Guendour. Retour à Bouïra pour 9 H 3O. Séchage des vêtements et équipements, nettoyage des armes.
La routine reprend ses droits, dans le mauvais temps, qui persiste.
Le 8 décembre, une patrouille de la 3ème Compagnie récupère, vers Sélim, un obus de mortier de 8I, non explosé, et le détruit sur place.
Le 9, elle intercepte, en altitude, un troupeau de moutons, qu’aucun berger ne vient réclamer.
La 2ème Compagnie est désignée pour devenir le commando de chasse du 22ème B.C.A.. Dès maintenant, elle prend la dénomination de Partisan 4, (P 04).
Jusqu’alors, les 1ère et 4ème Compagnies fournissaient chacune une section, pour la protection des travaux du génie à l’usine électrique d’Illiten, et la nomadisation permanente autour de M’zarir. À compter du 8 décembre, c’est une Compagnie de Marche à quatre sections, deux de la 1ère et deux de la 4ème Compagnie, qui occupe ces deux points.
Inspection du centre de Tikjda, par le général inspecteur des Troupes de Montagne, le 10.
Le 11, la 3ème Compagnie procède à la destruction de deux obus de 8I, qui n’avaient pas explosé au cours de la séance d’instruction de tir au mortier du 10 après-midi.
Le I3, 1a 2ème Compagnie effectue un faux départ en opération, les circonstances atmosphériques étant par trop défavorables.
Le Colonel d’Arrouzat met sur pied, le I4 décembre, une opération de fouille du versant Sud du Lalla Khedidja. Trois sous-groupements sont prévus : Le sous-groupement Ouest fourni par le I9ème R.C.C. Au centre le sous-groupement 22ème B.C.A. (P.C.- C.C.A.S.- I - 2 - 3 - 4 - et Harka d’Irhorat). À l'Est, le Sous-Groupement "Pavot" (1er R.C.P.)
Il est prévu que les sous-groupements Est et Ouest seront héliportés, tandis que le 22ème B.C.A., partant de Saharidj, remontera vers le sommet. Limite droite dans l’Oued Ouakour, limite gauche l’Acif El Bal. Axe de marche matérialisé par : le virage en épingle à cheveux, la cote 937, la cote 1016.
Le convoi du bataillon quitte la Ferme Porcher à 5 h 30, véhicules éclairés uniquement aux "yeux de chat", et arrive à Maillot-Gare, dans la grisaille froide du petit jour, à 7 h I5. Il y reste bloqué, la hauteur du plafond nuageux ne permettant pas les héliportages prévus. Le Lalla Khedidja est aux trois quarts de sa hauteur enseveli dans la brume.
Le Commandant Maraval, qui vient d’en être avisé par radio, rend compte au Colonel d’Arrouzat de la désertion de deux appelés F.S.N.A. du poste de Guendour. Désertion accompagnée d’un important vol d’armes et de munitions.
Le colonel lui donne immédiatement l’autorisation de prélever sur le sous-groupement la Harka d’Irhorat et la 3ème Compagnie pour rechercher les déserteurs. Bien mieux, il lui accorde les hélicoptères nécessaires pour effectuer le mouvement.
Le P.C. opérationnel s’installe à El Adjiba. La 3 et la harka sont héliportés sur le Bou Tiguer, et effectuent le bouclage de la rive Nord de l’Oued Ed Douss, du confluent avec l’Acif Boudra jusqu’au Bou Tiguer. Elles passent la région au peigne fin, interpellant toutes les personnes rencontrées dans la zone de fouille. En fin d’après midi, elles traversent l’Oued Ed Douss, pour confier les suspects arrêtés à l’O.R. du sous-quartier de Bechloul. Elles y retrouvent le convoi du bataillon, qui rentre après une journée d’attente à Maillot-Gare.
La 2ème Compagnie, (P 04), remonte avec la 3ème au poste d’Aïn Allouane, pour y passer la nuit, en prévision de l’opération prévue pour le I5 décembre.
Alors que Partisan 4, renforcé d’une section de la 3, quitte Aïn Allouane à pied, pour la Djemaa Toumellitine, le convoi du bataillon, (1ère et 4ème Compagnies, P.C., C.C.A.S. et Harka d’Irhorat) quitte la Ferme Porcher et s’arrête au pont de Sélim, où l’on débarque. La Compagnie t, (1ère et 4ème), fouille le village de Sélim et progresse en direction du Ras Ti Assasin, sur lequel un guetteur a été aperçu.
Au Sud, le bouclage est assuré, sur la rive Nord de l’Oued Ed Douss, par le 3/I9ème R.C.C., (Capitaine Bigot).
À 9 H 30, 1e Commandant Maraval, le P.C. et la harka sont sur 8I5. 1a Compagnie Bigot, occupe le sommet de la Djemaa Toumellitine, où elle est en contact radio avec Partisan 4, qui se trouve à l'Ouest d’Aïn Ouled Mendil, sur 1216.
L’opération de secteur, prévue pour la veille par le Colonel d’Arrouzat, se déroule en même temps sur les flancs du Lala Khedidja. Son P.C. opérationnel a une oreille en direction du 22ème B.C.A., prêt à faire intervenir, le cas échéant, les unités héliportées dont il dispose. Dans cette optique, il met un Piper d’observation à la disposition du Commandant Maraval, et demande que la 2ème Compagnie, qui a repris son mouvement en direction de Taouerga, Taourirt Tazegouart et Ourdir, détache une section vers Tacca, où des mouvements suspects ont été observes, pour y protéger une éventuelle D.Z..
Les blindés du 3/19ème R.C.C., sur la rive Nord de l’Oued Ed Douss. se déplacent progressivement vers l'Est, occupant successivement 599, 53I, et se dirigent vers 504.
La Compagnie Bigot avance, pour sa part, sur le flanc Ouest de l’Oued Barbar. Le P.C. et la C.C.A.S. suivent l’ancienne route de Tikjda à la cote 507.
À I2 H 20, Partisan 4 occupe les villages détruits de Taouerga et d’Ourdir. La section d’intervention aperçoit deux rebelles qui s’enfuient vers le Sud, dans le lit de l’oued, et sur lesquels elle ouvre le feu. Ils disparaissent dans les fourrés, et, tandis qu’une patrouille les recherche dans cette zone, ils réapparaissent plus loin, dans un ravin de la rive gauche, remontant vers le Nord-Est.
Le Colonel d’Arrouzat, qui suppose que ces individus peuvent être les déserteurs de Guendour, demande au Piper de les localiser par fumigène, et alerte une patrouille de T.6, qui intervient à la mitrailleuse.
Le Lieutenant Mathieu pousse deux sections de Partisan 4 sur la piste d’Ourdir, pour boucler le fond de l’Oued et ratisser la zone de mitraillage.
À I4 heures, le Colonel d’Arrouzat met à la disposition du Commandant Maraval deux compagnies du 1er R.C.P., qui sont héliportées au Sud d’Ourdir, sur les cotes 605 et 611. Une de ces compagnies est reprise et héliportée, à I4 h 30, au Nord d’Amalou, où l’aviation signale des mouvements suspects.
La section de la 3ème Compagnie, qui opère sous les ordres de Partisan 4, signale des fuyards refluant en direction du Sud-Est, devant les cotes 726 et 605.
Les deux compagnies du 1er R.C.P. reçoivent l’ordre d’effectuer, depuis leurs emplacements, la fouille du terrain en direction du Sud. Début du mouvement : I5 h .
Un char du 3/I9ème, depuis le sommet de 504, ouvre le feu sur un groupe, qui fait demi-tour vers le Nord-Ouest. À I5 h 50, un autre élément du 3/I9 blesse et capture un rebelle, armé d’une grenade Il déclare être agent de liaison régional. La veille, il accompagnait la Katiba 322, forte d’une quarantaine d’hommes. Ils avaient bivouaqué la nuit précédente près de M’zarir.
Les unités atteignent à 16 h 20 la rive Nord de l’Oued Ed Douss. Les sections détachées par la 1ère et la 3ème Compagnie traversent les premières l’oued, retrouvent leurs véhicules, et repartent pour Merkalla et Aïn Allouane.
Partisan 4, 1a C.C.A.S. et les sections de la 4ème Compagnie, établissent un point d’appui autour du radier de Bechloul, pour assurer le passage des compagnies du 1er R.C.P., puis, à la nuit tombante, franchissent l’oued à gué.
Retour à Bouïra pour 20 heures.
Le I6, une patrouille de la 3 surprend cinq individus, en train d’installer sur la route une mine constituée d’un obus de mortier de 8I, et les capture.
La section d’escorte de la C.C.A.S. conduit à Guendour et à Sélim des inspecteurs de la Sécurité Militaire, qui viennent enquêter sur les déserteurs.

Le I7, une opération se déroule dans la partie de la forêt de Bouïra, qui occupe la région Nord-Ouest de la ville, dans l’angle formé par la R.N. 5, entre le confluent de l’Oued Roukam avec l’Oued Djemaa, la maison cantonnière de Dra El Khemis et la ville de Bouïra.
Sous le commandement du Chef de bataillon Maraval, elle aligne les 1ère et 2ème Compagnies du 22ème B.C.A., le P.C. et son escorte, le maghzen de la S.A.S. de Bezzit, (Capitaine Billotet) et le 3/I9ème R.C.C..
Le maghzen de Bezzit est chargé du bouclage Ouest, depuis le pont sur l’Oued Gyps, jusqu’à l’Acif El Matouga, avec, sur 781, un poste de surveillance équipé de radio. Le Capitaine Bigot dispose ses blindés en bouclage sur la route, qui limite au Sud la zone traitée, entre l’Acif El Matouga et le carrefour de la R.N. 18. D’autres éléments patrouillent sur la piste qui remonte vers 562, et sur la R.N. 5, entre le pont de l’Oued Gyps et Dra El Khemis.
Partisan 4 ;et la 1ère Compagnie effectueront la fouille du terrain, d’Est en Ouest, parallèlement à la R.N.5. Partisan 4 au Nord, la 1ère Compagnie au Sud, l’axe entre les deux compagnies s’aligne sur 588, 698, 750 et 74I.
Mise en place et début du ratissage à 10 h I5. Opération terminée sans incident à I4 h 20. À I4 h 30, l’équipage d’une A.M. du 3/I9ème R.C.C. aperçoit un individu, qui franchit d’un bond la R.N. 5 en direction du Nord, et disparaît dans les fourrés du versant de 575. Une vingtaine d’hommes ont été interpellés au cours du ratissage, et sont ramenés à la maison cantonnière et au fort d’Aïn Turk, pour vérification d’identité par le chef de la S.A.S. de Bezzit.


Jusqu’au 26 décembre, travaux de sous-quartiers.
Le 18, la 4ème Compagnie fournit, jusqu’au 2I, un élément supplémentaire de protection de l’équipe du génie à M’zarir. Le 22, Partisan 4, qui opère dans les Goumgouma au profit de la 4ème Compagnie, abat deux mousseblines du Douar Tighrempt : Chacha Mohamed et Saïdi Chérif, et récupère leurs deux fusils de chasse.

La fête de Noël est célébrée dans tous les sous-quartiers,
en union parfaite entre Chrétiens et Musulmans

Le 28 décembre, le Commandant Maraval entraîne le bataillon dans un ratissage du massif Sud de Tilinaz - Tanagount, où l’on suppose que les groupuscules commandés par les Sergents-Chefs Amzil Ali et Demmouche Mohamed se réfugient de temps à autre, pour prendre contact avec quelques habitants des villages voisins.
Le ratissage s’effectue dans le sens Nord - Sud. La 1ère Compagnie à l'Ouest, la C.C.A.S. et la Harka d’Irhorat au centre, avec le P.C., Partisan 4 à l'Est. Un groupe de deux sections de la 3ème Compagnie assure la sécurité sur le flanc Est depuis Bou M’charof.
L’opération se déroule sans incident. À son issue, la section d’escorte reconduit à Aïn Allouane les deux sections de la 3ème Compagnie, tandis que les autres unités du bataillon rejoignent Bouïra pour I5 heures.
Patrouilles et embuscades jusqu’au 3I décembre.


À minuit, le chef de corps, suivant une tradition, maintenant bien établie, adresse par radio ses voeux de Nouvel An à tous, Officiers, sous-officiers, Caporaux, Chasseurs et Harkis du 22ème B.C.A.

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